The Silenced

Sydra

06/09/2020

Protonmusic

Voici donc un groupe qui n’essaie pas de nous faire prendre l’Helvétie pour des haltères, et qui avoue tout de go dans sa bio que ses deux influences majeures sont SLAYER et EXODUS. Après tout, pourquoi chercher la petite bête dans le pit ou l’aiguille du badge dans les meules de la fouine, quand tout a déjà été dit - ou presque - par les précurseurs américains il y a trente ans ou plus. Sauf que les musiciens en question ne sont pas nés aux Etats-Unis mais bien en Allemagne, et qu’ils désavouent donc la politique musicale radicale de leur pays. Alors, originaires de Freiburg im Breisgau certes, mais beaucoup plus influencés par le son de la Californie, bien que leur champ d’action ne se limite pas à ces deux noms fameux. Les amis d’outre-Rhin citent aussi volontiers METALLICA, mais à aucun moment ne font allusion à SODOM, DESTRUCTION, KREATOR, LIVING DEATH ou TANKARD, ce qui en dit long sur leur passion. Mais en s’affichant comme un collectif Heavy Thrash, il y avait peu de chances que ces instrumentistes s’affilient à la bestialité en vogue dans leur propre pays, et les onze morceaux de ce premier long font plus dans la dentelle ANNIHILATOR/EXODUS que dans la charcuterie DEATHROW/SODOM. Et le pire dans cette affaire, c’est que les SYDRA - puisqu’il faut bien les nommer - parviennent en quelques instants magiques à combiner toutes les qualités de leurs idoles, sur le miraculeux « The Silenced », qui sonne comme un inédit du Black Album repris par SLAYER et mixé par EXODUS. Même riff sombre époque Seasons in the Abyss, même ambiance Heavy Rock qu’Hetfield & co, et même fluidité dans le mid tempo que Gary et Rick, l’impression est bluffante, et le mimétisme global authentique. Mais n’allez pas pour autant prendre ces cinq-là pour d’habiles retapeurs, puisque leur répertoire original leur a permis de se produire au YouRock festival d’Emmendingen alors qu’ils n’accusent que deux ans d’existence.

Humbles, mais non dénué d’ambitions, SYDRA fait partie de cette jeune génération de groupes totalement décomplexés, qui avouent sans détours leur passion, et qui proposent une musique certes peu originale, mais diablement efficace. Du coup, on tombe sous le charme de la musique du quintet (Janek Weinhold - basse, Felix Siegmann - batterie, Tim Gerfen & Iven Mühlhaus - guitares et Leon Haberstroh - chant), qui pourrait bien incarner le chaînon manquant 2K entre METALLICA et SLAYER, adoptant la modération mordante des premiers et faisant leur les riffs ténébreux des seconds. Beaucoup regretteront le choix presque systématique du mid tempo comme moyen d’expression rythmique, mais avec des riffs diaboliques tricotés par des guitaristes qui s’y connaissent en syncopes, et des breaks lourds comme un enfer resté les portes ouvertes, The Silenced n’en appelle pas vraiment au silence pour s’imposer, et ose une approche simple, mais percutante. Si la patte d’EXODUS est la plus difficile à repérer (malgré quelques soli typiques des déhanchés de Holt), elle s’impose dans la fluidité des plans et de cette optique groovy qui se manifestait sur les efforts tardifs de la bande à Steve Souza. Mais pour le reste de l’ADN, aucun doute à avoir. Une branche de Jeff Waters, une autre de James Hetfield, et une dernière de Jeff Hanneman, et l’ordre est respecté au regard de la science californienne. La voix de Leon Haberstroh, beaucoup plus polyvalente que celle de ses modèles, permet au groupe de se montrer délicat à l’occasion, dans tomber dans la mièvrerie des balades Power/Thrash pas toujours réussies. Ainsi, « S.D.I » passe comme une lettre d’amour à la poste, et symbolise plus ou moins la coupure centrale de ce premier LP décomposé en deux parties bien différentes.

La première, simple et immédiate, privilégie les morceaux les plus directs, alors que la seconde joue sur l’ambiance, avec un « The Reapers Embrace » qui pourrait être un hit de THE KORDZ repris par un METAL CHURCH en manque de mélodies. Ambiances certes, mais justement, cette seconde partie n’empêche guère les extrêmes, et c’est à cette occasion que le groupe se lâche plus Thrash, et nous bombarde de « Made You Savage » qui en effet à de quoi ranimer nos instincts les plus sauvages. « No Remorse » et son allusion à METALLICA, aurait plutôt tendance à se rapprocher d’un SLAYER en version plus modulée, et ose enfin des chœurs plus conséquents, alors qu’à l’inverse et en total contrepied, « Soaked » joue la nostalgie harmonique des années 90, avec son léger parfum ALICE IN CHAINS/STONE TEMPLE PILOTS. Un tracklisting qui ne joue donc pas la linéarité, et qui refuse de se faire cloisonner dans un genre particulier. Heavy, les SYDRA le sont, totalement, Thrash, parfois, quand les attaques de médiator sont plus précises et que la batterie tonne, mais ils sont aussi Rock, et Hard-Rock, soit un cocktail assez rafraîchissant dans l’actualité. Evitant avec brio les clichés les plus ancrés dans la culture Metal, les cinq allemands se permettent même une clôture en totale boucherie, avec un riff doublé qui aurait pu rendre dingues les paires Holt/Hunolt, Hetfield/Hammett et Hanneman/King, et sortent par la grande porte, certains d’avoir bien joué leur coup. Je ne vous ferai certainement le celui de la révélation du mois, mais dans un registre modeste, The Silenced tire son épingle du jeu, et se montre un peu fourbe sur les bords en reniant les enseignements de sa propre école allemande et en s’affichant sous le soleil d’une inspiration américaine. Mais le groupe à des arguments, simples, une envie manifeste, et sa musique doit prendre une sacrée ampleur live.                                     

                                                                   

Titres de l’album:

01. Deception

02. Face to Face

03. War

04. Invidia

05. The Silenced

06. S.D.I

07. The Reapers Embrace

08. Made You Savage

09. Soaked

10. No Remorse

11. Blindead


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par mortne2001 le 16/07/2021 à 14:45
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