Les (s) sont de retour. Enigmatique intro de chronique, mais les spécialistes savent de quoi je parle, particulièrement ceux qui suivent l’actualité du géant Nuclear Blast. Le label allemand a en effet révélé il y a peu l’association avec les français de CELESTE, pour leur cinquième album, qui respecte donc une fois encore ces mystérieuses parenthèses, comme si une partie finale de leur histoire se devait de marquer une pause pour ne pas trop en révéler, et rester dans le doute. Mais CELESTE fait partie depuis longtemps de notre patrimoine, plus de quinze ans pour être précis, et si le groupe s’est fait plus rare ce dernières années - depuis la parution d’Animale(s) en 2013 - il n’en a pas moins gardé une emprise sur la scène extrême, jusqu’à susciter des suées de son absence prolongée.
Cinq années de silence, voilà le prix que nous avons payé après la publication d’Infidèle(s), album majeur qui nous avait laissé à la croisée des chemins. On sentait que le groupe lyonnais multipliait les options pour ne pas rester coincé à la case départ, mais on attendait de savoir quelle allait être la direction à suivre pour rester dans leurs pas. Et conscient de ces attentes, le groupe a teasé son album avec beaucoup d’intelligence depuis le mois de décembre, multipliant les vidéos, les photos de tournage, et autres énigmes musicales destinées à nous mettre le sang aux gencives.
Et ces images justement ont fait tourner l’imagination des fans à plein régime, même si accompagnées d’une musique ne laissant pas place au doute. Gardant ses racines brutales et viscérales, le quatuor énigmatique insufflait une grosse dose de mélancolie amère dans son art, pour nous proposer une fois encore un voyage immersif dans un monde sombre, à la beauté hivernale, mais à la violence bien concrète. Naviguant une fois de plus entre les styles pour ne pas heurter les rochers, CELESTE propose donc via le scénario d’Assassine(s) une plongée dans les abysses de la nature humaine, via un mur de riffs et un chant typiquement BM, parfaitement en adéquation avec la froideur ambiante.
Dans les faits, et avec un minimum de recul, tous les symptômes de la maladie CELESTE se ressentent à nouveau. Cette fièvre rythmique, cette douleur de guitares en embuscade dans les veines, ces frissons lors des progressions les plus maladives, et cette sensation étrange de perte de repères que les mots français accentuent de leur phrasé. De fait, référez-vous à cette superbe pochette en noir et blanc, et observez ce visage tenu à plusieurs mains. Rêve étrange, oppression, cauchemar lucide, prise de conscience, ou agression extérieure ? Les éléments sont multiples, mais la réponse une fois encore en forme de puzzle, une fois tous les chapitres écoutés, laissant quelques points de suspension pour ne pas trop en révéler. Le feuilleton CELESTE est de ceux qui laissent un cliffhanger mystérieux imposer le silence de la brume, et un questionnement inévitable : qu’est-ce que tout cela veut-il dire ?
Finalement, sans réponse claire à cette question, nous avons-nous-même élaboré certaines hypothèses. Hypothèses partiellement confirmées par les huit morceaux de ce nouvel album, intransigeant, précieux et précis, et pourtant suffisamment vague pour laisser place à l’imagination collective. « Des Torrents de Coups » ne tergiverse pas au moment de la reprise de contact, et convoque NEUROSIS et ISIS aux agapes d’un BM à la française, de celui développé par les esprits des Acteurs de L’ombre, impose la lourdeur étouffante aux harmonies presque mortes-nées, et laisse Johan s’époumoner pour battre le rappel. Le questionnement du genre ne se justifie plus depuis longtemps, et ce Proto-Sludge progressif noirci d’une bonne couche de méchanceté finlandaise nous entraîne sur la piste d’un meurtre, celui des convenances et autres coutumes à respecter.
Car ici, on ne respecte que le rêve, aussi noir soit-il, et peut engageant.
Sans tergiverser ou trouver la formule définitive qui ne s’impose pas, on pourrait dire que CELESTE roule sur sa propre route, et qu’il provoque des arrêts pas toujours logiques. Si les premiers morceaux gardent la même trame narrative, s’il faut attendre l’interlude Ambient « (A) » pour reprendre son souffle, « Il a Tant Rêvé d'elles » accentue encore le malaise en laissant les percussions accentuer leur pression.
Pas vraiment déstabilisant, ce nouvel album ose juste quelques innovations mineures dans une tradition inamovible. Le son est évidemment énorme et en écho de ruines, mais l’attitude glisse quelque peu vers une méchanceté de plus en plus prononcée. « Elle se Répète Froidement », létal comme un dernier baiser empoisonné, regarde les victimes en pleine rigor mortis, contemple le paysage enneigé et onirique, mais « Le Coeur Noir Charbon » oppose une fin de non-recevoir à l’optimisme et l’envie de lendemains meilleurs.
Rythmiquement imparable, construit comme un crescendo d’horreur concrète, Assassine(s) est une brume blafarde sur une cité déshumanisée, et une façon d’entrevoir l’art comme la transposition la plus fidèle d’une réalité abjecte. Une absence de complaisance, certains automatismes gardés, pour une avancée non majeure, mais qui repousse encore une fois la dernière pièce du puzzle hors de la table.
Titres de l’album:
01. Des Torrents de Coups
02. De tes Yeux Bleus Perlés
03. Nonchalantes de Beauté
04. Draguée Tout au Fond
05. (A)
06. Il a Tant Rêvé d'elles
07. Elle se Répète Froidement
08. Le Coeur Noir Charbon
Par parenthèse... cette pochette me semble plus qu'inspirée par celle de l'album "Contact" de Pharmakon.
Voir celle de Decline of the I - Johannes
c'est pas mal, sans plus. J'ai comme l'impression que le groupe a pris le parti de revenir à un mix de mental vortex/grin plutôt que de proposer quelque chose de nouveau.
19/08/2025, 11:54
Même Panthera un mec avait fait le boulot et ils reviennent d'outre-tombe, c'est quand même incroyable. J'en ai plein le cul de ce parasitisme.
18/08/2025, 23:09
@ChiassouC'est peut-être parce que tout ces groupes se sont systématiquement foutus de notre gueule avec la der des der tout les 5 ans. à un moment tu les crois plus.
18/08/2025, 22:53
Et voici que surgit de son ehpad, le vieux LeMoustre, seigneur des moisis. Je vois que la canicule t'a épargné, mon vieux bouc. Hydrate toi bien, t'auras pas toujours cette chance.
18/08/2025, 22:38
Pour en revenir plus spécifiquement à Megadeth, j'ai l'impression que cette annonce sort dans l'indifférence générale. J'ai souvenir (ou c'est ma mémoire qui me joue des tours) que l'annonce de Slayer avait provoqué pl(...)
18/08/2025, 22:34
En même temps, c'est tout bénéf' pour ces fils de pute : plus besoin de se faire chier à sortir un nouveau disque plus ou moins médiocre pour justifier d'exister encore. Quelques concerts best-of par ci, par là, avec un gros cachet à (...)
18/08/2025, 22:33
Kerry King qui en voulait encore à au moins lancé un nouveau projet, qui n'est pas au niveau, mais il l'a fait. Et il s'est pris beaucoup plus de merde que le reste de ces escrocs.
18/08/2025, 19:27
Je ne sais pas si ils vont faire comme Slayer, dont je m'étonne qu'ils aient pas reçu plus de critiques, ok c'est la fin on est au bout on vous aimes les fans mais c'est fini. Et les mecs font encore des concerts de temps à autre, comme si de rien é(...)
18/08/2025, 19:11
Megadeth reste unique et si les 3/4 premiers albums sont de loin les plus inventifs, Mustaine a bien su mener sa barque globalement.Rust in Peace et Peace Sells font partie des 50 meilleurs disques de thrash metal.
18/08/2025, 17:15
Excellente formation s'il en est.Voilà une bonne nouvelle, n'en déplaise aux gogols-neuneus qui polluent le site et font bien rire ici
18/08/2025, 17:12
Il ne prends pas de risque en disant "ces prochaines années", ça peut durer longtemps comme ça...En espérant que leur album soit bon, car le dernier en date est franchement bon et s'écoute encore avec plaisir.
18/08/2025, 07:59
Sûrement quelques lives par ci par là comme le font tous les retraités. Allez une réunion d’anciens combattants d’ici quelques années avec Metallica…
17/08/2025, 12:16
J'aurais aimé une production (juste un peu) plus root et peut-être un peu plus d'audace mais ça passe tout seul.
16/08/2025, 22:02
Soen qui reprend Motorbreath ??? Je n'aime pas les tribute, mais j'avoue que cette combinaison est pour le moins intriguante !
16/08/2025, 09:34
Sans être un inconditionnel du groupe, j'attends cet album avec une grande curiosité. Si j'ai d'abord été déçu par le morceau, l'impression d'entendre Grip inc.(?), l'envie d'y revenir commence à prendre. (...)
16/08/2025, 07:13