Carmina Burana et la grandiloquence du Thrash/Death le plus lapidaire, ça donne un résultat intéressant. C’est en tout cas ce que prouve le premier titre de ce premier album, « Fortuna Imperatrix Mundi » qui juxtapose le Classique et l’extrême avec un certain sens de l’emphase. Certes, nous sommes encore très loin de MEKONG DELTA ou du Metal symphonique, mais les mexicains de BIOSTRUCTION prouvent qu’ils connaissent déjà bien les ficelles du métier.

Feliu Olalde (guitare) et Aaron Helltorment (chant/basse/batterie) font partie de ces duos que l’underground affectionne. Les deux musiciens ont bricolé dans leur coin ce premier long, sans passer par la case démo ou l’étape EP, ce qui en dit assez long sur leurs ambitions. Caché sous une pochette rose bonbon, Divine Manifestation présente une figure sacrée dans un contexte coloré, et expose ses arguments sans agrément. Un mélange étrange de Death, de Thrash, d’expérimental et d’extrême généraliste, pour un son proche de la maquette professionnelle.

On passera sur le son plus que synthétique de cette batterie programmée, sur le chant mixé bien trop en avant, et sur cette guitare noyée dans les fréquences les plus élevées. Amateur jusqu’au bout du médiator, ce premier album biscornu est joué avec le cœur et les tripes, et peut remporter l’adhésion des plus portés sur le fait maison. Mais le côté aléatoire du son empêche de vraiment apprécier ces compositions qui manquent de ton et de fond, et qui finalement ressemblent à des exutoires pour cerveaux fatigués.

Ceci étant posé, Feliu Olalde prouve qu’il peut partir en solo sans craindre le qu’en-dira-t-on. L’homme est habile de ses doigts et apporte un peu de finesse mélodique à un ensemble apocalyptique. Plus Death basique que Thrash tragique, Divine Manifestation tente des choses plus ou moins inhabituelles, foire certaines tentatives dans les grandes largeurs, mais ne renonce jamais, au point de sonner parfois comme une version plus adulte de MACABRE (« Scepticism and Critical Thinking »). Cette folie soudaine dans le chant permet de passer une étape et de s’incruster en troisième division, même si l’instrumental reste toujours aussi barge et influencé par l’école nippone des années 80/90.

Quelques incartades plus abordables relient le projet à un Heavy Metal tirant sur les hymnes Power de pirates à la dérive (« Apotheosis »), mais le décalage entre les mélodies plus généralistes et ce chant étrange au timbre rauque et libidineux empêche de vraiment apprécier les rares titres qui sortent du lot et qui tamisent les élans de nos deux bargeots.  

Même si la volonté a été d’enregistrer une œuvre atypique pour se faire remarquer plus facilement, le résultat n’en est pas moins erratique et bordélique. Incapable de se poser et de réfléchir à ses options, BIOSTRUCTION se prend même les pieds dans le tapis du Black populaire pour accentuer ses colères, ce qui ne fait que renforcer cette sensation de fourre-tout dans l’œil.

Les riffs, nombreux, sont parfois indiscernables, et si les soli n’étaient pas là pour apporter un minimum de cohésion, on aurait pu croire à un catalogue d’idées assez mal rangées. Mais grâce à l’habile « Martyrs of the Nature », le duo parvient enfin à entrevoir un avenir plus clément sans perdre de sa rage,                    

« Stigmatized » permet de refermer l’aventure sur une note plurielle, entre démence persistante et énergie de folie, mais la sensation reste en demi-teinte, et le souvenir confus quelques heures après écoute. Singulier, décalé, BIOSTRUCTION se distingue de la masse, mais pas forcément pour les bonnes raisons. A voir si le duo parvient à régler son problème de production, et à s’accorder plus de patience pour élaborer des morceaux complets, et structurés.        

Je les en sens capables, et j’attends donc la suite des évènements pour me prononcer définitivement.      

Titres de l’album:

01. Fortuna Imperatrix Mundi

02. Durga: Divine Manifestation

03. House Atreides Last Stand

04. Scepticism and Critical Thinking

05. Apotheosis

06. Martyrs of the Nature

07. Stigmatized

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