Old School Thrash Metal. Bon, j’admets et prend note de la précision, mais le Thrash en 2025 peut-il être autre chose qu’old-school ? J’attends toujours un Thrash new-school, celui promis par VEKTOR et quelques autres, mais qui représente aujourd’hui une portion plus que congrue de la production mondiale. Mais mettons de côté nos principes pour accueillir les américains de LIVING TERROR, qui ne cachent guère leurs accointances. Formé en 2024, ce quatuor de Plano, Illinois n’avait jusqu’à présent gravé qu’un unique EP, accusant déjà neuf années d’existence. Il était donc temps de lui offrir un petit frère, plus costaud, plus énervé et maniaque du tempo. C’est chose faite avec Endless Chaos, qui s’il n’est guère le chaos promis est suffisamment hyperactif pour intéresser les plus nerveux.

Allons-y pour les poncifs. Une pochette générique tout à fait anonyme, un son dans la moyenne, une agression modérée, tout y est, inutile de fouiner. LIVING TERROR n’a pas pour vocation d’en déclencher, et se contente de recycler les idées des parents qui à l’époque devaient tout défricher pour reconstruire sur la violence. Celle de ce premier album est bridée, plus lâchement par moment, mais reste toujours sous la barre de la politesse pour ne pas attirer les tarés Thrashcore.

Chuck (batterie), Dorian (guitare), Josh Lloyd (guitare) et Phil Kurasz (basse/chant) se proposent donc de vous guider à travers le périple radical d’une influence US adorée. On sent pourtant pas mal de raideur allemande dans ce sprint à travers l’apocalypse, qui double ASSASSIN et EXUMER avec une belle foulée. Du ricain délocalisé vers Berlin, c’est un peu du JFK qui tente de séduire à grands coups d’Ich bin ein Berliner, et en tout cas une arme diplomatique qui a fait ses preuves. Le meilleur des deux mondes donc, pour un résultat se situant dans une belle moyenne, ni plus ni moins.

Une moyenne parfois largement dépassée, dans le cas lapidaire de « Born to Kill », qui crame les cartouches aussi rapidement qu’un insecticide les mouches, et qui cavale de son beat échevelé avec une belle fierté. Mais loin des quickies lâchés comme des canards dans la mare, Endless Chaos privilégie le solide et l’épais, ce que souligne avec une belle fermeté « Endless Chaos ». Title-track plus qu’honnête, pour une ambiance à la DESTRUCTION des jeunes années, ce morceau raisonnable titille aussi les chevilles d’EXODUS, sans perdre de cette sauvagerie renforcée par le chant vicieux et pervers de Phil Kurasz.

On situe donc l’hommage au détour des années 1984/1986, lorsque le style se découvrait des ambitions artistiques, tout en gardant ses racines agressives près de la cartouchière. « Mutually Assured Destruction », référence à cette guerre froide et à cette terreur du nucléaire nous renvoie à nos pires traumas, qui ressurgissent aujourd’hui en Europe et du côté de la Russie. Est-ce pour autant que les choses sentent le roussi ? Oui, quand même un peu, d’autant que l’énorme « Nuclear Thrash Attack » pousse le bouchon encore un peu plus loin. Sur un up tempo joyeux, cette attaque Thrash nickel de pigeon s’offre une accroche qui reste dans la tête, grâce à la solidité d’un batteur qui connaît son job.

D’ailleurs, ce dernier tiers d’album est sans doute son acmé. Difficile de ne pas gigoter en subissant les assauts triviaux de « Caught in the Crossfire », qui serre la main d’ANTHRAX en faisant un clin d’œil à ANNIHILATOR et PANIC, tout en recyclant du LAAZ ROCKIT sans vergogne.

Ce qui commençait donc comme une affaire plus que prévisible s’achève dans les promesses les plus visibles. LIVING TERROR n’a peut-être pas le jeu pour rafler la mise, mais sa main est plus qu’honorable. Largement de quoi ramener des jetons à la maison, et de les redistribuer sur des comptes décharnés. Tout du moins, tant que le monde continue de tourner. Parce que dans l’absolu, la fin est plus proche que prévue et il convient donc de ne pas gâcher la moindre journée. « Warfare » l’explique par A+B, imitant les harangues rauques de HOLY MOSES pour mieux éveiller les consciences à la gravité des enjeux.

Néanmoins, j’avais raison dès le départ, ce que j’affirme sans fierté. Old School Thrash Metal. Ça passe encore, mais on aimerait néanmoins que les petits jeunes fassent redécoller le planeur. Parce que les survols et le surplace ça va un moment.    

Titres de l’album

01. Napalm Strike

02. Agent Zero

03. Born to Kill

04. Endless Chaos

05. Mutually Assured Destruction

06. Nuclear Thrash Attack

07. Caught in the Crossfire

08. Warfare

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