J’aime quand ça déboule, quand ça chamboule, quand ça m’agrippe les boules et me rend maboule. Le Thrash est de ces sous-genres qui proscrivent tout statisme. Je vous défie d’assister à un concert d’EXODUS sans trépigner et en gardant les mains dans vos poches trouées. Je vous provoque sur le terrain du Rock dur, celui qui slame, qui pogote, qui dive et qui wall of death lors d’un festival estival. Oui, j’aime le Thrash, mais je ne rejoindrai jamais les Thrashaholics anonymes, car j’assume mon vice qui n’en est pas un. Je l’assume depuis ma prime jeunesse, lorsqu’affolé par les hormones je m’imaginais bercer ma première compagne des accords stridents de DESTRUCTION, tout en lui secouant le chef au rythme de la frappe de Dave Lombardo. Je régnais in blood à l’époque, et je me réveillais systématiquement le morning after avec une joyeuse gueule de Metal.
En 2025, les articulations ont vieilli, les cheveux se sont clairsemés, blanchis, la vue n’est plus aussi bonne, l’ouïe a subi des dommages irréversibles et les t-shirts sont trop petits, mais je n’en ai cure. Tant que de jeunes groupes continueront leur entreprise de réhabilitation contemporaine d’un style qui n’a jamais cessé de produire, je passerai outre mes limites physiques pour endurer un gymkhana de violence et de démence, avec cette certitude qui rend les pensées plus claires : le Thrash, c’est ma came.
Et si elle provoque une addiction immédiate, ses effets secondaires sont tout à fait supportables. On peut facilement se retrouver à la caisse d’un supermarché et hurler un aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarghhhhhhhh à rendre Tom Araya admiratif, ou parader sur la piste de danse d’un mariage quelconque en moshant sans aucune élégance. On peut aussi, et c’est même conseillé, se sevrer les veines du premier album des américains d’AGGRAVATED ASSAULT, qui surnage dans la production actuelle sans bouée ni trucage.
Ajay Moore (basse/chant), Kevin Hernández (batterie) et Jordan Hibbs (guitare/chant) sont les enfants de la Bay-Area, et délimitent leur territoire. A cheval entre les scènes, et s’épanouissant dans un Crossover à assécher la Seine, les trois originaires de Fairfield en Californie nous proposent du lourd de chez lourd, une calotte à faire passer ENFORCED pour des prothésistes ongulaires. L’ambiance de ce premier long est poisseuse, ténébreuse, méchante et fiévreuse, et si le parti-pris dit du « tout bourrin » est proscrite, la puissance n’en est que plus présente.
Soulignons le caractère vraiment véhément d’un power-trio excellent. Proposant une longue intro instrumentale qui sonne comme un vrai premier morceau, les trois compères naviguent entre la morne Angleterre et l’originelle Amérique, et signent un effort collectif qui pourrait faire pas mal d’envieux. Sérieux rythmiquement, mélodiquement anémié mais animé d’intentions malveillantes, AGGRAVATED ASSAULT est un parfait exemple de ce que la scène old-school peut proposer de plus probant lorsqu’elle cesse de s’admirer le nombril.
Quelque part entre SLAYER et SACRILEGE, la bande californienne se protège des rais du soleil pour rester dans l’ombre de rues mal famées. Pourtant, lorsqu’on est capable de pondre un sommet de méchanceté comme ce terrifiant « War Cry », on peut se payer le luxe de marcher d’un pas assuré dans les avenues et les quartiers interlopes. D’une vilénie inouïe car très intelligente, The Order Of Chaos met en effet de l’ordre dans le chaos, mais prend soin de laisser traîner des restes rouillés et des réflexes trop conditionnés. Ces compositions à l’âme torturée sont encore plus malmenées par un chant braillé très remonté, entre l’invective Hardcore et la harangue Thrash. Thèmes évidemment lugubres, attitude bravache, rodomontade de toréro de l’extrême, le comportement du trio est dégoulinant de morgue, mais assuré par une maitrise totale du langage musical.
« The Dahmer Party » donne quelques leçons aux LEEWAY et même à HALLOWS EVE, « Cataclysmic Abyss » tripote la barbichette de Kerry King pour lui donner des envies de correction instantanée, et le tout est aussi agité du bocal qu’un cornichon perdu sur un étal. Le côté incroyablement catchy de ce répertoire pourtant bien dark est sans aucun doute le point fort d‘un album qui insiste sur la lourdeur et la cohésion collective. Les accélérations sont évidemment cramées, mais savent rester sous contrôle. Et cet équilibre entre Metal et Hardcore rappelle les meilleurs moments de Venice et New-York, avec ce petit plus maniaco-dépressif venu de Portland.
Chaque titre possédant ses qualités propres, une lecture linéaire aurait pu fonctionner. Mais je me refuse à analyser chaque entrée en termes choisis, puisque le point le plus important est cette osmose générale qui le confine à la fusion des cœurs noircis par les heurts. « A.T.K. » appuie un peu plus sur le palpitant, et le title-track « The Order of Chaos » confirme les impressions :
AGGRAVATED ASSAULT est un leader né, et se retrouvera en première ligne lors des manifestations nostalgiques de Californie…et d’ailleurs.
D’ailleurs quoi ?
D’ailleurs, ici, maintenant. J’ai retrouvé mes quinze ans et je tourne sur moi-même comme un derviche en plein plantage de système. Mais qu’importe. Les amours se fanent et disparaissent, les passions restent et chatouillent les fesses. Les miennes sont usées, mais encore assez sensibles pour se trémousser. Into the crypts of raie.
Titres de l’album
01. Apathy
02. Vivisection
03. War Cry
04. The Dahmer Party
05. Utopia
06. Cataclysmic Abyss
07. A.T.K.
08. Fertilized with Flesh
09. The Order of Chaos
10. Sympathy
Même si ce n'est pas la grosse surprise vu son état dernièrement, c'est triste. Une page se tourne, clairement.A mon avis, ils sont pas prêt là-haut, il va foutre un beau bordel !
23/07/2025, 13:19
Comment passer d'un concert décrié à des funérailles somptuaires entouré de ses pairs.Bien joué et salut l'artiste !
23/07/2025, 12:31
Mort d'un vieux surcôté comme jamais. Il aurait dû raccrocher les gants il ya déjà trop longtemps!
23/07/2025, 12:29
Mmerci Ozzy pour tout ce que tu as apporté à la scène et à la musique en général que ce soit en solo ou avec Sabbath . Et pour ceux qui sont fan ou non en dehors de la musique je conseille le livre : Moi Ozzy , qu’est-ce que j’ai pu(...)
23/07/2025, 10:07
.. ... ...J'ai une putain de gueule de bois bordel... ... ..... ... ...Une soirée à mater ses vidéos et à boire... ... ..... ... ...Bref... ... ...Une seule photo pour moi résume le bonhomme :
23/07/2025, 08:38
Dernier concert qui portait malheureusement bien son nom...Je n'ai pas honte de le dire mais la première fois que j'ai réellement vu le bonhomme c'était dans ma chambre d'étudiant, au sous-sol d'un proprio qui avait le câ(...)
23/07/2025, 08:21
J'écoutais Master of Reality juste avant d'apprendre son décès. Écoute qui ressemblait malheureusement à un hommage.Ce dernier concert devient un événement encore plus spécial, surtout pour ceux qui ont eu la chance d'y(...)
23/07/2025, 06:48
RIP Ozzy(j'étais pas forcément fan du personnage mais c'était la voix des 3 premiers Black Sabbath qui resteront à jamais pour moi des monuments)
22/07/2025, 23:46
Worship music était très très bon. Beaucoup de remplissage par contre sur For all Kings que je n'ai pas sorti de sa gangue de poussière depuis des années. Belladonna est toujours plus écoutable sur album que sur scène, où on(...)
22/07/2025, 20:34
@Ivan : clairement, oui. On verra sur album, Anthrax n'a pas sorti d'album majeur depuis longtemps.
22/07/2025, 11:31
Encore un groupe de croulants, le pire, c'est le Belladonna. Jamais vu une vieille carne aussi transparente sur scène, le charisme de 3 cafés gourmands.
21/07/2025, 21:05
Quand on voit la qualité servie live, on peut être optimiste. Bon a éviter l'écueil du remplissage néanmoins.A suivre.
21/07/2025, 06:54
Très chouette quand le boulot de mortne2001 est reconnu par les artistes eux-mêmes !
18/07/2025, 19:45