Une dystopie digitale, la thématique n’est pas inintéressante en soi. Après tout, si Internet nous donne une impression de liberté totale, le concept n’en reste pas moins sujet à caution, spécialement depuis la découverte de la rétention/redistribution des données, du contrôle effectif, ou de la multiplication des fake news. La question étant, la toile est-elle encore cet oasis de liberté que ses concepteurs se plaisaient à décrire il y a quelques années, où n’est-elle devenue qu’une prison mentale de plus, une dictature indirecte nous contrôlant, nous obligeant à passer des heures sur les réseaux sociaux, à ingurgiter en messages pas si subliminaux que ça des publicités nous incitant à toujours plus consommer, nous laisser rêver à une liberté d’expression factice induite par des possibilités d’interaction factices ? La question mérite d’être posée à l’heure où l’aspect privé de nos données ne l’est plus tant que ça, et où une fausse vérité/véritable calomnie devient virale en quelques nanosecondes…C’est en tout cas la problématique choisie par les australiens d’ESPIONAGE pour habiller leur premier album d’un costume énigmatique, alors même que leur musique joue plutôt la franchise depuis leurs origines. De ce côté-là, les choses sont beaucoup plus simples, et les fans d’un Heavy Metal pur et racé ne se sentiront pas lésés par un groupe qui prône l’exubérance, l’expressionisme à outrance, et qui revendique le parrainage d’influences classiques sans cacher son (beau) jeu. Dire que ce quatuor (Andrew Morris – basse/chant, Denis Sudzuka – guitare/chœurs, Matt Carroll – guitare/chœurs et James Shelverton – batterie) en rajoute des tonnes pour se faire remarquer est un doux euphémisme, et la somme de références placée sur leur page Facebook en dit long sur leurs ambitions. HELLOWEEN, JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN, RIOT, GRIM REAPER, SCANNER, RAVEN, DOKKEN, QUEENSRYCHE, ACCEPT, KING DIAMOND, CRIMSON GLORY, MEGADETH, WASP, SAVATAGE, DIO, X JAPAN, PRIMAL FEAR, EUROPE, GAMMA RAY, GARY MOORE, LOUDNESS, VICIOUS RUMORS, CHROMING ROSE, FATES WARNING ou CACOPHONY, tels sont les noms jetés en pâture pour nous aiguiller, et autant dire que la proverbiale aiguille n’est justement pas cachée dans une meule de foin.
True Metal ? En quelque sorte, mais sans le côté le plus putassier du genre, que les ESPIONAGE évitent avec un certain flair sur ce premier album Digital Dystopia. Faisant suite à deux excellents EP, Espionage en 2015 et Wings Of Thunder en 2016, ce premier longue-durée vient donc sanctionner une dense campagne live qui a vu le groupe monopoliser les scènes australes nationales, et qui les a établis en tant que valeur très sure de la scène locale. Mais il faut dire qu’en comptant dans ses rangs un guitariste organisateur du festival Legions of Steel, le combo en question avait toutes les chances de se faire remarquer, ce qui arriva évidemment, mais pas seulement pour les raisons pratiques auxquelles on pense. Et en tant que réfractaire générique à la cause, je pense être le plus à même de juger objectivement la musique des australiens, qui possède ce lyrisme flamboyant irrésistible qui parvient même à convaincre ses plus farouches opposants. Car loin de se contenter d’un recyclage habile de recettes déjà méchamment éprouvées par des egocentriques en mal de reconnaissance, ESPIONAGE parvient toujours à transformer les clichés en moments de bravoure, à l’image du Power nippon qui dispose toujours d’un gimmick idoine pour s’extirper de la masse des suiveurs. Le tout est éminemment cinématique, grandiloquent, mais artistiquement viable, et les morceaux déroulent comme à la parade, faisant le beau jeu d’un shredding démonstratif, mais parfaitement intégré à la démesure d’ensemble. Et si les images comparatives font plus qu’effleurer la surface de la mémoire, il convient d’y voir un hommage pas du tout déguisé aux plus grands héros plutôt qu’une appropriation maladroite de leurs talents. Car les australiens n’en manquent pas, tant individuellement que collectivement. Constitué d’un line-up de fins techniciens, le quartet ne se repose pas uniquement sur les capacités instrumentales pour épater, et a pris la peine de composer de véritables chansons, qui doivent autant à la musculature des MANOWAR qu’à la précision métallique des JUDAS PRIEST, tout en récitant avec application les leçons apprises de l’école Speed allemande des années 80/90.
Inutile de dire que l’ambiance n’est pas à la retenue, mais bien au crossover velu entre Heavy étincelant, Speed mordant, et Power chatoyant. Les chromes sont polis, la machine tourne à plein régime, mais les structures sont soutenues par des harmonies bien troussées et trouvées, et par des interventions personnelles toujours pertinentes et créatives. Véritable feu d’artifice de testostérone, Digital Dystopia en fait beaucoup, mais jamais plus, et c’est bien cette contradiction qui fait la force d’une œuvre résolument à part. Mais à vrai dire, tout est dit ou presque sur l’ouverture tonitruante « Enter The Arena », qui se présente comme un blockbuster pour les oreilles, et qui distille des interventions de guitare assez impressionnantes. Il serait facile de voir en ce premier LP un démarcage à peine caché du Digital Dictators de VICIOUS RUMORS, tant les thématiques et les choix sont similaires. Soli qui crament l’asphalte, chant incroyablement puissant d’Andrew Morris (sorte de croisement entre Ralf Scheepers et Carl Albert), rythmique puissante dans la plus grande tradition HELLOWEEN/JUDAS PRIEST de l’époque Scott Travis, pour un résultat qui comblera d’aise tous les fans d’un Heavy Metal de grande classe, un peu tape à l’œil, mais attachant dans le fond. Les plus attentifs se délecteront du petit jeu des références, entre un « At Lightspeed We Strike » mixant le ICED EARTH le plus accessible au LOUDNESS le plus intrépide, un « Nightmare Approaches » très proche justement d’un PRIMAL FEAR en pleine opération séduction KING DIAMOND, un gigantesque « Digital Dystopia » digne du dytique Hyper Trace / Terminal Earth de SCANNER, arrangements synthétiques d’intro en cadeau bonus, un « Haunting Horror » calé sur les ambiances les plus nuancées d’un improbable duo QUEENRYCHE/SAVATAGE ou un « Hellfire » estampillé GAMMA RAY/ACCEPT, et admettront que les élèves australiens ont bien retenu les enseignements européens et américains.
Mais beaucoup plus qu’un simple jeu de piste ludique, Digital Dystopia n’est rien de moins qu’un extraordinaire album de Circus Metal. Un cirque digital qui propose des numéros tous aussi impressionnants les uns que les autres, mais qui a su garder dimension humaine pour ne pas sombrer dans l’épate la plus vulgaire. Un cirque aux artistes surdoués, mais qui ont su garder un lien étroit avec leur public. Et surtout, un cirque qui a su éviter le piège de la dystopie pour proposer une sorte d’utopie instrumentale. En vous bombardant d’informations, mais en vous laissant le choix.
Titres de l'album:
1.Prelude To Power (Intro)
2.Enter The Arena
3.Nightmare Approaches
4.At Lightspeed We Strike
5.Digital Dystopia
6.Haunting Horror
7.Light Begins To Fade
8.Hellfire
9.Lost In Space
10.Final Breath
11.Wartorn Atrocities
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