Il y a des soirées qui s’annoncent bonnes, avant même qu’elles ne soient commencées. Appelez-ça le feeling, un concours de circonstances ou une certitude née d’une foi à toute épreuve ; peu importe : ce mercredi soir allait-être un sacré moment, en compagnie d’un des artistes les plus attachants de la sphère Heavy Metal. Le Crossroad nous a conviés ce soir non à une messe, encore moins à une célébration, mais à une union. Celle qui lie un artiste à son public, et qui ne s’effrite pas avec les années. Mieux, qui se renforce. Mais comment qualifier ce sentiment que l’on éprouve pour Blaze BAYLEY, à moins de parler d’amour, d’une certaine façon ? Un amour artistique évidemment, mais aussi humain. L’homme est réputé pour être simple et humble, et ce concert va encore servir de preuve à charge dans le dossier de l’ancien WOLFSBANE.
La salle chérie d’Angoulins nous a même réservé une grosse surprise : une heure de meet and greet avec le chanteur anglais, durant laquelle les fans se précipiteront au merch pour acheter ce qu’ils ont oublié à l’époque, et où les die-hard se presseront pour obtenir ce petit graffiti sur leur collection (Gene Simmons a même envoyé un sms à Blaze : « you do it for free ????, Gee… »). Je croise d’ailleurs l’un de ces fidèles sur la terrasse, qui de son entrain me rend encore plus joyeux. L’homme me parle des concerts auxquels il a assisté, qu’ils furent avec IRON MAIDEN ou simplement le bonhomme en solo. Je vois dans son regard le feu sacré qui brûle la rétine de tous les fans de Heavy Metal qui détestent qu’on les toise ou qu’on les prenne de trop haut. Suite à cette petite conversation, mes certitudes n’en sont que plus pétries : Blaze va tout cramer, avec cette bonhommie qu’on lui connaît.
Mais avant de plonger dans la lave en fusion, frottons-nous à l’acier en action. En première partie de ce concert, nous retrouvons les grenoblois de STAR RIDER. Un nom qui se fait connaître dans toute la France, suite à la parution d’un premier album plutôt costaud. Les cinq musiciens, restés bloqués dans la première moitié des années 80 investissent la scène, le sourire aux lèvres, le look passéiste, la chevelure abondante, et le geste fluide. Les cinq complices savent qu’ils ont une bonne carte à jouer, et la jouent crânement, sans en faire trop, mais sans non plus s’éclipser devant le poids de la réputation de leur hôte. D’ailleurs, ils prononceront son nom plusieurs fois durant leur set, ce qui en dit long sur leur respect.
Mais pour le moment, il est à eux. Alors, fort de cet Outta Time qui a plu aux critiques comme au public, STAR RIDER joue avec l’audience, immédiatement conquise par cette fougue juvénile et ces morceaux fastueux. Pas question de proposer de la retape à trois sous, la nostalgie des grenoblois est fière et étincelante. Dans un registre de Heavy heureux et copieux, ces jeunes gens nous en donnent pour notre argent, en modulant évidemment leur registre. Quelques accès Speed, une petite touche de Power Metal, et la sensation pas désagréable de retrouver l’esprit des concerts Piranha Décibels des années 80. Et Dominique, fermement installé face à la scène ne me contredira pas, tant son plaisir dégouline sur les barrières de protection.
La performance est non seulement plaisante, mais aussi professionnelle. La gestuelle, les poses, le regard féroce et les poings levés font monter la pression, que le public ne peut évacuer qu’en donnant du gosier. Pendant trois-quarts d’heure, STAR RIDER fait honneur à son rang, et malgré ce que certains appelleront de la facilité (j’ai déjà abondamment parlé de cette mouvance old-school dans bon nombre de mes chroniques), le quintet mouille le maillot, et ne nous prend pas pour des idiots. Un Metal de fête, un Heavy de tête, pas encore d’affiche, mais bon sang ne saurait mentir : ces gars-là ont ça dans le sang, et vont devenir une référence.
Break, rencontre qui fait très plaisir avec un familier de Metalnews, discussion très sympathique, soda, cigarette électronique, tour d’horizon de la faune cuirée et patchée, et une ambiance familiale qui rappelle que parfois, le monde du Metal peut s’unir, pour peu que la bonne bannière soit tendue. Laquelle ? Mais enfin vous n’êtes pas sérieux…
Celle de Blaze BAYLEY et de son groupe, ossature d’ABSOLVA qui accompagne le leader avec une ferveur qui les honore. Si Blaze a déjà abondement conversé avec son public, celui-ci découvre un backing-band diabolique, qui n’a pas l’intention de faire de la figuration. Les trois musiciens en ont dans le bide, et transpirent à grosses gouttes pour donner corps à cette setlist, orientée évidemment comme le précise son intitulé. Car le concert de ce soir n’est pas une manifestation musicale lambda, mais bien un anniversaire très spécial, celui du premier album solo de Blaze, Silicon Messiah.
C’était hier, en l’an 2000. Ce bug qu’on craignait, ces mugs qu’on essuyait, cette nouvelle décennie qu’on affrontait. Après un passage en demi-teinte dans les rangs du monstre sacré IRON MAIDEN, Blaze partait en solitaire, armé d’une seule intention : jouer ce Heavy Metal qu’il a toujours défendu corps et âme. Il en parlera d’ailleurs sur scène, évoquant ces années de vache maigre durant lesquelles cet album pourtant séminal n’obtint aucun succès commercial. Avec son parfum MAIDEN très prononcé, Silicon Messiah incarnait pourtant la passion d’un musicien pour un style, et l’assertion de ses capacités individuelles, après ses débuts dans WOLFSBANE et sa doublette studio sur The X Factor et Virtual XI.
Mais fi de MAIDEN, ce soir, on parle de BAYLEY, l’homme, son œuvre, et son attitude. SI le pas de deux reste toujours aussi gracile qu’une pelleteuse dans une galerie d’art, l’investissement est toujours aussi intense, et la musique aussi dense. Pour ce vingt-cinquième anniversaire, Blaze a choisi de balancer l’intégralité de Silicon Messiah à ses fans, contre une seule chose : une participation proportionnelle, et des visages en couleur de ciel. Le public, trop heureux d’obliger, se lance alors dans un marathon de plus de deux heures, durant lesquelles l’anglais récitera ses leçons, en se montrant évidemment allusif à son dernier album, sorti l’année dernière, mais aussi en arrosant de quelques titres de MAIDEN et en semant quelques reprises bien senties.
Bien loin d’un culte voué aux gémonies d’un leader egocentrique et méprisant, un concert de Blaze est un moment de partage en toute simplicité. Le chanteur est l’antistar par excellence, ce mec que vous pourriez croiser dans la rue et qui deviserait avec vous de choses et d’autres. S’exprimant régulièrement dans un français chaleureux pour remercier le public d’être au rendez-vous, Blaze profite aussi de cette tribune pour livrer ses opinions sur des sujets divers, dont cette autoproduction qui lui permet de rester indépendant loin des labels et autres machines voraces et bouffeuses de pognon. On ne peut qu’éprouver de la sympathie pour un artiste qui a toujours su garder son public au centre de ses préoccupations, et il est évidemment impossible de remettre en doute sa parole : il est heureux d’être ici, même si, comme il le souligne, le public le rend complètement dingue…de Metal.
Alors, il sert, il apporte sur un plateau, et nous présente un festin de roi, avec des classiques, des nouveautés et encore des classiques. Ses musiciens, totalement investis arpentent la scène comme des fauves, alors que le maestro revêt son costume de conteur et adopte ses mimiques si caractéristiques. Il vit sa musique, et les fans ne s’y trompent pas : l’amour est réciproque, et le son, presque parfait (mention spéciale pour la basse qui claque). Cette fête ininterrompue et totalement sincère nous rappelle que parfois, l’espace de quelques heures, nous pouvons oublier les heurts, les catastrophes et autres injustices de la vie, pour s’unir à un artiste hors-norme qui n’a jamais triché ni fait semblant. Et un simple coup d’œil à la salle suffit à comprendre que Blaze BAYLEY a donné ce soir autant qu’il a reçu. Un échange de bons procédés qui pourrait éduquer certaines « vedettes » qui prennent souvent leur troupeau pour des moutons à tondre.
La nuit est tombée, mais la musique est toujours là. C’était a Blaze in the French Sky ce soir. Pas un Metal noir, mais une lumière qui guide dans la pénombre comme l’étoile du Berger.
Merci pour ce super report ! J'étais présent et c'était un vrai moment de partage et de communion avec cet artiste qui est toujours aussi généreux dans ses prestations. C'est un vrai plaisir de le voir sur scène à chaque fois. Et mention spéciale à Star Raider qui nous a gratifié d'un bon set et a bientôt chauffé la salle
Pas grand chose à ajouter, tout a été dit! Un beau moment de métal ! Et le fait d’avoir perdu un membre pour BB ne semble pas avoir affecté l’ensemble (un des deux frangins Appleton est donc passé à la basse, qu’il manie aussi bien aux doigts qu’au pick). Ah, si un truc, rarement vu un batteur avec un visage aussi rouge, on aurait un homard en fin de cuisson (doit pas boire que du cidre le gars…)
J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.
Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.
La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters... Un esprit underground, proche du public malgré l'histoire du bonhomme et ses plus de 40 ans de carrière!
Et en bonus, une très bonne première partie. Top!
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44