Les concerts se suivent à rythme serré en ce début d'été, un peu comme les feux malheureusement. Chaque année en cette saison, les groupes ricains viennent visiter l'Europe et par chance, ils ne tournent pas exactement aux mêmes dates d'une fois à l'autre. Cela permet, sur le long terme, de voir en juillet ceux qui étaient passés autrefois en août, dans cette salle qui a su se placer dans le circuit des tourneurs représentant les grandes formations fondatrices du Hardcore. Je vais donc pouvoir ce soir élargir un peu mieux ma culture en rencontrant enfin DRI, vieille et vénérable institution Texane qui n'a pratiquement plus rien enregistré depuis trente ans, mais a notablement inspiré sa propre génération (rappelez-vous la reprise par Slayer) et les suivantes. Direction à nouveau vers la Secret Place et sa scène extérieure dans une soirée assez douce, la canicule étant retombée au profit du vent ces jours derniers. Comme il n'y avait que deux groupes à l'affiche, j'y allais sans me presser et trouvai les alentours bien garnis de véhicules annonçant un certain succès. Et j'entrai peu de temps avant que le groupe d'ouverture ne se lance.
Sur un sample de fusillade policière, RISE UP s'élança tranquillement après avoir invectivé les cigales qui chantaient trop fort. Cela faisait quelque temps que je n'avais pas vu de belle crête, tiens. Ces Bressans n'aiment guère les poulets semble-t-il, et envoient un Hardcore Punk métallisé de niveau amateur. Quelques titres étaient en français. Malgré son genou dans une attelle et le fait que tout le monde se réservait pour la suite, le chanteur s'ingénia à nous faire bouger en promettant des bières, en descendant de l'estrade ou en invitant personnellement tel ou tel spectateur à s'approcher. Sa truculence offrait un certain humour (il prétendit qu'ils venaient du côté de Valenciennes, pour voir qui savait où est Bourg…), mais débordait parfois trop au-delà de la musique. Certes, c'était les dix-huit ans de son garçon : tout le clan avait fait le déplacement jusque chez nous et cela justifia un certain nombre d'invitations à venir faire les chœurs ou à partager le chant entre père et fils. Quelques personnes vinrent pogoter ou danser un peu devant. Prenant son parti de la réaction mesurée de l'assistance, le combo fit dériver le set vers la fête de famille avec les siens, ce qui est une base du Hardcore, après tout. Cela se termina par une reprise d'un groupe de Punk ayant récemment perdu un membre, le chanteur prenant une feuille en pense-bête pour les paroles.
Pendant la pause, tout en devisant avec les vieux camarades de combat j'observai l'habituelle particularité des concerts estivaux où les habitués (venus en assez bon nombre) côtoyaient des touristes parfois étrangers et quelques jeunes. Se mêlaient ainsi des métalleux, des coreux, des punks de tous âges parfois avec leurs conjointes, et même un ou deux skinheads vétérans. Les deux groupes avaient un peu de merch au stand, sans plus.
Après avoir testé ses balances une dernière fois, DRI attaqua pleine face et laissa comprendre en un instant qu'il fallait se préparer en vitesse à prendre une fessée. Comme Ratos de Porao l'an passé, les pépés font beaucoup plus mal que bien des trentenaires. On reconnaissait à la basse Tony Campos, avec sa barbe géante dans un t-shirt manches longues Impaled Nazarene assez décalé. C'était une autre surprise de le voir officier dans un groupe assez différent des multiples formations où il a prêté concours dans sa belle carrière. Spike Cassidy se fait une tête de vieux druide du riff assassin sous sa casquette retournée. Le mélange de vieux Hardcore, de Punk et de Thrash déversé à toute allure provoqua l'éruption de la fosse tandis qu'en bordure, les plus timides comme votre serviteur ne pouvaient s'empêcher de gigoter sur le tempo galopant. Même quand on ne connaît pas en détail le répertoire de DRI, il n'est pas difficile de se plonger dedans tout de suite. Il suffit de se laisser emporter par les riffs imparables, un son cru mais audible, les chœurs et les mosh-parts qui varient régulièrement l'exercice, même si les vrais fans réagissaient plus rapidement. Ce Crossover est celui des origines, nullement versé vers la Fusion ou le Heavy classique, mais bien Punk à la différence du simple mélange de Metal et HC de Walls of Jericho et quelques autres de cette génération il y a quelques jours.
Le chant très nature de Kurt Brecht n'a pas tellement vieilli, appuyé par les chœurs de Spike et Tony. Ce côté cru sans trop forcer est sans doute le secret de sa longévité. Il rappela l'ancienne époque où les publics Metal et Hardcore ne se mêlaient pas et la difficulté de se faire accepter chez l'un comme chez l'autre, se félicitant que comme ce soir les deux mondes se mélangeaient volontiers maintenant. Il dédia ironiquement un titre à son père qui les réprimandait du boucan pseudo-musical qu'ils faisaient lors de leurs premières répétitions dans le garage familial. De même il présenta le batteur actuel Danny Walker, passant pour un gamin en tant que quadra, dont la carrière se construit par une multitude de collaborations courtes avec des formations plus ou moins connues et différentes comme Phobia, Cinema Strange, Exhumed ou Uphill Battle, la plus régulière restant Intronaut. Avec un bagage aussi complet, il tenait le set sans aucun problème dans son t-shirt Gorguts, enchaînant les rythmes très changeants au sein même de chaque titre. Pendant ce temps, les moshers étaient à fond, la bière volait en l'air (j'ai pris sur la tête une bonne gerbe de pils passée par le ciel, ça faisait longtemps). Mais il n'y eut presque pas de stage-divings, à part un touriste croyant retrouver sa jeunesse, qui s'est affalé assez pitoyablement de tout son long sur le dos sur le gravier comme au ralenti, servant d'exemple dissuasif. À la longue, je regrette la présence des tables posées entre le poste de mixage et la scène, qui contraignent le public statique à laisser presque toute la place disponible dans l'axe aux moshers et à se rabattre sur les côtés, à part les malins qui ont occupé tôt les quelques places autour des tables dès l'apéritif.
La maîtrise accumulée par quatre décennies d'expérience permet de tenir un long set avec intensité sans trop perdre d'énergie. Pire encore, je trouvai que ça montait progressivement en puissance, sans doute à cause du renvoi de la partie la plus célèbre du répertoire vers la fin, où les quelques jeux d'éclairage simples étaient mieux mis en valeur par la nuit peu à peu tombée au long du set. Ils ne nous quittèrent qu'au bout de presque une heure et demie, et je me sentais plus fatigué qu'eux.
Je suis donc resté un bon moment pour redescendre, ayant reçu plus que ce que j'en attendais, et j'avais encore quelques séquelles le lendemain. J'en ai profité pour aller échanger trois mots avec Tony Campos. DRI s'est révélé une vraie machine sans aucune prétention, capable d'en rebattre à d'autres de sa génération et encore plus à ses disciples plus jeunes. Le Crossover, mélange si daté a priori, tape toujours aussi dur.
Je ne suis pas directement fan du Sab' ni de la carrière solo d'Ozzy, mais sans eux les deux tiers de ma discothèque n'existeraient pas et ma vie s'en serait trouvée tellement plus terne. Je suis heureux qu'il aie aussi parfaitement réussi sa m(...)
24/07/2025, 22:34
Je n'aimais pas spécialement son chant, ni le personnage mais respect à lui.RIP Ozzy.
23/07/2025, 20:27
Aujourd'hui c'était Sabbath bloody sabbath bien fort dans la bagnole. Quel putain de disque ! Je ne realise pas que ce doux dingue est mort.
23/07/2025, 19:26
Dio, Randy et Lemmy sont déjà prêts à l'accueillir... ça va être une sacrée fiesta là-haut ! Quelle carrière en tout cas et que l'on n'aime ou pas la musique du bonhomme il faut reconnaître que sans lui la scè(...)
23/07/2025, 14:25
Petite info supplémentaire que je n'avais pas pris le temps de vérifier :Ozzy Osbourne & Black Sabbath’s Final Show Is the Highest-Grossing Charity Concert of All TimeThe July 5 "Back to the Beginning" show raised more than $190 (...)
23/07/2025, 13:55
Même si ce n'est pas la grosse surprise vu son état dernièrement, c'est triste. Une page se tourne, clairement.A mon avis, ils sont pas prêt là-haut, il va foutre un beau bordel !
23/07/2025, 13:19
Comment passer d'un concert décrié à des funérailles somptuaires entouré de ses pairs.Bien joué et salut l'artiste !
23/07/2025, 12:31
Mort d'un vieux surcôté comme jamais. Il aurait dû raccrocher les gants il ya déjà trop longtemps!
23/07/2025, 12:29
Mmerci Ozzy pour tout ce que tu as apporté à la scène et à la musique en général que ce soit en solo ou avec Sabbath . Et pour ceux qui sont fan ou non en dehors de la musique je conseille le livre : Moi Ozzy , qu’est-ce que j’ai pu(...)
23/07/2025, 10:07
.. ... ...J'ai une putain de gueule de bois bordel... ... ..... ... ...Une soirée à mater ses vidéos et à boire... ... ..... ... ...Bref... ... ...Une seule photo pour moi résume le bonhomme :
23/07/2025, 08:38
Dernier concert qui portait malheureusement bien son nom...Je n'ai pas honte de le dire mais la première fois que j'ai réellement vu le bonhomme c'était dans ma chambre d'étudiant, au sous-sol d'un proprio qui avait le câ(...)
23/07/2025, 08:21
J'écoutais Master of Reality juste avant d'apprendre son décès. Écoute qui ressemblait malheureusement à un hommage.Ce dernier concert devient un événement encore plus spécial, surtout pour ceux qui ont eu la chance d'y(...)
23/07/2025, 06:48
RIP Ozzy(j'étais pas forcément fan du personnage mais c'était la voix des 3 premiers Black Sabbath qui resteront à jamais pour moi des monuments)
22/07/2025, 23:46
Worship music était très très bon. Beaucoup de remplissage par contre sur For all Kings que je n'ai pas sorti de sa gangue de poussière depuis des années. Belladonna est toujours plus écoutable sur album que sur scène, où on(...)
22/07/2025, 20:34
@Ivan : clairement, oui. On verra sur album, Anthrax n'a pas sorti d'album majeur depuis longtemps.
22/07/2025, 11:31