Précisons s’il en est besoin que les suédois de WOMBBATH n’ont absolument rien à voir avec ce petit marsupial si souriant qu’est le wombat. Non, ils sont résolument beaucoup plus velus, beaucoup moins avenants, et surtout, beaucoup plus bruyants. Ceci étant dit, c’est plutôt une bonne chose quand on s’épanouit dans un Death Metal froid et barbare, la sympathie et la mignonitude n’étant pas vraiment des qualités dans le domaine. Et quatre ans après leur dernier hurlement, les résidents de Sala reviennent avec une belle bordée de massacres audio, pour contenter leur public de plus en plus chaud.
Depuis les années 90, le groupe n’a pas chômé. Si la première partie de l’aventure n’a débouché que sur un seul longue-durée, la reformation de 2014 a été des plus prolifiques. Six albums, des tournées, splits, EP’s et compilations, pour un parcours impeccable, et un investissement sans faille pour la cause Death. Jamais surpris, mais jamais déçu, tel pourrait être le leitmotiv de la fanbase, qui attend chaque nouveau commandement avec une foi en béton.
Ainsi, Beyond the Abyss vient nous caresser les oreilles, supporté par le label de Singapour. On y retrouve tous les ingrédients d’un barbecue géant, et surtout, une révélation frappée au coin du bon sens. Les WOMBBATH sont l’un des rares groupes suédois à ne pas jouer complètement suédois, mélangeant leur inspiration nordique avec le fiel d’un Death américain vraiment vilain. En appuyant sur la vélocité et la cruauté, le quintet (Håkan Stuvemark - guitare, Jonny Pettersson - guitare/chant, Thomas von Wachenfeldt - guitare, Matt Davidson - basse et le dernier venu Antti Silventoinen - batterie) conforte sa position de leader du passé toujours crédible dans le présent. Une formation qui pour ses quatre-cinquièmes se compose de musiciens enrôlés après le comeback de 2014, des entrées et sorties, des passes d’arme, mais toujours cette conviction magnifique d’accepter son rang pour atteindre des niveaux de qualité respectables.
Beyond the Abyss ne fait pas exception à cette règle immuable, et s’amuse même de son propre chaos. « Discord of Doom » est d’ailleurs une sorte de paroxysme dans la brutalité, avec ses chœurs diaboliques et ses petites trouvailles ludiques, sonorisant des enfers personnels peuplés de goules, de spectres peu recommandables et autres créatures de l’infini qu’on peine à discerner.
Aussi groovy qu’il n’est raide comme un piquet, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes, WOMBBATH parvient à combiner un classicisme hérité d’une décennie marquée par l’explosion du genre, et un sens de l’à-propos contemporain tout à fait délicieux, qui culmine sur la turbine à vapeur « Beyond the Abyss ». Enorme titre éponyme qui étale toutes les qualités en allant taper à la porte du Crust et du D-beat, les autres bêtes noires scandinaves, « Beyond the Abyss » est l’illustration la plus probante du talent énorme de ces gros bourrins qui ne se contentent pas de plaquer quelques riffs déformés par la HM-2. On sent l’inspiration initiale qui louchait sur la Floride, et même sur le BM norvégien naissant, et ce chaos très organisé nous entraîne dans sa propre chute, en glissant le long du précipice de l’horreur musicale absolue.
Intelligible, intelligent et pertinent, ce nouvel album est une entrée d’importance dans la discographie du groupe. La même assurance, la même confiance, et une manière très fine de contourner les règles restrictives de l’old-school, pour essayer des choses moins évidentes et autocentrées. Ainsi, « Malevolent » se traîne le long de son lourd spleen, et nous donne des idées noires, parfaites pour une époque gangrénée par le pessimisme.
Production classique, maelstrom de plans qui s’entrechoquent à une vitesse hallucinante, Beyond the Abyss est une continuité rassurante, et un rang tenu avec fierté. On n’attend pas forcément de miracle ni de révélation sur le chemin de Damas, mais juste la résurrection d’un Lazare remonté comme un angelot mauvais come une teigne, qui vitupère sous les cieux de sa condition de fils du bon Dieu.
Sauf qu’ici, Dieu a un visage tout à fait différent.
Il grimace d’effort, il se tord de remords, et exprime sa haine au travers d’un Metal incorruptible, inoxydable et irrécupérable (« Faces of Tragedy »). Le résultat est donc le même que d’habitude, avec une énergie renouvelée, et toujours ces pas de côté qui permettent quelques enjolivements malsains en diable. L’ambiance super poisseuse de « Deep Hunger » qui appuie sur les tempes en mode étau, avant d’exploser le crane d’une pression de quelques dizaines de bars.
On sait d’avance que le résultat sera à la hauteur des attentes, assez raisonnables toutefois. Mais les ambitions ne sont pas toutes restées coincées entre deux sessions, et le final dantesque de « Consumed by Fire » donne des envies de bûcher et de feu de joie, le bonnet sur la tête et la mine renfrognée. Si l’enfer a déjà été décrit avec plus d‘acuité et de fermeté dans les moyens, il trouve ici une illustration tout à fait honnête.
WOMBBATH ne change pas, et c’est rassurant. Les suédois continuent de creuser la tombe de l’humanité, tout en imaginant déjà l’apocalypse à venir, qu’ils prédisent depuis quelques décennies. Alors certes, ça ne vous rendra pas le sourire, certes, les wombats ne frapperont pas à votre porte avec ce minois si craquant, mais le réalisme à ceci d’important qu’il ne vous prend pas pour un gland.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Words Unspoken
03. A Symphony of Dread
04. Discord of Doom
05. Beyond the Abyss
06. Malevolent
07. Faces of Tragedy
08. Deep Hunger
09. The Damned and the Slain
10. Consumed by Fire
Très bon resumé, et même constat sur le groupe et la motivation des uns et des autres. Vous avez peut être oublié la qualité du son. Le mix et la balance étaient bon mais il serait bon de changer la sono qui a selon moi trop tourné.un e(...)
14/08/2025, 02:53
... Et voici que se profile un chaos ad tour aux US à partir de septembre !
11/08/2025, 15:37
Une fois mis mon côté vieux réac' dans la poche, et oublié les 2 ou 3 autres trucs négatifs, j'en profite pour donner mon sentiment sur les groupes (uniquement le samedi pour moi):- Le temps de quitter le taf et de faire la route, pas vu THEOREM.(...)
09/08/2025, 22:37
"Les enfants sont toujours là, les couples sont venus attachés et en famille".C'est une des choses qui m'ont déplu: les 2 gamines devant. On voit de plus en plus de personnes emmener leur gosses à des concerts de Metal, Punk ou Hardc(...)
09/08/2025, 22:33
Jus de cadavre, c'est évidemment une excellente nouvelle, mais pour moi, la news de l'année pourrait être l'éventuelle reformation de Kyuss (en tout cas la rumeur est lancée)
07/08/2025, 18:15
C'est bon ça ! Et une tournée dans la foulée svp , cela fait plus de 10 ans que je les ai vu . En même temps ils sont tellement rare qu’ils passent uniquement au Hellfest de temps en temps
07/08/2025, 17:52
ça a intérêt d'être meilleur que le 3 et les deux EP, depuis le temps qu'on attend du nouveau, surtout avec le retour de Kirk Windstein.
07/08/2025, 12:26
En effet, mais le groupe les considèrent comme des EPs je crois... Enfin bref ça reste la news de l'année quoi qu'il en soit.
07/08/2025, 11:35
Au début j'ai hésité à y aller, éprouvant plus d'intérêt pour Nailbomb que pour Soulfly. Puis quand j'ai vu que ce serait Max et son orchestre sans Newport, ça m'a coupé l'envie.Sepultura ayan(...)
07/08/2025, 11:35
Non, il fera suite à Down IV, sorti en deux parties, respectivement en 2012 et 2014...
07/08/2025, 11:06
"il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte."Aucun doute là dessus oui. Je pense même sans rire qu'un calendrier de tournée / de fest / d'un nouvel album est déjà prêt.
06/08/2025, 15:35
Cavalera est un charognard, pas étonnant qu'il ressorte Nailbomb du placard. Je suis sûr qu'il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte.
05/08/2025, 21:18
@Gargan : Merci pour les précisions quant aux deux dealers de galettes qui méritaient de voir leur nom affiché, ainsi que pour l'origine de la bière que je n'ai pas goûtée, mais que mon comparse Manu semble avoir appréciée.
05/08/2025, 17:33
Petites précisions : le sekhmet existe toujours mais le gérant a changé depuis quelques mois et le métal n'y a plus vraiment sa place. Ce fest est donc une belle continuité ! La bière servie (excellente !) venait de la microbrasserie Arcatos, cr&eacu(...)
05/08/2025, 14:39
Marrant de retrouver un vieux commentaire, dans la foulée acheté le disque puis celui d'avant, tout aussi excellent.Je viens juste de voir qu'un nouvel album était sorti fin juin, et, sans surprise, c'est encore une réussite.
05/08/2025, 13:20
Il est impossible que j'aie grossi. J'oubliais de signaler que Robert Plant aussi est venu cette ann&(...)
04/08/2025, 14:50
1) "Donc il n'y a pas de son dégueulasse ou pas en fait. C'est à juger au cas par cas"Bien évidement que quelquefois cela dépend de l'endroit où on se situe en salle...Mais si les 3/4 des gens présents et ce à(...)
04/08/2025, 08:36