Chaos

Chain Home

20/04/2025

Autoproduction

Et c’est après une longue intro que les norvégiens de CHAIN HOME commencent à s’excuser de leur absence. Pensez-donc, sept ans sans donner de nouvelles, il y a de quoi tirer un peu la tronche et attendre des explications. D’autant qu’Instincts était bien salé, huilé, brutal et bien emballé. En 2018, ce quatuor de Fredrikstad s’était annoncé non avec tambours et trompettes, mais avec guitares et grosse caisse, via une poignée de morceaux en convergence de plusieurs genres. Aujourd’hui encore, les sites référentiels peinent à catégoriser la bande. On parle de Thrash, de Metal progressif, et la réponse juste se situe pile entre les deux. Alors…

…Thrash progressif ?

Quelque chose comme ça, mais pas seulement. Parce que les marsouins s’y entendent comme personne pour fouiller les tiroirs des copains, et en piquer quelques plans Beatdown et autres fantaisies de Metal extrême. Et une fois cette superbe intro passée, les débats rentrent dans le vif du sujet, par le truchement d’un des riffs les plus redondants de ces quinze dernières années. « Burn » aborde les choses sous leur angle le plus brutal, et réconcilie le MACHINE HEAD des jeunes années et l’EXTOL le plus osé. Une pincée de MORTAL SIN pour aller bon train, et en moins de dix minutes, les reproches sont remisés dans le cagibi, et les attentes comblées.

Fredrik Olsson (basse), Amund Johansen (batterie), Morten Haugen (guitare) et William Johansen - guitare/chant) ont ce petit quelque chose que la concurrence n’a pas forcément. Un sens du groove très aiguisé, qui se met au service d’une inspiration aérée. Ainsi, « Free » s’amuse beaucoup de sa ressemblance avec l’ARMORED SAINT le plus récent, tout en gardant un œil sur TESTAMENT et MEGADETH, histoire de bien planter le décor californien.

Efficace et malin, Chaos contourne le sens de son titre en s‘épanouissant dans la précision et l’ordre. Pas question de sombrer dans les travers du Thrash old-school pour en ressortir un peu honteux de la copie, l’ordre du jour étant beaucoup plus exigeant. Le son est donc très propre, l’attitude clean, et le rendu d’une minutie assez incroyable. On insistera donc sur la notion de Metal progressif, à peine surgonflé d’une petite touche de Thrash lors de passages plus drus et ventrus. « Martyr » souligne que les options sont plus nettes et ambitieuses qu’une simple repompe de WATCHTOWER ou SIEGES EVEN, mais surtout, plus accessibles pour le plus grand nombre qui ne cherche pas forcément à être bousculé violemment et de façon erratique.

Constellé de petites trouvailles rythmiques que MESHUGGAH aimait employer sur ses deux premiers albums, Chaos est un manifeste d’intelligence qui emprunte à l’école suédoise son obsession du décalage. En choisissant de s’exprimer sur des durées allongées, le quatuor se permet des idées très intéressantes, comme cette amorce délicate sur le tortueux « The Promise ». Entre Heavy plombé et Metal plus délié, CHAIN HOME brise les chaînes qui le retiennent à la tradition norvégienne en matière de violence, pour mieux décrire un univers ambivalent, entre froideur clinique et chaleur humaine. Via l’utilisation assez régulière d‘un chant clair doublé par une basse mutine, le groupe évite les lieux communs et les poncifs, et parvient même à ne pas paraître plus pédant et élitiste qu’il ne l’est vraiment.

Contrairement au METALLICA de la seconde moitié des années 80, qui développait plusieurs thèmes s’imbriquant avec logique, CHAIN HOME se concentre sur un motif qu’il noue et dénoue pour lui faire adopter des nœuds étranges, avant de le raidir à nouveau, à la manière des jazzmen qui naviguaient à vue sur une idée vague pour partir en improvisation. Mais ici, le hasard n’a pas droit de cité, et la précision est de mise : les notes, les riffs, les boucles de basse sont agencés dans un ordre qui n’a rien d’aléatoire, et le puzzle final révèle un panorama encore plus vaste que ses pièces ne le laissaient supposer.

Sans aller parler de chef d’œuvre absolu, autant dire que ce deuxième chapitre est rempli de surprises. Des propositions plus franches, comme sur « Acid », agressif en diable, ou « Retrospect » qui brise le quatrième mur et s’adresse à nous avec éloquence et déférence.

Ce type de morceau est évidemment l’apanage des groupes qui ont envie d’aller beaucoup plus loin qu’une simple nostalgie de rigueur. Si celle guidant sur la piste d’un Heavy évolutif est respectée, les règles sont parfois contournées par des dissonances, des déviances un peu acides, et surtout, par la fantaisie d’un batteur qui ne s’en laisse pas conter. Amund Johansen souligne la complexité occasionnelle d’une fluidité de baguettes assez bluffante, transcendant l’instrumental de sa folie douce pour rappeler DEATH ANGEL, DOOM et autres représentants d’un underground technique.

Parfois à la limite du Post Metal, CHAIN HOME sait rester pragmatique et plus simplement énergique. Pas question de s’extasier sur une idée supposément mirifique pendant cinq minutes, la concision devant rester imperméable aux envies les plus faciles.

C’est sans doute pour cette raison que « The Butcher » sort les crocs, et les plante dans les jambes pour mériter cette appellation Thrash si discutée. Bombant le torse, saccadant les riffs à outrance avant de partir en rogne comme un ANNIHILATOR bien énervé, « The Butcher » est le seul insert direct de cet album qui préfère les métaphores et autres explications détaillées.

Chaos synthétise ses références pour se déguiser en METALLICA moderne qui continue de faire les poches aux riches en mode Robin Hood. Alors que la californiens font du surplace en s’auto-citant en permanence, les norvégiens se souviennent de leur façon de composer pour peaufiner de véritables chansons, quelque part entre Master of Puppets et le Black Album.

C’est un point de vue très personnel, mais qui en vaut un autre.    

 

Titres de l’album :

01. Dawn

02. Burn

03. Free

04. Martyr

05. The Promise

06. Acid

07. Retrospect

08. The Butcher

09. Chaos


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par mortne2001 le 20/06/2025 à 17:45
82 %    72
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