Et c’est après une longue intro que les norvégiens de CHAIN HOME commencent à s’excuser de leur absence. Pensez-donc, sept ans sans donner de nouvelles, il y a de quoi tirer un peu la tronche et attendre des explications. D’autant qu’Instincts était bien salé, huilé, brutal et bien emballé. En 2018, ce quatuor de Fredrikstad s’était annoncé non avec tambours et trompettes, mais avec guitares et grosse caisse, via une poignée de morceaux en convergence de plusieurs genres. Aujourd’hui encore, les sites référentiels peinent à catégoriser la bande. On parle de Thrash, de Metal progressif, et la réponse juste se situe pile entre les deux. Alors…
…Thrash progressif ?
Quelque chose comme ça, mais pas seulement. Parce que les marsouins s’y entendent comme personne pour fouiller les tiroirs des copains, et en piquer quelques plans Beatdown et autres fantaisies de Metal extrême. Et une fois cette superbe intro passée, les débats rentrent dans le vif du sujet, par le truchement d’un des riffs les plus redondants de ces quinze dernières années. « Burn » aborde les choses sous leur angle le plus brutal, et réconcilie le MACHINE HEAD des jeunes années et l’EXTOL le plus osé. Une pincée de MORTAL SIN pour aller bon train, et en moins de dix minutes, les reproches sont remisés dans le cagibi, et les attentes comblées.
Fredrik Olsson (basse), Amund Johansen (batterie), Morten Haugen (guitare) et William Johansen - guitare/chant) ont ce petit quelque chose que la concurrence n’a pas forcément. Un sens du groove très aiguisé, qui se met au service d’une inspiration aérée. Ainsi, « Free » s’amuse beaucoup de sa ressemblance avec l’ARMORED SAINT le plus récent, tout en gardant un œil sur TESTAMENT et MEGADETH, histoire de bien planter le décor californien.
Efficace et malin, Chaos contourne le sens de son titre en s‘épanouissant dans la précision et l’ordre. Pas question de sombrer dans les travers du Thrash old-school pour en ressortir un peu honteux de la copie, l’ordre du jour étant beaucoup plus exigeant. Le son est donc très propre, l’attitude clean, et le rendu d’une minutie assez incroyable. On insistera donc sur la notion de Metal progressif, à peine surgonflé d’une petite touche de Thrash lors de passages plus drus et ventrus. « Martyr » souligne que les options sont plus nettes et ambitieuses qu’une simple repompe de WATCHTOWER ou SIEGES EVEN, mais surtout, plus accessibles pour le plus grand nombre qui ne cherche pas forcément à être bousculé violemment et de façon erratique.
Constellé de petites trouvailles rythmiques que MESHUGGAH aimait employer sur ses deux premiers albums, Chaos est un manifeste d’intelligence qui emprunte à l’école suédoise son obsession du décalage. En choisissant de s’exprimer sur des durées allongées, le quatuor se permet des idées très intéressantes, comme cette amorce délicate sur le tortueux « The Promise ». Entre Heavy plombé et Metal plus délié, CHAIN HOME brise les chaînes qui le retiennent à la tradition norvégienne en matière de violence, pour mieux décrire un univers ambivalent, entre froideur clinique et chaleur humaine. Via l’utilisation assez régulière d‘un chant clair doublé par une basse mutine, le groupe évite les lieux communs et les poncifs, et parvient même à ne pas paraître plus pédant et élitiste qu’il ne l’est vraiment.
Contrairement au METALLICA de la seconde moitié des années 80, qui développait plusieurs thèmes s’imbriquant avec logique, CHAIN HOME se concentre sur un motif qu’il noue et dénoue pour lui faire adopter des nœuds étranges, avant de le raidir à nouveau, à la manière des jazzmen qui naviguaient à vue sur une idée vague pour partir en improvisation. Mais ici, le hasard n’a pas droit de cité, et la précision est de mise : les notes, les riffs, les boucles de basse sont agencés dans un ordre qui n’a rien d’aléatoire, et le puzzle final révèle un panorama encore plus vaste que ses pièces ne le laissaient supposer.
Sans aller parler de chef d’œuvre absolu, autant dire que ce deuxième chapitre est rempli de surprises. Des propositions plus franches, comme sur « Acid », agressif en diable, ou « Retrospect » qui brise le quatrième mur et s’adresse à nous avec éloquence et déférence.
Ce type de morceau est évidemment l’apanage des groupes qui ont envie d’aller beaucoup plus loin qu’une simple nostalgie de rigueur. Si celle guidant sur la piste d’un Heavy évolutif est respectée, les règles sont parfois contournées par des dissonances, des déviances un peu acides, et surtout, par la fantaisie d’un batteur qui ne s’en laisse pas conter. Amund Johansen souligne la complexité occasionnelle d’une fluidité de baguettes assez bluffante, transcendant l’instrumental de sa folie douce pour rappeler DEATH ANGEL, DOOM et autres représentants d’un underground technique.
Parfois à la limite du Post Metal, CHAIN HOME sait rester pragmatique et plus simplement énergique. Pas question de s’extasier sur une idée supposément mirifique pendant cinq minutes, la concision devant rester imperméable aux envies les plus faciles.
C’est sans doute pour cette raison que « The Butcher » sort les crocs, et les plante dans les jambes pour mériter cette appellation Thrash si discutée. Bombant le torse, saccadant les riffs à outrance avant de partir en rogne comme un ANNIHILATOR bien énervé, « The Butcher » est le seul insert direct de cet album qui préfère les métaphores et autres explications détaillées.
Chaos synthétise ses références pour se déguiser en METALLICA moderne qui continue de faire les poches aux riches en mode Robin Hood. Alors que la californiens font du surplace en s’auto-citant en permanence, les norvégiens se souviennent de leur façon de composer pour peaufiner de véritables chansons, quelque part entre Master of Puppets et le Black Album.
C’est un point de vue très personnel, mais qui en vaut un autre.
Titres de l’album :
01. Dawn
02. Burn
03. Free
04. Martyr
05. The Promise
06. Acid
07. Retrospect
08. The Butcher
09. Chaos
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36