Il y a un an et demi, je faisais connaissance avec l’une des créatures les plus hideuses de l’underground US, découvrant son monde Lovecraftien avec une admiration teintée de terreur. Sortant des abysses de notre si chère Bay-Area, région Thrash par excellence, ULTHAR piétinait le monde de ses gigantesques empruntes Black/Death, et se révélait sous son visage le plus atroce et déformé. On sait que le Black/Death, ou Blackened Death selon les options est l’un des genres les plus risqués de l’extrême, cédant parfois sous les coups de boutoirs de l’ultraviolence et perdant l’équilibre. Pourtant, la formation californienne parvenait alors avec Cosmovore à trouver un juste milieu que les musiciens avaient mis quatre ans à peaufiner. Nous étions donc relativement nombreux à attendre la suite du massacre annoncé, et c’est encore une fois sous un artwork sublime que la révélation cruelle se présente, via Providence, qui n’en a que de nom, à moins d’être un sociopathe déclaré. Continuant sur sa lancée, le trio (Shelby Lermo - guitare/chant (VASTUM, EXTREMITY), Justin Ennis - batterie (VOID OMNIA, RUINE, ex-MUTILATION RITES, ex-TOMBS), et Steve Peacock - basse/chant (MASTERY, PANDISCORDIAN NECROGENESIS)) confirme ses positions, et se voit toujours soutenu par le label national 20 Buck Spin qui à mon avis a dû miser plus de vingt billets sur l’opération. Sans diluer leur bestialité dans une technicité affirmée, le combo a toutefois ciselé son approche pour la rendre encore plus vicieuse et effective. C’est ainsi qu’on retrouve ces embardées rythmiques atomiques, ces litanies vocales possédées, ces interludes grondants et inquiétants, et ces plages lourdes et oppressantes. Devenant de plus en plus précis dans la démesure et la démence instrumentale, le groupe charcle sans pitié, mais avec beaucoup de sadisme pour laisser nos oreilles dans le même état que notre âme, en cette époque troublée. C’est ainsi que ce second volet ne vous laissera pas plus d’illusions sur l’état d’un monde moribond, mais vous offrira un lot de démonstrations de vilénie musicale hors normes.
En condensant tout ce que l’extrême compte de plus laid et méchant, ULTHAR se pose en tornade sonore chirurgicale, bien loin des exactions les plus sud-américaines du genre. En associant la perfection cauchemardesque d’un MORBID ANGEL, la grandiloquence d’un EMPEROR, et l’efficacité brute d’un BLOOD INCANTATION, sans renier les expérimentations si chères à DEMILICH, Providence catapulte un nombre impressionnant d’idées toutes plus néfastes les unes que les autres, trouvant parfois un paroxysme dans la violence sur des breaks hallucinants de bestialité. Ainsi, celui de « Through Downward Dynastie », entonné à deux voix d’outre-tombe tranche avec l’énergie concentrique du reste du morceau, qui lui se rapproche d’un Technical Death démoniaque et lapidaire. Toujours dotés d’un son impeccable, les américains osent donc aller encore plus loin avec ce second tome, et nous assomment d’une symphonie d’outrance incroyable de flair. Entamant sournoisement leur périple par le titre le plus brutal et épidermique de leur nouveau répertoire, les californiens nous font mordre à l’appât de l’immédiateté pour mieux nous accrocher ensuite à l’hameçon de la complexité rythmique et mélodique. Creuser simple pour enterrer compliqué est donc leur devise, et dès « Undying Spear », les réels motifs se dessinent au son d’une guitare acoustique ibère, avant que les enfers ne s’abattent sur nous sans aucune complaisance.
On retrouve donc avec un plaisir masochiste cette gigantesque guitare qui se partage entre riffs énormes et mélodies tournoyantes, cette batterie qui égrène ses blasts avec jouissance, et cette basse enterrée dans le mix qui en ressort à intervalles réguliers pour piquer le dos rond comme un sale scorpion. En louvoyant constamment entre BM de tradition et Death progressif et précieux, le groupe sait exactement ce qu’il fait et ne perd jamais le cap, nous entraînant dans le sillage d’un pèlerinage entre la Suède et la Californie. Semblant repousser à chaque instant les limites de l’atrocité, le combo ne recule devant aucune astuce pour nous mettre à genoux, venant sans vergogne piller les coffres du Death le plus historique pour y puiser son venin mortel. Avec « Providence », title-track comme on en fait peu, ULTHAR fait étalage de ses capacités, et construit le pont le plus solide entre Death et Black, unissant sous une lune noire DARKTHRONE et SUFFOCATION. Loin d’un lo-fi enregistré dans une cave, Providence est une œuvre ambitieuse, certes vénéneuse, mais au caractère létal délicieux en veines. Laissant de temps à autres traîner une intro glauque pour nous coller encore plus les foies, les trois démons agencent leur travail avec beaucoup de pertinence pour ne pas sombrer dans l’agression gratuite et excessive. Chaque plan est justifié, qu’il soit mauvais comme la teigne ou aguicheur comme un succube en rut. Et si parfois la lourdeur parvient à se faire une place, elle doit toujours céder sous l’emportement d’une séquence hystérique, comme le démontre « Through Downward Dynastie », poisseux comme le chibre de Lucifer après un coït non consentant. Avec cette guitare qui plaque, qui déploie, qui tournoie, et qui sème ses litanies comme une pluie acide, Providence repose sur des instincts primaires sublimés d’une intelligence effective. Certes, quelques tronçons se collent plus au BM qu’un tic sur le dos d’un chien mort (« Cudgel »), mais le Death n’est jamais laissé loin derrière, et vient accentuer cette impression de débauche permanente.
Sous ses airs de partie fine dans une morgue abandonnée, Providence est tout sauf trivial, et révèle ses mauvaises intentions avec une pertinence rare. Ce qui l’est aussi, c’est cette façon de garder l’intensité au maximum de son potentiel sans se répéter, traînant parfois les pieds dans une flaque de boue Death pour mieux s’ébrouer soudainement d’un hurlement BM. Mais avec ses trente-six minutes au compteur, ce deuxième LP fait preuve d’une parcimonie qui le rend encore plus dangereux, puisque non roboratif. Et si « Humanoid Knot » en fermeture penche du côté Death scandinave où il risque de sombrer, l’ensemble respecte l’équité entre les deux styles, et va forcément obliger certains groupes à revoir leurs classiques. Et peut-être qu’à force de regarder l’abime, vous allez le devenir. Faites attention.
Titres de l’album :
01. Churn
02. Undying Spear
03. Providence
04. Through Downward Dynastie
05. Cudgel
06. Furnace Hibernation
07. Narcissus Drowning
08. Humanoid Knot
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03/07/2025, 16:47
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