The Black Library

Ascalon

28/03/2025

Autoproduction

Je ne sais pas si c’est juste une impression personnelle, mais j’ai le sentiment que le Heavy Metal, le vrai, n’est plus vraiment représenté à sa juste valeur en Europe. Si certains groupes l’honorent encore, ils le trempent souvent dans un bain d’eau Power Metal frémissant, ou alors font d’énormes concessions Hard-Rock pour le rendre plus vendeur. Les années 80, mètre-étalon de la vaillance brûlante sont bien évidemment toujours aussi respectées, mais leur écho peine à trouver une véritable incarnation, sauf sur les labels les plus pointus et dans l’autoproduction. Est-ce un réel problème ?

Oui, puisque c’est quand même cette musique qui nous a donné le sein pendant des années.

Heureusement, certains se souviennent. Et surtout, savent. Que le Metal le plus incorruptible reste le sous-genre le plus jouissif de cette vague old-school, et qu’il est toujours capable de fédérer les foules comme personne. Et c’est d’Angleterre que viennent ces nouveaux héros au non-look qui en dit long sur les convictions. Car avec les ASCALON, point de barnum ou de décorum ridicule. Juste la musique, celle qui pourfend les traitres à la cause et qui assume la mélodie comme la puissance.

Ce jeune combo de Manchester n’a pas encore fait grand bruit, et sa discographie reste embryonnaire. Un EP il y a des années, un split, une démo, pas grand-chose à se mettre sous la dent, jusqu’à ce premier long à compte d’auteur que 2025 risque de célébrer en grandes pompes. Encore faudrait-il que les fans se passent le mot, ce qui est le but avoué de cette chronique. Car ce trio/quatuor (c’est selon, via la bio ou les photos promo) sonne juste et conquérant, s’inscrivant évidemment dans la plus pure tradition de recyclage de la NWOBHM, dont ils empruntent la solennité et la bravoure.

ASCALON propose avec The Black Library une bien étrange échoppe, réservée aux amateurs de mysticisme et de lyrisme. Les ouvrages sont empilés sur les rayons, et il faut pas mal de patience pour trouver ce que l’on cherche. Mais la poussière noble, cette odeur de papier ancien qui affole les naseaux, et cette foi sans faille en un passé insurpassable permettent de se fixer sur une anthologie bien précise, celle du Metal anglais des années 1979/1982.

The Black Library, n’y allons pas par quatre chemins, est un excellent disque. Il est énergique, mélodique, il cite THIN LIZZY et SATAN, mais aussi IRON MAIDEN et TRESPASS, sans oublier SAXON, et même les cousins ricains de MANILLA ROAD. On peut aussi devenir en filigrane un respect pour la scène de Seattle et les HEIR APPARENT, mais globalement, ce premier projet tient debout seul sur ses qualités, rythmiques, harmoniques et évolutives.

« Thousand Sons » bat d’ailleurs le rappel des troupes après une intro sobre mais envoutante. On prend acte de cette position ferme, et de ces obligations typiquement anglaises. Le groupe est en place, profite d’une production sobre mais efficace, aux médiums précis et aux graves bondissants, avec en exergue une guitare qui n’a de cesse de hurler, couiner, séduire ou feuler, en rythmique comme en solo. Mais ce qui retient l’attention, c’est le chant incroyable de pureté et de puissance de Matt Gerrard, guitariste/chanteur de son état qui truste le milieu de la scène avec la poigne d’un Rik Emmett, les deux groupes partageant des vues progressives sur la question Metal.

Beaucoup de nuances, de finesse, mais une belle franchise dans la liesse, pour un disque qui pourrait dater de l’orée des 80’s. On pense inévitablement à HAUNT, en version plus riche et ouverte, mais le voyage est assuré par des guides qui connaissent leur boulot, et qui commentent la vue avec un bel à-propos.

« All Empires Fall » aurait par exemple pu figurer sur le légendaire Court in the Act de SATAN, tant il accorde ses violons sur sa tradition. Batterie en constante pulsation, cassures propres et nettes, mélodies qui s’intègrent à merveille, et stance de saison, certes vintage, mais avec cette créativité qui permet de prendre ses distances avec le prémâché.

Une belle assurance dans les passages les plus éthérés, et un son clair qui semble imprimé en 3D, dessinant des paysages anciens encore recouverts de verdure mais jonchés de vieilles pierres de châteaux toujours intacts. Ne manque que la princesse à sauver des griffes des vilains, une princesse en perfecto qui reconnaît parfaitement les siens et ne craque pas pour le premier macho.

ASCALON gagne vraiment à être connu. Après plusieurs écoutes, The Black Library prend toute sa dimension, et se révèle sous un jour très flatteur. Avec quelques mouvements plus furtifs et rapides (« Staff Of Stars », limite Power Metal, mais en version allégée), et un final évidemment homérique, ce premier long est un trésor dont on ne révèle la cachette qu’aux initiés, qui font partie du cénacle depuis des décennies.

Il est vraiment très plaisant de tomber sur un disque aussi bien agencé et composé. Les nostalgiques seront évidemment aux anges, mais pas dupes du potentiel de création de ces anglais. « Edge Of The Rainbow » achèvera de convaincre les quelques réfractaires, de sa noblesse et de son élan héroïque. Heavy pas mort, encore fort, et qui mord à pleines dents dans l’actualité si prévisible. Polissez l’acier, enfilez vos armures, et rendez-vous sur le champ de bataille. Elle risque d’être rude.     

                                                                         

Titres de l’album:

01. Prospero Burns

02. Thousand Sons

03. The Black Library

04. Event Horizon

05. No Worlds Left To Conquer

06. All Empires Fall

07. Staff Of Stars

08. Eye Of Horus

09. Edge Of The Rainbow


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par mortne2001 le 12/06/2025 à 17:17
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