On se méfie parfois, à raison, de l’étiquetage dans les supermarchés. Tomates supposément française, viande au traçage douteux, fromages en appellation d’origine incontrôlée, ça devient vite un casse-tête qu’on n’a pas le temps de résoudre. Alors, on achète, et on avise ensuite. De la qualité du produit dépend l’avis, et non de sa provenance ou de l’apparence qu’on souhaite lui donner. En musique, la même logique s’applique. Parfois, les labels ou même les agences de management vous refilent des tuyaux prétendument fiables, et une fois découvert le pot aux roses, arguent d’une assimilation dans un but de vulgarisation. Ainsi, les allemands de MORBYDA m’ont été négociés sous la marque Speed Metal. Ce qui est en partie vrai, mais aussi en grande partie faux. Et celle de la mort a bien travaillé sur ce premier disque, puisqu’il ne reste pas grand-chose après son passage, exceptées des herbes fanées et déjà bien sèches.
Originaires de Leipzig, ces quatre musiciens (Joris - batterie, Julez - guitare, Chris - guitare/chant et Antonio - basse) fêtent donc leur premier album alors que l’été pointe le bout de son nez. Alors, entre deux bouchons causés par des touristes invasifs et une température montant à des niveaux totalement insupportables, vous aurez l’occasion de faire tourner cette petite bombe en profitant de la clim ou de la douceur du sable d’Oléron ou de Ré.
MORBYDA est évidemment partie prenante dans la négociation passéiste de ces vingt dernières années. Très attachés à ce Heavy torride que les premiers VPR Noise et Steamhammer vendaient au porte à porte, les allemands naviguent à vue sur les canaux de la nostalgie, en prenant bien soin de ne pas afficher leurs intentions dès l’entrée d’écluse. D’ailleurs, « Evil » est assez trompeur en substance. Trois minutes et trente secondes de Metal qui sent bon les années 1983/1984, riff passe-partout mais bien gras, petite harmonie pour noyer le poisson, et vogue la péniche sur un rythme assez raisonnable. Ce qui l’est moins, c’est ce chant, totalement possédé, et ce son qu’on reprochait à POSSESSED à ses débuts (enfin, que la presse reprochait), qui une fois combinés donnent une impression de paranoïa ambiante. Mais c’est bien « Mother of Decay » qui cite dans le texte les ambitions. Avec son intro sur toms traités piquée à Pleasure to Kill de KREATOR et son atmosphère de sidérurgie tournant plein pot, ce deuxième titre est peut-être le plus symptomatique de la philosophie de MORBYDA. Malmener le Heavy Metal pour le couler dans le moule d’un Speed automatique, systématique, systémique, mais qui…privilégie un mid tempo.
Troublant, pour le moins. Mais assez fascinant aussi. Car le quatuor bénéficie d’une production absolument délicieuse, aux médiums qui grésillent dans les oreilles, et aux basses amalgamées pour donner la sensation d’une coulée de lave qui fonce sur vos chevilles. Très en phase avec une époque qui n’est pas la sienne, Under the Spell vous laissera sous le charme de sa puissance dévastatrice, modulée par quelques mélodies souillées et autres harmonies troussées sans leur consentement.
Une belle constance dans la méchanceté, une capacité à recycler des riffs que l’on connaît déjà par cœur (« Open the Gates of Fire » sonne comme un classique alors que personne ne l’a jamais entendu, c’est très fort), une envie de pousser tous les potards dans le rouge pour sonner le plus exubérant et excessif possible. Ce Métal teinté de proto-Black est donc très recommandable, d’autant qu’il affiche des prétentions assez admirables. Ainsi, « Turning the Wheel of Steel » se paie le luxe d’une intro en son clair sur fond d’orage calcaire, avant de laisser le tonnerre et les éclairs faire leur office, après minuit bien sûr, lorsque les créatures de l’enfer marchent sur terre.
Les deux doigts dans la prise, le cheveu hirsute, MORBYDA exagère tout, et cette attitude extrême est sa meilleure arme. Il n’y a rien de pire qu’un groupe qui n’assume pas et reste entre deux eaux pour séduire le plus de monde possible, et finalement tomber dans les abimes de l’oubli pour cause de manque de franchise. Ce qui n’est pas le cas de ce premier album qui fond dans un creuset toutes les inspirations de la première moitié des années 80, allant jusqu’à singer la bestialité sud-américaine si typique.
Toute cette affaire sent bon le blasphème et l’irrespect le plus total. Mais les amis allemands n’en sont pas moins des musiciens précis, et des compositeurs efficaces. On trouve toujours un petit arrangement qui explose ou une déviance assez subtile et sournoise pour agrémenter ces huit compositions qui relisent les textes du ONSLAUGHT des débuts, ou les psaumes de la scène belge de la même époque.
« The Curse » est un indicateur de la méchanceté crasse de ces sales gosses qui ne respectent rien ni personne, sauf leur public. La rythmique en donne pour notre argent, et la paire de guitares fait feu de tout bois, cramant son manche en mode je te hais pour en tirer les licks les plus poisseux et occultes.
« Under Her Spell » joue le hit en mode tranquille, mais surfe encore sur cet écho et cette réverb’ qui dominent les morceaux de leur profondeur abyssale. Avec quelques accélérations fumasses et autres embardées à la masse, ce premier longue-durée fait honneur à son range de découverte, pas encore majeure, mais déjà prometteuse.
Il faut bien évidemment aimer son Heavy teinté de Black et sale comme une gueule noire à la débauche, mais si le charbon ne vous fait pas peur, cette mine de tubes live saura vous satisfaire sans risquer le coup de grisou.
Titres de l’album
01. Evil
02. Mother of Decay
03. Open the Gates of Fire
04. Turning the Wheel of Steel
05. The Curse
06. Sacrifice
07. Under Her Spell
08. Morbid Ways of Dying
La salle n'était pas adaptée ! La fosse est trop grande et pas remplie !Du coup les écrans étaient trop petits !Et le son vraiment pourri !Du coup même quand Bruce parlait au public on ne comprenais rien ..
29/07/2025, 12:59
Bon live report.Toutefois j'ai une question, qu'avez vous pensé du son ? Personnellement hormis la voix de Bruce et certains solo, je l'ai trouvé particulièrement brouillon.J'était placé à droite, places assis(...)
29/07/2025, 09:37
Groupe que j'ai découvert (tardivement) avec Eve, déjà excellent, et les deux ep "of salt" qui tournent régulièrement. Encore une réussite j'ai l'impression, mais à voir si ça dure dans le temps..
29/07/2025, 08:24
Pas mal d'informations erronées dans ce live report, mais c'est sympa de lire des propos construits :)Je publierai mon live report dans un zine, Hard Rock à Mort ! qui devrait voir le jour d'ici la fin d'année ;)
28/07/2025, 19:59
Ceci dit pour Metallica je reconnais qu'ils cherchent à pousser d'autres groupes en première partie, alors que l'évidence aurait été de prendre du thrash.
28/07/2025, 17:54
Tu ne vas pas me faire écouter Iron Maiden. Mon truc c'est l'extrême, je peux avoir une certaine sympathie pour la technicité et le bricolage mais ça s'arrête là, il faut qu'ils s'arrêtent. Ces groupes parasitent les fes(...)
28/07/2025, 17:48
Il me semble que la setlist est la même sur toutes les dates de cette tournée un peu particulière, il s'agit sans doute de marquer l'événement (et pour cela No prayer for the dying n'a clairement pas sa place selon moi dans une telle collection de (...)
28/07/2025, 16:13
Tous les retours que j'ai lus de ces concerts étaient trop dithyrambiques pour être fidèles, merci d'apporter un récit un peu plus poussé. Les quelques critiques étayent d'autant mieux, en fin de compte, l'impression très positiv(...)
28/07/2025, 13:48
Très bon deuxième album, que j'écoute en boucle en ce moment. Un must de 2024.
27/07/2025, 16:07
Je suis passé totalement à côté de ce groupe. Étant un très grand fan de Disembowelment, je ne peux qu'en recommander l'écoute ! Excellent disque.
27/07/2025, 16:06
Je pense qu'on a compris tous compris ton point de vue maintenant.Parce que je le chantais à m'en casser la voix lors de ce formidable concert de vieux croulants (aka Iron Maiden) la semaine dernière, je ne peux que t'inviter à y réfléchir (...)
27/07/2025, 16:05
Non mais je troll pas, je suis provocateur je veux bien, mais j'insiste ne pas être un troll, le metal devenant de plus en plus gériatrique et un truc de johnny est un réel problème, nous avons besoin d'un rajeunissement de la scène..Mais cracher(...)
26/07/2025, 13:52
Je précise que mon pseudo n'étant pas enregistré quelqu'un s'amuse avec, ça me faisait marrer, mais je me vois forcé d'avouer la chose. Quoi que j'en pense je n'aurais jamais posté ce commentaire que je trouve répulsif(...)
25/07/2025, 11:39