Alors que le froid de la nuit Messine nous saisit à la sortie de cette magnifique date, j'ai l'impression d'avoir assisté à un show d'un des meilleurs groupes de Doom Metal français et ai découvert un groupe Espagnol absolument passionnant dont il me tarde de découvrir le pendant studio désormais, les mains remplis des disques des groupes de ce soir. Un énorme merci à Black Pandémie Prod', Mari et toute son équipe pour l'accueil et la passion et à La Chaouée pour l'extrême gentillesse et bienveillance lors de ce samedi soir marqué de l'emprunte du Doom Metal de grande qualité.....

Et oui ce sont deux groupes qui sont à l'affiche ce soir à La Chaouée, un bar associatif de Metz qui accueille régulièrement son lot d'affiche underground, permettant à la culture de continuer à respirer, même sous intubation, la scène n'est pas morte et elle est même bien vivace comme nous allons pouvoir le voir ce soir sur la petite scène du caveau de La Chaouée. Black Pandémie Prod' s'essaie donc au Doom Metal, sans trop savoir à quoi s'attendre en termes de fréquentation, de rendu scénique, l'association est plus rodée aux shows Black Metal, Death Metal, bref de l'extrême, mais pour une première c'est une bien belle affiche qui se présente à nous. Les deux groupes enchainent ce soir leur troisième et dernière date commune, la veille ils étaient à Tours avec BELL WITCH !

21h, le public est présent, l'affluence n'est pas folle mais tout à fait honorable et des têtes inhabituelles sont là, signe que la promotion a porté ses fruits. C'est JADE qui ouvre la soirée, le groupe opère avec 4 membres, deux guitares et un bassiste-chanteur à la ressemblance physique avec Nick Holmes assez marquée. Sur scène, le groupe déploie un excellent Doom Death Metal, bien incisif, il n'est pas question ici de la scène mélodique car c'est l'aspect Death qui domine dans l'ensemble avec, en plus, cette ambiance Black Metal portée par un jeu de guitare particulièrement riche et frénétique et des samples ambiants très opportuns. Si on s'attarde sur le line-up de ce groupe, on se rend compte que l'on a affaire à des membres de FOSCOR, VIDRES A LA SANG ou encore CABESTRO, des groupes de grande qualité de la scène Espagnole. Le trio studio est désormais accompagné de l'ex-ASGAROTH, Mythral, que les amateurs de la scène Black Doom de la fin des '90s et début 2000 ont bien connu. Le chanteur, Juan, alterne brillament les voix Death growlées et le chant clair qui se fond dans un mur de guitares, il n'est pas question ici de se la jouer plaintif ou romantique, les voix claires participent plus à une ambiance, comme expliqué plus haut, portée par les samples et le jeu de guitare. Bien entendu, qui dit samples, dit jeu de batterie au clic mais cela ne gêne pas la prestation live chez JADE tant le show proposé est dynamique et particulièrement rentre dedans. Le temps passe très vite, trop vite et le groupe se retire déjà. En espérant que les Espagnols viennent nous revoir car c'est un groupe à garder à l'esprit très clairement, une belle découverte qui a publié son premier album, The Pacification Of Death, en 2022 chez Pulverised Records. Le tout n'est pas sans rappeler THE RUINS OF BEVERAST par exemple. Après le show, le chanteur se révèle être une personne absolument charmante, une bien belle découverte comme les concerts à La Chaouée m'en réserve régulièrement.

Pour le cas de DIONYSIAQUE, je suis le groupe depuis la première démo que j'ai achetée ainsi que la deuxième. Là, sachant que j'allais les voir, j'ai attendu avant de me procurer leur premier opus, Diogonos, paru chez I, Voidhanger Records il y a quelques semaines maintenant (chronique de Mortne2001 à lire ici). Le groupe est survolté et au final je recroise des gars que j'ai déjà vu sur scène, le bassiste, également batteur de SACRIFIZER vu au Winter Rising Fest l'an passé, le batteur Thomas Hagmann qui m'avait littéralement gifflé lors de son show avec son duo de Grind opérant sous le nom de PROUDHON, et Bruno que je revois dans quelques jours avec son autre groupe, SUPERTZAR, en concert à Nancy avec BARABBAS et NORNES notamment. Le nouveau line-up du groupe, assemblé en 2022, est donc l'auteur de ce premier opus qui marque très clairement un pas de géant dans la qualité du groupe, et alors sur scène, ils sont intenables. En clair, en termes de Doom Metal désinvolte, Rock 'N Roll, capable de te mettre une baffe, je connais PRESUMPTION, THE BOTTLE DOOM LAZY BAND, BARABBAS et désormais DIONYSIAQUE. Quelle énergie destructrice, quelle présence, quelle folie ! Le groupe joue à Metz et passe son temps à saluer les Nancéiens, quand on connait la rivalité des deux villes, on n'est pas étonné de voir une nuée de doigts se lever dans la joie et la désinvolture la plus totale. Ceux qui ont déjà vu SACRIFIZER sur scène savent de quoi je parle. Mais attention, prendre ces 5 mecs pour de joyeux lurons serait extrêmement réducteur, les gaillards sont en place, jouent incroyablement bien en groupe, et même si Nathaniel subi de plein fouet les dégâts d'une tournée d'un groupe de Doom, le chanteur n'a plus beaucoup de voix mais donne tout ce qui lui reste, la prestation est impeccable et remplie d'énergie. Le jeu de Thomas à la batterie est impressionnant, les différents musiciens sont complices et envoient à tour de rôles des planches savonnées à leurs collègues en glissant des blagues potaches  et des gestes de déstabilisation. Comme de coutume lors d'un show de DIONYSIAQUE, la bouteille de vin rouge est morte avant la fin du concert. Quel show, composé des titres de l'album, balancé dans un caveau bien rempli et en ébullition. Contrat largement rempli pour les alsaciens et j'espère sincèrement les revoir prochainement sur scène avec la connaissance des morceaux et voir si l'effet de surprise laisse place à une déception mais je n'y crois absolument pas ! Il est clair que c'est le Doom Metal que j'aime en tant que spectateur.

Cette première organisation Doom Metal de Black Pandémie Prod' est une réussite d'un point de vue qualitatif, le public semblait être en nombre, en espérant que d'autres dates viendront de la part de cette structure, soutien indéfectible de l'underground, et une des rares encore à se battre dans le Grand Est pour que le Metal existe encore dans la programmation même si les lieux d'accueil se font de moins en moins nombreux.