Survive The Night

Nightkill

28/03/2025

Alone Records

La pochette est ambiguë. Cette femme déambule-t-elle dans les rues après avoir sauvé sa peau une bonne partie de la nuit, ou est-elle le bourreau que l’on croit deviner derrière ce bras plié dans le dos qui semble cacher une arme ? J’aime à penser que la seconde possibilité est la bonne. Cela donnerait de l’épaisseur au personnage et inverserait les rôles un peu trop bien définis par les scénaristes qui n’aiment rien tant que lâcher une proie facile dans un décor urbain. Depuis quelques années, les femmes endossent des costumes plus adaptés à leurs capacités, et deviennent souvent les chasseurs. Et je pense sincèrement que cette jeune fille a réussi à atteindre l’aube en dessoudant ses traqueurs en mode Atomic Blonde.

NIGHTKILL nous raconte cette histoire de ciel bleuté et de néons fatigués. Ce jeune quintet d’Athènes propose avec son premier album une saine relecture des canons 80’s Heavy Metal, pur jus, mélodique juste ce qu’il faut, mais à l’épaisseur des héros qui accumulent les médailles sur leur revers. Fondé en 2023, Survive The Night est la première étape franchie par ces cinq musiciens, épaulés par le label indépendant national Alone Records. Cinq-cents exemplaires et rien de plus, de quoi allécher les collectionneurs que cette superbe pochette incitera à délier les cordons de leur bourse.

Survive The Night s’inscrit donc dans une logique de nostalgie ouverte, en réminiscence des échos lointains de la scène Metal la plus incorruptible, et surtout, la plus transitoire entre la fin des eighties et le milieu des nineties. Du passéisme au programme donc, mais pas que, puisqu’une production énorme vient booster le son pour lui faire atteindre un point de tension non négligeable.

Association d’individualités notables, avec au line-up Peter Jonathan Parker (basse/chœurs), Zois Psarakis (batterie), Panos Pavlou (guitare), Theodor Martinis (chant) et Giorgos Mylonas (guitare), NIGHTKILL est une fusion entre cinq passions, tournées vers le même but : nous faire revivre une décennie que les grecs n’ont pas forcément animée en temps réel, mais qui les inspire depuis au moins deux décennies. Et en découvrant l’ouverture tonitruante de « Survive the Night », title-track noble et fougueux, on se replonge en arrière pour redécouvrir les sensations des premières rencontres avec la première ligne Heavy des SAVATAGE, GRIM REAPER et autres.

Outre la production, excellente, le premier critère de qualité de cet album bien emballé est sa cohésion, les compositions se voulant aussi directes qu’épiques, ce qui n’est pas le plus évident des équilibres. Mais entre une paire de guitaristes qui ne s’en laissent pas conter et un chanteur à l’organe lyrique, puissant et modulé, NIGHTKILL joue sur le velours d’une mégapole en plein éveil. Theodor Martinis, placé aux avant-postes est un véritable chanteur de Heavy Metal dans le sens le plus royal du terme, maitrisant son vibrato avec une belle fermeté, tout en s’autorisant quelques figures de style et autres envolées aigües de premier choix.

Avec un tel frontman, le backing-band n’a plus qu’à s’appliquer, sans chercher le coup de génie. Mais ce serait mal connaître ces musiciens que de les croire comblés par le minimum syndical alors qu’ils sont capables de syncoper comme des damnés. « Devil’s Heart », idéalement placé en ligne médiane est d’une persuasion solide et efficace, avec ce tempo qui s’envole sur les ailes d’un MAIDEN dopé à l’énergie d’un ICED EARTH, sans aller jusqu’à chatouiller la corde sensible du Power Metal. Une basse très coulée permet de lubrifier les pignons, et l’ensemble dégage un parfum très prononcé de passion avouée, critère indispensable à tout ouvrage old-school digne de ce nom.

On sait les grecs rompus à l’exercice de l’hommage, et NIGHTKILL ne fait exception à aucune règle. Le groupe se montre passionnant, vivant, sincère et même tendre, lorsque les lumières se tamisent alors que le soleil commence à se réveiller (la superbe ballade « Don’t Give Up » qui aurait fait plier les charts il y fort longtemps).  

Sans forcément chercher à se distinguer de la masse des brocanteurs, le quintet athénien suit le cahier des charges, et s’en remet souvent à un soliste débridé pour animer des titres un peu trop posés et raisonnables. Ainsi, « Keeper of Faith » sonne comme du SCORPIONS fatigué, malgré ces accents à la double grosse caisse qui insufflent un peu de fantaisie.

« Never Surrender », au titre évident rétablit la barre et profite des courants porteurs pour augmenter ses nœuds. En chatouillant la poupe d’HELLOWEEN et PRIMAL FEAR, les grecs montrent qu’ils en ont sous le capot, et qu’ils sont capables de repartir plein pot. Et c’est après le médium et bien racé « Queen of the Damned » que le groupe part se reposer, certain du travail bien fait.

Mais alors, des qualités certes, mais des défauts ? Oui, comme dans tout exercice de ce genre, et des doigts pointés dans la même direction : riffs interchangeables, clichés assumés jusque dans les intitulés, poses un peu trop évidentes, mélodies redondantes, et impression d’avoir déjà entendu ça des centaines de fois. La foi à ceci de dangereux qu’elle occulte l’objectivité et le recul, et ne permet donc pas une autocritique nécessaire. Non que les NIGHTKILL portent en eux le germe fautif de cette contamination globale, mais ils n’en répandent pas moins le mal qui gangrène la production actuelle.

On peut même se dire parfois que le spectre de l’ancien STRYPER aimerait bénir ces psaumes. Sans doute est-ce dû à la voix extraordinaire de Theodor Martinis, qui sauve bien des batailles presque perdues d’avance. Agréable mais oubliable, ce premier album mérite une suite un peu plus culottée, pour prouver que les grecs ne sont pas que de simples faiseurs d’atelier clandestin.     

  

Titres de l’album :

01. Survive the Night

02. Lost Heaven

03. The Only One

04. Don’t Give Up

05. Devil’s Heart

06. Keeper of Faith

07. Never Surrender

08. Queen of the Damned


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par mortne2001 le 19/06/2025 à 17:04
78 %    84

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