Parfois, une photo promo remplace bien des discours. A regarder ces deux baldies dans la forêt, l’air antipathique et le poing serré, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces plaies ouvertes à panser, laissant des cicatrices énormes sur la peau comme autant de trophées. On le sait depuis longtemps, l’imagerie Black Metal est au moins aussi importante que la musique, et ce cliché plein de clichés souligne le caractère farouchement trve des polonais de BLACK WITCHCRAFT. Jeune duo assemblé il y a deux ans, ce concept propose un Metal noir et farouche, nihiliste dans une certaine mesure, mais aussi très respectueux des codes nordiques, sans cracher sur un brin de froideur d’Europe de l’Est.
Absolument rien ne permet de distinguer ce groupe de la myriade de collègues qui s’épanchent chaque semaine dans un chaos païen. Rythmiquement solide, mélodiquement asséché, BLACK WITCHCRAFT se contente des formules d’impolitesse d’usage pour propager son message, évidemment épuré de toute empathie. Mais si le fond de l’air est immédiatement identifiable, ça n’est pas pour autant que cette ventilation est dénuée d’intérêt. Car les deux complices s’y entendent comme personne pour faire trembler de peur les forêts de Pologne, comme leurs aînés traînaient dans des endroits reculés de Norvège pour y cramer quelques édifices religieux.
Moche, moche, moche, c’est ce qu’on attend du reflet brutal d’un faciès BM tordu par les grimaces. Il faut absolument que le style reste collé à ses principes de base pour fasciner une fanbase encore plus puriste qu’un membre de l’Opus Dei. BLACK WITCHCRAFT l’a bien compris, et outre ces visages barbouillés en mode VONDUR et ce cuir porté avec fierté, Gavron (guitare/basse/claviers/chant) et JH (batterie) portent en eux les stigmates d’une décennie rongée par le vice et les péchés mortels. En découlent des titres certes traditionnels, mais terriblement efficaces. L’atmosphère est un cadavre rongé par les asticots, et le message résumé comme une simple épitaphe sur une tombe anonyme. Le morbide est donc toujours à la mode, mais celle de quand ? Celle des tripes sèches des nineties, lorsque le genre migrait de son nord natal pour contaminer le reste de l’Europe et des Etats-Unis.
Stare Into The Blackest Depths Of Hell est peut-être un poncif sur pattes, mais il n’en est pas mois un album qu’on prend plaisir à écouter. Ni trop bordélique ni trop carré, ce premier long joue sur son respect pour imposer une éthique, et ainsi satisfaire les amateurs de BM old-school enrobé dans une production aussi épaisse qu’une côte de bœuf premier choix. Pourtant, la viande est ici sans nerf ou gras inutile. Du muscle, encore du muscle, pour une démonstration de force dans la neige sans porter de t-shirt sous son perfecto. « Devilish Forces » endosse le rôle d’avertissement pour pèlerin égaré, et catapulte la sauvagerie la plus primale aux avant-postes. Immédiatement, le terrain est connu, car foulé depuis des décennies. Les blasts, le riff décongelé, le chant mixé légèrement upfront et le ton acre et aigri, les éléments sont recensés, et la puissance mesurée. L’alternance d’humeurs permet d’éviter une approche trop linéaire, mais l’insistance du propos le renvoie au meilleur des discours assénés avec ferveur. BLACK WITCHCRAFT se montre orateur convaincant, et performer performant. On a quand même du mal à visualiser la chose on stage, mais en tant que concept studio, Stare Into The Blackest Depths Of Hell est largement assez convaincant pour séduire les traditionalistes.
En tripotant avec vice le lien ténu qui sépare le chaos de l’ultraviolence, Gavron et JH convoquent le spectre d’IMMORTAL et le fantôme de MARDUK aux agapes de la noirceur, via le cruel et sanglant « Sepulcrum Dei », enterrement de première classe avec cris de belette et invocations peu catholiques. Il est rassurant de constater que malgré ses nombreuses digressions, le genre peut encore rester attaché à ses racines, en imbriquant des plans de façon logique et implacable.
Ferme dans son utilisation du mid tempo, investi lorsque les BPM s’éventrent sur les grilles du cimetière, Stare Into The Blackest Depths Of Hell est une créature imposante, émergée des profondeurs les plus inquiétantes de la terre avec un message à passer : le Black Metal classique est bien vivant, et toujours aussi âpre à la douleur. On se rassasiera de ces riffs qui virevoltent et de cette batterie qui écrase, par un vent glacial un soir de novembre. La Pologne démontre que la rigueur est toujours l’arme la plus persuasive, et les attaques incessantes du duo sonnent comme un tir de rafale d’une défense antiaérienne éprouvée.
Dès lors, il est inutile de chercher le petit détail qui fera la différence, même si quelques arrangements viennent agrémenter cette narration classique et prévisible. En tant que multi-instrumentiste, Gavron brode des thèmes fondamentaux, et se borne à reproduire les attitudes nineties avec beaucoup d’application. Quelques déviations restent appréciables, comme celle assez groovy et binaire de « Bestial Carnage », mais de manière générale, ce premier album est encore tenu fermement en laisse par deux maîtres-chiens qui connaissent leur boulot.
BLACK WITCHCRAFT n’a pas pour ambition de se détacher de la masse, et reste dans le rang avec une certaine fierté. C’est louable en soi, et surtout, alléchant lorsqu’on préfère rester intègre plutôt que progressiste. Il n’y a pas de mal à lire certaines œuvres dans le texte sans chercher à les dénaturer pour se vouloir à la mode.
Titres de l’album
01. Introduction
02. Devilish Forces
03. Gospel Of The Gallows
04. Sepulcrum Dei
05. Ultimate Devotion
06. I Am The Poison In God’s Veins
07. Bestial Carnage
08. Curse Against The World
Pour donner une précision que personne ne sollicitait, la photo est prise à la collégiale des Roches Tranchelion (qui a même servi pour un clip de Gérard Blanchard, oui, celui-ci), hameau près du très beau village de Crissay-sur-Manse, dans le sud T(...)
26/08/2025, 09:21
Super édition de ce festival, et vivement l'année prochaine.Billets déjà dans la pocheJe t'ai rencontré par hasard avec tes potes sur une table en mangeant un morceau, vous êtes très drôle.A bientôt
25/08/2025, 11:46
C'est généralement soit un comportement tyrannique, soit un amour immodéré du saucisson à l'ail.
25/08/2025, 10:28
Titre malheureusement un peu mou du genou...En espérant que tout l'album ne soit pas comme cela car il y a vraiment de purs joyaux dans toute leur pléthorique discographie.Quelqu'un sait pourquoi c'est désormais un one-man band au fait ?
25/08/2025, 09:23
Merci pour le report.Pas pu y aller cette année, en espérant que le festival conserve son esprit et ne succombe pas à la folie des grandeurs...
25/08/2025, 08:00
Merci pour les coms !Magma c'est le genre de groupe que j'adorerais aimer, mais j'ai encore du mal... ça fait chier, mais les goûts etc...Et c'était en plus en même temps que Kataklysm. Mais les retours étaient plut&oc(...)
24/08/2025, 18:00
Très cool comme report ! Content que tu aies apprécié Dool et surtout Green Lung (qu'est-ce que j'ai pu poncer leur dernier disque) ! Pas un petit retour sur Magma ?
24/08/2025, 09:05
1) "J'ai bu de la Faxe à 10° en canette et de la sangria chaude en cubi, à un emplacement digne d'un camp de gitans sans lumière, en écoutant du Bonnie Tyler. Je ne sais pas si ça valait le coup de passer"Putain c'est pour ce (...)
22/08/2025, 14:00
Au vu des deux morceaux dévoilés, c'est franchement pas un album que j'attends avec un enthousiasme démesuré.J'attends largement plus les nouveaux Coroner et Forbidden.Mais bon, sait-on jamais... Sur un malentendu...
21/08/2025, 11:57
Un album que j'attends avec impatience, au même titre que le nouveau Forbidden dont la date n'a pas encore été annoncée.
21/08/2025, 11:54
Pas de mauvaise surprise, au contraire, ça donne vraiment envie d'écouter le reste !
21/08/2025, 09:22
Production un peu moderne en effet je trouve aussi pour Coroner mais le morceau bastonne carrément comme il faut.
21/08/2025, 00:01
Sorry if i made a typo, i am not a writer for the prestigious outlet Metalnews.
20/08/2025, 18:06
rassuré par ce 3eme extrait solide, ça sentirai bon en tete d'affiche du Superbowl ou Riip fest l'été prochain ! vivement la tournée entre 2 ;)
20/08/2025, 10:44
Pas faux Grip Inc. En effet, quoique du coup on peut se dire que Grip a eu les Suisses en influence aussi. Bref, en tout cas très impatient d'autant que dans le sequencing ce titre est placé en avant dernière position, soit pas en tête de gondole du tout. En princi(...)
19/08/2025, 19:13
Entre eux, Violator, Coroner et Condition Critical on devrait se régaler en thrash en ce début d'automne.
19/08/2025, 19:06