Discography 1985/2022

Napalm Death

La pierre angulaire Scum ayant fêté ses trente-cinq ans hier, voici la chronique exhaustive des albums des pionniers de NAPALM DEATH


Scum

Un jour, un critique déclara à propos du single des WHO, « I Can See For Miles » que c’était une chanson de bruit et de fureur. A la suite de ceci, Paul McCartney, un brin vexé composa le monumental « Helter Skelter », que beaucoup jugèrent inaudible. Puis vint Hendrix et son utilisation du feedback. Led Zep, Deep Purple, Blue Cheer, Black Sabbath, et ainsi de suite…

Puis, les journalistes, dans la seconde moitié des années 70, se trouvèrent une autre tête de turc bruitiste, les justement bien nommés MOTORHEAD, qui ravirent le titre de groupe le plus infâme et sonore jusqu’à l’avènement d’un trio répugnant en 1980, qui cristallisa à lui tout seul tous les fantasmes cacophoniques des fans les plus barrés de la terre, VENOM.

Et puis il y eu BATHORY, et le Thrash, puis le Death, mais on sentait que les choses pouvaient aller encore plus loin, que l’évolution naturelle du musicien extrême allait nous fournir le manifeste ultime, la bible du non sens organisé, le Saint Graal du n’importe quoi.

Et une fois de plus, l’abomination nous vint d’Angleterre. Sous la forme d’un trio, puis quartet d’instrumentistes aussi barges que volontaires. Cette excroissance néfaste prit un sobriquet de circonstance, pour ne tromper personne, et le chaos universel se trouva enfin un maître, un chef d’orchestre à la hauteur de la tâche.

NAPALM DEATH.

J’aurais aimé être là le jour où pour la première fois, Scum est tombé dans les oreilles de quelqu’un. Juste pour voir si cette innocente victime a ressenti la même chose que moi.

L’impression d’avoir toujours attendu ça, comme lorsque l’on voit un film encore plus dérangeant et gore que le précédent, qui ne souffre aucune limite, aucun tabou.

C’est ce qui s’est passé en mai 1987. Au revoir VENOM, au revoir DEATH, au revoir tous les autres. Le salut ne pouvait donc venir une fois de plus que du Punk…

Pourtant, l’histoire ND avait débuté sous bien d’autres auspices. Formé en 1981, le gang avait fait ses premières armes dans les clubs de Birmingham, en pratiquant un Punk Core assez anodin, aux paroles farouchement teintées de social/nihilisme (oui, c’est possible !), anti corporatiste, anti capitaliste, anti un peu tout en fait. Des changements de line up permanents freinèrent un peu sa marche, jusqu’à ce qu’il se stabilise autour du trio Justin Broadrick, Nik Bullen et Mick Harris.

Et là, le dérapage. Mick, incroyablement nerveux, insuffle un rythme ultra rapide à l’ensemble, ses collègues suivent, et l’incroyable déflagration se fait entendre dans tout l’underground.

Scum, et ses 28 titres pour à peine plus d’une demie heure, pose les jalons de ce que la presse ne tardera pas à nommer le Grindcore…

Dès l’intro, le ton est donné. « Multinational Corporations » et son « Multinational corporations, genocide of the starving nations » répété tel un mantra, nous plonge non pas dans un rêve éveillé, mais dans la dure réalité de la société, et la bande sonore que balance ND à la face du monde est la plus parfaite illustration de la décadence ambiante.

Et puis « Instinct Of Survival » déboule, et nous rend encore un peu plus lucide, tout en créant un décalage énorme avec notre expérience passée de l’extrémisme sonore…

Comment n’y avait t’on pas pensé avant ??

Mick, Justin, et Nik élèvent alors le bruit au rang d’art majeur. Il n’est plus question de mise en forme, il n’est plus question de concept et d’utilisation du chaos comme déviance passagère, le bruit devient le seul but du bruit, et une fin en soi.

Scum sera la pierre de rosette de la décomplexion des musiciens hésitants à se jeter à corps perdu dans la bataille de l’orgie sonore. Car derrière le baobab NAPALM se cache une foret très dense, prête à envahir le monde (CARCASS, DOOM, ELECTRO HIPPIES, SORE THROAT).

Sur cet album, se trouvent déjà bon nombre de chevaux de bataille live du groupe, de « Life ? » à « Deceiver », en passant par le quasi Heavy « Siege Of Power », le furieux « The Kill », et bien sur, le fabuleux, le gigantesque, l’indescriptible « You Suffer » et ses 2 secondes inoubliables.

Personne jusqu’à présent n’avait osé pousser mémé dans les orties avec un tel sens de l’humour. Et je ne vois guère que John Lennon et son « Nutopian International Anthem » et sa minute de silence, où à la rigueur John Cale pour tenter quelque chose d’aussi dérisoire et pourtant si cruellement pertinent.

Mais ne vous y trompez pas, car sous les habits de joyeux fouteurs de merde se cachent trois individus (quatre sur la face B) très surs de leur fait, et sachant parfaitement résumer en quelques secondes tout ce que le monde recèle de plus hideux.

Alors qu’importe qu’entre les deux faces du disque on ne trouve plus les mêmes musiciens. Qu’importe que l’avènement de ND ait préfiguré une déferlante inintéressante de boucaniers aussi insipides qu’un bateau sur une mer d’huile.

Ils étaient là avant tout le monde.

Ils sont encore là en 2010, toujours plus crédibles.

Entre temps, beaucoup de choses, une histoire, une légende.

Qui ne fait que commencer…



Tracklisting :

1. Multinational Corporations

2. Instinct of Survival

3. Kill

4. Scum

5. Caught... In a Dream

6. Polluted Minds

7. Sacrificed

8. Siege of Power

9. Control

10. Born on Your Knees

11. Human Garbage

12. You Suffer

13. Life?

14. Prison Without Walls

15. Point of No Return

16. Negative Approach

17. Success?

18. Deceiver

19. C.S.

20. Parasites

21. Pseudo Youth

22. Divine Death

23. As the Machine Rolls On

24. Common Enemy

25. Moral Crusade

26. Stigmatized

27. M.A.D.

28. Dragnet


From Enslavement To Obliteration

Alors que son aventure discographique est née il y a un an à peine, et que le monde ne s’est pas encore remis du pétard mammouth Scum, NAPALM DEATH enfonce le clou, et avec un marteau encore plus grand !

Avec encore un nouveau line up, et aux commandes un Mick Harris encore plus épileptique que l’année précédente, et un Lee Dorian caverneux au possible, ND reprend la même recette, avec la puissance en plus.

Si Scum pouvait parfois paraître un peu sec et unidimensionnel, les hymnes à la haine qui forment la symphonie From Enslavement To Obliteration donnent l’impression de surgir de tous les côtés, tels les ennemis ultimes d’une bataille perdue d’avance.

Même recette certes, mais avec une surenchère dans le dosage des ingrédients qui rend le plat si épicé que même John PEEL aura du mal à s’en relever (mais qui finira par retomber sur ses pattes, cf une des chroniques suivantes…).

Tout est exponentiel ici. Mick frappe plus fort, plus vite, Lee hurle comme un démon avec une écharde dans la queue, Bill Steer, nouveau venu et transfuge temporaire des médecins légistes de CARCASS riffe comme une usine et gaz, et le fidèle roadie et fan #1 Shane EMBURY manipule sa basse distordue comme si sa vie en dépendait.

Et pourtant, rien ne sonne comme une parodie, encore moins une pochade. Et si les pochtrons de TANKARD leur ont dédié une ode de 40 secondes, sobrement intitulée « Mon Chéri » sur leur fabuleux The Morning After, ça n’est pas gratuit. ND devient l’idole définitive des furieux, l’icône incontournable des têtes brûlées.

Après l’intro de rigueur, encore plus pesante que « Multinational Corporation », avec MC Dorian qui s’époumone sur des « Your weak minds » à n’en plus finir, « It’s a M.A.N.S World ! » déroule comme un serpentin un soir de cuite, à 200 à l’heure, toutes basses en avant.

Les autres « hits » définitifs de la première période de ND sont tous là. « Lucid Fairytale », « Unchallenged Hate », « From Enslavement To Obliteration » et son long riff d’intro version supplice de la goutte d’eau avant la tornade de blast-beats, et bien sur, le plus pondéré (façon de parler…) « Mentally Murdered », qui donnera l’occasion au groupe de sortir un EP sur lequel on retrouvera le pendant 1988 de « You Suffer », l’encore plus court (une petite seconde…magnifique !) « Dead ».

Le tour de force de Mick & co sur FETO, aura été de rendre le bruit « audible ». On peut tout discerner sur cet album, chaque instrument, chaque partie, sauf bien sur en ce qui concerne les vocaux, toujours aussi indéchiffrables.

Il s’agissait d’asseoir sa position, de façon définitive. Faire bien comprendre à la plèbe et aux Punk addicts que Scum n’était pas qu’un incident isolé. Mais aussi de clôturer un premier chapitre de la façon la plus claire et brutale que possible.

Car FETO n’est rien de plus qu’un cri secondaire, ne s’opposant au cri primal que par le caractère itératif qu’il revêt. J’ai gueulé, tu m’as entendu, maintenant je hurle, et tu vas m’écouter. Point.

Et une fois que les choses sont dites, inutiles de les répéter. Une fois le manifeste gravé sur vinyle, la messe est dite, et les apôtres s’en vont.

Ce sera le seul album de ce line up culte, et le dernier moulé dans ce fer brûlant encore incandescent. Lee restera le temps d’un maxi, comme Bill, et s’en ira former le pachydermique CATHEDRAL, tandis que Steer calmera les ardeurs post mortem de CARCASS.

Seuls Mick et Shane continueront l’aventure, en changeant un peu le cours des choses.

Il est vrai qu’il eut été inutile de poursuivre une route en sachant que l’on était déjà à son terme. Que faire de plus ? Plus de bruit ? Jouer plus vite ? Grogner plus fort ? Possible, et les LAST DAYS OF HUMANITY, SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION s’en chargeront, avec plus ou moins de bonheur. Mais aussi bordélique que leur œuvre ait pu être, aucune n’aura le même impact que ce From Enslavement To Obliteration.

Pour la petite histoire, cet album sera réédité plusieurs fois. Tout d’abord en vinyle blanc. Puis en CD, avec Scum, soit 54 titres. Puis seul, avec « The Curse » en bonus. Il offrira à sa maison de disques, Earache, les honneurs de la couv’ du New Musical Express. Et éveillera la curiosité d’un personnage haut en couleur de la scène underground anglaise, déjà cité plus haut.

M.Peel. Pas le mari ou le fils d’Emma, non, John, de la BBC Radio 1.

Mais ceci sera l’objet d’une autre chronique.



Tracklisting :

1. Evolved As One

2. It's a M.A.N.S World!

3. Lucid Fairytale

4. Private Death

5. Impressions

6. Unchallenged Hate

7. Uncertainty Blurs the Vision

8. Cock-Rock Alienation

9. Retreat to Nowhere

10. Think for a Minute

11. Display to Me . . .

12. From Enslavement to Obliteration

13. Blind to the Truth

14. Social Sterility

15. Emotional Suffocation

16. Practice What You Preach

17. Inconceivable?

18. Worlds Apart

19. Obstinate Direction

20. Mentally Murdered

21. Sometimes

22. Make Way!

23. Musclehead (Bonus Track)

24. Your Achievement (Bonus Track)

25. Dead (Bonus Track)

26. Morbid Deceiver (Bonus Track)

27. The Curse (Bonus Track)



The Peel Sessions

Tradition underground anglaise oblige, après deux albums ayant fait grand bruit au sens propre comme au figuré, NAPALM DEATH se devait d’honorer ses fans avec un album live.

Mais se détournant (provisoirement…) du schéma classique, et après avoir suscité un énorme enthousiasme chez le DJ culte John PEEL, le quatuor se livre à l’exercice périlleux des Peel Sessions.

Désormais bénéficiaires d’un son monstrueux qu’ils n’allaient certainement pas laisser tomber, même pour un maître de cérémonie prestigieux, ND s’avance en terrain connu, forts de leurs nombreux concerts européens.

Pas le genre de groupe à s’effaroucher pour rien, ND fonce bille en tête dans le concept et tire ses meilleures cartouches sans trembler ne serait ce qu’une seconde. Les temps forts de ses deux premiers LPs sont tous là, de « The Kill » à « From Enslavement To Obliteration » en passant par les incunables « Dead » et « You Suffer ».

Mais la performance prend des allures de tour de force tant le groupe propose des versions encore plus maousses des titres pré cités, en accélérant encore un peu le propos, avec un Mick HARRIS complètement halluciné qui prend son kit pour un punching ball, et un Lee DORIAN vraiment pas content de ne toujours pas avoir eu son moka.

Les larsens et autres dérapages sonores sont légion, mais loin de confiner l’entreprise à un bordel sans nom, ils accentuent l’impression de sauvagerie globale dégagée par l’ensemble.

On a parfois la sensation que le gang, pourtant peu coutumier d’une quelconque forme de pondération, pète carrément les plombs, et les cris porcins qui restent LA trademark du groupe, bien avant Dani Filth et autres sinistres pantins, deviennent complètement surréalistes. Quand au chant, il atteint des sommets dans le non sens, comme en témoigne le déjà pas très clair « You Suffer », et son « You suffer, but why ? » qui n’a clairement pas pu être prononcé in extenso tel qu’on l’entend sur ce CD.

En somme, un bon examen de passage et la fermeture définitive d’un chapitre de l’histoire de NAPALM DEATH, qui subira une fois de plus un changement de personnel, l’avant dernier et reviendra sur les devants de la scène avec un style transfiguré, mais qui ne sera pas l’ultime mutation avant l’apparence finale.

Notons que les Peel Sessions, comme bon nombre de produits de la première époque du groupe, sortiront sous différents packaging et tracklisting, un premier format simple en LP, avec la session de 1987 (Line Up : Mick Harris, Bill Steer, Shane Embury et Lee Dorian), un CD et LP en 1989 avec les sessions de 1987 et 1988 (même Line Up), et une réédition en 1993 avec les deux sessions sus nommées, plus celle de 1990 et le split 7’’ avec SOB (Line Up : Mick Harris, Shane Embury, Mitch Harris, Jesse Pintado et Mark Greenway).



Tracklisting :

1. "The Kill/Prison Without Walls/Dead" 0:59

2. "Deceiver/Lucid Fairytale/In Extremis" 1:52

3. "Blind to the Truth/ Negative Approach/Common Enemy" 1:08

4. "Obstinate Direction/Life/You Suffer" 1:52

5. "Multi-National Corporations/Instinct of Survival/Stigmatised/Parasites" 4:13

6. "Moral Crusade/Worlds Apart/M.A.D." 3:41

7. "Divine Death/C.S./Control" 3:23

8. "Walls/Raging in Hell/Conform or Die" 3:20

9. "Unchallenged Hate/Mentally Murdered" 4:04

10. "From Enslavement to Obliteration/Suffer the Children" 5:45

11. "Retreat to Nowhere/Scum" 2:56

12. "Deceiver/Social Sterility"



Harmony Corruption

Ce qui a toujours caractérisé NAPALM DEATH, c’est son intelligence. Je ne parle pas au niveau des textes, mais du comportement et des choix à faire. Et c’est une constante dans leur carrière.

Après deux albums quasiment insurpassables en intensité, en puissance et en haine sonore, le groupe sent qu’il faut trancher dans le gras, et se séparer des parties les plus embarrassantes. Ayant encore effectué un nettoyage en règle (néanmoins non volontaire) au niveau de son line up, avec le départ de Lee DORIAN parti former CATHEDRAL, et bientôt son label, Rise Above Records, et Bill STEER, qui rejoint de fait les apprentis fromagers de CARCASS, ND va en faire de même avec son style.

Il faut bien comprendre que le groupe a un message à faire passer. Et qu’il est très difficile de le répandre lorsque presque personne ne vous comprend. Je défie tout anglophone d’apprentissage (à contrario des anglophones de naissance, quoique…) de comprendre un vers entier de Scum ou F.E.T.O. sans avoir recours à une lecture des paroles imprimées.

Et il faut aussi admettre qu’après plus de 50 titres entièrement dédiés au Grind, il devient évident que le syndrome du chien qui se mord la queue n’est pas loin.

Alors, NAPALM DEATH choisit la voie du crossover. En insufflant une forte dose de Death à sa musique, il en garde l’essence, conserve le fond, tout en apportant de profondes nuances à la forme.

Mick et Shane, les deux seuls survivants, embauchent pour cette entreprise Mitch Harris (aucun lien de parenté entre le batteur et le guitariste), membre de RIGHTEOUS PIGS, Jesse Pintado des cultes TERRORIZER, et louent le gosier caverneux de Mark « Barney » Greenway, transfuge de BENEDICTION.

Avec cette solide formation, qui restera plus ou moins la même jusqu’au bout (à une ou deux variantes près…), ND se sent pousser des ailes et maximise son impact en solidifiant la sauce. Au risque de s’aliéner la frange la plus extrême et la plus Punk de son auditoire, le groupe prend un maximum de risques, se fait produire par l’incontournable Scott Burns, et prend un virage à 90 degrés.

Dès le premier titre « Vision Conquest », pourtant un des plus faible, le son surprend agréablement les oreilles, et la composante de la mort entre en jeu. Définitivement intégré au monde du métal grâce à l’apport de ses deux nouveaux guitaristes, le combo se la joue Suicidal Tendencies, et quitte presque définitivement les rivages punkoïdes anglais.

Le chant poussé mais intelligible de Barney offre une tribune jusque là inédite, et à condition de bien nettoyer son marteau et son enclume, on arrive presque à saisir l’intégralité du propos. D’aucuns ont déclaré à l’époque que Harmony Corruption avait fait rentrer ND dans l’âge du professionnalisme. C’est un fait.

Plus de course contre la montre, malgré une foultitude de passages défonçant toutes les limites de vitesse, un sens affiné du break bien placé, de longues tirades lourdes et pesantes, NAPALM signe son allégeance au Death Metal extrême, avec en guise de caution morale, deux figures du style venus apposer leurs chœurs doucereux sur l’énorme « Unfit Earth », j’ai nommé le grotesque Glenn BENTON et le pape de l’onomatopée d’outre-tombe, John TARDY.

Harmony Corruption est sans doute l’album dans lequel ND viendra piocher le plus souvent lors de ses incartades live (« Suffer The Children », « If The Truth Be Known », « Unfit Earth » et « Malicious Intent » restent encore des classiques sur scène). Avec une fois de plus des textes dans la plus droite lignée du social/individualisme anglais, tels l’écologie (« Unfit Earth »), l’asservissement du peuple par les arcanes du pouvoir (« If The Truth Be Known »), la Religion (« Suffer The Children »), et les addictions diverses (« Mind Snare »).

Pour les die hard, cet album sonnera le glas de ND. Pour les nouveaux fans, un commencement. Pour les vrais fans, une étape de plus sur un long chemin dont on n’a heureusement pas encore vu le bout.

Les deux morceaux les plus solides, « Unfit Earth » et « Suffer The Children », dament alors le pion à bon nombre de formations Death de l’époque, et comme le disait Metal Hammer dans sa chronique « propulsent NAPALM DEATH pas si loin de MORBID ANGEL ». Vous pouviez rêver plus beau compliment ?

En toute subjectivité, si l’on excepte un son pas toujours à la hauteur, notamment pour la batterie (quoique la basse…Le mini solo de « Inner Incineration » prouve que les British n’ont pas perdu leur sens de l’humour !), Harmony Corruption  reste selon moi le Magnus opus des flingués de Birmingham, celui où ils ont su mieux que quiconque établir la frontière entre bruit et vacarme contrôlé, ou la puissance et la vitesse sont les mieux dosées. Rien que d’entendre Barney et Tardy hurler « Silent screams, from an unfit earth, a future of provocation with nowhere to go” me file encore la chair de poule…

Alors maintenant, vous savez quoi faire si ce Cd n’est pas déjà sur vos étagères. Car il constitue un des chapitres les plus importants de la carrière de NAPALM DEATH, et surtout le dernier avec Mick HARRIS derrière les fûts.

Comme d’hab, il est sorti sous différentes versions, la première avec le Cd live Live at the ICA in London, puis avec juste le titre « Hiding Behind » en sus, et une dernière avec le Maxi « Mentally Murdered » à la suite.

De quoi faire de jolis cadeaux.



Tracklisting :

1. "Vision Conquest" 2:42

2. "If the Truth Be Known" 4:12

3. "Inner Incineration" 2:57

4. "Malicious Intent" 3:26

5. "Unfit Earth" 5:03

6. "Circle of Hypocrisy" 3:15

7. "The Chains that Bind Us" 4:08

8. "Mind Snare" 3:42

9. "Extremity Retained" 2:01

10. "Suffer the Children" 4:21

11. "Hiding Behind" (bonus track) 5:15

12. "Rise Above" (bonus track) 2:42

13. "The Missing Link" (bonus track) 2:17

14. "Mentally Murdered" (bonus track) 2:11

15. "Walls of Confinement" (bonus track) 2:56

16. "Cause and Effect" (bonus track) 1:26

17. "No Mental Effort" (bonus track) 4:08

+ Bonus LP Live I.C.A. London June 29 1990

  1. Rise Above
  2. Success?
  3. From Enslavement To Obliteration
  4. Control
  5. Walls Of Confinement
  6. Instinct Of Survival
  7. Siege Of Power
  8. Avalanche Master Song (Godflesh Cover)
  9. You Suffer
  10. Deceiver


Utopia Banished

Deux ans après l’énorme transition que fut Harmony Corruption, NAPALM DEATH revient sur le devant de la scène avec un nouvel album, et un nouveau line up. Changement numériquement minime, puisqu’un seul membre quitte le navire, mais pas des moindres, puisque cette fois ci, c’est Mick HARRIS qui prend la porte. Ça y est, le dernier membre du « Canal Historique » de ND, le gardien de la flamme à lui aussi quitté le navire, persuadé d’être allé au bout de son histoire.

L’avenir lui donnera artistiquement raison, car avec des groupes et projets aussi différents que l’industriel/ambient SCORN et le Grindy Jazz PAINKILLER (avec un autre flingué notoire, John ZORN), il gagnera une estime critique et professionnelle qui lui étaient refusées du temps de ses blast beats chez ND.

Le petit nouveau, au CV aussi peu fourni que son jeu est impressionnant s’appelle Danny HERRERA, et il sera à ce jour, le dernier arrivé au sein du gang. Et si l’on met de côté une légère incartade de Barney chez EXTREME NOISE TERROR, la composition du combo ne changera plus.

Mais qu’en est il de son style musical ?

Tout comme Harmony Corruption était l’album de la rupture, Utopia Banished est celui de la recherche. Tout en admettant les innovations de son prédécesseur, Utopia cherche aussi à renouer d’une certaine façon avec les racines Punk du groupe, et le caractère instantané de ses deux premiers albums.

Il en résulte un album très déroutant au prime abord, avec ses structures alambiquées (les riffs se multiplient, et ont tendance à partir souvent dans les aigus), ses parties ultra rapides se noyant dans des breaks ininterrompus, et son chant plutôt linéaire.

Le son n’arrange rien à l’affaire, très sourd, avec des guitares très en retrait, et un chant trop en avant. Seule la batterie pour une fois s’en tire bien, Danny n’étant certainement pas étranger à l’affaire. A de rares exceptions près, aucun titre n’accroche l’oreille, si ce n’est « I Abstain » et son intro nitro, « Judicial Slime » et son groove contagieux, et bien sur « Contemptuous », atypique à l’époque mais diablement révélateur des tendances Indus que ND allait emprunter dans un futur proche. Assez influencé par MEATHOOK SEED, le projet solo de Mitch, ce morceau d’ambiance est une des meilleures clôtures que le groupe ait offert sur un de ses albums.

Quant au reste, il m’a toujours laissé sceptique. On sent que ND se cherche, essaie de s’offrir de multiples options, mais il reste un goût d’inachevé, comme un savant brouillon que l’on aurait jamais pris le temps de recopier, des notes laissées sur un bureau en attendant d’être rédigées au propre.

Utopia Banished à longtemps divisé les fans, certains le trouvant meilleur que le précédent, d’autres assez creux, et j’avoue que c’est celui que j’écoute le moins dans toute la discographie du groupe.

Mais il reste un témoignage primordial, ne serait ce que parce qu’il fut le premier avec le line up définitif. Il fut aussi un très bon indicateur de la suite des événements, et le glissement progressif du groupe vers un Death/Indus qui atteindra des sommets, mais qui produira aussi des albums assez insipides.

Il sortit en version CD normale, puis en réédition boîtier cristal et digipack en 1996, avec les six titres suivants en bonus : « One and the Same », « Sick and Tired », « Malignant Trait », « Killing with Kindness », « A Means to an End » et « Insanity Excursion ».



Tracklisting:

1. "Discordance" 1:26

2. "I Abstain" 3:30

3. "Dementia Access" 2:27

4. "Christening of the Blind" 3:21

5. "The World Keeps Turning" 2:55

6. "Idiosyncratic" 2:35

7. "Aryanisms" 3:08

8. "Cause and Effect (Pt. II)" 2:07

9. "Judicial Slime" 2:36

10. "Distorting the Medium" 1:58

11. "Got Time to Kill" 2:28

12. "Upward and Uninterested" 2:07

13. "Exile" 2:00

14. "Awake (To a Life of Misery)" 2:05

15. "Contemptuous" 4:21

Bonus Tracks:

1. "One and the Same" 1:50

2. "Sick and Tired" 1:26

3. "Malignant Trait" 2:20

 4. "Killing with Kindness"  2:01


Death By Manipulation

Compilation bâtarde sortie en 1992, Death By Manipulation à le mérite de présenter au public sur un même support les deux visages de NAPALM DEATH. Assemblage astucieux de différents maxis et EP’s (Mass Appeal Madness, Suffer The Children, Mentally Murdered et le split avec S.O.B), elle permet au fan de disposer de toutes les sorties vinyliques de NAPALM, sans pour autant se ruiner

Clairement scindée en deux, avec pour les sept premiers titres, un condensé de la (courte et récente) période avec Barney au chant, et à partir de « Rise Above » un résumé de l’ère Lee DORIAN, elle permet de mesurer de manière qualitative tous les progrès accomplis par ND depuis ses débuts discographiques.

Placés côte à côte, « Suffer The Children » et « Mentally Murdered » - qui ne sont rien d’autre que les deux morceaux les plus intenses de chaque facette du groupe, avec ce Death contrôlé et puissant d’une part et ce Grind/Hardcore d’autre part – créent un décalage fascinant permettant de mesurer  la capacité des anglais à transfigurer l’extrême avec une créativité énorme et terriblement personnelle.

Une analyse en parallèle permet de réaliser que Lee et Barney ont été (et sont, dans le cas de Barney) les meilleurs vocalistes que ND pouvait avoir par rapport au style pratiqué à l’époque. L’organe vocal de Mark, sombre, rauque mais au phrasé intelligible permet à ce Death barbare d’atteindre des sommets d’agressivité, tandis que le gosier de Lee, incroyablement caverneux, à la diction avalée, maintenait le Grind pur dans une direction unidimensionnelle et pure.

Une fois admis que NAPALM a clairement inventé un genre à lui tout seul, avant de le transcender pour en retirer la quintessence de la violence intérieure, on peut passer le reste de son temps à écouter cette compilation pour encore mieux se rendre compte des effarantes avancées du gang sur le terrain du terrorisme sonore.

Et s’il est vrai qu’à partir d’Harmony Corruption, Mark est devenu de facto le grogneur idéal, on se rend aussi compte qu’il n’aurait pas du tout été le choix adéquat pour un album comme Scum. En témoigne sa version de « Siege Of Power », assez faible, et en tout cas, beaucoup moins bonne que celle de Nik BULLEN. Sinon, rien d’autre à dire sur sa prestation globale, qui se termine par l’instrumental très glauque « Harmony Corruption », et pour plus de détails, référez vous à mes chroniques sur les albums concernés, plus complètes.

« Rise Above » résonne enfin, et Lee entre en scène de la meilleure façon possible.

La rupture est brusque, et nous revenons de plein pied dans le NAPALM DEATH de tradition. Sans doute pas le meilleur choix pour illustrer cette période, le maxi Mentally Murdered et le Split 7’’ avec SOB font néanmoins office d’adieux débridés à une époque bénie.

Par contre, et je me pose toujours la question, je ne comprends pas l’utilité d’avoir réenregistrée l’intro « Multinational Corporations », car cette version remaniée castre la sauvagerie franche de l’original et en devient franchement pénible à écouter.

Toujours est il que Death By Manipulation présente une belle transition entre deux tranches de vie bien distinctes, mais qui sera encore mieux illustrée sur l’album suivant…



Tracklisting:

1. Mass Appeal Madness

2. Pride Assassin

3. Unchallenged Hate

4. Social Sterility

5. Suffer the Children

6. Siege of Power

7. Harmony Corruption

8. Rise Above

9. Missing Link

10. Mentally Murdered

11. Walls of Confinement

12. Cause and Effect

13. No Mental Effort

14. Multinational Corporations

15. Re Address the Problem

16. Changing Colours

17. From the Ashes

18. Understanding

19. Stalemate

20. Unchallenged Hate [Live] (Bonus Track)

21. Mentally Murdered [Live] (Bonus Track)

22. Walls of Confinement [Live] (Bonus Track)



Live Corruption (Live At Salisbury Arts Centre, 1990)

Petite pause dans la discographie du groupe, ce Live Corruption (dont le titre officiel reste Live At Salisbury Arts Centre, 1990) n’est que le pendant vinylique de la VHS sortie trois ans auparavant, du même titre.

Mais loin d’être anecdotique, cet album reste le témoignage absolu des performances live hallucinantes que NAPALM DEATH livre depuis le début de sa carrière.

Fort d’un line up où tous les membres s’investissent à fond, certainement très conscients de faire partie d’un combo de légende quoi qu’il arrive, ND nous offre là un instantané très réaliste de son attitude on stage.

Malgré un tracklisting légèrement remanié par rapport à la vidéo, avec quatre titres en moins (« Instinct Of Survival », « Siege Of Power », « You Suffer » et « Deceiver ») et un démarrage sur « Unchallenged Hate » en lieu et place de « Control », ce live reste fidèle à l’ambiance présente sur ce qui restera la vidéo live ultime du groupe.

Avec un Mick Harris plus centrale atomique que jamais, et un Barney en maître de cérémonie inépuisable, le groupe égrène les désormais classiques avec une assurance sans égale. Un savant panaché de titres issus des deux premiers albums faisant désormais partie du patrimoine musical anglais, et de multiples allusions au petit dernier de l’époque, Harmony Corruption, qui reste quand même une sacré boucherie live (« Mindsnare », « Malicious Intent », « If The Truth Be Known », « Suffer The Children ») assure un confort d’écoute optimal.

Et même si l’image fait cruellement défaut par rapport à la VHS, on peut sentir le public vibrer et animer la salle d’un mosh pit collectif prenant vite des airs de séance d’hypnose fatale. Il faut dire que ND fait preuve d’une précision imparable dans l’exécution des titres, et parvient à danser sur le fil ténu du rasoir bruitiste sans jamais tomber dans la cacophonie, aidés en cela par une production miraculeuse qui rend justice à la puissance surnaturelle des morceaux issus de Harmony Corruption.

Barney s’en sort avec plus que les honneurs du jury sur les titres chantés par Dorian/Bullen, mais la palme du paroxysme de l’hystérie collective revient une fois de plus à « Suffer The Children », qui restera ad vitam aeternam le hit de la période finale du groupe. « The Kill » l’imparable « Dead », et le miraculeux « Mentally Murdered » étant quant à eux, les plus symptomatiques d’une première ère vouée à la prise de conscience.

Alors, de l’utilité de sortir un tel live, qui ne propose rien de plus, voire moins que l’indispensable VHS sortie trois ans plus tôt…Qui plus est, pratiquement introuvable de nos jours !

Je ne sais pas, mais en partant du principe qu’il est quasiment impossible de l’acheter, autant ripper la bande son de la vidéo live, plus complète.

En tout cas, ce qui est sur, c’est que Live Corruption reste le live parfait du NAPALM DEATH 1987/1990, avec un son et une intensité que le groupe ne retrouvera pas sur « Punishment In Capitals » dont nous reparlerons plus tard.

C’est de plus le plus beau testament dont pouvait rêver Mick HARRIS pour fermer le chapitre de sa participation à ND, dont il fut une des composantes les plus importantes.


Tracklisting CD :

1. Intro (4:33)
2. Unchallenged Hate (2:15)
3. Life? (1:13)
4. The Kill (0:46)
5. Scum (3:02)
6. If The Truth Be Known (4:37)
7. Lucid Fairytale (1:31)
8. Control (1:54)
9. Walls Of Confinement (3:11)
10. Malicious Intent (3:56)
11. Social Sterililty (1:24)
12. Suffer The Children (4:17)
13. From Enslavement To Obliteration (1:57)
14. Dead / Practice What You Preach (2:26)
15. Mentally Murdered (2:41)
16. Extremity Retained (4:52)
17. Mind Snare (4:04)
18. Success? (1:46)
19. Rise Above (2:51)

Tracklisting VHS :

01. Control

02. Walls of Confinement

03. Unchallenged Hate

04. Life?

05. The Kill

06. Scum

07. If the Truth be Known

08. Lucid Fairytale

09. Malicious Intent

10. Social Sterility

11. Suffer the Children

12. From Enslavement to Obliteration

13. Dead

14. Practice What You Preach

15. Mentally Murdered

16. Extremity Retained

17. Mindsnare

18. Success?

19. Rise Above

20. Instinct of Survival

21. Siege of Power

22. You Suffer

23. Deceiver



Fear, Emptiness, Despair

Encore plus qu’Utopia Banished, Fear, Emptiness Despair montre un groupe qui se cherche, et qui plante les graines d’une moisson à venir.

Emblématique d’une période d’approximations dans laquelle NAPALM DEATH se débat depuis Harmony Corruption, ce nouvel album qui au départ devait s’intituler Under Rule (qui aurait été un titre bien plus approprié à la musique…) nous plonge dans un dédale d’interrogations, et instaure une sorte de flou artistique assez gênant.

Encore plus compact que son prédécesseur, encore moins précis et attachant, il restera une des sorties les plus controversées du groupe, au même titre que Words From The Exit Wound. On sent que le groupe est proche d’une vérité musicale, mais qu’il n’a pas encore complètement allumé les lumières de la révélation.

Dans ce chaos, surnagent deux compositions très révélatrices d’une direction musicale à venir, le terrible « Plague Rages » et « Armaggedon X 7 », qui exploitent à merveille cette voie d’un Death Indus très sombre, et ça n’est pas un hasard s’ils seront les deux seuls titres de Fear, Emptiness, Despair à figurer sur la compilation officielle de ND, Noise For Music’s Sake quelques années plus tard.

Le reste n’est qu’un vaste bourbier d’où il est très difficile de retenir autre chose qu’une esquisse mal dégrossie, d’une emphase mise sur la trop grande variété des riffs qui s’entrechoquent sans jamais produire l’explosion attendue. Même la voix de Barney sonne comme emprisonnée dans un bocal. La production, assez typique de cette période ne met absolument rien en relief, et tend à uniformiser quelque chose qui ne demande qu’à être aéré.

La transition entre le Grind fatal et le Death barbare fut assurée par des compositions ayant une identité propre, et que l’on pouvait facilement extraire et mettre en avant sans risque de nuire à la cohésion de l’ensemble.

Ici, tout est massif, mais paradoxalement terriblement bancal. Encore le cul entre deux chaises, hésitant à plonger tête baisser dans l’expérimentation à tout crin ou la brutalité débridée, ND se montre sous un jour peu flatteur, albatros géant incapable de se hisser à la hauteur de sa propre légende.

En témoigne « Throwaway », où Danny se contente de balancer des breaks en permanence, comme pour faire oublier que les riffs n’ont rien de mémorisable, et que le chant grogne sans jamais mordre. L’insistance du groupe à s’enfoncer dans des titres au schéma trop complexe bloque toute envie de commisération envers des musiciens pas encore à l’aise avec un nouveau répertoire.

Mais une fois encore, NAPALM DEATH saura se tirer de ce mauvais pas. Bien que les années suivantes seront les plus troubles de l’histoire du groupe, le quintet saura tirer leçon de ce semi échec pour revenir encore plus fort, et affirmer une nouvelle mutation qui malgré ses évidentes qualités, divisera encore plus les fans, tout en attirant un nouveau public.

Fear, Emptiness, Despair est à prendre comme l’introduction à la destruction chirurgicale que sera Inside The Torn Apart, et une affirmation en tant que compositeurs de Mitch et Jesse, qui grâce à de nombreux projets annexe sauront insuffler une nouvelle jeunesse au mastodonte de Birmingham. Mais malgré tous ses points faibles, il se hissera à la 22ème place du Billboard 200, fait sans doute dû à la présence du titre "Twist The Knife (Slowly)" sur la B.O du film Mortal Kombat.

Un des deux albums de ND à posséder dans le seul but d’avoir une discographie intégrale dans ses étagères !

A noter qu’il sortira sous deux versions, en Cd normal onze titres, et en réédition en 1996, avec l’apport de deux inédits, « Truth Drug » et « Living In Denial ».



 Tracklisting :

1. "Twist the Knife (Slowly)" 2:52

2. "Hung" 3:49

3. "Remain Nameless" 3:33

4. "Plague Rages" 3:51

5. "More than Meets the Eye" 3:55

6. "Primed Time" 3:28

7. "State of Mind" 3:32

8. "Armageddon X 7" 3:16

9. "Retching on the Dirt" 2:59

10. "Fasting on Deception" 3:48

11. "Throwaway" 3:42

12. "Truth Drug" 3:51 (Bonus Track)

13. "Living in Denial" 3:02 (Bonus Track)



Diatribes

Lorsque les hésitations laissent place à des certitudes, les décisions sont beaucoup plus faciles à prendre, et le résultat n’en est que plus probant. A force d’égarements, de choix en demi teinte, NAPALM prend le taureau par les cornes et assume complètement ses prises de positions.

Le semi échec artistique de Fear Emptiness Despair se devait de replacer ND dans un contexte plus solide, et c’est exactement ce qui se passe sur l’énorme Diatribes.

L’entrée en matière de « Greed Killing » rassure quant à l’état de santé créatif du groupe. Ce titre se hisse au rang des meilleurs morceaux d’ouverture du groupe, aux côtés de « Silence Is Deafening » et « Breed To Breathe », dont on reparlera prochainement. Et sans pause aucune, « Glimpse Into Genocide » pose les bases du postulat de l’époque. Sonorités indus, breaks à profusion, riffs glauques et épais, chant inquiétant. Mais à contrario des essais de Fear, Emptiness, Despair, ici, tout est précis, réfléchi, et joué avec conviction.

Ce que prouve à merveille la partie centrale de « Ripe For The Breaking », terriblement insidieuse. Second point fort de l’album, « Cursed To Crawl » joue avec nos nerfs sur les couplets, avec sa partie vocale dédoublée, sa basse brillante et groovy, avant de brûler tout sur son passage à l’occasion du refrain. NAPALM s’enfonce dans les ambiances étranges et inhabituelles, avec un brio incontestable. Inutile de compter sur « Cold Forgiveness » pour rapporter un peu de franchise à l’entreprise, son climat se rapportant directement à son titre. Très froid, claustrophobique, avec des effets sur le chant renforçant son côté clinique, il est aussi une des franches réussites de Diatribes.

« My Own Worst Enemy » revient à des considérations un peu plus Core, tout en gardant ces harmoniques troublantes caractéristiques et un tempo bancal. Il est d’ailleurs important de souligner que le jeu de batterie de Danny est impressionnant de part en part sur ce CD, aussi technique qu’inventif, en permanence au service de compositions aventureuses. Une simple écoute des premières secondes de « Just Rewards » suffit à s’en rendre compte, et le pattern d’Herrera prend des airs de boite à rythmes un peu folle. Quel batteur !

« Take The Strain » débute comme un inédit possible d’HELMET avec un riff tranchant et fédérateur. Le groupe met l’emphase sur la puissance répétitive et touche une fois de plus la cible. Tandis que « Diatribes » multiplie les tempi jusqu’à l’overdose, passant du contretemps aux blast beats, sur fond de cavalcade Punk très enlevée, « Placate, Sedate, Eradicate » fonce dans le tas, et « Corrosive Elements », en tant que final, se pose en résumé parfait du ton général de l’album.

Avec Diatribes, NAPALM DEATH perfectionne ses choix avec une simplicité désarmante. Les errances sont bien terminées, le quintet sachant à présent parfaitement où il veut aller. Il est à noter que les deux composantes les plus essentielles de cet album sont la recherche permanente de Mitch et Jesse dans l’innovation et la manipulation de riffs pour n’en retirer que la substantifique mœlle, et l’insolente assurance dans la recherche de tempi innovateurs de la part de Danny.

Une fois parti de là, Barney n’a qu’à suivre la ligne conductrice avec application, et Shane de cimenter le tout avec une basse assurée, ce qu’ils font tous deux à merveille.

Formidable prise de risque, Diatribes reste une étape phare dans la discographie du groupe, et a rassuré les fans avides de sensations alambiquées autant qu’il a déçu les autres, plus demandeurs de cohésion rythmique et de sauvagerie simpliste.

Et ça n’est pas l’album suivant, Inside The Torn Apart qui allait combler ces derniers…



 Tracklisting :

1. "Greed Killing" (Shane Embury, Mitch Harris) 3:06

2. "Glimpse into Genocide" (Embury, Jesse Pintado) 3:02

3. "Ripe for the Breaking" (Embury, Barney Greenway, Harris) 4:01

4. "Cursed to Crawl" (Embury) 3:26

5. "Cold Forgiveness" (Embury, Harris, Pintado) 4:32

6. "My Own Worst Enemy" (Embury) 3:36

7. "Just Rewards" (Greenway, Harris) 3:29

8. "Dogma" (Embury) 3:30

9. "Take the Strain" (Embury, Greenway) 4:11

10. "Diatribes" (Embury, Greenway, Harris) 3:52

11. "Placate, Sedate, Eradicate" (Greenway, Pintado) 3:24

12. "Corrosive Elements" (Embury, Greenway, Harris) 4:02



Inside The Torn Apart

Depuis Fear Emptiness Despair, NAPALM a mis de côté la simplicité et la franchise du Death Grind, pour pouvoir explorer un son plus expérimental, et ainsi, diversifier son répertoire. C’était patent sur cet album, encore plus sur le fantastique Diatribes, mais l’illustration parfaite de ce choix reste le définitif Inside The Torn Apart.

Enregistré en pleine période de troubles internes, c’est l’album pour lequel Barney se sera le moins investi. La lassitude, des divergences musicales entraîneront sont départ, et c’est Phil VANE, le vieux complice d’EXTREME NOISE TERROR qui prendra le micro, pour quelques temps seulement. Mark finira par revenir dans le giron familial, mais il n’aura au final que très peu participé à l’écriture, voire pas du tout.

C’est donc Shane, Mitch et Jesse qui seront les principaux maîtres d’œuvre de cet effort désespéré de concrétiser une vision que le groupe a eue quelques années auparavant.

Inside The Torn Apart est l’album le moins direct de toute la discographie de ND, mais il fait aussi partie des indéniables réussites. Au même titre que Diatribes, il met l’accent sur des sonorités Indus, des arrangements étranges, des riffs dissonants, et des parties de batterie versatiles au possible.

Et tout comme son prédécesseur, il offre en guise de bonjour au public une tuerie complète, l’imparable « Breed To Breathe » qui se verra illustré d’un clip, charcuté par la censure, mais facilement visible en version intégrale. J’ai beau écouter ce morceau depuis presque 15 ans maintenant, il arrive toujours à m’enthousiasmer au plus haut point, et même à me surprendre. Le pré chorus parlé, le refrain habité, c’est au côté de « Greed Killing » et « Silence Is Deafening » le meilleur avertissement donné à l’auditeur, et paradoxalement, le titre le plus atypique de l’album.

Mais « Birth In Regress » reprend vite la même formule, en la poussant à son paroxysme. Les riffs se font fuyants, les harmoniques en bas du manche mènent la farandole, et Barney s’offre même un pont au phrasé terriblement inquiétant, avec de hurler de plus belle.

« Section » reste un plaisir mineur, mais « Reflect On Conflict » et « Down In The Zero » sont des festivals de haine, mis en exergue par une batterie carrément hystérique, avec à sa barre, un Danny HERRERA qui ne s’en laisse plus compter depuis longtemps. Au même titre que Lee DORIAN fut le meilleur vocaliste possible pour les débuts chaotiques du groupe, Danny est le percussionniste rêvé pour pouvoir exploiter les idées de rythmiques les plus folles. Un grand technicien doublé d’un instrumentiste plein de flair.

Le morceau éponyme, « Inside The Torn Apart » nous offre sur un plateau un Barney qui déguise constamment sa voix, le tout sur un tempo lourd truffé de breaks. L’ambiance est savamment distillée, et un lourd climat s’installe au dessus de nos têtes. Et cette fois ci, ND assume totalement ses choix artistiques, et n’a plus aucune crainte à plonger la tête la première dans le grand bain de l’innovation, à contrario de Fear Emptiness Despair qui changeait constamment de voie. Contrairement à ce que son titre pourrait laisser présager, « Prelude » n’a rien d’une entrée en matière en douceur, et exhume même un tempo purement Grind, pour mieux s’étaler sur des contretemps bien senti la seconde suivante. Le titre le plus sauvage du lot, mais il en fallait bien un !

S’il est un morceau sur cet album qui cristallise toutes les tendances offertes, c’est bien « Indispose ». Maladif, tendu comme la corde d’un arc prêt à décocher la flèche fatale, il met mal à l’aise, c’est un fait. La voix doublée de Barney parfaitement en adéquation avec des lignes de guitares fuyantes se pose en juge de l’extrême, et touche la cible en plein cœur.

Pour les puristes des puristes, « Lowpoint » fait office de gardien de la flamme Grind, et bizarrement, annonce avec une poignée d’années d’avance, la direction que va prendre la carrière du groupe la décade suivante.

Et à la manière d’un « Contemptuous » sur Utopia Banished, « The Lifeless Alarm » vient fermer le bouquin sur une dernière page pleine d’interrogations. Des arpèges doucereux, une voix mixée en arrière plan, comme une plainte qui traverserait l’espace et le temps, le moment propice pour aller se coucher, des questions plein le crâne. On attend en vain le moment où le morceau va décoller, mais là n’est pas son intention…

Inside The Torn Apart ne se contente pas d’asseoir avec assurance les aspirations de Diatribes, il les déconstruit, les manipule pour n’en retirer que le meilleur. Paradoxe étonnant, c’est au moment même où NAPALM DEATH rencontre le plus de problèmes internes qu’il se permet de sortir un album parfait, sur de ses envies et de ses prises de position. Introspection ou exutoire, personne, à part les principaux intéressés, ne saura vraiment quel état d’esprit associer à cet album. Toujours est il qu’il restera le point d’orgue d’une période d’errance, et aussi, malheureusement, son seul sommet.

Dès Words From The Exit Wound, ND retombera dans ses travers, et marchera sur la pointe des pieds tout en brisant quelques illusions au passage.



 Tracklisting :

1. "Breed to Breathe" 3:16

2. "Birth in Regress" 3:32

3. "Section" 2:45

4. "Reflect on Conflict" 3:15

5. "Down in the Zero" 3:09

6. "Inside the Torn Apart" 3:46

7. "If Symptoms Persist" 2:41

8. "Prelude" 3:11

9. "Indispose" 3:04

10. "Purist Realist" 2:58

11. "Lowpoint" 3:15

12. "The Lifeless Alarm" 4:39

13. "Time Will Come" 3:22*

14. "Bled Dry" 2:21*

(* Bonus Tracks sur le Digipack)



Bootlegged In Japan

Enregistré au plus fort de la tournée japonaise de NAPALM pour la promo de Diatribes en 1996, ce « faux » live officiel, n’est rien d’autre qu’un bootleg que le groupe à reçu, et considéré avec raison comme un enregistrement de bonne qualité.

Deuxième disque en concert du groupe, et parfait résumé de la période Utopia Banished/Diatribes, ce Bootlegged In Japan est un formidable témoignage de la puissance du combo on stage. Barney est au sommet de sa forme, et prouve une fois de plus s’il en était besoin quel formidable frontman il est. Et si, bootleg oblige, le son n’est pas parfait (les guitares sont très en retrait, et les réactions du public sont quasiment inaudibles, ce qui, dans le cas d’un concert au Japon n’a rien d’étonnant considérant la mesure qu’à toujours adopté le peuple asiatique dans les salles de concert), l’énergie incroyable dont fait preuve le groupe dans l’interprétation d’un panaché de tous ses albums remporte vite tous les suffrages.

La manière dont le quintet est capable d’interpréter certains titres en accélérant encore plus une cadence qui n’en demandait pas tant est époustouflante, et une simple écoute de burners comme « Suffer The Children », encore plus sauvage que l’originale, où de « Control » (désormais rebaptisée « Facist Control » pour bien appuyer le propos) suffira à vous faire réaliser qu’en matière de vitesse d’exécution, ND ne souffre aucune limite. Le jeu de Danny prend toute sa dimension en live, et il démontre clairement qu’il ne craint aucune comparaison, ni au niveau technique, ni au niveau de l’endurance.

Et pour l’avoir constaté de visu maintes fois, le bougre ne transpire même pas et ne montre jamais aucun signe de faiblesse, même passagère.

Le choix des morceaux est bien sur inhérent à la campagne de promo de 1996, avec un bon quota de titres du petit dernier, qui figure quand même parmi les moments les plus forts de sa discographie. Ainsi, pas moins de sept titres de Diatribes figurent sur ce live, ce qui est amplement justifié par leur qualité. Barney se montre de plus en plus à l’aise avec le répertoire des premières années, et efface enfin sa vilaine performance studio sur « Siege Of Power » en en offrant une interprétation irréprochable en live.

Les classiques de ND sont tous là, ou presque, avec bien sur « The Kill », « Scum », « Unchallenged Hate » et « From Enslavement To Obliteration », qui sont toujours des moments très attendus par le public.

Le choix de finir sur « Ripe For The Breaking » a certainement été imposé par les impératifs de promotion, et l’on aurait sans doute préféré un furieux « Mentally Murdered » ou même « Unfit Earth », mais ne nous plaignions pas, car dans sa globalité, Bootlegged In Japan reste quasiment sans failles.

Un ton en dessous de Live Corruption au niveau de l’intensité, mais beaucoup plus complet, il permet de mesurer l’importance de la place donné à son following par le groupe. A contrario d’un METALLICA qui prend toutes les mauvaises décisions pour s’isoler un peu plus de ses fans, NAPALM adopte l’attitude contraire au point d’introniser un enregistrement pirate en tant que sortie officielle. Une raison de plus de respecter un groupe pour qui intégrité n’est pas un vain mot.

Et une manière de patienter jusqu’à l’album suivant sans trop désespérer.

Le malheur est justement que la suite allait donner encore plus d’importance à ce live, le transformant en étape rassurante capturant ce que le groupe avait à offrir de meilleur. Avant un nouveau ratage qui sera heureusement le dernier (ou presque).



 Tracklisting :

1. "Antibody" (Embury, Greenway) 3:21

2. "My Own Worst Enemy" (Embury) 3:25

3. "More Than Meets the Eye" 3:18

4. "Hung" 3:57

5. "Greed Killing" (Embury, Harris) 3:00

6. "Suffer the Children" (Greenway, Harris) 4:07

7. "Mass Appeal Madness" 3:31

8. "Cursed to Crawl" (Embury) 2:59

9. "Glimpse into Genocide" (Embury, Pintado) 2:47

10. "I Abstain" (Greenway, Pintado) 3:33

11. "Lucid Fairytales" 1:12

12. "Plague Rages" (Embury) 3:43

13. "Cold Forgiveness" (Embury, Harris, Pintado) 3:58

14. "Control" 1:33

15. "Diatribes" (Embury, Greenway, Harris) 3:55

16. "Life?" 1:16

17. "Siege of Power" 4:16

18. "If the Truth Be Known" (Embury) 4:06

19. "Unchallenged Hate" 2:14

20. "Nazi Punks Fuck Off" (Dead Kennedys cover) 1:26

21. "From Enslavement to Obliteration" 1:37

22. "The Kill" 0:32

23. "Scum" (Broadrick, Bullen) 2:55

24. "Ripe for the Breaking" (Embury, Greenway, Harris) 4:39


Words From The Exit Wound

Après l’énorme séisme qu’a représenté la sortie d’Inside The Torn Apart, il est clair que Words From The Exit Wound est une grosse déception. Non qu’il soit irrémédiablement mauvais, non qu’il représente une stagnation sans intérêt, mais un peu de la même façon qu’Utopia Banished, qui faisait preuve d’une réelle unité sans pour autant convaincre, il est rempli de compositions ternes, dans lesquelles le groupe à du mal à se dépêtrer.

On a parfois la sensation que ND s’est contenté d’empiler les riffs, sans se soucier de savoir s’ils avaient une quelconque profondeur.

Et pourtant les tentatives ne manquent pas, on sent que le groupe refuse de se laisser enfermer dans le carcan d’une étiquette Death/Indus que la presse s’est empressée de lui coller, mais il faut admettre que la plupart du temps, ils ratent la cible.

L’exemple parfait de plantage total est illustré à merveille avec l’infâme « None The Wiser ? », ses guitares perdues dans un océan de non créativité, et ses expérimentations vocales à la limite du risible.

Pourtant, tout commençait assez bien avec « The Infiltraitor », punky et catchy sur un tempo voltigeant. Certes, à des lieux du génie introductif de « Breed To Breathe » ou « Greed Killing », mais en rien susceptible de nous permettre d’entrevoir le demi désastre qui allait suivre.

Et dès « Repression Out Of Uniform », le malaise s’installe. Hybride Heavy/Hardcore de seconde bourre, ce titre ne présente aucun des points forts du passé de ND, ni l’inventivité du diptyque Diatribes/Inside, ni la sauvagerie inhérente à Scum/FETO, et encore moins la sophistication dans l’extrême de Harmony Corruption. Même les cris aigus de Mitch sonnent comme le hurlement poussif d’un chat qui vient de se faire piétiner la queue. « Next Of Kin To Chaos » tente de remonter la pente, et y parvient presque grâce à un pont nous ramenant vers des titres comme « Down In The Zero ». Le constat est aussi valable pour « Trio-Degradable-Affixed By Disconcern », dont le riff central assez finaud sauve les meubles in extremis. Mais on sent que Barney grogne sans vraiment avoir envie de nous planter ses crocs dans la cuisse, et que seules les quelques fantaisies de Mitch et Jesse à la guitare arrivent à redonner un peu de mordant à l’affaire. Il est vrai que le tempo à tendance à s’accélérer dès « Cleanse Impure », et à rapprocher Words From The Exit Wound de Utopia Banished, mais c’est bien là le seul point positif. Mais « Devouring Depraved » et « Ulterior Interior », très insipides font vite tomber le masque.

NAPALM n’a vraiment pas été inspiré au moment d’enregistrer cet album, à tel point qu’il ressemble assez vite à une collection d’inédits et de B-sides assemblée à la hâte, sans se soucier de la pertinence du propos. Et même si parfois, on retombe plus ou moins sur ses pieds, à l’occasion d’un plutôt groovy « Clutching At Barbs », d’un « Incendiary Incoming » rempli de gimmicks accrocheurs, « Thrown Down A Rope » et « Sceptic In Perspective » clôturent l’album de la même manière qu’il a été développé, poussivement, et sans rien proposer d’un minimum fédérateur.

Après les dissensions internes qui avaient mené le groupe au bord de la rupture, mais qui leur avait néanmoins permis d’enregistrer le chef d’œuvre qu’était et que restera pour toujours Inside The Torn Apart, NAPALM DEATH resserre ses rangs, et se permet un album franchement médiocre, simplement pour assurer une transition. Ce sera aussi leur dernier album studio sur le label qui les avait fait exploser, Earache.

Le groupe s’accordera une petite récréation salvatrice à la suite de cet échec artistique (album qui reste cependant un des préférés de certains fans !), et repartira de plus belle pour une troisième partie de carrière marquée par les coups du sort et les albums imparables.



 Tracklisting :

1. "The Infiltraitor" 4:30

2. "Repression out of Uniform" 2:53

3. "Next of Kin to Chaos" 4:08

4. "Trio-Degradable / Affixed by Disconcern" 4:34

5. "Cleanse Impure" 3:14

6. "Devouring Depraved" 3:22

7. "Ulterior Exterior" 1:50

8. "None the Wiser?" 4:16

9. "Clutching at Barbs" 2:27

10. "Incendiary Incoming" 3:08

11. "Thrown Down a Rope" 3:25

12. "Sceptic in Perspective" 3:24

13. "Hung" (Live - Bootlegged in Japan*) 3:57

14. "Greed Killing" (Live - Bootlegged in Japan*) 3:00

15. "Suffer the Children" (Live - Bootlegged in Japan*) 4:10



Leaders Not Followers

Petite pause discographique et changement de label pour un groupe qui veut reprendre son souffle avant de repartir de plus belle. Les albums de reprises ont toujours permis à certains artistes de marquer un temps d’arrêt, et de s’essayer à la copie non conforme, dans un but artistique, récréatif ou lucratif. C’est un euphémisme de dire que cette dernière option n’a sans doute pas été celle de ND. Si David BOWIE avec Pin-Ups, où même Johnny CASH avec American Recordings Vol IV ont transformé cet exercice en art délicat et précieux, beaucoup d’autres se sont lamentablement vautrés, à tel point qu’il serait vain de tenter d’en dresser une liste exhaustive dans ces lignes.

C’est donc l’apanage des meilleurs de réussir là ou d’autres ont échoué, et lorsqu’un groupe aussi référent et influent que NAPALM se décide à rendre hommage à ses mentors, on peut s’attendre à une révérence de premier ordre.

Et à l’écoute des 6 titres qui constellent ce mini LP, on se rend compte à quel point les Anglais sont parvenus à transcender leurs influences pour mieux se les approprier.

Comme beaucoup de combos de l’underground (car même si ND est quasiment devenu « mainstream » depuis quelques années, n’oublions pas d’où ils viennent !), les ascendants de NAPALM vont de l’anecdotique à la grande figure, et il n’est pas étonnant de retrouver côte à côte les gourous du Punk Hardcore Californien de DEAD KENNEDYS, et un sombre groupe de Death Chilien comme PENTAGRAM.

La reprise la plus connue est sans aucun doute le « Nazi Punks Fuck Off » des DK, qui figurait déjà sur l’album hommage du label Alternative Tentacles et sur des maxis du groupe. Inutile d’y revenir, à part pour dire que d’une tuerie, Barney et les siens ont fait un carnage.

On n’est pas plus surpris de retrouver un hommage à REPULSION, qui fut quand même un des plus grands responsables de la métamorphose de NAPALM, lui ôtant ses oripeaux de gang anodin d’Anarcho Punk pour le transformer en père du mouvement Grind. Et comme son modèle « Maggots In Your Coffin » charcle tout sur son passage, avec en bonus, le jeu très régulier de Danny en lieu et place des blast beats approximatifs de Dave GRAVE.

Le « Back From The Dead » de DEATH (ou plutôt MANTAS à l’époque…) entérine l’appartenance de NAPALM à une partie de la scène Death Métal des années 80/90, et même si ce morceau est loin de faire partie du haut du panier parmi les compositions de Chuck SCHULDINER, gageons que le tape trading forcené de Barney et Shane n’est pas étranger à sa présence sur cet album.

« Politicians » de RAW POWER politise un peu le propos, sur fond de Hardcore débridé, tandis que « Demonic Possession » de PENTAGRAM prouve qu’à ses débuts, ND louchait un peu de tous les côtés pour trouver son identité.

Mais le point fort de cette entreprise reste le terriblement Heavy « Incinerator » des canadiens de SLAUGHTER, qui fut même l’objet d’un clip. Pas le meilleur morceau du groupe, mais le lifting offert par les Anglais le transforme en rouleau compresseur, qui fit même l’objet d’une vidéo.

En somme, un interlude tout à fait charmant de la part de NAPALM, loin d’être un bouche trou en attendant la suite, un mini LP qui se savoure bouillant, sans pour autant s’oublier tout de suite après.

Pour l’anecdote, le titre « Nazi Punks Fuck Off » est listé à 6:40, alors qu’il ne dure en fait que 1:14. Presque 5 minutes de silence suivent avant qu’un fan ne se présente et traduise son propos en Gallois.

 

 

 Tracklisting :

1. "Politicians" (Raw Power cover) 1:45

2. "Incinerator" (Slaughter cover) 3:21

3. "Demonic Possession" (Pentagram cover) 3:13

4. "Maggots in Your Coffin" (Repulsion cover) 1:36

5. "Back from the Dead" (Death cover) 2:36

6. "Nazi Punks Fuck Off" (Dead Kennedys cover) 6:40



Enemy Of The Music Business

Après la récréation Leaders Not Followers, NAPALM DEATH, une fois encore, a senti le vent tourner et réalisé que la barre devait être redressée une bonne fois pour toutes. A force d’hésiter entre plusieurs options, on finit par se perdre et ne plus se retrouver. Sans les accuser d’une trop grande versatilité, car l’originalité et la recherche sont toujours honorables lorsqu’il s’agit de créativité artistique, il faut reconnaître que certaines de leurs sorties n’étaient pas à la hauteur de leur légende.

Mais avec Enemy Of The Music Business, au titre révélateur et rassurant, fini les tergiversations. Et à quelques détails près, on peut sans crainte affirmer que ND a trouvé son style, qu’il va enrichir, durcir, et développer les années suivantes.

« Taste The Poison » constitue la meilleure preuve de tout ceci. Titre court, hargneux, bourré de contretemps efficaces, mené par un riff biscornu mais paradoxalement franc, il est emblématique de la « nouvelle » orientation du groupe. Condenser les inspirations pour les rendre plus percutantes. « Next On The List » et sa basse ronflante est à peu près bâtie sur le même moule, les digressions discordantes de Inside The Torn Apart en sus. « Constitutional Hell » n’est rien d’autre qu’une boucherie Core comme ND en pondra des tonnes par la suite. Le meilleur de Harmony Corruption distillé dans la haine primaire de Scum. Danny passe en triphasé, et renvoie tous les apprentis batteurs faire des pompes. Et comme Barney ne compte pas être en reste, il beugle comme un damné sur « Vermin », morceau qui tient à peu près la même cadence. Mais le vrai bonheur, c’est de trouver au moins un riff imparable dans chaque morceau, saine habitude que le groupe avait un peu perdu sur certains albums. Il est vrai que la pochette même nous donne de précieuses indications sur la volonté du combo de revenir à des aspirations plus sauvages et débridées, tant son graphisme nous ramène à la grande époque de Scum/FETO.

« Thanks For Nothing » pourrait être un message à l’attention d’un marché du disque toujours plus avide de rentabilité immédiate. Et si le texte revendique l’individualisme, la musique reste généreuse, niveau agression sonore ! « Can’t Play, Won’t Pay » ne renie rien de ce qui l’a précédée, et appuie même le propos pendant trois minutes de dégénérescence mélodique. « Cure For The Common Complaint » prend des allures de « The Inflitraitor », soit le meilleur titre de Words From The Exit Wound. Cette fois ci, tout est clair, ND a effectué une grande purge, et le lifting est plus que réussi.

« Necessary Evil » sonne plus REPULSION qu’une démo des ELECTRO HIPPIES. “C.S. (Conservative Shithead) Part.2” n’est rien de plus qu’une charge de plus dans la tronche d’un biz qui vous mine à grands coups de marketing.

Et c’est le maître mot de Enemy Of The Music Business. Ne plus faire de concessions, vivre pour soi même, pour son art, et de la façon dont on l’entend. Et ND avait eu légèrement tendance à l’oublier, sans doute contraint par son label de diluer un peu son fiel dans du sirop suite au carton commercial de Fear, Emptiness, Despair.

Finies les ententes cordiales, finies les courbettes, NAPALM rue dans les brancards, redresse l’échine, et envoie tout valser sur fond de textes crus et de bande son cauchemardesque. Les cinq musiciens ont bien compris la leçon, et vont s’obstiner à l’appliquer quoiqu’il leur en coûte.

Dont acte. Dès l’album suivant.

Quelques anecdotes concernant l’album en lui-même. Les morceaux « Can’t Play, Won’t Pay » et "(The Public Gets) What the Public Doesn’t Want"” sont mal orthographies au dos de la pochette, « Cant Play, Wont Pay » pour le premier, et «(The Public Get) What The Public Doesn't Want” pour le second. Quant à « Taste The Poison », il est épelé « Take The Poison » dans le livret.

A noter qu’une fois de plus, le dernier titre de l’album, ici « Fracture In The Equation » est listé à 11:09, alors qu’il ne dure que 3:46. Aux alentours de 9:54, une nouvelle fois, un fan vient se présenter. Une constante chez NAPALM ces dernières années !

 

 

 Tracklisting :

1. "Taste the Poison" 1:49

2. "Next on the List" 3:36

3. "Constitutional Hell" 2:36

4. "Vermin" 2:17

5. "Volume of Neglect" 3:20

6. "Thanks for Nothing" 2:44

7. "Can’t Play, Won’t Pay" 3:25

8. "Blunt Against the Cutting Edge" 3:03

9. "Cure for the Common Complaint" 2:43

10. "Necessary Evil" 2:56

11. "C.S. (Conservative Shithead), Pt. 2" 2:18

12. "Mechanics of Deceit" 3:21

13. "(The Public Gets) What the Public Doesn’t Want" 3:14

 14. "Fracture in the Equation" 11:09



Order Of The Leech

There's only one war to end all war, it's the loathing behind the eyes”.

Un album qui commence sur une telle déclaration ne peut être qu’une totale réussite. Et « Continuing War On Stupidity » de rejoindre « Greed Killing » et « Breed To Breathe » au panthéon des introductions majeures de NAPALM DEATH. Enemy Of The Music Business avait vu les Anglais transcender leur parcours pour en retirer le meilleur, et assimiler leurs tendances expérimentales à une structure rythmique plus in your face.

En résultait un album beaucoup plus enthousiaste et naturel que Words From The Exit Wound, terriblement surfait et insipide.

Order Of The Leech confirme la tendance, en la durcissant. « Icing On The Hate », le second morceau ne fait qu’entériner le propos développé précédemment. En montant d’un ton d’ailleurs. Il faut attendre « Forced To Fear » pour voir les BPM régresser un tant soit peu, mais la haine qui s’en dégage le rend presque plus intense que les deux premiers titres. « Narcoleptic » et « Out Of Sight Out Of Mind » ne calment pas les esprits, et auraient même tendance à les échauffer sérieusement. Toujours cette base Punk terriblement ancrée dans les compositions, avec une grosse louche de Hardcore métallisé par-dessus.

Le postulat est valable pour « To Lower Yourself (Blind Servitude) » avec en guise de boules de Noël, des blast beats en veux tu en voila.

J’ai rarement entendu Barney chanter avec tant de ressentiment, il déverse sa bile à la gueule d’une société comme un poivrot régurgite son pinard sur un pauvre réverbère. Danny est en constante roue libre, tandis que Mitch (car même si Jesse est crédité, il n’a visiblement pas joué sur cet album) empile les riffs avec une désinvolture qui force l’admiration.

On adhère, on adhère, mais est ce que ça dure ?

« Lowest Common Denominator » ralentit un peu le tempo, mais son chorus tout en contretemps annihile tout éventuel radoucissement.

Surtout que « Forwarned Is Disarmed?” reprend très vite le flambeau de l’ultra violence rythmique. Tout comme « Per Capita », sans pitié aucune pour nos oreilles.

La bonne santé du groupe fait vraiment plaisir à voir. Le quatuor rentre dans tout ce qui bouge, sans s’accorder de pause, ou alors de très brèves au détour d’un pont ou d’un couplet. Le fait de commencer un album avec deux orgies comme « Continuing War On Stupidity » et « Icing On The Hate », et de le refermer sur deux monstruosités telles que « Blows To The Body » et l’énorme « The Great Capitulator » est ce que l’on appelle ne pas faire de langue de bois.

La franchise (terme qui pourrait s’appliquer commercialement à ND, tant son influence sur des centaines de groupes fut immense toutes ces années) est finalement le meilleur moyen de dire les choses, sans faire de détours.

Et avec Order Of The Leech, NAPALM confirme qu’il n’est pas un gang de faux derches. Il a des choses à dire, les dit bien et plutôt très fort, au grand bonheur des fans qui retrouvent leur porte parole dénonçant l’injustice sociale et le conformisme musical.

Avec cette fois ci, un choix artistique assumé jusqu’au bout, ND touche le centre de la cible et signe une de ses œuvres les plus forte. La tendance est marquée au fer rouge pour les années à suivre et le groupe ne va que très rarement s’en éloigner.  

Au niveau des détails, comme je l’ai déjà dit plus tôt, Jesse PINTADO est crédité sur cet album alors qu’il ne l’a pas enregistré. Et comme d’hab, le dernier titre, « The Great Capitulator » est chronométré à 11:35 alors qu’il ne dure que 2:49, avec une fois de plus un shunt de 7 minutes puis un fan qui se présente.

 

 

 Tracklisting :

1. "Continuing War on Stupidity" 3:11

2. "The Icing on the Hate" 3:10

3. "Forced to Fear" 3:34

4. "Narcoleptic" 2:28

5. "Out of Sight Out of Mind" 3:00

6. "To Lower Yourself (Blind Servitude)" 3:02

7. "Lowest Common Denominator" 3:19

8. "Forewarned Is Disarmed?" 2:25

9. "Per Capita" 2:54

10. "Farce and Fiction" 2:47

11. "Blows to the Body" 3:14

12. "The Great Capitulator" 11:35



Punishment In Capitals

Pendant audio du DVD Punishment In Capitals, ce live a été enregistré le 12 Avril 2002 à Londres, dans le cadre d’un concert au profit des droits des animaux. Il est de notoriété publique que c’est une cause très chère à Barney, et il n’est donc pas étonnant de retrouver nos furieux de Birmingham sur une telle affiche.

Grande cause certes - à laquelle en tant que membre de la PETA je ne peux qu’adhérer – mais grand album aussi ?

La réponse est un OUI franc et massif. Même si Punishment In Capitals reste un cran en dessous de Live Corruption au niveau de l’intensité, il reste un formidable témoignage de la puissance incompressible que dégage NAPALM DEATH en concert. Et puis honnêtement, je me demande si un jour le groupe parviendra à sortir un live qui pourra supplanter dans mon cœur Live Corruption, tant celui-ci atteint la perfection.

Mais à Londres ce soir là, le groupe, sans doute transcendé par la cause défendu, avait vraiment envie d’en découdre avec les fans. Tous styles confondus, j’ai rarement été le témoin d’un tel investissement au niveau individuel, même sur des perles comme Live After Death, Unleashed In The East ou Made In Japan.

A la rigueur, et pour devoir de mémoire, honorons quand même le Decade Of Agression de SLAYER qui est sans doute le seul album en concert à pouvoir rivaliser.

En pleine tournée promo de Enemy Of The Music Business, il est normal de retrouver dans le quatuor de tête le trio infernal « Take The Poison », « Next On The List » et « Constitutional Hell », la splendide triplette d’ouverture de cet album. D’autres extraits sont aussi à l’honneur, un simple coup d’œil un peu plus bas vous indiquera lesquels.

Après un « Suffer The Children » un poil plus soft que son pendant de 1990, ND se déchaîne totalement sur « Politicians », au point de faire passer la version de Leaders Not Followers pour un gentil menuet romantique. (Hats Off to) Mitch HARRIS dont les chœurs feraient rougir de honte un goret qu’un égorge ! Mais tout ça n’est rien comparé à la version post nucléaire de « Breed To Breath », ultra accélérée, qui passe à Mach 3 dans le ciel de notre conscience. « Vermin » mérite plus que jamais son titre, et « The World Keeps Turning » le fait tourner encore plus vite justement !

Inutile de passer la liste des morceaux un par un, vous aurez de vous-même compris – et encore plus une fois que vous l’aurez écouté – que ce live est une charcuterie ambiante, et même sans l’image, il n’est pas difficile d’imaginer le public complètement en transe et en pleine séance de stage diving !

Signalons simplement, pour l’amour du verbe que sur « Unchallenged Hate » Danny se prend pour une boite à rythmes bloquée sur 350 BPM, que « From Enslavement To Obliteration » est un condensé de haine que Barney vomit à grands jets, que balancer à la suite sans coupure « Scum », « Life », « The Kill », « Deceiver » et « You Suffer » c’est juste pas humain, et pour Danny (qui visiblement ne s’en plaint pas) et pour notre petit cœur, que si vous n’avez pas la chair de poule en écoutant cette version de « Greed Killing », vous n’avez plus qu’à écouter « Peut Etre Une Angine » d’Anaïs ad vitam aeternam, que « Nazi Punks Fuck Off » et « Back From The Dead » en quatre minutes chronos c’est du délire, et que le final sur « Siege Of Power » fait encore plus oublier la (très très) vilaine version de Barney sur Death By Manipulation.   

Mais ce que l’on constate, c’est que les titres les plus contemporains de ND, qu’ils soient extraits de Diatribes ou Enemy Of The Music Business ont parfaitement leur place aux côtés des grands classiques de Scum, FETO et Harmony Corruption. Une fois épurées les diverses étapes sujettes à controverse de leur parcours (un seul titre pour les albums Fear, Emptiness, Despair, Inside The Torn Apart, Words From The Exit Wound, Utopia Banished), et même si le phénoménal Harmony Corruption subit le même traitement, le tour de chant de ND s’apparente de plus en plus à un best of de l’extrême, pratiquement insurpassable.

Il est évident que je vous recommande plutôt l’achat du DVD (Chronique ici), mais pour les furieux comme moi qui veulent tout avoir concernant NAPALM, ce Cd reste un incontournable, et si je ne lui accorde pas la note maximale, ça n’est qu’à cause de…Live Corruption !

 

 

 Tracklisting :

1. "Lucid Fairytale" (FETO) 1:02

2. "Take the Poison" (Enemy Of The Music Business) 1:44

3. "Next on the List" (Enemy Of The Music Business) 3:27

4. "Constitutional Hell" (Enemy Of The Music Business) 2:33

5. "Suffer the Children" (Harmony Corruption) 3:52

6. "Cleanse Impure" (Words From The Exit Wound) 2:56

7. "Politicians" (Raw Power Cover) (Leaders Not Followers) 1:35

8. "Breed to Breathe" (Inside The Torn Apart) 2:59

9. "Vermin" (Enemy Of The Music Business) 2:18

10. "The World Keeps Turning" (Utopia Banished) 2:40

11. "Can't Play, Won't Pay" (Enemy Of The Music Business) 3:20

12. "Unchallenged Hate" (FETO) 2:00

13. "Volume of Neglect" (Enemy Of The Music Business) 3:18

14. "Narcoleptic" (Order Of The Leech, inédit à l’époque) 2:30

15. "Hung" (Fear, Emptiness, Despair) 3:30

16. "From Enslavement to Obliteration" (FETO) 1:34

17. "Scum" (Scum) 2:41

18. "Life" (Scum) 0:42

19. "The Kill" (Scum) 0:28

20. "Deceiver" (Scum) 0:41

21. "You Suffer" (Scum) 0:01

22. "Cure for a Common Complaint" (Enemy Of The Music Business) 2:39

23. "Mass Appeal Madness" (Mass Appeal Madness EP) 3:14

24. "Greed Killing" (Diatribes) 2:37

25. "Instinct of Survival" (Scum) 1:52

26. "Nazi Punks Fuck Off"(Leaders Not Followers) (Dead Kennedys cover) 1:19

27. "Back from the Dead" (Leaders Not Followers) (Death cover) 2:29

28. "Siege of Power" (Scum) 3:31



Noise For Music’s Sake

Pour une maison de disques, qui dit compil’ dit pépettes facilement gagnées avec une poule aux œufs d’or les ayant quitté ou souhaitant se refaire un nom. Dans le cas d’Earache, pas difficile de choisir entre les deux options, puisque NAPALM DEATH a déserté son label légendaire après le très vilain Words From The Exit Wound. Alors histoire d’en remettre une couche au moment ou le groupe revient en état de grâce, l’otite anglaise nous refourgue cette double rétrospective, en soulignant bien au passage que le second CD est bourré d’inédits et de titres rares.

Abordons d’abord celui-ci je vous prie, puisque de toute façon, l’album lui-même n’est pas traité de façon chronologique. Alors autant adapter la rédaction à l’œuvre. En fait de titres rares et d’inédits, cette seconde rondelle est surtout constituée de bonus tracks de certaines éditions digipack ou/et limitées, et donc destinée à ceux qui ne connaissent pas le groupe à fond, et qui se sont contentés d’acquérir les sorties « normales ». Vous retrouverez ainsi l’intégralité du EP qui accompagnait une version limitée d’Utopia Banished, le EP Mentally Murdered (paye ton cadeau, il faut déjà avoir raté sa sortie officielle, ne pas avoir acheté la version la plus commune de Harmony Corruption, et n’avoir jamais entendu parler de Death By Manipulation, ça fait beaucoup quand même pour un fan, non ?), ainsi que les bonus tracks de Fear, Emptiness Despair, pour le paquet le plus anodin. Quant au reste, ça va du pas mal (les splits avec AT THE GATES et COALESCE, la compil North Atlantic Noise Attack, les mixages initiaux de Pete Coleman sur Fear, Emtiness, Despair), au plutôt bon (les lives sont sympa, même si le Live At The Mermaid est archi connu).

Comme vous le constatez, rien de transcendant, pas la moindre petite pépite pour avoir une bonne suée, rien que du très banal et de l’assez courant. Mais pour le néophyte découvrant pour la première fois le groupe, ça reste d’une certaine façon une introduction sympa, même si les morceaux proposés ne cassent pas des briques la plupart du temps.

Le premier CD, soit la véritable compilation à proprement parler, n’est qu’un best of destiné à immortaliser les années Earache du groupe, soit de la naissance d’un combo culte (Scum), jusqu’à son manque d’inspiration le plus flagrant (Words From The Exit Wound). Le choix des morceaux a été soit dicté par l’évidence du culte et d’une appartenance impérative à toute set-list live de ND (les titres de Scum, FETO et Harmony Corruption, « Greed Killing », « Breed To Breathe », « Nazi Punks, Fuck Off »), soit par la volonté de refaire découvrir de bonnes chansons d’albums un peu décriés, où d’autres qui méritaient l’attention (« Contemptuous », « The Infiltraitor », « Diatribes »), de faire remonter à la surface de la mémoire des EP et maxis (« Mass Appeal Madness », « The World Keeps Turning »), et pour le reste, de combler les trous avec du pas terrible, mais quand même au catalogue (« Next Of Kin To Chaos », « ArmageddonX7 », « Judicial Slime », etc…). Le fait de ne pas traiter le tracklisting de manière chronologique permet d’aérer l’ensemble, en ne condensant pas la période Grind au début du CD, et la période la plus expérimentale à la fin, mais ne permet pas de juger de l’évolution énorme du groupe, ce qui est dommage.

Le booklet sauve heureusement la mise et permet à Noise For Music’s Sake d’échapper à la saillie générale, avec ses interviews de Shane et Barney, un petit guide pour mieux comprendre l’origine des inédits, et un arbre généalogique, pas forcément superflu pour ne pas se paumer dans les premières années du gang.

Au final, un produit qui aurait pu atteindre des cimes s’il avait été traité avec toute la passion inhérente au résumé de carrière d’un des groupes les plus fondamentaux de l’extrême. Pas désagréable certes, mais gageons que si les vrais fans avaient eux mêmes choisi les titres et les inédits, l’affaire n’eut pas pris la même tournure.

Il n’en reste pas moins que son titre, Noise For Music’s Sake est sans doute le plus bel hommage rendu à un groupe qui n’a eu de cesse de déconstruire la mélodie et les structures habituelles de composition pour en tirer quelque chose d’essentiel.

Si « le mieux est l’ennemi du bien », alors « le bruit est l’ennemi du silence »

Quel fan de métal aime le silence ?


 Tracklisting CD1 :

1. "The Kill" (from the album "Scum") 0:20

2. "Scum" (from the album "Scum") 2:37

3. "You Suffer" (from the album "Scum") 0:06

4. "Deceiver" (from the album "Scum"" 0:27

5. "Hung" (from the album "Fear, Emptiness, Despair") 3:48

6. "Antibody" (from the EP "Greed Killing") 2:50

7. "Unchallenged Hate" (from the EP "Mass Appeal Madness) 2:07

8. "Siege of Power" (from the EP "Suffer The Children") 3:32

9. "Greed Killing" (from the album "Diatribes") 3:04

10. "Suffer the Children" (from the album "Harmony Corruption") 4:20

11. "Mass Appeal Madness" (from the EP "Mass Appeal Madness") 3:28

12. "Next of Kin to Chaos" (from the album "Words from the Exit Wound") 4:08

13. "Judicial Slime" (from the album "Utopia Banished") 2:37

14. "Lucid Fairytale" (from the album "From Enslavement To Obliteration") 1:02

15. "If the Truth Be Known" (from the album "Harmony Corruption") 4:10

16. "Plague Rages" (from the album "Fear, Emptiness, Despair") 3:50

17. "Social Sterility" (from the album "From Enslavement To Obliteration") 1:12

18. "From Enslavement to Obliteration" (from the album "From Enslavement To Obliteration") 1:35

19. "Lowpoint" (from the album "Inside the Torn Apart") 3:16

20. "Contemptuous" (from the album "Utopia Banished") 4:22

21. "Diatribes" (from the album "Diatribes") 3:50

22. "The Chains that Bind Us" (from the album "Harmony Corruption") 4:06

23. "Armageddon X 7" (pronounced "Times Seven")(from the album "Fear, Emptiness, Despair") 3:14

24. "Breed to Breathe" (from the album "Inside the Torn Apart") 3:15

25. "The World Keeps Turning" (EP Version) 3:17

26. "The Infiltraitor" (from the album "Words from the Exit Wound") 4:30

27. "Nazi Punks Fuck Off" (from the EP "Nazi Punks Fuck Off!) 1:27

Tracklisting CD2 :

1. "Rise Above" (from the EP "Mentally Murdered") 2:41

2. "Missing Link" (from the EP "Mentally Murdered") 2:14

3. "Mentally Murdered" (from the EP "Mentally Murdered") 2:09

4. "Walls of Confinement" (from the EP "Mentally Murdered") 2:55

5. "Cause and Effect" (from the EP "Mentally Murdered") 1:23

6. "No Mental Effort" (from the EP "Mentally Murdered") 4:08

7. "Pride Assassin" (previously unreleased, first track recorded as five piece) 2:05

8. "Avalanche Master Song" (featuring Godflesh, live at ICA, London, 1990-06-29; from limited edition free live album released with album "Harmony Corruption") 5:00

9. "One and the Same" (from limited edition free EP released with album "Utopia Banished") 1:47

10. "Sick and Tired" (from limited edition free EP released with album "Utopia Banished") 1:24

11. "Malignant Trait" (from limited edition free EP released with album "Utopia Banished") 2:17

12. "Killing with Kindness" (from limited edition free EP released with album "Utopia Banished") 2:01

13. "Means to an End" (from limited edition free EP released with album "Utopia Banished") 2:56

14. "Insanity Excursion" (from limited edition free EP released with album "Utopia Banished") 2:15

15. "Truth Drug" (from limited edition version of album "Fear, Emptiness, Despair") 3:50

16. "Living in Denial" (from limited edition version of album "Fear, Emptiness, Despair") 2:58

17. "Food Chains" (from rare split EP with Coalesce) 3:14

18. "Upward and Uninterested" (from rare split EP with Coalesce) 2:24

19. "I Abstain" (from rare split EP with Coalesce) 3:33

20. "Politics of Common Sense" (from rare split EP with At The Gates) 2:59

21. "Internal Animosity" (studio recording featuring Lee Dorrian; Pathological compilation) 5:19

22. "Scum" (studio recording featuring Lee Dorrian & Bill Steer; North Atlantic Noise Attack compilation) 2:21

23. "Life" (studio recording featuring Lee Dorrian & Bill Steer; North Atlantic Noise Attack compilation) 0:37

24. "Retreat to Nowhere" (studio recording featuring Lee Dorrian & Bill Steer; North Atlantic Noise Attack compilation) 0:27 25. "Remain Nameless" (Pete Coleman original mixdown) 3:32

26. "Twist the Knife (Slowly)" (Pete Coleman original mixdown) 2:51

27. "Deceiver" (w/Swanky's Intro - live in Wakken, Belgium, 1987-07-11) 0:47

28. "The Traitor" (live at The Mermaid, Birmingham, UK, 1986-11-01) 3:23

29. "Abattoir" (live at The Mermaid, Birmingham, UK, 1986-03-30) 3:12

Leaders Not Followers 2

Après un changement de label, il est de bon ton parfois de se refaire une santé avant de repartir vers de nouvelles aventures discographiques originales. Déjà responsables d’un Leaders Not Followers très rafraîchissant quelques années auparavant, auquel les fans s’étaient irrémédiablement accrochés, les ND récidivent, avec cette fois ci un format longue durée.

Le principe reste le même, honorer ses influences, saluer quelques figures au passage, et exhumer pour la postérité quelques perles honteusement passées inaperçues en leur temps.

Alors comme son prédécesseur, Leaders Not Followers 2 nous propose un panel de tous les sons qui ont forgé le caractère si particulier de NAPALM, et l’on passe sans vergogne du pur Punk au Hardcore, via le Death, le Thrash, et toutes les excroissances bâtardes d’un Rock poussé à son paroxysme.

En tant que maître absolu du terrorisme sonore, c’est un euphémisme de reconnaître que NAPALM s’approprie les originaux avec une morgue sans complexe. Et pourtant, certaines reprises sentaient le coup fourré à dix bornes, genre la plantade assurée pour cause de hors sujet.

L’exemple le plus probant est de fait la cover de « Messiah » de HELLHAMMER, qui figurait sur la réédition du mini LP culte Apocalyptic Raids. Je voyais très mal comment la voix si caractéristique de Barney allait pouvoir se glisser sans encombres dans les pompes de Tom G. Warrior, et pourtant, c’est une des points forts de l’album. Alors bien sur l’ambiance est moins glauque, et la version proposée plus rapide, mais les ND ont réussi à transfigurer l’essence du morceau pour en faire un hymne post Punk ad hoc.

Autre casse gueule d’anthologie, « Riot Of Violence » sort pourtant victorieuse d’un traitement très fidèle à l’originale, mais la voix de Barney a le petit plus que celle de Ventor n’a jamais eu. Sans oublier les cris subtils de Mitch et la rythmique implacable de Shane et Danny. Reprendre du early KREATOR et en ressortir grandi, ça n’est pourtant pas donné à tout le monde.

Dernier exemple, « Troops Of Doom » de SEPULTURA, pour laquelle j’oserais affirmer qu’elle dépasse son modèle de deux têtes au niveau de l’intensité.

On appelle ça la preuve par trois.

Mais le reste n’est pas en reste (redondance littéraire quand tu nous tiens…), et le « Fright Night » des flingués de WEHRMACHT reste totalement barré, comme le prouve l’accélération progressive de M.HERRERA à la fin du morceau. Le « Blind Justice » de AGNOSTIC FRONT renvoie SLAYER et son Undisputed Attitude à ses chères études, la reprise du « Conform » de SIEGE (une réévaluation de ce groupe s’impose !) est un massacre, avec sa ligne de basse très joueuse, « Clangor Of War » de MASSACRE est un…massacre, et « Devastation » porte si bien son titre que cela en devient gênant !

« Lowlife » offre à CRYPTIC SLAUGHTER la régularité rythmique qui lui a toujours fait défaut, et les hurlements stridents de Mitch rendent merveilleusement justice à ces pionniers du Speedcore, ANTI CIMEX ne pouvait rêver meilleure vitrine, tout comme THE DAYGLO ABORTIONS, dont la présence sur cet album offre plus de publicité que leur discographie entière.

Pour en rajouter niveau nostalgie, ND convie un vieil ami à assurer la basse sur l’apocalyptique « Wars No Fairytales » de DISCHARGE, Jim WHITELY, qui officiait à la quatre cordes sur Scum, et prouve par la même occasion que METALLICA n’aurait jamais du jouer avec le Punk.

Et histoire de flanquer une calotte à tout le monde avant de se barrer en courant, pour le fun, le carnage s’achève sur les 28 petites secondes de « Hate, Fear and Power » d’HIRAX, qui enterre littéralement l’originale, pourtant pas vraiment tristos à la base…

Voila une récréation qui a certainement du faire plaisir à nos quatre barrés de Birmingham (une fois de plus, Jesse PINTADO est crédité, mais n’a pas joué sur l’album), et qui, par extension, nous régale en nous offrant un NAPALM DEATH enjoué, rieur et certainement très fier de sa blague de potaches.

Si comme moi, Garage Inc. vous file la gerbe, si The Spaghetti Incident vous donne envie de déféquer sur des roses et des fusils, collez vous cette grenade sonore entre les oreilles, dégoupillez, et regardez pendant 12 secondes vos potes se marrer de voir votre cervelle se coller à la tapisserie.

Avant de trépasser.

Entendre NAPALM DEATH et mourir.

Let it be !



 Tracklisting CD1 :

1. "Lowlife" (Cryptic Slaughter cover) 2:22

2. "Face Down in the Dirt" (The Offenders cover) 1:27

3. "Devastation" (Devastation cover) 2:51

4. "Messiah" (Hellhammer cover) 3:29

5. "Victims of a Bomb Raid" (Anti Cimex cover) 2:30

6. "Fright Night" (Wehrmacht cover) 4:03

7. "War’s No Fairytale" (Discharge cover) 1:18

8. "Conform" (Siege cover) 1:58

9. "Master" (Master cover) 2:23

10. "Fire Death Fate" (Insanity cover) 3:18

11. "Riot of Violence" (Kreator cover) 4:40

12. "Game of the Arseholes" (Anti Cimex cover) 1:23

13. "Clangor of War" (Massacre cover) 2:32

14. "Dope Fiend" (Attitude Adjustment cover) 1:36

15. "I’m Tired" (Die Kreuzen cover) 0:52

16. "Troops of Doom" (Sepultura cover) 2:29

17. "Bedtime Story" (Dayglo Abortions cover) 2:24

18. "Blind Justice" (Agnostic Front cover) 1:06

19. "Hate, Fear and Power" (Hirax cover) 0:28



The Code is Red… Long Live the Code

On ne peut pas dire que Enemy Of The Music Business et Order Of The Leech s’embarrassaient de principes. Plutôt directs, francs, massifs, ils restaient un formidable baromètre pour juger de la bonne santé et de l’envie d’en découdre du groupe. Un avertissement en sorte, pour que leur public comprenne bien que leur nouvelle orientation était la seule possible, et la bonne. D’où, une puissance indéniable et des petites tueries en règle comme au bon vieux temps.

Mais comme encore plus ragaillardis par leur petite parenthèse Leaders Not Followers 2, et sans doute pour démontrer qu’ils avaient autant leur place au firmament des ténors de l’énormité sonore que leurs illustres modèles, ils ont préparé la preuve ultime de la pérennisation de leur mandat d’extrémistes de l’extrême (le pléonasme est précisément choisi), The Code is Red… Long Live the Code.

Inutile de tourner autour du pot, d’autant plus qu’il est rond et qu’on finira par avoir l’air con, Long Live The Code est l’album définitif que l’on attendait du NAPALM franc du collier et grave du gosier. Le genre de Best Of déguisé qui vous fait danser la gigue en faisant valser vos pellicules à travers la pièce.

Un son à faire taire Mickael Vendetta pour toujours (à noter que depuis Enemy Of The Music Business c’est Russ Russell qui est derrière la console et qu’il se bonifie d’une manière exponentielle, comme le groupe), des compositions si animales que même BB en mouillerait son phoque, le M16 chargé qui déroule sa cartouchière à vitesse grand V, j’en passe et des plus tordues…

Si vous êtes fans vous savez déjà que ND est spécialiste des tsunamis introductifs. Mais même en étant die hard de « Greed Killing », « Breed To Breathe » et autre « Continuing War On Stupidity », il faut admettre que « Silence Is Deafening » reste leur plus belle entrée en matière. Un désossage dans les règles du lard qui se verra illustré d’une vidéo monstrueuse un peu plus tard (à quand une compil’ DVD des clips de ND ?). Ca part on ne peut mieux. « Right You Are » et sa même pas minute nous traumatise/réconforte un peu plus, et « Diplomatic Immunity » ne fait rien pour arranger les choses, avec son pont si Heavy que le petit doigt de DIO en est resté plié en l’air.

Les quadruples croches de Danny sur le titre éponyme filent vite le vertige, d’autant plus que Barney hurle comme un diable de Tasmanie sorti de sa boite tout décoiffé. L’intro de « Climate Controllers » et son tempo bancal nous plonge dans un labyrinthe de sensations ébouriffantes, tandis que « Instruments Of Persuasion » nous assure que ND possède bien toutes les armes pour nous convaincre. Avec ses chœurs à vif et sa batterie constamment en overdose, ce titre dégage une haine si intense qu’elle en devient jouissive.

« The Great And The Good » débute comme une blague, avant de s’imposer comme un des titres phares de Long Live The Code, bien aidé en cela par une production en béton armé et un groove Heavy apte à tout décimer. « Sold Short » renoue avec le quickie killer, tandis que « All Hail The Grey Dawn » prend son temps pour distiller son propos alambiqué, tout en s’autorisant bien sur quelques limites de vitesse bien cramées.

« Vegetative State », c’est la Panzer Division Napalm dans toute sa splendeur. Si DISCHARGE avait eu plus de couilles, il aurait pu signer un morceau comme « Pay For The Privilege To Breathe » et son texte pamphlétaire, dans la plus grande tradition anglaise.

Le meilleur de Inside The Torn Apart mixé avec la quintessence de Order Of The Leech, y’a des preneurs ? Oui ? Alors envoyez vous « Pledge Yourself To You » et son individualisme forcené à un volume maximal.

Plus Crust que « Strading Purposefully Backwards », je ne vois que les orteils de Dan Lilker.

« Morale » pue le GODFLESH à dix bornes à la ronde. NAPALM nous refait le coup de « Contemptuous » sur Utopia Banished, mais en poussant le concept à fond. La batterie de Danny tonne comme un orage d’été, tandis que le chant très filtré inquiète.

Et l’outro « Our Pain Is Their Power », en guise de brûlot instrumental n’a plus qu’à finir le boulot et clôturer l’album sur une note sombre qui donne à réfléchir.

En bonus track sur certaines éditions, « Losers » nous permet de faire durer le plaisir jusqu’au bout de la nuit, dans le genre petit matin qui ne chante pas après une nuit de cauchemar. Mais j’avoue qu’il gâche un peu le joli final offert par l’édition normale.

Pour l’anecdote (que ferait on sans elle ?), notez la participation de guests de luxe, comme Jeff WALKER (CARCASS) sur « Pledge Yourself To You », le cultissime Jello BIAFRA qui s’amuse bien sur l’intro de « The Great And The Good », et l’imparable Jamey JASTA (HATEBREED) qui grogne sec à l’occasion de « Instruments Of Persuasion » et « Sold Short ».

NAPALM continue de nous faire rêver 20 ans après Hatred Surge, à l’heure où d’autres mastodontes de la première vague de l’extrême des années 80 sont morts et enterrés depuis longtemps ou dans un état de décrépitude avancée. Avec The Code is Red… Long Live the Code, ils signent une autre étape majeure de leur carrière, au même titre que Scum, Harmony Corruption ou Diatribes. En refusant toute compromission, en gardant une foi aveugle dans leur musique et leur message ils nous offrent la plus belle des confessions d’intention de toute l’histoire de la musique underground.

Rester au sommet, en restant sincères.

Comment voulez vous qu’ils vieillissent avec un tel credo ?



 Tracklisting:

1. "Silence Is Deafening" 3:48

2. "Right You Are" 0:52

3. "Diplomatic Immunity" 1:45

4. "The Code Is Red...Long Live the Code" 3:30

5. "Climate Controllers" 3:06

6. "Instruments of Persuasion" 2:59

7. "The Great and the Good" 4:10

8. "Crash the Pose" (Japan pressing bonus track)

9. "Sold Short" 2:47

10. "All Hail the Grey Dawn" 4:13

11. "Vegetative State" 3:08

12. "Pay for the Privilege of Breathing" 1:46

13. "Pledge Yourself to You" 3:14

14. "Losers" (only available on Japan pressing and on the limited edition digipack) 4:24

15. "Striding Purposefully Backwards" 2:53

16. "Morale" 4:44

17. "Our Pain Is Their Power" 2:10



Smear Campaign

Pour le coup cette fois ci, Jesse est bien parti. Pour de bon.

Mais si l’ombre de M. PINTADO planait en permanence sur les albums précédents, en dépit du fait que seul Mitch assurait les guitares, cette fois ci, c’est son fantôme que les ND honorent. Pour de bon.

La mort de Jesse a du en mettre un sérieux coup au quatuor indéboulonnable. Et en guise de coup fourré à l’égard du destin et de la mort, ceux-ci réagissent de la meilleure des façons. La tête haute, la haine en bandoulière, et le poing comme la gorge, serré.

Smear Campaign est le plus bel hommage posthume dont peut rêver un musicien. La messe est dite en 45 minutes, sans hésitation, sans fausse note, avec les certitudes qui ricochent comme autant de litanies sur le mur de l’introspection.

 Et après l’entrée des proches sur fond de « Weltschmerz » qui comme à la grande époque de Scum et FETO offre un sas de sécurité lourd et oppressant avant de pénétrer dans la zone dangereuse, l’oraison commence dans une débauche de violence et de ressentiment comme le groupe n’en avait plus composé depuis longtemps (« Sink Fast, Let Go »). Mitch s’arrache le peu de cordes vocales qu’il lui reste, Danny le poulpe insuffle à ses bras et ses jambes une puissance quasi surhumaine, et Barney de s’introniser empereur de la fureur vocale, s’il ne l’était pas déjà.

Mais permettez que pour une fois, je ne fasse pas du titre par titre, comme sur mes précédentes chroniques. Car Smear Campaign s’aborde comme un livre entier, un chapitre unique qu’il faut lire d’une traite. Comme un pavé très lourd balancé à la face de la bienséance musicale par quatre individualités qui savent depuis longtemps qu’une mélodie se doit d’être déconstruite.

On peut noter quelques digressions intéressantes cependant. Les chœurs d’Anneke VAN GIESBERGEN sur le monumental « In Deference ». La basse urgente et brillante de Shane sur « Short Lived». Le carnage hybride et proto-Grind de « When All Is Said And Done », époustouflant de cohérence et de concision, le beat steady de “Identity Crisis” et son riff magique, le côté classique Hardcore de « Shattered Existence », l’union naturelle de RATTUS/CRYPTIC SLAUGHTER/ND sur l’incroyable « Eyes Right Out », et ceci ne reste qu’une sélection subjective, car chacun trouvera midi à sa porte après tout.

Et après les quatre tirs de barrage en règle en fondu enchaîné, « Warped Beyond Logic », « Rabid Wolves For Christ », « Deaf And Dumbstruck » et « Persona Non Grata » (une confession ?), « Smear Campaign » renoue avec la facette la plus expérimentale de NAPALM et dessine un final dérangeant, attitude récurrente du groupe depuis un petit moment.

Alors au moment où quatre têtes se penchent sur la même pierre tombale, il est temps de dresser un bilan exhaustif d’une carrière qui si elle n’est pas exempte de faux pas reste exemplaire. A force de traverser les années et de devoir affronter à chaque pas un business qui ronge la créativité des artistes pour mieux en extirper de substantifiques revenus, NAPALM DEATH s’est forgé sa propre identité, l’a développé, au risque de commettre parfois des erreurs. Beaucoup de critiques ont tourné le dos au groupe depuis son durcissement de ton à partir de Enemy Of The Music Business, les accusant de produire sans cesse les mêmes sons, mais les mêmes les descendaient en flamme au moment des expérimentations de Inside The Torn Apart, les taxant de versatiles opportunistes.

Mais les vrais fans ont toujours su faire la part des choses, et ça n’est pas pour rien qu’on les retrouve toujours plus nombreux aux concerts.

Ne vous y trompez pas, Smear Campaign est une totale réussite, au même titre que Long Live The Code, avec une emphase appuyée sur l’agressivité et l’extériorisation. On dit souvent que la colère est mauvaise conseillère. Smear Campaign en est le parfait contre exemple.

Jesse doit être fier de vous les gars, là haut.



 Tracklisting:

1. "Weltschmerz" (Harris) 1:27

2. "Sink Fast, Let Go" (Greenway/Harris) 3:22

3. "Fatalist" (Embury/Greenway) 2:50

4. "Puritanical Punishment Beating" (Greenway/Harris) 3:25

5. "When All Is Said and Done" (Embury) 3:00

6. "Freedom Is the Wage of Sin" (Greenway/Harris) 3:08

7. "In Deference" (Greenway/Harris) 3:13

8. "Short-Lived" (Embury/Greenway) 3:05

9. "Identity Crisis" (Greenway/Harris) 2:43

10. "Shattered Existence" (Embury) 3:10

11. "Eyes Right Out" (Greenway/Harris) 3:13

12. "Warped Beyond Logic" (Embury/Greenway) 1:59

13. "Rabid Wolves (For Christ)" (Embury/Greenway) 1:23

14. "Deaf and Dumbstruck (Intelligent Design)" (Greenway/Harris) 2:45

15. "Persona Non Grata" (Embury/Greenway) 2:46

16. "Smear Campaign" (Embury/Greenway) 2:47

17. "Call That an Option?" (bonus track on the digipack and Japanese editions) 3:02

18. "Atheist Runt" (bonus track on the digipack and Japanese editions) 6:43

19. "Weltschmerz (Extended version)" (bonus track on the Japanese edition) 4:38


Time Waits For No Slave

Il est toujours difficile lorsqu’on est arrivé en haut de la montagne de monter encore plus haut. A moins de sauter, ou de s’envoler avec un aigle pour atteindre les nuages. Toujours risqué, d’autant plus que les aigles ne sont pas forcément très solides et menacent de s’écraser à chaque instant.

Avec Smear Campaign, tout comme Long Live The Code, NAPALM DEATH avait trouvé une recette parfaite qu’ils avaient transformée en marque déposée, alors que pourtant personne ne semblait pouvoir rivaliser avec eux. De la haine, beaucoup de colère, d’animosité, le tout retranscrit en une musique si compacte et brutale qu’il paraissait surnaturel de pouvoir faire mieux.

Alors l’adage un pas en arrière pour deux pas en avant s’illustre parfaitement avec Time Waits For No Slave. On ne renie rien, on garde les bases, mais on distille un tant soit peu pour ne pas donner l’impression de stagnation.

Tout comme SLAYER avait réagi de la même façon avec South Of Heaven, juste après avoir sorti le manifeste de Thrash intégral Reign In Blood, NAPALM marque un temps d’arrêt, qui n’a rien pour autant d’un désaveu, ou d’une pause pour manque d’inspiration.

On peut même dire que ça commence plutôt sévère avec « Strong Arm » et « Diktat », qu’on croirait échappés d’un des deux albums précédents. Et les dissonances de « Work To Rule » peinent à masquer toute la rage de couplets qui figurent certainement parmi les plus méchants du groupe. Il faut attendre « On The Brinks Of Extinction » pour voir les choses se calmer un tantinet, avec un pamphlet Heavy bien lourd, durant lequel Barney utilise ses cordes vocales comme outil de propagande avec une conviction qui force l’admiration. « Time Waits For No Slave » renoue avec le meilleur des orientations de ND, avec son mélange de Death Indus et de Crust qui décidemment font bon ménage. C’est d’ailleurs sans doute le titre qui représente le mieux le ND de l’an 2000, avec ses riffs en cascade, ses passages entièrement dévoués à la vélocité nuancés par des ambiances Heavy décalées.

« Life And Limb » pourrait aussi illustrer ce propos à merveille, tout comme « Downbeat Clique ». Ces trois morceaux prouvent à merveille que ND n’est pas seulement une machine à tuer, mais aussi une impeccable franchise de l’efficacité musicale, apte à adopter toutes les attitudes inhérentes à une séduction par l’annihilation, quelle qu’elle soit. Supersonique oui, mais pas n’importe comme, et pas n’importe quand. Cette série continue d’ailleurs avec « Fallacy Dominion », qui s’ajoute au dossier à charge, et intronise Mitch comme roi du riff kaléidoscopique. « Passive Tense » rompt quelque peu avec cette tendance, et assure la partie inédite de l’album, en renouant avec des tentatives passées d’innovation oppressante. Et c’est réussi. On enfonce un peu plus le clou à l’occasion de « Larceny Of The Heart » et sa construction en deux parties bien distinctes, pour finalement tout exploser sur le monstrueux « Procrastination On The Empty Vessel ». Des arrangements tellement denses qu’ils en deviennent effrayants, surtout en parallèle d’une ligne de guitare en demie teinte et d’une rythmique si épaisse qu’une amibe ne pourrait s’y introduire. Assurément, le temps le plus fort de cet album, qui trouvera sa place dans les années à venir aux côtés de bombes à déflagration telles que « Birth In Regress » ou « I Abstain ».

Et c’est sans doute pour faire retomber la pression que « Feeling Redundant » déroule à vitesse grand V. Mais son break central ne laisse aucun doute quand à la volonté de ND d’hypnotiser pour mieux achever par la suite. Les deux derniers morceaux, « A No-sided Argument » et « De-evolution Ad Nauseum » ne laissent plus aucune place à l’hésitation, et achèvent de consacrer le roi ND devant une plèbe qui n’a pas assez de mains pour applaudir.

Et si le titre « De-evolution Ad Nauseum » n’était rien d’autre qu’une confession à mots à peine couverts ? Et si NAPALM DEATH n’avait d’autre choix de que dé-évoluer jusqu’à la nausée ?

Après 25 ans de carrière (et si l’on prend comme point de départ la démo Hatred Surge, avec le line up original de Scum), il est impensable de pouvoir prétendre à une innovation permanente. Surtout avec une cadence de sorties aussi élevée. Alors il convient d’admettre qu’avec toutes les routes qu’a empruntées le groupe depuis ses débuts, il est normal de faire machine arrière de temps en temps et de fouiller dans son passé pour mieux dessiner son avenir.

ND à un style propre. Qui n’est ni Grind, ni Hardcore, Ni Heavy, ni Crust. NAPALM DEATH fait juste du NAPALM DEATH. Et personne ne peut prétendre leur arriver à la cheville. C’est la marque des plus grands, quel que soit le style musical.

On se moque de savoir si Scum ou The Code Is Red est le meilleur album du gang. Parce que tous leurs albums, aussi bons ou approximatifs soient ils, sont indispensables.

On ne peut comprendre une histoire que lorsqu’elle est achevée.

Et celle de NAPALM est, je l’espère, loin de l’être.



Tracklisting:

1. "Strong-Arm" 3:04

2. "Diktat" 3:41

3. "Work to Rule" 3:17

4. "On the Brink of Extinction" 3:30

5. "Time Waits for No Slave" 4:27

6. "Life and Limb" 4:01

7. "Downbeat Clique" 4:26

8. "Fallacy Dominion" 4:07

9. "Passive Tense" 3:49

10. "Larceny of the Heart" 3:36

11. "Procrastination on the Empty Vessel" 2:57

12. "Feeling Redundant" 3:23

13. "A No-Sided Argument" 2:14

14. "De-Evolution ad Nauseum" 3:49

15. "Suppressed Hunger" (digipak bonus track) 3:09

16. "Omnipresent Knife in Your Back" (digipak bonus track) 5:41


Utilitarian

1981-2012.

Formé il y a trente et un ans, avec dans le rétroviseur vingt cinq années de carrière musicale active et quinze albums au compteur, NAPALM DEATH est toujours là, plus virulent et pertinent que jamais. Bien loin de se calmer, de changer d’optique ou de baisser les bras, le quatuor de Birmingham enfonce toujours un peu plus le clou dans la peau des injustices et inégalités de tout poil, dénonce, vitupère, sur fond de Crust hyper actif et toujours aussi convaincant.

Depuis le décès de Jesse, les quatre survivants semblent plus soudés que jamais, et leurs dernières œuvres forment une douce symphonie à la gloire de l’ultra violence structurée, le cri le plus terrifiant et pourtant le plus salvateur qui soit. NAPALM DEATH aujourd’hui est plus qu’un groupe, c’est une institution de l’extrême, la référence ultime, celle vers qui on retourne sans cesse se ressourcer pour se rappeler à quel point la vie est un combat.

Et la lutte livrée sur ce dernier effort est loin d’être vaine, et même plus puissante que jamais. Utilitarian est un gigantesque pavé lancé dans la vitrine de la suffisance et de l’égocentrisme, propulsé à une vitesse et à une force quasi surhumaines. Puisant dans ce que leur répertoire passé à de plus compact et virulent, le quartette avance tête baissée, et synthétise des décennies d’agression sonore pour n’en retirer que l’essentiel, et la quintessence.

Si Time Waits For No Slave et la tournée qui s’en suivit furent des preuves indéniables de la suprématie du monstre anglais, et de sa capacité à balayer toute concurrence, Utilitarian en prouve l’obsolescence en moins de cinquante minutes, et laisse poindre à l’horizon le spectre de concerts apocalyptiques. Rarement le groupe aura sonné si méchant, si valide et explosif. Et dès l’énorme intro « Circumspect », le ton est donné. Le NAPALM 2012 sera d’une virulence rare ou ne sera pas.

Si « Strong Arm » sur Time Waits For No Slave prenait à la gorge dès ses premières secondes, « Errors In The Signals » vous l’arrache en bonne et due forme et ne laisse planer aucun doute. Son incroyablement ample, guitares en avant, rythmique nucléaire, tous les ingrédients sont là. Mis à part que Barney n’a jamais hurlé avec autant de conviction. Son chant sur tout l’album est d’une intensité rare, que ce soit sur les passages totalement Grind ou les pesanteurs Heavy.

Mitch a une fois de plus réussi à trouver des riffs respectant la tradition tout en apportant constamment une touche de nouveauté, et c’en est même flagrant et impressionnant sur le terrible « The Wolf If Feed », qui représente ce que ND a fait de plus puissant depuis des années. Crossover génial des intonations Indus de Inside The Torn Apart et de la franchise de The Code Is Red, ce morceau semble représenter la synthèse même des possibilités des quatre musiciens, lorsqu’ils sont au sommet de leur art. La basse de Shane sonne même bien plus brillante et ronde qu’à l’habitude, alors que Mitch et Barney vomissent leur haine avec une foi qui fait froid dans le dos.

Tout y passe, des contretemps diaboliques de Danny au chant clair traité, en passant par un riff tellement groovy qu’il colle encore au palais des heures après la déglutition.

L’ensemble de l’album, qui au premier abord semble construit comme une symphonie ininterrompue à la gloire de la haine sonore, est en fait structuré bien plus finement que ne le laissent paraître les premières écoutes. Avec sa progression constante dans la violence, il nous emporte dans un tourbillon de lucidité musicale, que de petites touches d’innovations viennent aérer de temps à autres.

Les chœurs de « Fall On Their Swords », désincarnés et fantomatiques,  le riff syncopé et redondant de « Collision Course », le chant démoniaque de Mitch pendant « Orders Of Magnitude », la pesanteur clinique de « Everyday Pox », sont placés de ça et là pour rendre le parcours épique et unique.

Certes, les recettes employées le furent déjà à l’occasion d’albums antérieurs, mais rarement ND aura trouvé une si juste balance dans leur utilisation. Et Utilitarian contient certains des riffs les plus accrocheurs des Anglais.

Il est en fait l’instantané d’un groupe assumant son passé mais tourné vers l’avenir.

Il serait amusant de dresser un parallèle entre deux groupes nés à Birmingham et ayant inventé à eux seuls un genre à part entière.

BLACK SABBATH/NAPALM DEATH. Même envie de faire bouger les choses, et de se sortir d’un carcan. Même tentation de l’extrême. Message différent. Mais essentiels tous deux.

Sauf que trente ans après sa naissance, ND est toujours aussi dangereux, sinon plus. Alors que le SAB s’est perdu en route.

Il n’empêche que depuis quelques années, Shane et sa bande n’ont de cesse d’agiter le drapeau de la contestation en livrant des albums impeccables. Depuis Enemy of the Music Business le groupe n’a de cesse de provoquer, irriter, avec en étendard une indéfectible adhésion à un style qui leur est propre depuis longtemps.

Inutile de chercher le moindre point faible à Utilitarian, car il en est exempt. C’est un bloc, un coup de massue derrière la nuque.

Et la preuve qu’en 2012, NAPALM DEATH est toujours autant d’actualité.

Les vraies légendes ne meurent pas.


Tracklisting :

01.Circumspect    2:09

02.Errors In The Signals  3:00

03.Everyday Pox  2:10

04.Protection Racket    3:52

05.The Wolf I Feed     2:50

06.Quarantined    2:46

07.Fall On Their Swords 3:55

08.Collision Course  3:12

09.Orders Of Magnitude 3:19

10.Think Tank Trials       2:25

11.Blank Look About Face  3:09

12.Leper Colony  3:20

13.Nom De Guerre   1:05

14.Analysis Paralysis    3:20

15.Opposites Repellent   1:22

16.A Gag Reflex    3:27


Apex Predator-Easy Meat

La question est d'importance. Comment un groupe, actif depuis de début des années 80, et depuis bientôt trente ans discographiquement, à juste titre considéré comme une légende, un précurseur, peut il encore en 2015 être pertinent, mais aussi sembler constamment en phase, voir en avance sur son temps?

Comme je le disais, cette interrogation est légitime. On ne compte plus les ensembles vivant sur leurs acquis, alignant péniblement tous les quatre, cinq, voire dix ans les albums photocopiés, sans inspiration, les best-of faisandés, et les tournées toujours basées sur la nostalgie, au dépend d'une créativité qu'on serait en droit d'attendre. Mais je n'ai pas de réponse. Certains aiment à se reposer sur leurs lauriers, tandis que d'autres n'ont de cesse d'avancer, de progresser, de chercher LE détail qui fera avancer la machine...

Et la machine NAPALM DEATH tourne à plein régime depuis si longtemps...On pensait qu'arrivés à un stade, ses membres lèveraient le pied, se contenteraient d'adapter une formule éprouvée pour qu'elle semble neuve sans trop en faire, mais le temps passe, et ce postulat n'a de cesse d'être contredit.

Certes, depuis 2006, Barney, Shane, Mitch et Danny relèvent les compteurs tous les trois ans, "officiellement", car en arrière plan, ils multiplient les participations, les projets. Mais leurs mises à jour sont tellement impressionnantes que leur fréquence n'a guère d'importance. Car systématiquement, des petits jeunes arrivent semblant prêts à reprendre le flambeau, se voient accordé un certain crédit par la presse et le public, et sont constamment remis à leur place par leurs aînés. La parole des anciens serait elle toujours la plus sage? Le terme est particulièrement mal choisi dans le cas de ND.

Sages, ils le sont par leur philosophie, pas par leur attitude frontiste. Ils avancent, se posent des questions, nous apportent des bribes de réponses sous la forme de LP's toujours plus vindicatifs, toujours plus violents, et qu'on écoute religieusement, mais pas trop. Car au bout du compte, la violence est toujours l'argument majeur. Instrumentale, orale, philosophique. Et une fois de plus, Apex Predator – Easy Meat ne décevra pas les attentes, bien au contraire. Il réussit même a enterrer son prédécesseur sous une épaisse couche d'agression instrumentale comme à la grande époque.

Apex Predator – Easy Meat prouve une bonne fois pour toutes que les années d'errance et d'hésitation sont loin derrière le groupe. Depuis Smear Campaign en 2006, le quatuor a trouvé une formule qu'ils continuent de faire évoluer, et qui aujourd'hui plus qu'hier, frôle dangereusement la perfection.

D'abord au niveau de la production. Signée par Russ Russell, elle se veut puissante, large, épaisse, dynamisant des compositions qui n'en attendaient pas moins. Pour avoir une idée de la déflagration, jetez une oreille sur un des titres planqué à la fin du disque, "Hierarchies". Un peu Core sur les bords, mais carrément NAPALM dans le fond, ce morceau n'est rien de moins qu'une épiphanie bruitiste que seul ce groupe peut nous offrir, se payant même le luxe d'un court solo Rock un peu bancal...Choeurs grandiloquents, rythmique étouffante, un concentré d'à peine trois minutes de toute la science du groupe qui parvient encore à nous pondre des hymnes arrosés de TNT. Et si Danny est toujours plus ou moins à la fête, il revient aujourd'hui flanqué d'un son qui propulse sa frappe au rang d'un abattage de boucherie trois étoiles. Sa caisse claire un peu sourde tonne, sa grosse caisse résonne dans le tympans, ses break coulent comme le sang d'une blessure, en gros, il a trouvé le parfait écrin à son jeu si spécial et précis. Et que ça fait plaisir...

Mais Mitch n'est pas en reste pour autant...Lui qui aime multiplier les riffs aussi contraires que complémentaires s'en donne à coeur joie. Dans les graves, sa guitare fait autorité, sûre d'elle. Dans les aigus, elle prend des intonations stridentes, incisives et perverses. Et si vous voulez vous en rendre compte d'une façon indéniable, le final "épique" "Adversarial-Copulating Snakes" vous prouvera mes dires, et même plus. Il place en contrepoint ses choeurs les plus hystériques, comme si sa guitare et sa voix ne faisaient qu'un...

Quant à Barney, il survole les débats bien sur...Que le rythme soit à la lisière du chaos de magma ("Metaphorically Screw You"), que l'ambiance se veuille lourde, poisseuse et presque Indus ("Dear Slum Landlord", terrifiant de pesanteur), que la structure erre entre dissonances effilées et cavalcades mesurées ("Beyond The Pale", une réelle surprise dans la disco du quartette), il se pose en maître du navire, affirme, vitupère, vocifère, mais ne perd jamais le sens de son propos. Sa voix a encore mûri, elle est de plus en plus grave et profonde, mais garde ces inflexions rauques qui sonnent comme autant de menaces envers le manque de lucidité.

Mais il peut compter sur la basse cimentée de Shane pour l'appuyer, même si celle ci est une fois de plus partie intégrante du mixage, au point de ne faire qu'un avec la guitare et le kit.

Apex Predator – Easy Meat...

 

Difficile d'en faire une synthèse de la carrière du groupe, ce qu'il est pourtant assurément. On y retrouve tous les éléments plantés depuis le début des années 2000, avec quelques regards en arrière assez discrets, mais bien présents. On y retrouve la hargne des derniers albums, cette concision extrême, même lorsque les morceaux font preuve d'une diversité qui aurait pu tomber dans le tâtonnement. On y retrouve le NAPALM DEATH qu'on adore, puissant mais aventureux, classique, mais innovant, rapide, mais cohérent. On y retrouve un groupe d'exception qui des décennies après sa création trône toujours au somment du Métal extrême, sans juger, en se reposant simplement sur ses qualités les plus fondamentales. NAPALM, c'était hier, c'est aujourd'hui, et ce sera demain.

Car la révolte ne meurt jamais.

 

Tracklisting :

01.Apex Predator - Easy Meat         

02.Smash A Single Digit

03.Metaphorically Screw You

04.How The Years Condemn

05.Stubborn Stains

06.Timeless Flogging

07.Dear Slum Landlord...

08.Cesspits

09.Bloodless Coup

10.Beyond The Pale

11.Stunt Your Growth

12.Hierarchies

13.One-Eyed

14.Adversarial / Copulating Snakes


The Best of Napalm Death

Nostalgie mercantile, bonjour, tu en as d’ailleurs de beaux devant toi…On sait tous que le format compilation n’est pas un des plus judicieux qui soit pour l’acheteur potentiel, tout du moins sous sa forme la plus primale. Lorsque les dites compilations proposent des raretés, et sont élaborées en collaboration avec l’artiste lui-même, ça peut donner des résultats intéressants. Mais lorsqu’un label fait cavalier seul après le départ de ses poulains, histoire d’engranger quelques billets supplémentaires, il ne fait jamais s’attendre à des miracles.

Non que ce soit le cas ici, mais je dois avouer que cette initiative d’EARACHE me laisse dubitatif…

Le légendaire label Anglais a donc décidé de regarder en arrière, et de piocher dans son catalogue pour éditer une salve de récapitulatifs, qui avouons-le, sont plutôt d’un intérêt discutable.

Plusieurs groupes sont passés à la râpe à fromage et se voient donc « honorés » d’un résumé de leur parcours, plus ou moins exhaustif selon leur affiliation au label, et outre CARCASS, BOLT THROWER, DEICIDE, nous retrouvons bien sur les chefs de file de la structure de Dig mis en avant, NAPALM DEATH, pour une énième recollection de leurs tranches de vie, qui disons-le tout net, n’a pas la moitié de la valeur ajoutée de Noise For Music’s Sake, qui avait au moins le mérite de proposer des raretés et une poignée de morceaux plus ou moins inédits.

Depuis 2004 et l’album de covers Leaders Not Followers part 2, la bande à Barney est hébergé par les hôtes de Century Media, alors même qu’ils publiaient pour le compte de Spitfire depuis Enemy Of The Music Business ce qui implique évidemment que ce The Best of Napalm Death n’ira pas plus loin que  Words from The Exit Wounds.

Niveau survol exhaustif de carrière, on a fait beaucoup mieux, d’autant plus que la période 2002/2015 est sans doute la plus prolifique et brutale du groupe. Alors ne comptez pas sur ce troisième résumé pour vous offrir un volume complet, mais plutôt un inventaire des services rendus à Earache, entreprise déjà mise en œuvre sur Death By Manipulation et Noise For Music’s Sake

Donc, pour être clair, de Scum à Words From The Exit Wound, les morceaux les plus connus et repris en live par le quatuor sont présents au tracklisting mais pas plus. Ce qui fait donc de cette troisième compilation lourdée par Earache un objet tout à fait dispensable pour les die-hard qui ont l’intégrale des albums depuis belle lurette.

Non, ne nous leurrons-pas, The Best of Napalm Death sous ses airs de passage en revue de l’œuvre d’un des groupes les plus importants de la scène extrême Européenne, joue la carte de l’ambiguïté, et aurait dû avoir l’honnêteté de mentionner sur la pochette un plus sincère The Best Of Napalm Death : The Earache Years pour ne pas tromper le chaland trop feignant pour retourner le disque et lire la liste des titres y figurant. Ce « Greatest Hits » de l’impossible s’adresse donc aux néophytes ne connaissant pas encore le groupe, et faisant certainement partie d’une jeune génération un peu tête en l’air sur les bords. Il est certain que l’écoute de ce Best Of leur procurera bien du plaisir, et leur permettra de comprendre pourquoi NAPALM DEATH a toujours été considéré comme un pionnier, et la superficie de terrain qu’ils ont défriché pour les copains, en mesurant l’écart séparant des salves fatales comme « Scum » ou « You Suffer », de dérives plus expérimentales comme « Greed Killing » ou « Next Of Kin To Chaos ».

Vingt-cinq morceaux vous sont donc proposés, pas forcément retraités (pas du tout d’ailleurs), avec une large contribution des deux LP les plus légendaires des inventeurs du Grindcore, Scum et From Enslavement to Obliteration, qui phagocytent d’ailleurs près de la moitié du tracklisting de l’album…

Le reste se disperse entre l’éveil au Death Metal de Harmony Corruption, et la transition entre le Grind et le Death Indus de la doublette Inside The Torn Apart/Words From The Exit Wound, en s’arrêtant évidemment sur les cases brutales de Utopia Banished et celle plus nuancée de Diatribes.

Les morceaux sont proposés aléatoirement et ne suivent aucune chronologie, ce qui offre une variété d’écoute indéniable, mais nuit à la progression naturelle des Anglais, et n’offre qu’un packaging sommaire, tout comme le reste de cette collection pas forcément dispensable.

Pas d’inédit évidemment, ni de version live ou alternative, juste le minimum de ce qu’accorde le syndicat, et au final, un « produit » dans tous les sens du terme qui n’offre qu’un intérêt limité, puisque tous les fans d’extrême connaissent ce groupe par cœur, et ne sauront se contenter d’un album vite emballé pour satisfaire leur soif d’histoire.

Pas vraiment d’utilité donc, si ce n’est celle de gagner un peu de sous avec un groupe qui s’est émancipé de votre autorité il y a plus d’une décennie, mais une jolie opération mercantile de la part d’Earache, qui a quand même pris le soin de vendre cette série d’albums à un prix très modique. Mais là encore, je m’interroge, puisque le CD est vendu par la maison de disques à sept euros, alors même que la version digitale disponible sur le Bandcamp coûte un euro supplémentaire.

Je me perds donc en conjectures, mais ne réfléchissons pas trop au regard d’une sortie qui de toute façon est plus qu’anecdotique.

Les volumes équivalents de CARCASS, DEICIDE ou BOLT THROWER ne sont pas plus indispensables, alors à vous de voir si tout ça mérite un minimum d’attention.

Mais c’est bientôt Noël, alors pourquoi pas.

Ah, et ultime précision. La note accordée à ce The Best of Napalm Death ne concerne aucunement la musique du groupe, mais bien l’objet en lui-même.

Pas de confusion please.  

   

 Tracklisting :

01. Scum

02. Suffer The Children

03. Nazi Punks Fuck Off

04. Breed To Breathe

05. The Kill

06. The World Keeps Turning

07. Hung

08. Greed Killing

09. Unfit Earth

10. Unchallenged Hate

11. Siege Of Power

12. Mentally Murdered

13. Judicial Slime

14. The Infiltrator

15. If The Truth Be Known

16. From Enslavement To Obliteration

17. Social Sterility

18. Plague Rages

19. Cursed To Crawl

20. I Abstain

21. Lowpoint

22. Lucid Fairytale

23. Next Of Kin To Chaos

24. Prison Without Walls

25. You Suffer


Coded Smears And More Uncommon Slurs

Il est d’usage de considérer les albums de b-sides, de raretés et autres inédits comme une jolie façon de racler les fonds de tiroir histoire de capitaliser, de temporiser, et de sustenter les fans à moindre frais. Et si cette maxime se vérifie presque systématiquement dans le cas de groupes établis, il n’en va pas de même avec ceux ayant un minimum d’intégrité, ou osons le mot, de génie. Il arrive que parfois, l’exercice se transforme en démonstration éclatante, et que l’amateur se voit satisfait au-delà de ses exigences les plus pointues, mais le cas de figure est rare…après tout, en en toute logique, lorsqu’un combo laisse des compos de côté, il y a une bonne raison à cela. Mais ce genre de considération ne fait pas loi lorsque le dit groupe est tellement productif qu’il n’a pas le recul nécessaire pour juger de la pertinence de certaines créations, à chaud, et qu’il oublie sur la table de mixage des instants de créativité pure…Tout ceci pour dire quoi au juste ? Que le principe est dans le meilleur des cas une façon de gagner du temps, en nous offrant une ou deux perles perdues dans une bourriche d’huîtres grasses ? Que dans le pire des cas, il peut toujours faire office de remplissage dans une étagère à la régularité indispensable ? Oui, d’une part, mais autre chose, de plus important.

NAPALM DEATH.

Péremptoire, mais pas tant que ça. Réfléchissez-y. Si le groupe lui-même s’étonne d’être devenu ce qu’il est, à savoir le plus grand des plus légendaires exemples de l’extrême mondial, c’est que la question, et l’affirmation sont d’importance. Après tout, qui aurait cru il y a plus de trente ans après avoir tendu l’oreille déjà handicapée sur Scum, que cette assemblée d’olibrius bruitistes allait devenir la machine de guerre la mieux huilée du Hardcore, sans jamais se renier, sans jamais ralentir le rythme, ni laisser la mort lui barrer le chemin ? Pas grand monde, et surtout pas la presse, qui n’y voyait là qu’une exagération de plus à ajouter au passif d’un pays qui n’avais jamais hésité à réclamer la paternité de toutes les plus grandes avancées artistiques du vingtième siècle, en termes de musique moderne. Alors, oui, aujourd’hui, NAPALM DEATH est une institution, mais pas pour rien, pas juste pour l’honneur et l’horreur, pas juste à cause des lyrics engagés de Barney ni des paroles enragées de Shane, parce que depuis des décennies, ils produisent la musique la plus efficace et pertinente que l’extrême ait pu un jour fantasmer, au détour d’un blast beat bien amené. Alors, le coup de la compile, les originaires de Birmingham nous l’ont déjà fait. Plusieurs fois, et celui du live aussi. Pas toujours à bon escient, mais ça n’a pas toujours été de leur faute non plus. Alors, lorsque Century Media annonça l’année dernière la publication d’une double compilation de raretés, l’heure n’était pas à l’hésitation. Et lorsque le label précisa que la période couverte relierait 2004 à 2016, l’heure n’était pas à la tergiversation. Et pour une bonne raison, puisque cette période balise le terrain le plus fertile recouvert par les anglais depuis leur reconversion au Crust/Grind le plus assassin, celui des SIEGE, des DISCHARGE, de REPULSION, et de l’école suédoise qui leur a habilement emboîté le pas. Et rien que de se replonger dans la discographie concernée donne le tournis. The Code Is Red…Long Live The Code, Smear Campaign, Time Waits For No Slave, Utilitarian, Apex Predator, soit la quintessence d’un art séculaire consistant à bousculer les idées reçues voulant qu’un groupe vieillissant ne puisse plus trouver les forces nécessaires pour avancer. Mais NAPALM ne s’est jamais arrêté, et là où ses adversaires progressaient à pas prudents, eux, traçaient à pas de géant, ne se souciant de rien ni de personne. Apex Predator en témoignait, après tant d’années passées sur la route, Barney et les siens sonnaient encore plus frais que sur Hatred Surge, qui annonçait pourtant tous les débordements à venir. Question de classe, et de foi…

Alors finalement, quid de ce terrifiant package Coded Smears And More Uncommon Slurs à la pochette peu amène ? Des surprises, de l’inédit, de quoi se taper la tête contre les murs en se sentant maudit ? Oui, tout ça, plus encore, et des vœux et rêves exaucés jusqu’à la Noël 2020. Un double CD rempli à ras-bords de morceaux inconnus, difficilement trouvables, de faces B, de versions trafiquées, et surtout, de rage, de colère, de ressentiment, et une question qui reste en suspens. Quel autre groupe peut se targuer d’avoir abandonné des pistes aussi chargées, au moment de peaufiner le tracklisting d’albums déjà célébrés ? Aucun sans doute, mais le résultat nous laisse hébétés…Car sans être un nouvel album des héros anglais, ce que Coded Smears n’est assurément pas, il n’en est pas pour autant une pause dans l’espace-temps, et fait encore avancer la cause des chevaliers agacés. Difficile de croire que la somme de travail présentée ici n’est constituée que de chutes de studio, tant la charge est lourde, et le propos costaud. Ces inédits tiennent la plupart du temps la dragée haute aux morceaux officiels, et se permettent même parfois d’être de meilleure qualité, et rien que le fait de réaliser qu’une rouste du calibre de « An Extract (Strip It Clean) » a été considérée à l’époque par le quatuor comme tout juste bonne à figurer sur une anthologie des bas-côtés en dit long sur le potentiel de ces félons. Félons, mais félins, plus rapides que la moyenne, car avec un tracklisting de trente-et-une salves pour une durée de quatre-vingt-dix minutes, ce LP passe comme dans une rixe en plein Brighton, et laisse exsangue, le souffle coupé, et la morgue renfermée. Difficile d’en extirper des exemples à mettre en avant de la non-logique, puisque chacun des chapitres est d’une importance cruciale, et renvoie tous les chagrinés dans les jupes de leur maman, effrayés par tant de brutalité affichée. On a rarement connu le groupe aussi remonté, même lors de la transition si délicate entre l’encore expérimental Words from the Exit Wound et le plus tranché et retour au panier Enemy Of The Music Business, mais en restant honnête, et très objectif (ce qui dans mon cas et celui des ND n’est pas chose aisée), Coded Smears And More Uncommon Slurs est sans conteste le plus grand disque que Shane, Mick, Mark et Danny ont pu sortir depuis…Apex Predator, qui lui-même était le meilleur depuis Utilitarian, et ainsi de suite, jusqu’au retour à la case départ…

Mieux, il est certainement le meilleur disque des exilés de Birmingham depuis Scum, si l’on veut pousser les choses encore plus loin. Parce qu’il est fondé, parce qu’il est intense, parce qu’il nous réserve des giclées de puissance comme le soufflant « Standardization » en ouverture, parce qu’il n’oublie pas que la brièveté est mère de sagesse et de sureté, via l’impitoyable « Paracide », défiant « Nazi Punks Fuck Off » sur son propre terrain. Parce qu’il réconcilie le ND des années 90 et celui plus franc des années 2010 (« Critical Gluttonous Mass »), parce qu’il garde la tête haute face à la nouvelle génération de branleurs qui confondent vitesse et précipitation, et Crust et justification (« Will By Mouth », Danny n’est pas humain, mais il le sait déjà). Parce qu’il est joueur, mais qu’il décolle le papier peint à fleurs (« Like Piss To A Sting », à mort les hippies), parce qu’il est plus lourd qu’une claque de MASTODON, et plus psychédélique qu’une répète des MEATHOOK SEED (« Omnipresent Knife In Your Back »), parce qu’il sait que ce qu’il laisse derrière lui est aussi important que ce qui sera proposé demain (« What Is Past Is Prologue », un riff de fou pour une litanie de Barney sans coup de mou), parce qu’il reste socialement pertinent sans oublier qu’on peut-être malsain et articuler son message pour ne pas le balbutier (« Atheist Runt », le truc le plus glauque qu’ils aient pu produire, et qui rappelle d’ailleurs leurs débuts pseudo-gothiques bien méchants) et puis parce que…

Et puisque parce que c’est NAPALM DEATH, le plus grand groupe extrême de la création. Si Dieu n’a rien foutu le dernier jour de sa semaine, il a dû se dire à postériori qu’il aurait pu bosser pour revendiquer la paternité d’un des ensembles les plus légendaires du vingtième siècle, adoubé par les Rolling Stone, Mojo et autres Sounds qui d’ordinaire, ne sont pas très enclins à saluer l’underground…Mais Dieu n’a rien à voir dans cette affaire, qui est celle d’hommes qui soulignent les travers d’autres hommes, au travers d’une musique aussi viscérale que vitale, et qui avec Coded Smears And More Uncommon Slurs prouvent que les restes sont parfois plus alléchants que les plats sur la table. Les légendes les plus fascinantes sont parfois les plus concrètes. Et de simples carrières, qui marquent plus que d’autres. Mitch, reviens, tu leur manques. Et à nous aussi. Car l’histoire n’est pas finie…



CD 1 (46:25):

1. Standardization (02:46)

2. Oh So Pseudo (02:36)

3. It Failed To Explode (03:38)

4. Losers (04:22)

5. Call That An Option? (03:03)

6. Caste As Waste (03:06)

7. We Hunt In Packs (03:49)

8. Oxygen Of Duplicity (03:30)

9. Paracide (01:39)

10. Critical Gluttonous Mass (02:26)

11. Aim Without An Aim (03:05)

12. An Extract (Strip It Clean) (03:12)

13. Phonetics For The Stupefied (03:29)

14. Suppressed Hunger (03:09)

15. To Go Off And Things (02:29)


CD 2 (46:16):

1. Clouds of Cancer / Victims Of Ignorance (02:06)

2. What Is Past Is Prologue (02:57)

3. Like Piss To A Sting (01:31)

4. Where The Barren Is Fertile (02:22)

5. Crash The Pose (01:33)

6. Earthwire (02:55)

7. Will By Mouth (01:25)

8. Everything In Mono (02:48)

9. Omnipresent Knife In Your Back (05:15)

10. Lifeline (03:18)

11. Youth Offender (02:07)

12. No Impediment To Triumph (Bhopal) (03:02)

13. Legacy Was Yesterday (02:15)

14. Outconditioned (02:25)

15. Atheist Runt (06:07)

16. Weltschmerz (Extended Apocalyptic Version) (04:05)


Throes of Joy in the Jaws of Defeatism

Ils étaient cinq, puis ils étaient trois. Et puis, ils étaient quatre, et puis cinq de nouveau. Et un beau jour, Jesse a décidé de nous lâcher pour aller tout en haut ou tout en bas ou ailleurs, et ils n’étaient plus que quatre. Depuis quelques années, ils ne sont plus que trois sur les photos promo, les garants de la légende. Le dépositaire du secret initial, Shane, le meneur en chef Barney, et le percussionniste infernal Danny. Mitch s’est mis sur le côté depuis quelques années déjà, 2014 je crois, pourtant, la force de frappe du groupe ne fait que gagner en intensité avec les années. Sans nouvelles en studio pour du neuf depuis 2015 et la sortie du monstrueux Apex Predator - Easy Meat, mais le groupe avait eu la bonté de nous gratifier d’un double album bourré d’inédits en 2018, et un Coded Smears and More Uncommon Slurs qui nous avait laissé au tapis avec quelques questions légitimes en tête. Comment un groupe aussi extrême avait-il encore le jus de continuer sa route de dénonciation, et de nous guider sur les chemins de la lucidité avec un disque de fonds de tiroirs capable de rivaliser avec ses meilleurs albums officiels ? Alors, nous attentions la réponse, et elle a fini par venir assez discrètement, via un single lâché en signe avant-coureur d’une colère qui ne s’éteindra dans doute jamais. Logic Ravaged by Brute Force avait mis le feu sur les plateformes sociales, et touché tous ceux se sentant encore concernés par l’extrême, le vrai, celui qui ne fait pas semblant. Et en septembre, alors que les conditions de rentrée des élèves est encore incertaine, s’évaporera la bande-son de l’Armageddon, sous la forme de douze nouveaux titres pour un album à la pochette plus que surprenante. Une colombe, symbole évident d’une paix de plus en plus précaire, malmenée par une main gantée de médecin ou de chercheur évoquant au choix la grippe aviaire ou le récent COVID, mais plus généralement, ces libertés individuelles bafouées par les gouvernements et leurs équipes de scientifiques, les mêmes responsables de l’état catastrophique du monde. Nous ne sommes pas là pour en discuter, mais bien pour savoir si le groupe est toujours en 2020 capable de rester sur son trône de combo le plus légitimement crédible du mouvement de Birmingham. Et la réponse, encore une fois, est d’une lénifiante évidence : oui.

NAPALM DEATH, un nom connoté, chargé d’une lourde responsabilité depuis 1987 et l’énorme déflagration de Scum, que d’aucuns ont immédiatement baptisé Grindcore comme les abrutis des médias affublaient les groupes de Seattle de l’étiquette Grunge sans vraiment d’autre but que de pouvoir identifier sans code-barres. Mais NAPALM DEATH ne joue plus de Grind depuis longtemps, ou seulement par intermittence, lorsqu’il en a besoin pour s’affoler sur la vérité d’un monde pourrissant. Beaucoup pensent que le trio/quatuor n’a plus rien de neuf à dire depuis la sortie d’Order of the Leech en 2002, et qu’il se contente depuis moins de vingt ans de recycler la même idée sur l’intégralité d’une œuvre. Je ne fais évidemment pas partie de ce clan réducteur, et je pense au contraire que le groupe n’a fait que se renouveler dans la stabilité depuis Enemy of the Music Business qui renouait avec les racines Crust. Oh bien sûr, il y a eu non des ratés, mais des redites plus ou moins habiles, mais avec Throes of Joy in the Jaws of Defeatism, ND envoie un énorme uppercut dans la face de la réalité pour nous rappeler deux choses :

  • Rien ne va mieux, au contraire.
  • Le groupe est toujours capable de trouver une troisième voie non diplomatique.

A propos de ce disque, Barney déclare ceci, thématiquement parlant :

« Vous pouviez deviner à l'époque qu'il y avait une peur et une paranoïa qui grandissaient rapidement à propos de tout le monde, des migrants aux personnes à la sexualité différente, et cela commençait à se concrétiser par des réactions très antagonistes, vous pouviez presque toucher du doigt la violence. Bien sûr, tout le monde n'a adopté de telles réactions, mais même le manque de compréhension à la base peut devenir néfaste avec le temps. Je ne dis pas bien sûr qu'il s'agit d'un phénomène nouveau, mais il a été remis au premier plan récemment par certaines personnes particulièrement agressives dans des cercles plus politiques et, comme toujours, j'ai pensé que ce serait l'antidote naturel pour retrouver l'humanité fondamentale et la solidarité envers tout le monde. »

L’homme n’est pas dupe, et comprend son époque comme les esprits les plus ouverts et lucides. Et Barney l’est, comme ses compagnons le sont d’une façon plus musicale. Ce nouvel album, quelque part, rappelle la cassure des années 90 lorsque Mitch entraînait le groupe sur une pente plus Indus, pour satisfaire ses pulsions qu’il épanouissait dans MEATHOOK SEED, et le spectre de Words from the Exit Wound et Inside the Torn Apart pointe le bout de ses itérations sans que les trois albums ne forment une suite logique. En fait, et presque naturellement, Throes of Joy in the Jaws of Defeatism sonne comme une union entre ces deux albums décriés et le petit dernier Apex Predator - Easy Meat, et représente peut-être le pic d’intensité d’une quatrième partie de carrière qui s’annonce déjà passionnante. Travaillant une fois de plus avec leur ancien chauffeur/responsable merch/road tech/guitariste live John Cooke, Barney, Shane et Danny ont depuis quelques années trouvé un nouveau partenaire à la hauteur des attentes de leurs fans et la cohésion de ce nouvel LP frappe les consciences, malgré les nombreuses directions qu’il emprunte. Et si en entame « Fuck The Factoid » rassure les plus classiques et apeurés de l’amour que porte le groupe au Crust, d’autres morceaux au contraire jouent le rebrousse-poil et vont piocher dans le passé du groupe ces sons mécaniques et automatiques qui pourront rebuter les puristes. « Joie De Ne Pas Vivre » pas exemple, au-delà de son clin d’œil frenchy, est une véritable boucherie qui renvoie les CONVERGE dans leurs couches d’enfants souillées par la peur de grandir dans le bruit et la fureur. A contrario, « Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism » assure le lien de ses blasts, mais ne cache pas le fait que la voix de Barney change et qu’elle se trouve plus noyée dans le mix que d’ordinaire. Le disque est long d’ailleurs, le son de basse de Shane a bénéficié d’un traitement de faveur et ne se travestit plus en grondement de tronçonneuse en manque de gasoil, et la batterie de Danny garde le même impact dans les fills incontrôlables.

Mais ce qui ressort le plus clairement de ce nouveau chapitre de l’histoire, c’est cette unité dans la violence qui pousse le volume au maximum de ses possibilités. Comme si NAPALM DEATH était une créature indépendante consciente et lucide, devenue autonome et partenaire à part entière de ses créateurs. On s’en rend compte dans l’intensité des morceaux qui a encore franchi un palier, même si parfois cette intensité empêche de différencier clairement les morceaux. Ce qui ne vous empêchera pas de remarquer le groove incroyable de « Fluxing Of The Muscle » qui nous replonge dans le ND le plus fluide et Indus des nineties, ou la puissance écrasante et moite de « That Curse Of Being In Thrall » qui synthétise le meilleur des anglais et rappelle leur prédominance sur la scène extrême depuis la fin des années 80. Toute cette diatribe se termine sur le type même d’intervention dont seuls Shane, Barney et Danny sont capables, avec un « A Bellyful Of Salt And Spleen », monstre Indus à rendre les SWANS verts de jalousie. Pour être plus clair, Throes of Joy in the Jaws of Defeatism est loin d’être le meilleur album du trio/quatuor, mais comment attendre un sommet après tant d’années de carrière. Il n’en reste pas moins une œuvre surprenante, qui dévie des automatismes du passé, qui confirme que NAPALM DEATH est LA voix de sa génération. Et maintenant, après tant d’années, vous continuez de souffrir, mais vous savez au moins pourquoi.                                                                          

                                                                    

Titres de l’album:

01. Fuck The Factoid

02. Backlash Just Because

03. That Curse Of Being In Thrall

04. Contagion

05. Joie De Ne Pas Vivre

06. Invigorating Clutch

07. Zero Gravitas Chamber

08. Fluxing Of The Muscle

09. Amoral

10. Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism

11. Acting In Gouged Faith

12. A Bellyful Of Salt And Spleen


Resentment Is Always Seismic - A Final Throw of Throes

Un EP, c’est un amuse-bouche, une transition, un appel aux armes avant la guerre, mais ça peut aussi être un point final à une aventure. Il peut être d’importance, et certains se sont même imposé dans le Metal Hall of Fame comme des œuvres majeures, mais ne nous leurrons-pas, selon le groupe, ils agissent principalement en tant que manière de figer le temps en attendant des mouvements plus amples.

Sauf quand on s’appelle NAPALM DEATH.

Nous étions des milliers à attendre la fausse suite de la déflagration intense que fut Throes of Joy in the Jaws of Defeatism, il y a à peine deux ans. L’album, intense, sauvage et rassurant nous avait montré le visage d’une formation toujours aussi soudée, malgré les défections live de Mitch, malgré l’éparpillement de Shane le musico-boulimique, malgré les années passant irrémédiablement. Après tout, personne n’en aurait voulu au groupe de Birmingham de lever le pied, et de se reposer sur des lauriers chèrement gagnés et amplement mérités. Mais là n’est pas la philosophie d’un quatuor qui continue d’avancer et de dénoncer, la société leur donnant toujours matière à réflexion et indignation. Pour l’occasion, Shane, Mitch, Danny et Barney nous offrent presque trente minutes de musique, surprenante parfois, révérencieuse par ses reprises, mais surtout, à l’image de cette fabuleuse compilation offerte en 2018, qui confirmait que les leftovers de NAPALM pouvaient aisément passer pour des achèvements officiels d’autres artistes moins créatifs.

« Narcissus » avait annoncé le monochrome de son classicisme, égrenant les tempi jusqu’à peler l’oignon, et tout le monde pensait savoir de quoi il allait en retourner. Et c’est très mal connaître les ND que de les croire si prévisibles, la preuve. Dès le monstrueux « Resentment Always Simmers », le groupe se retourne vers son passé, se souvient de sa parenthèse Indus, et nous assène l’un des coups du lapin les plus violents du marché. Le chant de Barney profite de l’écho, la production assourdissante teste notre résistance, la guitare adore les dissonances, et la batterie de Danny sonne comme un rappel des troupes après la bataille, pour assainir la scène.

D’ailleurs, Resentment Is Always Seismic - A Final Throw of Throes EST un rappel, un rappel de tout ce que le groupe a pu être, être encore, et rester pour de longues années. On y retrouve ce Crust/Grind de pionniers joué par des passionnés encore verts dont la foi ne vacille pas (« By Proxy », l’un des trucs les plus rageurs qu’ils aient pu composer depuis longtemps), et bien sûr, ces hommages rendus aux influences, influences diverses pour un paysage multiple qui ne rechigne pas à admettre le legs d’autres légendes que les CARDIACS, SWANS et REPULSION.   

Ainsi, les SLAB! se voient honorés d’un salut très crédible, et totalement dans la veine du nouveau projet de notre bon Shane, tourné vers la froideur industrielle. Très crédibles lorsqu’il s’agit de se la jouer KILLING JOKE/COP SHOOT COP ou BILE, les ND nous donnent une leçon de rigidité EBM/Indus, qu’on croirait sortie d’une fête organisée par ce bon vieux Mitch pour célébrer l’importance de la raideur rythmique sur dancefloor is lava. Enorme basse qui rappelle Paul Raven ou les SWANS de début de carrière, pour intermède dansant, la surprise est délicieuse, et les jambes se tordent de plaisir.

A l’inverse, « Don't Need It » des BAD BRAINS nous ramène à l’époque de Leaders not Followers, et surtout, aux origines du Hardcore de DC. Brièveté, frappe dans la face, Core pur jus, pour un jeu de rôles très crédible. On prend son panard, d’autant que même la voix de Barney se travestit pour l’occasion.  

Les originaux, en majorité ici, tiennent leur rang, et nous montrent le visage d’un groupe apaisé, en adéquation avec son histoire, et prêt à avancer une fois encore. Alors, tout y passe, les slices Grind, les écrasements Heavy, les tics Indus, les crises Crust, et une fois encore, les riffs pondus par Mitch sont top-notch et renvoient la concurrence dans les cordes des convenances les moins tolérables. « Man Bites Dogged » est aussi mordant qu’une mâchoire de mâtin qui en veut au facteur du voisin, « Slaver Through a Repeat Performance » joue les itérations de la période Diatribes (Ô époque bénie), profite des effets et de cette frappe hypnotique de Danny le métronome humain, avant de se barrer en vrille Crust/D-Beat.

« Resentment is Always Seismic (Dark Sky Burial Dirge) », concentré grave sur le DARK SKY BURIAL de Shane, nouveau projet déjà abordé en ces lignes, développe des arguments systémiques, les parties d’un tout formant le tout en gardant leurs propriétés individuelles. Superbe final pour un EP si conséquent que des dizaines d’écoutes sont nécessaires pour en appréhender la variété, et une fois encore, la preuve que NAPALM DEATH en mode mineur est un monstre que ses adversaires craignent toujours.

Ces vingt-neuf minutes en valant des centaines, et complètent admirablement bien les quarante-deux de Throes of Joy in the Jaws of Defeatism. Une fois mises bout à bout dans un jeu de piste excitant, une symphonie se dessine, tout comme le constat de la suprématie de NAPALM DEATH sur l’Xtreme. Failliront-ils un jour ? 

                                                                                                                                                                                                                   

Titres de l’album:

01. Narcissus

02. Resentment Always Simmers

03. By Proxy

04. People Pie (SLAB! Cover version)

05. Man Bites Dogged

06. Slaver Through a Repeat Performance

07. Don't Need It (BAD BRAINS cover version)

08. Resentment is Always Seismic (Dark Sky Burial Dirge)


Hatred Surge

Cette chronique en est une sans en être une. Il est évident que parler d’une cassette sortie il y a 25 ans n’a aucune utilité, puisqu’elle est indisponible depuis très longtemps. Mais il me semblait important à travers cette chronique de faire le point sur les première années de NAPALM DEATH, des 5 ans qui séparent la création du groupe et la publication de leur premier titre sur un sampler, jusqu’à la sortie de Scum, en 1987.

Il semble que l’histoire se confonde souvent avec la légende, comme dans toute épopée majeure. On parle à tort d’une première démo, sortie en 1982 sous le titre de Punk Is A Rotting Corpse. Comme l’a précisé lui-même Justin Broadrick sur le forum officiel du groupe, celle-ci n’est qu’un fantasme de fan qui à inclus ce titre qui lui existe vraiment sur une compilation Punk, pour l’attribuer ensuite in extenso à ND. Mais ne rêvez pas, la première véritable démo du groupe est Halloween, sortie la même année.

Il est très difficile de parler d’ailleurs des première réalisations des anglais, tant ces produits sont quasiment introuvables. D’aucuns disent qu’ils les possèdent tous, mais impossible de les trouver, même en flânant des heures sur le net.

Ainsi, voici un résumé de ces démos qui s’étalent entre 1982 et 1985, avec donc Halloween et And, Like Sheep, We Have Gone Astray en 1982, Kak en 1983 (visiblement trouvable selon les fans), et Unpopular Yawns of Middle Class Warfare la même année.

Tous ces efforts restent dans le domaine de l’inconnu, et constituent la partie la plus obscure des débuts de ND. L’histoire se précise en 1985 avec la sortie de la première démo réellement officielle du combo, la très culte Hatred Surge. Mais la encore, la constitution du line up reste assez obscure.

Si l’on considère les infos présentes sur la cassette, seuls Nic Bullen, Justin Broadrick et Mick Harris joueraient sur les morceaux. Si l’on prend en compte la chronologie de l’histoire du groupe, Hatred Surge aurait été enregistrée par Nic Bullen au chant, Justin Broadrick à la guitare, Miles Ratledge à la batterie et Peter Shaw à la basse. D’autres créditent un certain Nuts au même instrument. Comme vous le constatez, reconstituer les faits 25 ans après tient de la gageure.

Mais si nous mettons de côté ces éléments techniques pour ne nous intéresser qu’à la musique en elle-même, tout devient plus clair.

Pour ceux qui n’ont connu ND qu’à partir de Scum, le choc est  terrible. Si la musique s’est radicalisée depuis leurs débuts, il n’en reste pas moins qu’elle n’a quasiment aucun rapport avec leurs exactions bruitistes à venir. Car en effet, en 1985 NAPALM pratique toujours un Anarcho-Punk de tradition, dans la plus grande lignée de CRASS, CONFLICT ou les SUBHUMANS, bien loin du Grind épileptique de leur premier album. Mais à la grande différence de bon nombre de leurs confrères, ils arrivent à travers une musique à la trame simpliste à l’extrême, à instaurer un climat lourd, glauque et sombre, réellement inquiétant.

La voix de Nic, très écorchée, vomit des textes condamnant le capitalisme, les injustices sociales, et le non respect de l’environnement.

Au niveau des morceaux, il est évident que les non-initiés se tourneront bien vite vers les titres qui figureront deux ans plus tard sur le mythique Scum, à savoir « Instinct Of Survival », « Control », « Caught In A Dream » et «Sacrificed », voire même sur FETO dans le cas de « Private Death ». A cent lieues des borborygmes nucléaires mâtinés d’explosions rythmiques incontrôlables à venir, les morceaux sus nommés s’en tiennent à un Punk très dark, plutôt up tempo, avec un chant vraiment prenant et convaincant. Difficile d’entrevoir les prémices de GODFLESH dans ces guitares déchirés et ces longues litanies hurlées !

Quant aux morceaux passés à la trappe, ils ne manquent pas non plus d’un certain charme, tel « Abbatoir » (que l’on retrouvera sur la compilation Noise For Music’s Sake), à l’ambiance très early CURE (oui c’est possible !), surtout au niveau des guitares, et le très très glauque « So Sad », hurlé au-delà de toute capacité humaine, tirant même vers le Gothique du début des années 80, avec un canevas très inspiré de JOY DIVISION, voire BAUHAUS.

On découvre donc sur cette démo (oui, il faut avouer que l’on est pas mal à l’avoir découverte sur le tard quand même...) un groupe totalement différent de l’image que ses deux premiers albums ont renvoyé, et si on ne regrette rien tant NAPALM est devenu une institution en inventant un genre de toute pièce, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il serait advenu si leur style n’avait pas changé.

A noter que cette démo peut se retrouver sur un bootleg bizarre, aussi intitulé Hatred Surge, mais comprenant deux morceaux supplémentaires, « Breed To Breath » dans sa version LP, et « Greed Killing » dans un rough mix. Je ne saisis pas très bien l’utilité de l’ajout, mais peu importe puisque c’est la seule manière de ce procurer cette démo en CD.

Voici donc la fin de cette saga NAPALM DEATH, et le choix de chroniquer en dernier leur démo n’est pas innocent. Car le temps, aussi vite qu’il puisse passer, revient toujours en boucle n’est ce pas ?


Tracklisting:

·  1/ What Man Can Do 2:51

·  2/ Instinct of Survival  2:51

·  3/ Abbatoir  3:47

·  4/ Control  2:37

·  5/ Sacrificed  1:39

·  6/ So Sad   4:38

·  7/ Caught in a Dream 2:17

·  8/ Private Death 2:14

 · 9/ Cheswick Green (live)  2:08



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par mortne2001 le 02/07/2022 à 18:34
%    1070

Commentaires (14) | Ajouter un commentaire


NecroKosmos
membre enregistré
03/07/2022, 07:22:08

Superbe travail !! Moi aussi, je suis un fan ultime de NAPALM DEATH. Je suis leur carrière de près depuis que j'ai découvert le groupe à la sortie de FROM ENSLAVEMENT... et n'ai jamais décroché malgré leurs prises de risques ou changements de line-up. Je suis globalement d'accord avec tes différents points de vue sur leurs albums mais je diverge sur deux ou trois points, si je puis me permettre. D'abord, leur tout dernier album 'Throes of joy...' que je trouve parfait est encore meilleur que son prédécesseur car peut-être plus osé et plus tortueux. 'Fear emptiness despair' est sous-estimé. A l'époque, il m'avait un peu déboussolé. J'ai mis du temps à m'y habituer, surtout que je n'avais pas aimé 'Utopia banished' qui est aussi pour moi leur maillon (très) faible et le seul album de toute leur carrière que je n'apprécie pas. Par contre, j'aime beaucoup 'Words from the exit wound' largement sous-estimé et plus intéressant que certains albums qui suivront, un peu redondants, comme par exemple 'Time waits for no slave' ou 'The code is red'. Bref, cela fait 34 ans que je suis fan de NAPALM DEATH et je sens que c'est bien parti pour continuer. Pour moi, ce groupe est une légende. Et bien vivante.


Simony
membre enregistré
03/07/2022, 10:06:04

Putain !!!!!!! Alors moi j'adore Utopia Banished, c'est l'album qui m'a fait découvrir NAPALM DEATH c'est certainement pour cela, c'est aussi pour ça que j'ai pas de suite compris ce qu'était Scum lorsque j'ai voulu remonter les albums précédents du groupe.
Je suis assez d'accord sur "Time Waits For No Slave" et "The Code Is Red" qui sont de bons albums mais assez génériques lorsque l'on sait que c'est NAPALM DEATH mais alors le dernier est un petit bijou pour moi, quel album après une telle carrière !
Total respect pour ce travail énorme sur un groupe qui ne m'a jamais déçu sur scène, c'est toujours la grosse baffe, et pourtant je m'y attends maintenant...


RBD
membre enregistré
03/07/2022, 12:06:17

Seigneur, quel travail ! J'écoute Napalm depuis plus d'un quart de siècle, c'est l'un des deux ou trois groupes de niveau professionnel que j'ai vu le plus. Mais jamais je n'aurais osé me lancer dans un exposé pareil. Rien que pour ça, je me prosterne.


Sur le contenu, je me dois néanmoins d'exprimer ma petite discordance. "Fear, Emptiness, Despair" est clairement l'un de mes albums favoris du groupe, de par son originalité. En pleine transition, ils ont touché un territoire différent, impossible à retrouver, où le Death Metal glissait prudemment dans l'Industriel avec des riffs et des plans largement barrés. Il ne faut pas découvrir ND par cet album, mais une fois qu'on est devenu familier du groupe il prend une saveur spéciale. 


C'est "Inside the Torn Apart" avec lequel j'ai vraiment du mal. Il est très facile à aborder mais au bout de quelques écoutes il m'a paru et me paraît toujours l'œuvre d'un collectif en plein doute qui cherche à se sauver en collant à la mode du Metal plus populaire au moment où le Death est en pleine dépression et que les relations internes se tendent. Je ne le trouve pas meilleur que le suivant. Et pourtant je ne déteste pas en bloc cette période, "Diatribes" est excellent.


"Mentally Murdered", dont tous les fans ont plusieurs copies par la force des choses, mériterait une chronique car cet EP a une importance cruciale dans le parcours du groupe, c'est une charnière.


Mais encore une fois, chapeau bas pour cet hommage fouillé.


Buck Dancer
@81.249.148.183
03/07/2022, 14:07:24

Vraiment très sympa cette rétrospective d'un groupe qui le mérite largement et bravo pour le travail ! 

Perso j'ai découvert Napalm ave l'EP " Mass Appeal Madness", d'ailleurs mon premier vrai contact avec l'extrême.

Mon préféré reste "Harmony..." mais j'aime aussi beaucoup "Utopia..." même si un cran en dessous de son prédécesseur. 

De la période "transitoire" j'adore "Diatribes" et, comme RBD,  j'aime beaucoup "Fear, Emptines..." qui montre un groupe conscient du renouvellement nécessaire à apporter à sa musique ( comme presque tous les pionniers du genre à l'époque ) à un moment où le metal extrême se cherchait et se devait de se réinventer pour ne pas sombrer. Quoi de mieux pour Napalm que de choisir "l'indus" ? 

J'aime aussi beaucoup "The Code is Red...." après je trouve que le groupe a tendance à répéter la même recette, à part sur le dernier où le groupe se lâche, même si ils auraient pu aller encore plus loin. 

Un groupe de toute façon au sommet de notre musique préférée. 




Olivier
@109.88.3.105
03/07/2022, 18:38:45

Merci pour cette très belle bafouille ! 

J'adore N.D. depuis ses débuts, mais je suis surtout un fan des premières années, et pour moi, la première fracture intervient lorsque Lee quitte le navire - je ne suis pas très fan de la voix de Barney...

Ensuite le bateau coule avec le départ de Mick...

Et j'avoue qu'à partir de Utopia Banished, c'est le gros bof... 

Pourtant j'écoute chaque sortie, par principe. 

Ensuite, je me réécoute Scum et F.E.T.O. ;-) 


Arioch91
membre enregistré
03/07/2022, 19:41:51

Je n'ose imaginer le boulot passé à rédiger une telle rétrospective !

Respect total et merci beaucoup !


Lektor Joe
@81.185.169.178
09/07/2022, 14:02:14

Excellent travail, merci !

Perso, et bizarrement, ce sont les morceaux " atmosphériques " que j apprécie le plus : Contemptuous (énorme !), Morale, Atheist Runt, etc...


Steelvore666
@88.122.224.169
30/07/2022, 11:16:04

Mais quel boulot de DINGUE !!!!!! En tant que méga fan de ce groupe, je ne peux que qu'applaudir un tel travail d'archiviste (on peut le dire !).

Ca m'a fait redécouvrir certains titres, voire appréhender certains albums d'une autre manière.

Merci bien !


Princesse Sissi
@45.136.153.58
30/07/2022, 16:14:17

Faut surtout être au RSA pour avoir le temps pondre une bouse de cette taille.


mortne2001
membre enregistré
30/07/2022, 18:10:30

@Princesse Sissi, 

Oui je sais bien. En même temps j'ai essayé de gagner de l'argent grâce à ta mère, mais après un an, 3.50€ de gagnés et un anus large comme le tunnel sous la manche j'ai bien du trouver une source de revenus...


patate
@93.22.85.152
31/07/2022, 17:53:44

Faire le jeu des trolls, c'est pathétique, au moins autant que la répartie basée sur des vannes à base de ta mère...


mortne2001
membre enregistré
01/08/2022, 11:11:44

@patate

Je conçois que ma réponse est assez lénifiante et stupide au dernier degré. Mais que veux-tu, si la plupart du temps nous ignorons cette ignominie de la réalité virtuelle que sont les trolls, parfois, lorsqu'on bosse sur un dossier aussi conséquent que celui-là, on a envie de leur passer la tête par leur écran et de leur enfoncer leur clavier et leur souris dans le cul. 


Que leur mère soit là ou pas d'ailleurs. 


Arioch91
membre enregistré
02/08/2022, 14:56:12

Ce qui ramène toujours au fait que ce serait bien que seuls les inscrits puissent poster des messages.

On le voit bien : la moitié des non inscrits sont des abrutis planqués derrière leur écran à prendre un malin plaisir à saper le travail des autres en crachant de la bile à faire dégueuler un rat.


nardinebabek
@166.0.230.1
03/08/2022, 19:22:09

Arioch91 : tu vois des trolls partout, je vois quelques commentaires qui se battent en duel sur ce site, avec de temps en temps un troll qui vient faire le couillon. C'est pas VS. 

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