Je tiens les comptes, il m’est donc facile de savoir quand, où et comment j’ai croisé un groupe pour la dernière fois. Dans le cas des allemands de BONFIRE, ma dernière poignée de main date de 2016 et la sortie de la fausse compilation anniversaire Pearls, qui selon moi contenait bien trop d’huîtres et trop peu de perles. A l’époque, le groupe d’Hans Ziller bataillait pour rester en seconde ligne, lui qui avait justement presque intégré les premières dans les années 80. Depuis très longtemps maintenant, BONFIRE se résume à l’inspiration et à la passion de son guitariste originel, déjà là dans les seventies au sein de CACUMEN, et qui en 2025 continue d’y croire, suffisamment en tout cas pour produire de nouveaux albums. Dont ce Higher Ground, qui succède à une grosse campagne de lifting mise en chantier en 2023.
Les trois albums majeurs du groupe avait donc été actualisés, les peintures refaites, la toiture aussi, pour en proposer une version plus solide et moderne. Ce genre d’exercice est souvent surfait, et BONFIRE n’échappait pas à la règle. Il convenait donc à Hans de revenir par la grande porte, épaulé par les italiens de Frontiers, toujours sur les bons coups.
Mais le BONFIRE de 2025 en est-il un ???
J’avais plus ou moins étrillé The Räuber en 2008, ne reconnaissant pas mes petits que j’avais tant aimés. Ma plume était donc aiguisée, et prête à pourfendre de nouveau un groupe dont le potentiel de séduction avait fondu comme neige au soleil de Prypiat. Et le contexte semblait me donner raison, Hans laissant la sienne de côté pour s’épancher dans un laïus d’autosatisfaction promotionnel assez mielleux.
Le nouvel album de BONFIRE est un chef-d’œuvre. Le groupe se réinvente avec Higher Ground, sans jamais négliger ses qualités : des guitares dures et lourdes, des soli incroyables, des chœurs proéminents et un chant émouvant. Le groupe joue en rangs serrés et à son meilleur niveau.
Un peu péremptoire, ce jugement étale un excès de confiance pouvant mener à de cruelles désillusions. Oser baptiser un nouveau chapitre de « chef d’œuvre » indique une foi sans failles en son travail, mais aussi un peu de prétention. Beaucoup même. Désolé de casser l’ambiance mon cher Hans, mais Higher Ground est loin du chef d’œuvre. La seule partie de ta déclaration à l’emporte-pièce que j’approuve est que ton groupe a réussi à se réinventer sans trop se trahir. Mais l’un dans l’autre, ce nouvel album porte le sceau Frontiers comme d’autres le marquage au fer. D’où une étrange sensation d’anonymat d’une musique qui alterne le bouillant et le tendre, avec toutefois une emphase particulière mise sur les titres les plus agressifs.
On va me dire que j’exagère, que le quintet (Hans Ziller - guitare, Dyan Mair - chant, Frank Pané - guitare, Ronnie Parkes - basse et Fabio Alessandrini - batterie) est une sorte de bête noire pour moi, mais il n’en est rien. Je suis juste une fois de plus déçu de ne pas retrouver le BONFIRE que j’ai tellement aimé, capable de pondre des hits comme « Champion », « Give It a Try » ou « Bang Down the Door ».
Il y en a pourtant pour tous les goûts ici. Des allusions Power Metal, des moments d’émotion à la SCORPIONS, du médium qui détonne, soit un genre de best-of déguisé. Avec deux nouveaux arrivants, BONFIRE resserre les rangs, et Hans lâche la pression accumulée depuis le dernier album original. Il en profite donc pour pondre de vrais moments de sensibilité, à l’image de « When Love Comes Down », soft comme un baiser 80’s, mais puissant comme un coup de vent dans les cheveux. C’est dans ces instants plus tamisés qu’on reconnaît le mieux le groupe, qui la plupart du temps s’ingénie à sonner comme n’importe quelle nouveauté du label transalpin.
« I Will Rise », qui sonne comme un groupe de Heavy Metal moderne lambda à tendance passéiste annonce la couleur, et assume son côté généraliste pourtant très gênant quand on accuse des décennies de carrière. Un peu ACCEPT en version plus lissée et moins énervée, « I Will Rise » est l’archétype de morceau d’ouverture qui mise tout sur la méchanceté et la puissance, oubliant en chemin de traduire la personnalité de musiciens qui arpentent les scènes depuis des décennies.
Même constat pour « Higher Ground », lourd, emphatique, insistant et mélodique, mais si typique qu’on a le sentiment de l’avoir déjà entendu des dizaines de fois chez la concurrence. Même le timbre de voix de Dyan Mair semble le fruit des réflexions d’une IA synthétisant des décades de chanteurs lyriques et mordants. Le résultat est donc évident, et précoce. BONFIRE pourrait être STRYPER, ou un énième concept fomenté par Alessandro Del Vecchio.
Dommage, puisque certains titres valent le détour.
« Jealousy » notamment, très énergique et branché sur le triphasé pour un up tempo ravageur et des guitares s’exprimant pleine bourre. Mais à force de vouloir sonner plus générique qu’un médicament, BONFIRE se perd dans une inspiration qui donne l’impression d’être tarie depuis longtemps. Non que ce nouvel album soit une catastrophe, mais sans le nom de BONFIRE imprimé sur la pochette, il est certain que mon opinion eut été moins tranchée.
Je laisse le bûcher aux nostalgiques de Jeanne D’Arc. BONFIRE n’est pucelle que je croyais.
Titres de l’album:
01. Nostradamus
02. I Will Rise
03. Higher Ground
04. I Died Tonight
05. Lost All Control
06. When Love Comes Down
07. Fallin`
08. Come Hell Or High Water
09. Jealousy
10. Spinnin’ In The Black
11. Rock’n’Roll Survivor (2024 Version)
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15