Les labels donnent une indication assez fiable quant au contenu d’un album. Très souvent. Fréquemment. Alors, le nom Godz ov War Productions aiguille vers un Metal barbare et peu farouche, en convergence de tout ce qui se fait de plus hirsute dans l’underground. Une garantie de qualité. Un sceau apposé. Une promesse tacite. Et avec le deuxième album des polonais de FRIGHTFUL, cette promesse est tenue sans détour, le quatuor n’étant pas réputé pour sa gentillesse et son accessibilité.
Polonais comme sa maison de disques, FRIGHTFUL est un bel exemple de diversion. D’abord placé sous des auspices Death/Grind, le combo de Gdańsk a finalement glissé vers un Death plus musical, avec en contrepoint des influences Thrash fluides, permettant d’insérer quelques mélodies à ce fiel qui coule de gorges agressives. En 2025, le groupe entérine donc ses folles promesses et nous fait jouir de confesse via quelques titres bien agencés, mais surtout, bien énervés.
Krzysztof Pochranowicz (batterie), Paweł Snarski (guitare), Oskar Wańka (basse/chant) et Eryk Jakubczyk (guitare), soit trois quarts du line-up originel s’y entendent comme personne pour domestiquer la brutalité tout en lui conservant son côté le plus sauvage. Dans un registre où se sont déjà illustrés les INCUBUS, DEMOLITION HAMMER, SADUS et autres, What Lies Ahead nous brosse un portrait assez fidèle de la bestialité underground en cours en Europe et à l’est, et se laisse aller à sa nature profonde de chien furieux dans un jeu de quilles curieux. Mais ne les prenez surtout pas pour des mâtins crétins. Non, les polonais connaissent leurs possibilités et leurs limites, et ne cherchent nullement à sonner plus original que brutal.
D’ailleurs, « Cloaked by Nothingness » annonce la couleur. Presque six minutes de chaos organisé, un petit côté CARCASS/SUFFOCATION, et une allégeance au Death Metal le plus pur et fidèle. Symptomatique d’une démarche franche et massive, ce premier titre incarne le versant le plus dur d’un groupe qui se complait dans ses travers les moins avouables, tout en insérant des boucles mélodiques typiques du Death du froid. La balance n’est alors pas encore tout à fait stable, les éléments plus génériquement Metal étant encore absents.
Il faut donc attendre un peu pour que le crossover fasse son effet. Mais une fois les deux éléments présents, la machine tourne à plein régime et balance des bombes sur la chaîne de production. « Disincarnate Sower » en profite pour s’insérer sur le tapis roulant, aplatissant son intro d’une main de fer gantée de papier de verre. Très classique dans le fond et la forme, What Lies Ahead n’en est pas moins un vrai plaisir pour les oreilles abimées, qui n’aiment rien tant qu’un élan Thrash sublimé par un Death téméraire.
Les syncopes, les reprises, les cassures, tout est formel, mais terriblement bien foutu. Aussi groovy qu’il n’est monolithique, ce nouvel album sait instaurer des ambiances plus feutrées, que ce soit à l’occasion d’une entame ou d’un break bien amené. « What Lies Ahead » propose d’ailleurs le meilleur des deux mondes, avec une souplesse héritée de la Bay-Area et une rigueur venue du froid. Avec des musiciens très capables et totalement investis dans leur sujet, cet album fonce droit devant, évite les obstacles avec panache, et les pulvérise en cas d’impossibilité de contournement. Ce qui nous donne le meilleur Death/Thrash du marché, du moins pour ce début d’année.
Difficile de rester de marbre face à cette fougue incroyable, qui le confine parfois au massacre organisé, lorsque le tempo affute les machettes et que les guitares préparent les brochettes. « No Fear » en dit long sur le caractère frondeur d’une telle réalisation, de ses riffs qui se succèdent à un rythme hallucinant, pour mieux s’affoler sur des BPM mitraillés.
D’une telle intensité qu’on se fout complètement de savoir à quel style le raccrocher, What Lies Ahead est un défouloir magnifique, un exutoire magique qui nous autorise toutes les dérives avant l’apocalypse. « Into the Phantom Hearts », vilain et terrorisant comme une pandémie mondiale propagée par les rats, « Farewell » et ses adieux éternels à la quiétude et la tranquillité, le répertoire 2025 est d’une précision diabolique, et bien qu’old-school, assez contemporain pour plaire aux nouvelles générations.
A la manière d’un KREATOR jeune s’excitant sur du IMMOLATION, FRIGHTFUL vous en colle plein les oreilles, tout en peaufinant un instrumental reposant sur des qualités individuelles notables. Ordonné, peaufiné, tout en restant percussif et revêche, What Lies Ahead est la peinture d’un futur peu enviable, à l’heure où les mots « dissuasion nucléaire » commencent à être sur plus de lèvres qu’ils ne devraient.
FRIGHTFUL anticipe l’apocalypse et en propose sa version. Une relecture solide, qui donnerait presque envie de se jeter dans le vide.
Titres de l’album:
01. Cloaked by Nothingness
02. Disincarnate Sower
03. What Lies Ahead
04. No Fear
05. Into the Phantom Hearts
06. Farewell
07. Cathedrals of Creation
08. Inexplicable
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15