Bastard Thrash

Goblet

25/09/2020

Autoproduction

Au départ, le Thrash était une affaire sérieuse, une affaire d’hommes, « not for wimps » comme on disait à l’époque. Il n’y a qu’à mater les tronches de METALLICA, EXODUS, SODOM, ou SLAYER sur la pochette arrière de leurs premiers albums pour comprendre qu’ils n’étaient pas là pour rigoler. Jusqu’à ce que quelques trublions jugent que porter une veste à patches et des baskets enfilées pour jouer une musique violente n’était pas incompatible avec un sens de la dérision certain. Alors sont apparus les TANKARD, avides de malt et de houblon, les D.R.I et leurs grimaces permanentes, S.O.D évidemment, mais aussi WEHRMACHT et leur amour de la provocation. Par la suite, les fans ont compris que leur musique préférée ne se devait pas d’être sérieuse en toute occasion, même si ces groupes de sagouins abordaient des sujets de société graves, mais avec le sourire. Depuis, nombre de musiciens ont occupé le créneau de la galéjade brutale, et aujourd’hui, des groupes comme MUNICIPAL WASTE ou TEXAS TOAST CHAINSAW MASSACRE s’amusent beaucoup de leurs calembours et autres contrepèteries, sans tomber dans l’excès des Parody Bands. A cette liste loin d’être exhaustive se rajoutent aujourd’hui les américains de GOBLET, qui depuis le début de leur carrière nous font piger à grands coups de blagounettes Thrash qu’ils ne sont pas là pour se ou nous prendre la tête, mais bien nous l’éclater à grands coups de références à la Bay Area, mais aussi à la vague New-Yorkaise des années 80. Crossover vous avez dit ? Oui, et du fameux, puisque les lascars du matin n’hésitent pas à piocher dans différents styles de quoi faire bouillir leur marmite de fun.

Et le fun, les gars connaissent, depuis 2013, l’année de leur formation, et autant dire qu’en sept ans, les zigues n’ont pas foutu grand-chose. Deux EP’s parus assez rapidement, en 2014 (Spring Thaw) et 2015 (On Tap, épuisé), et puis un long silence de cinq ans avant d’enfin oser le premier LP, dont la pochette ne laisse planer aucun doute sur les intentions légères. Je parle d’oser un premier LP, mais je me dois de nuancer cette assertion en précisant que Bastard Thrash est en partie constitué d’anciens morceaux remis au goût d’un jour nouveau, ce qui confère à ce premier longue-durée des allures de best-of déguisé de quelques inédits, mais qu’importe le flacon du moment qu’on pue des pieds et qu’il reste de la bière au supermarché. D’ailleurs, les photos promo ne laissent planer aucun doute quant au mode de vie des marsouins, qui posent souvent fièrement, un verre à la main. Mais ils sont sympathiques, aiment le Thrash, le Hardcore, le Death et le Black, et se proposent de les fondre dans une même inspiration. Mais là encore, pas de doutes à avoir, leur musique est 100% Thrash, comme le démontrent les treize morceaux de cette première livraison. Laissez-moi donc vous présenter les petits rigolos de GOBLET, qui avec leur Bastard Thrash définissent un nouveau courant fait d’humeurs, de bonne évidemment, mais aussi de capacités techniques indéniables, ce qui rend leur musique encore plus irrésistible. Car il est toujours facile de miser sur l’humour pour faire passer un manque de capacités, de qui n’est pas le cas de ces originaires de Pittsfield, Massachusetts, qui s’avèrent redoutables musiciens sous leurs costumes de super-héros rigolos.

Car ici, tout est Mosh, mais précis, tout est rapide, mais millimétré, tout est léger, mais profond dans le ton. Alors inutile de vous attendre à un déluge de blagues noyant le talent dans un torrent de mauvais goût, mais bien à un pur album de Thrash option mosh comme seuls quelques poignées de musiciens savaient et savent le jouer. Enregistré aux Sonic Titan Studios par Brian Westbrook, masterisé par Nick Dragoni, Bastard Thrash est une affaire plus complexe qu’il n’y paraît, puisque la densité de cet album s’apparenterait presque à du Thrash progressif, le nombre de plans conséquent et la fluidité des transitions aiguillant sur cette piste. Il suffit pour s’en rendre compte de tendre une oreille attentive à « Wavecrusher », qui cumule les petites prouesses personnelles et propose autre chose qu’une simple fulgurance de circonstance, mais tout l’album à vrai dire est truffé de trouvailles plus finaudes que la moyenne, ce qui offre à ce premier jet des allures d’œuvre conséquente et de travail ambitieux. Faire rire, d’accord, mais en offrant une musique non linéaire et riche, ce que les titres des morceaux ne laisse pas forcément deviner. Il est certain qu’en tombant sur « Madman in the Band Van », « Tupperware Extraordinarie » ou « Metrognome with a G », on ne pense pas forcément à une bande de philosophes sortant de Julliard, et pourtant, les quatre comiques n’en sont pas que, et leur sens de l’acuité rythmique est fort à propos, tout comme leur science du riff qui leur permet de ne proposer que le meilleur.

Alors on finit par craquer devant tant d’aisance dans la brutalité, les idées se percutant à une vitesse hallucinante, grâce au travail d’un batteur phénoménal qui connaît son boulot. Marrant d’accord, mais aussi violent, le Thrash des GOBLET n’atteint évidemment pas le degré de folie des sacro-saints WEHRMACHT mais sait quand même jouer avec la vitesse et les blasts (« Wind Fling »), mais aussi avec les riffs fédérateurs et les chœurs enjôleurs (« Dragons in Space »). Oscillant constamment entre mid tempo à la SLAYER (« Garden of Odin »), délire supersonique à base de Black Metal détourné Fun et détouré Thrash (« Bald Motherfucking Eagle »), constellé de petites mélodies amusantes mais intelligentes (« Royal Jelly »), et décoré d’une sacrée cerise sur le gâteau avec le final dantesque de « Hashtronaut », Bastard Thrash se pose donc en blague très intelligente, rendant hommage au style tout en le tournant en dérision, mais respectueusement. Les quatre musiciens aiment le genre, et l’honorent de leur sens de l’à-propos, et nous offrent donc un premier chapitre redoutablement bien écrit, drôle mais conséquent, de ces blagues pour les oreilles qui durent dans le temps et qui ne font pas rire qu’un été.   

                                                                                                    

Titres de l’album:

01. Madman in the Band Van

02. Tupperware Extraordinarie

03. Wind Fling

04. Dragons in Space

05. Beer at the Wine Bar

06. Hungover as Fuck

07. Forced Blunt Trauma

08. Wavecrusher

09. Garden of Odin

10. Metrognome with a G

11. Bald Motherfucking Eagle

12. Royal Jelly

13. Hashtronaut


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par mortne2001 le 00/00/0000 à 00:00
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