Selfmadegod ne nous avait pas habitués à tant de délicatesse. L’écurie polonaise s’étant plus volontiers spécialisée dans les pur-sang de l’extrême, abritant dans ses haras des bêtes de compétition de la trempe d’ANTIGAMA, AGATHOCLES, CATHETER, DEAD INFECTION, HIRAX, NUCLEAR HOLOCAUST et autres canassons mal débourrés confondant hippodrome et champ de bataille…Et entre un cheptel éduqué à coups de cravaches et autres équidés aux dents acérées, nous commencions à avoir l’habitude de voir débouler sur le circuit des sponsorings très étudiés…Quelle ne fut donc pas la surprise de découvrir que leur dernière acquisition avait l’apparence d’une véritable bête de concours, au poil luisant et au port altier…Une fois n’est pas coutume, le célèbre label polonais s’est donc tourné vers un choix moins prévisible, laissant le champ libre à l’expérimentation, et acceptant la modulation comme trait de caractère prépondérant. Mais en acceptant de chaperonner les nationaux de NEWBREED, la maison de disques à fait une excellente affaire, les originaires de Bielsko-Biała s’inscrivant dans une lignée assez inédite d’artistes complets et imprévisibles, capables de passer d’une optique Néo-Progressive à un ancrage Post Alternatif sans perdre de sa cohésion et de sa crédibilité. Avouant de soudaines envies d’ailleurs, les décideurs locaux ont donc fait le choix de la diversité et de la complexité, nous offrant ainsi sur un plateau digital l’un des albums les plus intrigants de cette fin d’année, élaboré à grands coups de pulsions métalliques, mais acceptant les dérivations progressives sans perdre de son efficacité…
Les NEWBREED ne sont pourtant pas nés de la dernière course. Fondé en 1999, ce groupe a largement eu le temps de développer ses propres convictions, au long de trois LP attestant d’un parcours plein et riche. Et si nous étions sans nouvelles d’eux depuis 2011 et la sortie d’un éponyme troisième se révélant encore plus cryptique que ses prédécesseurs, autant dire que ce quatuor improbable a capitalisé sur le temps passé pour ne pas le perdre pour le compte. Si leur Adn n’a évidemment pas changé, la matérialisation de leurs idées se manifeste aujourd’hui autour d’un gigantesque Crossover, devant tout autant à la musique électronique qu’au Metalcore Progressif le plus compact, acceptant même d’intégrer à leur vision des portions de Post Rock assez conséquentes, histoire de rendre le voyage encore plus fascinant. C’est ainsi que Tomasz Wołonciej (guitare/chant), Stanisław Wołonciej (batterie), Adam Semla (basse) et Szymon Fiuk (guitare) nous livrent avec Law, une prestation sans failles, fascinante de bout en bout, et d’une ambition ne le sacrifiant pas à l’efficacité, omniprésente au long de ces huit morceaux complexes mais paradoxalement très abordables. On se sent finalement en terrain connu, même si les horizons parcourus par les polonais se révèlent suffisamment mouvant pour ne pas nous lasser, et il est même parfois possible de se sentir touriste à l’intérieur d’un tour bus, dont les deux guides se disputant le savoir auraient les traits de Steven Wilson et de Jerry Cantrell, en pleine lecture d’un guide du routard rédigé par les membres d’ORGY. Avouant des accointances éparses avec des ensembles aussi opposés et complémentaires que KING CRIMSON, QUEEN, MASTODON, PORCUPINE TREE, ULVER, DILLINGER ESCAPE PLAN ou PANTERA, les NEWBREED s’imposent comme les leaders d’une nouvelle génération d’explorateurs décomplexés, qui arpentent le monde musical sans se fixer sur un point d’ancrage particulier, et acceptant l’évolution d’un progressif somme toute assez humble, modulant des sonorités électroniques qui peinent à cacher une réelle puissance Metal s’exprimant au travers de riffs puissants et persuasifs.
Et plus qu’un simple album, Law est une table de loi, une nouvelle façon de concevoir une inspiration plurielle sans rejeter la moindre possibilité. Si l’ombre de PORCUPINE TREE a parfois tendance à éclipser leur propre lumière (on relève plusieurs points communs entre ce quatrième album et le séminal Fear of a Blank Planet du groupe de Wilson), les individualités formant le poumon créatif de NEWBREED n’en acceptent pas pour autant le chaperonnage intégral, et utilisent des codes inhérents à la transformation de groupes comme OPETH, VATTNET VISKAR, mais aussi ALICE IN CHAINS, adaptant la formulation nineties la plus éprouvée à un cadre synthétique purement ancré dans notre époque de maturité. En résulte un maelstrom de sons qui se télescopent, se percutent, s’unissent et se séparent, emmêlés dans des mélodies épurées et des structures rythmiques ondulantes, tâtant parfois du Post-Grunge crépusculaire aux accents de Blues morbide maltraité par un espoir électronique factice (« Snakeater »). Si la pénombre semble dominer les débats, la lumière n’en est pas moins omniprésente, et ce clair-obscur sied admirablement bien aux polonais, qui de leur inspiration rejettent l’exposition globale tout comme le confort de ténèbres protectrices. Le spectre d’un TEA PARTY enfin libéré de ses chaînes d’arrangements orientaux et soudainement converti à des croyances plus contemporaines est aussi une image pieuse ici, spécialement sur un morceau court et irradiant comme « Man Of Steel », aux percussions tribales et au chant ondulant comme un serpent dans le désert. Mais l’un dans l’autre, et après de multiples écoutes, les influences/références deviennent plus floues, tant la personnalité des NEWBREED s’impose comme seule comparaison possible, ce qu’un morceau inclassable comme « Nettle's High Ground » prouve de son rythme en break-beat, et de ses arrangements de cuivre proche d’un techno-Free-Jazz déconstruit, et remonté par les bons soins conjoints de Bill Laswell et Aphex Twin.
Un voyage tout sauf linéaire, qui suit sa propre route, parfois dégagée, parfois escarpée, souvent propice à la contemplation, mais aussi à l’expiation, lorsque les éléments Metal s’imposent en premier plan, sans tuer l’harmonie dans l’œuf. Ainsi, « Startime » de son riff pas franchement direct et de ses strates de sons s’empilant comme lors d’une partie de Jenga perdue d’avance, nous offre une catharsis inopinée, qui permet aux polonais de garder prise avec une électricité toujours adaptée, mais bien présente et utilisée. Electronique, émotion, puissance et formulation, tout est assez abscons, mais on se perd avec un plaisir incroyable dans les dédales de cette imagination, qui refuse enfin la facilité sans sombrer dans la complexité stérile. En se basant sur leurs travaux passés et les adaptant pour une génération future, les NEWBREED signent un LP aussi efficace qu’envoutant, à la croisée des chemins, mais imposant le sien sans indiquer une direction particulière. Aussi onirique que concret, Law impose l’ordre dans le désordre, et ne cherche pas à faire respecter la loi, mais plutôt à la transgresser. Et s’adresse donc de fait à tous ceux que l’ordre un peu trop forcé rebute.
Titres de l'album :
1.Expectation's Chaos
2.Startime
3.Simon Said
4.Snakeater
5.Spiritual Pornography
6.Nettle's High Ground
7.Man Of Steel
8.Skyscraper's Story
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31