Brutalité, précision et ambitions sont les trois mamelles du Death technique et progressif. Voie royale pavée par les ATHEIST, MORBID ANGEL, CYNIC, PESTILENCE et j’en passe, le style a depuis accouché d’un nombre conséquent d’œuvres, sans vraiment parvenir à se renouveler. L’approche est systémique : une multitude de plans qui se percutent à très grande vitesse, beaucoup de dissonances, des accointances avec le Jazz Rock et la Fusion, mais surtout, une sacrée méchanceté, certes intellectuelle et formelle, mais méchanceté quand même.
On aime toujours ces digressions éléphantesques qui écrasent le tout venant de leur poids de solfège. Les musiciens s’épanouissant dans le genre évoluent constamment sur la corde raide séparant la démonstration du partage, et il faut en avoir sous le coude pour ne pas passer pour de simples compétiteurs honorant leur sponsor. Dans quelle case ranger les polonais de VOID SPECTRUM du coup ? Eh bien dans un entre-deux assez intéressant, sorte de purgatoire en attendant l’affectation définitive.
Jeune quintet de Mielec, VOID SPECTRUM compte donc sur ses individualités pour renforcer le collectif. Maciej Kukulski (basse), Tomasz Jasiński (guitare), Eryk Pastuszak (chant), Filip Konopka (guitare) et Oliver Monticolo (batterie) sont encore un peu tendres, mais ils savent déjà manier les codes pour se les approprier. De fait, leur premier album reste impressionnant sous des atours classiques. Toutes les pièces du puzzle sont là, tous les impératifs sont respectés, mais on sent déjà la marge de manœuvre conséquente qui pourra un jour les faire entrer au Technical Death hall of fame.
Concrètement ?
Des titres alambiqués, qui font la part belle à un travail rythmique impressionnant. L’axe Maciej Kukulski/Oliver Monticolo est le véritable poumon de cette créature montée de toute pièce, et assure une assise solide qui permet à ces deux guitaristes de se laisser aller à leurs penchants démonstratifs. Mais qui dit démonstratif ne dit pas masturbatoire. Les riffs, multiples, les dissonances, typiques et les enchainements, limpides, imposent un schéma stable, et permettent toutes les digressions. Et si l’instrumental joue souvent avec la musicalité et l’harmonie, le chant gravissime d’Eryk Pastuszak ramène toujours l’intérêt dans les abysses de la brutalité.
« United With Nature » est sans conteste possible le morceau le plus fascinant de cette entreprise. Il est aussi le plus long, le plus évolutif, et celui qui se repose sur les idées les plus tordues, loin de la percussion frénétique des titres les plus conventionnels. Les polonais prouvent donc qu’ils sont d’habiles compositeurs, capables de délayer leur inspiration dans un saladier plus grand pour ne pas stagner au niveau des figures de styles incontournables.
Cette ambiance soudainement plus vicieuse relance l’intérêt, et avoir placé cette longue suite au centre est tout sauf anodin. Et comme le quintet redémarre sur les chapeaux de roue avec une entame digne du meilleur STRAPPING YOUNG LAD (« Outcast »), la dynamique de l’album est impeccablement soutenue, et l’effort constant. On se laisse happer par ce vortex de puissance qui manifeste déjà des capacités impressionnantes, et Drown in Utopia de gagner ses galons de travail admirable.
Les fans de Death technique classique seront donc aux anges, ou aux démons, c’est selon. Leurs nouveaux héros ont trouvé l’équilibre parfait entre tradition et appropriation, et laissent même transparaitre une certaine admiration pour les mathématiciens de MESHUGGAH au détour d’un break ou d’un riff biseauté. Avec quelques effets utilisés avec parcimonie, une juxtaposition très roublarde de percussions tribales et de couplets froids, évoquant le MORGOTH des nineties (« Drown In Utopia »), VOID SPECTRUM s’en sort admirablement bien, et dévie un peu de sa trajectoire qu’on pensait bien tracée, pour nous perdre dans les couloirs d’une imagination cauchemardesque.
La seconde partie de l’album, très travaillée, laisse place aux titres les plus nuancés, et les plus contrastés. Ce qui permet à ce premier album d’atteindre un niveau très enviable. Loin de la facilité technico-alambiquée qui bien souvent ne mène nulle part, Drown in Utopia propose un plan de voyage étudié et savamment décomposé en étapes claires. Ce qui l’est moins, c’est ce son mécanique à la limite de la robotique, avec en exergue un « Schizophrenia » dont la dualité sert d’exutoire.
VOID SPECTRUM se fait un nom, qu’il compte bien imposer sur la scène européenne. Cet amalgame de tradition, de transitions et de transcendance est l’un des meilleurs sur le marché, carburant à la créativité plus qu’à l’application bête et méchante. A découvrir tant qu’il est encore temps, avant que le quintet polonais ne devienne une référence incontournable. Pour pouvoir dire, avec un brin de fierté naïve : je le savais.
Titres de l’album:
01. Brain Replacement
02. Dying Dream
03. Parasite
04. United With Nature
05. Outcast
06. Drown In Utopia
07. Schizophrenia
08. In Aeternum
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04