Sondage express dans les rues d’une petite agglomération de quelques milliers d’habitants. Question unique à choix multiple, « que pensez-vous de la vie dans notre société à l’heure actuelle ? ». Réponses, non filtrées ni censurées, pour l’amour de la liberté d’expression et de formules consacrées.
Comme vous le constatez, un consensus se dégage, c’est la merde, totale. Personne n’est content, tout le monde s’agrippe comme une lionne à sa proie à son petit capital et à son cabas rempli de maigres commissions, et on avance, comme on peut. Mais finalement, c’est bien mon dernier sondé (mais pas trop profond) qui se démarque de sa lucidité. Grind, man, Grind, what else ? Dans un monde où le chaos des mots trouve écho dans le cataclysme artistique d’une musique qui n’en peut plus de s’inspirer de ce qui l’entoure pour exister, c’est bien le seul style capable de nous sauver d’une catastrophe inévitable. Alors, de fait, autant trouver la bonne bande son pour accompagner cette apocalypse humaine et sociale, et le second longue-durée des bourrins finlandais de DEATH TOLL 80K est certainement la bonne. Pourquoi ? Parce que du Grind mec, mais du bon, subtilement (ou pas) dilué dans un Death bien gras, et suffisamment lapidaire pour nous éjecter d’une carte mondiale en quelques minutes bien pesées. Oula (chant), Tomi (guitare), Ville (basse) et Jori (batterie) nous offrent avec leur deuxième LP un concentré de rage pure, faisant suite à tout un tas de petites sorties (splits, beaucoup, et même une compilation, Discography 2007/2012 en 2013), mais surtout à un premier jet pas forcément plus calme ou complaisant (Harsh Realities, 2011). Avec eux, pas de questions inutiles ou existentielles à se poser, juste à se demander de quel côté faire tourner sa tignasse mal peignée, au doux son de blasts qui nous rappellent toute l’importance des ASSUCK, NAPALM DEATH, THE KILL et autres NASUM, en gros, le bon Grind de tradition, qui fait exploser les amplis et trembler la maison.
Encore une fois, digresser à propos d’un LP qui fonce et rue dans les brancards n’est pas chose aisée. D’autant plus que le fond s’accordant à la forme et privilégiant des attaques courtes et féroces, le ton est vite donné. Mais autant en profiter pour souligner quelques trucs, dont cette propension à soigner des riffs bien catchy et des vocaux enrhumés, et à agencer des compositions fulgurantes pour qu’elles frappent du bon côté. Car le Grind de ces finlandais respecte à la lettre et au septième de croche près les enseignements édictés par l’école anglaise de Birmingham, tout autant que les préceptes affolés de la fac ricaine des années 90. On ne trouve donc aucune trace de Crust ou de D-beat local et nordique, juste des tics, de précipitation, mais rien de bâclé, bien au contraire. Suivant la ligne déjà tracée au début de leur carrière, ces mercenaires du blast d’enfer continuent donc leur route sans s’en faire, et se satisfaisant très bien du bordel ambiant qui les entoure au quotidien. Alors, ça tonne, ça bastonne, et en à peine un quart d’heure, la question du Grind moderne et urbain est survolée avec bonne humeur, nous laissant dans un état d’exubérance folle après avoir subi ces pulsions rythmiques qui affolent. Alors, entre l’intro « Panopticon » qui use et abuse du feedback avant de lâcher un énorme riff de baryton, et « Blame The Victim » qui semble en être une prolongation tout à fait naturelle, le déroulé est d’usage et sans âge, et fricote avec des préceptes de destruction musicale, qui s’autorise parfois une ou deux étapes sur un Death/Grind plus pesant et étouffant (« Hydra », « Silent Approval »).
De là, je ne vais certainement pas passer mon dimanche à vous disséquer une « œuvre » que vous connaitrez déjà à peine entamée, mais qui farfouille dans les poubelles de l’humanité de quoi s’exaspérer. Dissonances, absence de latence, furie incontrôlée, rage même pas dissimulée, quelques passages Mosh bien amalgamés, pour une machine bien huilée qui broie tout sur son passage sans s’inquiéter d’éventuels dégâts. Ceux-ci sont considérables, mais nous rapprochent parfois d’un EXTREME NOISE TERROR pas désagréable (« Step Down »), ou au contraire d’un ANAL CUNT des familles et un ASSUCK qui entre la poire et l’asperge dégobille (« Lack of Perspective »).
Bon, allez, ça suffit, entre le micro-trottoir fictif et les quelques remarques en bourre-pif, je crois que j’ai fait le tour du problème. Et si un matin, vous entendez un sifflement bizarre dans le ciel qui ressemble à mort à une fusée que vous allez vous manger sur le coin du nez, courrez-vite poser le vinyle (et oui, les mecs en plus sont des esthètes) de Step Down sur votre platine, histoire de quitter cette terre de malheur avec les honneurs et les horreurs. Du Grind man, du Grind, et salut tout le monde.
Quelle belle sortie...
Titres de l'album:
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52