Voici l’occasion parfaite de remettre un album sous la lumière, bien que l’ambiance qui s’en dégage n’ait rien d’estivale. L’année dernière, les finlandais de GOATROACH avaient proposé leur deuxième longue-durée à Minor Label (Allemagne) et Sleeping Church Records (France) en vinyle, et le label français profite de 2025 pour éditer une version CD de l’album en question. Satanic Decay est désormais proposé en CD, ce qui va ravir les collectionneurs, et les fans avides de formats qui vont ainsi compléter leur riche collection. Mais dans le fond, et pour ceux comme moi qui n’avaient pas découvert en 2024 la seconde aventure de ces brutes, qu’est-ce que proposent ces musiciens venus du froid, en activité depuis sept ans maintenant ?
Une drôle de mixture épaisse entre plusieurs sous-genres. On connaît le principe de mutation et d’hybridation, et le quintet (Iippo - basse/piano/chant, Ville - chant, Heikki Kosonen & Paavo - guitares et Junnu - batterie) le pousse à son paroxysme, mélangeant des éléments de Doom, de Sludge, de Hardcore, de Death à l’ancienne, pour obtenir une mixture roborative, et légèrement faisandée. Un truc qui coule difficilement le long de la trachée, avant d’encombrer l’estomac et entraîner des crises de foie. Et de foi.
En gros, tout ce que notre cher label frenchy adore. Pas étonnant dès lors que Sleeping Church ait enquillé un format CD pour flatter sa fanbase. Il fallait continuer de battre le fer tant qu’il était bouillant, et le plaisir de retrouver un disque affreux et méchant fait un bien fou. Enregistré, mixé et masterisé par Erkka Närhi au studio Kumpusaari Hellhole, Satanic Decay fait partie de cette catégorie d’album qu’il est difficile de situer, même si l’historique de lenteur de la maison de disques française aiguille sur la piste du Doom/Sludge macabre et légèrement nocif.
De fait, l’attention est de mise. Sous des atours classiques, le quintet nordique brode des thèmes assez intéressants, entre le Birmingham des origines et la NOLA la plus crasseuse et misanthropique. A la manière d’un Death Metal band d’époque qui se sent à l’étroit dans son caveau, GOATROACH triture les sons, manipule le tempo, écrase quand l’envie se fait sentir, et plaque des silences instrumentaux assez fascinants. En moins de quarante minutes, les finlandais haussent donc le thon, ferment les portes et les fenêtres, ne s’autorisant que quelques courants d’air en intro pour que l’oxygène se renouvèle légèrement. Cette méthode fait ses preuves sur le sournois et vicieux « Horror Unending » qui fait tout pour mériter son appellation, et qui rebondit d’un beat down pour épuiser le peu de crédit d’optimisme du chaland éventuel.
Mais loin du pilonnage habituel des processions les plus classiques, Satanic Decay s’attache à décrire la pourriture d’un monde à la dérive, cimetière géant avec tombes anonymes sur lesquelles personne ne se penche. Notre futur, teinté d’apocalypse et de prévisions funestes trouve ici une illustration parfaite, entre Sludge boueux et gluant, et Doom plus subtil, et moins porté sur l’importance de la blanche au détriment des croches.
Lent, mais pas pachydermique. C’est là la nuance à apporter, que « Of Paperhats & Copied Sigils » met en avant avec une jolie malice. Pluie de blasts sortie de nulle part, intonations Hardcore râpées d’un chant Death sale et granuleux, on se demande si le label ne s’est pas trompé de prophète, mais la suite nous rassure quant à l’affiliation. GOATROACH est bien un apôtre de la lancinance, avec un ajout de chœurs spectraux, de ralentissements abyssaux, et de répétitions hypnotiques. « Cunting in Hell » reproduit la même recette en accentuant les coups de sang, fusionnant de fait la rigueur du Swedish Death et la vilénie du Death américain, plus leste et preste. On se demande même à ce stade de l’écoute si l’étiquette Sludge a encore un sens, tant le quintet déjoue tous les pronostics, avant enfin de rejoindre le giron de sa catégorisation.
Mais même en mode plus oppressant, dès « Unified in Ash », le groupe tient à garder cette singularité qui lui permet de prendre ses distances avec la scène Doom nationale. On pourrait plus facilement parler de Death Sludge, pour cette manière de confronter les deux sous-genres, pour en retirer le plus grave et le plus violent. Avec cette basse qu’on distingue sans problème et qui claque comme un fouet sur un cadavre décharné, ces guitares trempées dans la HM-2 de légende, et ce vocaliste qui se complaît dans la grossièreté, les éléments à charge sont des indicateurs de la possibilité d’ouvrir les débats et d’augmenter les options.
La seconde moitié de l’album, sur laquelle trône « Intoxicated by Necromancy » est une autre paire de manches. En plus de huit minutes, le combo de Kuopio enchaîne les séquences traumatiques, et se livre à un petit jeu de conversation avec l’au-delà qui séduira les amateurs de planche Ouija. Paroxysme d’une formule très personnelle, cette longue évolution incarne le meilleur d’un disque pourtant chargé en surprises, et montre le visage éventuel d’un ENTOMBED des jours de légende ayant fait un détour par les marais floridiens.
GOATROACH valide artistiquement cette réédition CD, et Sleeping Church Records cette collaboration qui sent tout bon. Les deux sont faits pour s’entendre, et propager la bonne parole d’une souffrance à venir sans limites de temps et d’espace.
Titres de l’album :
01. Covered in Satanic Decay
02. Of Paperhats & Copied Sigils
03. Cunting in Hell
04. Unified in Ash
05. For Legacy
06. Horror Unending
07. Satanic Decay
08. Intoxicated by Necromancy
09. Chant of The Armageddon Hybrid
L'album est vraiment bon ! On retrouve bien cette ambiance poisseuse décrite dans la chronique.
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04