Dans le Rock, la guitare est reine depuis le riff fumant de « Johnny B. Goode ». Dans le Rock, la voix est impératrice depuis le séminal et sexuel « Wop bop a loo bop a lop bom bom » de Little Richard. Depuis, le couple voix/guitare a toujours été au centre de l’attention, ce qui est somme toute logique. Et les plus grands l’ont tous compris, jouant parfois de cette complémentarité à deux, trois, ou bien seul, en tant que frontman de l’impossible aux cordes résistantes et dégoulinant de feeling.
Les allemands de PARALYZED sont plusieurs, mais autant admettre les faits : Michael Binder est le point de focalisation avec sa guitare rythmique moulinant Blues et sa voix incroyable de feeling et de ressenti rauque. Déjà annoncés par un premier album qui avait détonné dans les colonnes des webzines européens, les quatre musiciens de Bamberg menacent aujourd’hui d’exploser et de passer du statut ballon de « next big thing » à celui montgolfière de « big thing ». Et pour cause, puisque leur formule simple est arrivée à maturation sur ce second long, judicieusement intitulé Heavy Road. La route est dure, le temps peut être long, mais meublé par des soli et des feulements arrachés au larynx, elle parait bien trop courte.
J’ai donc parlé de Michael Binder en guitare/voix, mais je peux aussi nommer Caterina Böhner (orgue et guitare), Philipp Engelbrecht (basse) et Florian Thiele (batterie), puisque à eux quatre, ces larrons en foire recréent l’ambiance torride des seventies, lorsque les artifices de studio et autres loops ne permettaient pas de cacher la médiocrité d’une composition juste moyenne. Toujours aussi Rock n’Heavy, le groupe nous propose donc avec ce second album un mash-up géant de BLACK SABBATH, LED ZEP, CACTUS, GRAVEYARD, BARONESS, SIR LORD BALTIMORE, des DOORS, de Bjørn Berge, et tout autre ingrédient roots le rapprochant de l’essentiel : l’électricité, l’énergie, la sueur et le feeling, en dosage équilibré sur ce disque incroyable de maturité et de spontanéité.
Alors, évidemment, si vous aimez les fioritures, les productions bien lisses qui font ressortir les graves et qui compressent les guitares, vous en serez pour vos frais. Ici, tout sonne sauvage, comme capté live, l’écho, la réverb, le delay ne sont pas aplanis pour ne pas déranger, mais surtout, la guitare et la voix de Michael tutoient les étoiles pour replacer le Blues au centre de la problématique. Et une fois assimilé cette philosophe, tout devient clair comme de l’eau de roche : PARALYZED est LE groupe de Blues Hard de notre époque troublée.
De l’émotion, de la rage, de l’envie, une bataille contre la superficialité, gagnée d’avance, et des chansons qui en sont vraiment, qui collent à la peau, qui flattent les tatouages, et qui exigent un plein volume pour se révéler sous leur vraie nature. Tiens, prenez par exemple « Black Trees Pt.1 ». Du DANZIG meets Nick CAVE meets Jon SPENCER plus vrai que nature. Des cris qui viennent des tripes, un riff bluesy simple et en prétexte, pour mettre en valeur une batterie de soli que n’importe quel guitariste chapeauté reprendrait avec bonheur pour un impromptu dans un bar quelconque. Un genre de jam qui n’en est pas une, et qui laisse la gorge assoiffée et l’âme en dérive vers un ailleurs qui finalement, existe peut-être.
Je ne le cache nullement, j’aime les albums qui sonnent vrai. Et avec Heavy Road, j’ai été aussi gâté que si j’avais dû traverser l’Europe au volant d’une vieille guimbarde au coffre rempli de souvenirs. Duo de guitare et basse pour le plus grand plaisir des duellistes western d’Europe centrale (« Pilgrim Boots », les pèlerins ont des bottes, mais taquinent l’orgue Hammond avec beaucoup de flair), percussion de plein fouet entre les WHITE STRIPES et les STONES (« Black Trees Pt.2 »), pour une évasion salvatrice, au moment même où les coquilles se remplissent au fur et à mesure que les portes se ferment.
Avec ces stars montées de toute pièce, ces faux mages d’Internet qui croient qu’une seule vidéo d’un million de vues sur YouTube fait de vous une vedette, il est bon de revenir aux bases et de se concentrer sur la vraie nature du Rock, qui ne sera jamais rien d’autre qu’un cri primal, une osmose entre une poignée d’individus, menés par un sauveur à la guitare étoilée et à la voix bénie. PARALYZED, avec ce deuxième long en dit long justement sur son amour pour un Hard Blues authentique, qu’on ne peut comprendre que si on a renoncé au veau d’or de la facilité et du tape à l’œil.
Tentez l’expérience « Coal Mine », et dites-moi si vous n’avez pas la sale impression de vous enfoncer dans une mine, la pelle à la main et la gueule noire, pour aller extraire du charbon au mépris de vos poumons. PARALYZED peut générer ce genre de sensation, qui ne s’invente pas, et que seul le Blues personnifie au détail près.
Comme je le disais en intro, la guitare et la voix. Et le messie Michael Binder de nous ramener des années en arrière grâce à une nostalgie sincère, pour retrouver le sentiment d’urgence qui animait le Rock depuis sa création.
Titres de l’album :
01. Devil's Bride
02. Orange Carpet
03. Mayday
04. Black Trees Pt.1
05. Pilgrim Boots
06. Black Trees Pt.2
07. Coal Mine
08. White Jar
j'avais eu de l'espoir avec un morceau qu'il avait mis en ecoute mais le reste, c'est de la merde.Comme d'hab...
18/08/2022, 10:29
C’était mieux à 3 qu’à 4 ? Sans doute mais Angelripper au fond de lui ne veut pas se l’avouer …
18/08/2022, 08:27
C'est fade et très convenu. Ca surf sur la vague actuelle, comme tous les albums de Machine Head d'ailleurs qui surfaient sur la vague du moment. Et, à force de vouloir faire des albums différents les uns des autres, ils perdent leur identité.Le seul poin(...)
18/08/2022, 08:02
Idem.(Et cela m'attriste de le dire au vu de ma vénération pour ce groupe...)
18/08/2022, 07:13
Oui je crois qu on peut dire que c est vraiment pas terrible.Machine head, Fear Factory, Sépultura... Ces groupes de mon adolescence qui aujourd hui disparaissent dans cet océan de chiasse qu est devenue l industrie musicale.Cette prod sans âme avec un son de bat(...)
17/08/2022, 19:26
Toujours un bon moment, ces reports de l'OEF, même si je ne suis pour ainsi dire jamais d'accord avec toi. Au passage, merci pour Escuela Grind, dans le genre, c'est franchement chouette.
17/08/2022, 17:35
Pas mal. J'aurai sans doute oublié ce groupe demain, mais en attendant, je suis toujours client pour ce genre de Black/Death suédois à la Dissection.
17/08/2022, 17:30
Bah voilà...Cela ne révolutionne effectivement rien dans le genre, mais quoi qu'il en soit, cela faisait trèèèèèès longtemps qu'un groupe de Black 90s ne m'avait pas autant fait de l'œil.Dommage qu&apo(...)
17/08/2022, 16:00
Un fest que je voulais faire quand j'étais encore jeune et plein d'entrain...Plus du tout le cas maintenant donc. Même si l'affiche beaucoup plus éclectique désormais me plait bien plus...PS : A te croire, malgré l'aur(...)
17/08/2022, 15:43