In Fine Omnium Religionum

Summoning Torments

18/04/2025

Autoproduction

Dimanche, grisaille, pas envie, non plus, et finalement, encore une journée oisive à se demander où sont les oiseaux du paradis. Peut-être quelque part au Guatemala, du côté de Guatemala City, une ville assez peu fréquentée par les hordes hardantes et ardentes, et qui depuis plus d’une quinzaine d’années supporte un héros local à cinq têtes. Un anti-héros plutôt d’ailleurs, un genre d’hydre qui n’inspire pas confiance et dont le mode d’expression est assez péremptoire. SUMMONING TORMENTS de son nom annonce des moments terribles, ce que confirme cette musique éminemment violente, et même, pour utiliser un terme familier : bourrin. Bourrin, tsoin-tsoin, mais aussi élaborée qu’une glissade de pingouin. Dans un registre de Death barbare et tartare, SUMMONING TORMENTS assume et assure en se reposant sur des stratégies éprouvées dans les années 90, entre bourrasque soudaine et insistance de violence sans temps mort.

Huit ans après le coup de semonce Summons for Doomsday, ce quintet hirsute (Necrosadist - guitare/chant, Imperius - chant, Murmur - basse/chœurs, Drum_Mortem - batterie et Valek - guitare) reprend du service et nous gâte d’un In Fine Omnium Religionum pulsé au maximum, et au rendement inhumain. Rythmique infatigable, riffs qui s’empilent comme des parts de pizza, lignes de chant schizophréniques à la DEICIDE, ambiance surchauffée rassurant les fans de NILE, SUFFOCATION et MORBID ANGEL, pour un voyage dans le temps très sympathique, mais aussi cathartique. En effet, en cette période plus que troublée, chaque exutoire est bon à prendre et ce deuxième album en est un plus que sévère.

Pas de chichi, pas de fioritures, juste l’essentiel, et enrobé d’une production épaisse et gouteuse. « The Torment Has Begun » met les choses au point immédiatement d’un lick sombre et poisseux, et le fantôme d’un AUTOPSY las et bas pointe le bout de son scalpel avant que la procédure ne s’emballe comme le cœur d’un communiant dans le presbytère. Des soli engageants, une force de frappe conséquente, et une foi sans faille en un Death aux atours légèrement thrashy pour rameuter la plus grande foule possible.

D’obédience traditionnelle, ce deuxième album se situe dans une moyenne haute de bestialité occulte. Les références à Satan, les vices non cachés et cet instinct voyeuriste qui n’aime rien tant que reluquer le visage des fans durant l’écoute nous entraînent dans un monde de sévices subis avec délice, et de corrections assénées avec la vigueur d’une bonne sœur dépravée.

Vous l’aurez compris, le propos est dans l’air du temps. De l’égocentrisme, une chaleur centripète qui redistribue en mode compète, et des musiciens revanchards qui comptent bien rattraper leur retard. Combler huit années de silence n’est pas tâche facile, mais les cinq guatémaltèques s’en sortent avec plus que les honneurs : les horreurs, celle d’un purgatoire où la paix est proscrite et la tranquillité souillée sans remords. Entre ces compressions en double grosse caisse et cette dualité vocale qui a la dalle, SUMMONING TORMENTS fonce droit devant, et résume sa philosophie d’un « In the Name of Satan » clair et nette. Votre raie par contre risque de ne pas le rester, puisque la pénétration est assez poussée. On pourrait presque sentir son colon se tordre sur lui-même tant les outrages de cet album font des ravages, mais « Valek » a la politesse de ne pas s’excuser après cette agression spontanée.

Rien de novateur, pas de recherche d’originalité, mais plutôt une efficacité bétonnée, ce qu’on attend toujours d’un album de ce type. Ceci étant dit, In Fine Omnium Religionum sait aussi monter le niveau, usant de feedback, de sifflantes, d’harmoniques suintantes et de reprises étonnantes pour garder une intensité éprouvée, et nous catapulter au-delà de toute préoccupation de morale. « Miculax » qui groove comme un tanker chahuté par la houle, « Children of Thy Darkness » qui rend hommage à la Floride des jours heureux, « Book of Lies » qui écrase les pieds plus efficacement que le caddie d’une mamie qui porte à gauche, les épisodes de nervosité sont nombreux, et portent des estocades fatales pour les esgourdes.

Ce tourbillon de haine viscérale est un indicateur quant aux ambitions de ces cinq démons sur la scène mondiale. Pas décidés à jouer les remplaçants ou les doublures, les SUMMONING TORMENTS mettent le paquet et enserre le nôtre pour faire monter le sang, sans nous prendre pour des glands. J’en veux pour preuve  « Raping God’s Bless », l’un des chapitres les plus agencés et ordonnés, qui de son entame martiale et de son humeur maussade nous invite à la rêverie cauchemardesque un soir d’hiver plus doux que la moyenne.

Cette moyenne est largement dépassée par un album bien troussé. Le Guatemala peut être fier de ses enfants qui enjambent la frontière les séparant de plusieurs continents, un pied en Amérique du Nord et l’autre en Amérique du Sud pour un patchwork coloré mais surtout blindé. Parfait pour un dimanche de grisaille, alors que le voisin de gauche aiguise sa cisaille tandis que celui de droite met un peu d’ordre dans sa ferraille. .  

  

Titres de l’album

01. The Torment Has Begun

02. In the Name of Satan

03. Valek

04. Miculax

05. Children of Thy Darkness

06. Book of Lies

07. Scion of Need

08. Raping God’s Bless

09. Tie Their Christ

10. Soberano del Terror


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par mortne2001 le 12/07/2025 à 17:05
75 %    80
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