Drown in Utopia

Void Spectrum

22/03/2025

Autoproduction

Brutalité, précision et ambitions sont les trois mamelles du Death technique et progressif. Voie royale pavée par les ATHEIST, MORBID ANGEL, CYNIC, PESTILENCE et j’en passe, le style a depuis accouché d’un nombre conséquent d’œuvres, sans vraiment parvenir à se renouveler. L’approche est systémique : une multitude de plans qui se percutent à très grande vitesse, beaucoup de dissonances, des accointances avec le Jazz Rock et la Fusion, mais surtout, une sacrée méchanceté, certes intellectuelle et formelle, mais méchanceté quand même.

On aime toujours ces digressions éléphantesques qui écrasent le tout venant de leur poids de solfège. Les musiciens s’épanouissant dans le genre évoluent constamment sur la corde raide séparant la démonstration du partage, et il faut en avoir sous le coude pour ne pas passer pour de simples compétiteurs honorant leur sponsor. Dans quelle case ranger les polonais de VOID SPECTRUM du coup ? Eh bien dans un entre-deux assez intéressant, sorte de purgatoire en attendant l’affectation définitive.

Jeune quintet de Mielec, VOID SPECTRUM compte donc sur ses individualités pour renforcer le collectif.   Maciej Kukulski (basse), Tomasz Jasiński (guitare), Eryk Pastuszak (chant), Filip Konopka (guitare) et Oliver Monticolo (batterie) sont encore un peu tendres, mais ils savent déjà manier les codes pour se les approprier. De fait, leur premier album reste impressionnant sous des atours classiques. Toutes les pièces du puzzle sont là, tous les impératifs sont respectés, mais on sent déjà la marge de manœuvre conséquente qui pourra un jour les faire entrer au Technical Death hall of fame.

Concrètement ?

Des titres alambiqués, qui font la part belle à un travail rythmique impressionnant. L’axe Maciej Kukulski/Oliver Monticolo est le véritable poumon de cette créature montée de toute pièce, et assure une assise solide qui permet à ces deux guitaristes de se laisser aller à leurs penchants démonstratifs. Mais qui dit démonstratif ne dit pas masturbatoire. Les riffs, multiples, les dissonances, typiques et les enchainements, limpides, imposent un schéma stable, et permettent toutes les digressions. Et si l’instrumental joue souvent avec la musicalité et l’harmonie, le chant gravissime d’Eryk Pastuszak ramène toujours l’intérêt dans les abysses de la brutalité.

« United With Nature » est sans conteste possible le morceau le plus fascinant de cette entreprise. Il est aussi le plus long, le plus évolutif, et celui qui se repose sur les idées les plus tordues, loin de la percussion frénétique des titres les plus conventionnels. Les polonais prouvent donc qu’ils sont d’habiles compositeurs, capables de délayer leur inspiration dans un saladier plus grand pour ne pas stagner au niveau des figures de styles incontournables.

Cette ambiance soudainement plus vicieuse relance l’intérêt, et avoir placé cette longue suite au centre est tout sauf anodin. Et comme le quintet redémarre sur les chapeaux de roue avec une entame digne du meilleur STRAPPING YOUNG LAD (« Outcast »), la dynamique de l’album est impeccablement soutenue, et l’effort constant. On se laisse happer par ce vortex de puissance qui manifeste déjà des capacités impressionnantes, et Drown in Utopia de gagner ses galons de travail admirable.

Les fans de Death technique classique seront donc aux anges, ou aux démons, c’est selon. Leurs nouveaux héros ont trouvé l’équilibre parfait entre tradition et appropriation, et laissent même transparaitre une certaine admiration pour les mathématiciens de MESHUGGAH au détour d’un break ou d’un riff biseauté. Avec quelques effets utilisés avec parcimonie, une juxtaposition très roublarde de percussions tribales et de couplets froids, évoquant le MORGOTH des nineties (« Drown In Utopia »), VOID SPECTRUM s’en sort admirablement bien, et dévie un peu de sa trajectoire qu’on pensait bien tracée, pour nous perdre dans les couloirs d’une imagination cauchemardesque.

La seconde partie de l’album, très travaillée, laisse place aux titres les plus nuancés, et les plus contrastés. Ce qui permet à ce premier album d’atteindre un niveau très enviable. Loin de la facilité technico-alambiquée qui bien souvent ne mène nulle part, Drown in Utopia propose un plan de voyage étudié et savamment décomposé en étapes claires. Ce qui l’est moins, c’est ce son mécanique à la limite de la robotique, avec en exergue un « Schizophrenia » dont la dualité sert d’exutoire.

VOID SPECTRUM se fait un nom, qu’il compte bien imposer sur la scène européenne. Cet amalgame de tradition, de transitions et de transcendance est l’un des meilleurs sur le marché, carburant à la créativité plus qu’à l’application bête et méchante. A découvrir tant qu’il est encore temps, avant que le quintet polonais ne devienne une référence incontournable. Pour pouvoir dire, avec un brin de fierté naïve : je le savais. 

                                                                      

Titres de l’album:

01. Brain Replacement

02. Dying Dream

03. Parasite

04. United With Nature

05. Outcast

06. Drown In Utopia

07. Schizophrenia

08. In Aeternum


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par mortne2001 le 01/06/2025 à 17:29
82 %    133

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