Attiré par une jolie mélodie Folk, le voyageur se sent en confiance, et rassuré par cette lumière jaune chaleureuse diffusée par des bougies un peu fatiguées. Il décide alors de poser bagages, méritant une bonne nuit de repos après s’être sustenté. Mais le piège se referme sur lui en mode l’Auberge Rouge, et se retrouve englué dans une toile d’araignée grandeur nature qui ne laisse planer aucune illusion quant à son destin funeste. Cette lumière jaunie n’était en fait que le reflet d’une porte menant à un monde souterrain de douleur, de souffrance et de torture. Que certains appellent toujours l’enfer dans les campagnes les plus reculées. Oubliée la valise, oublié le repas, il s’agit maintenant de subir les tisonniers et autres coulées de lave pour le plus grand plaisir de démons sadiques et lubriques en manque de victimes faciles.
Cet enfer aux allures d’image d’Epinal pervertie est traduit dans un langage musical par un quintet allemand que les fans connaissent bien. FATAL EMBRACE a déjà attiré dans ses filets de nombreux amateurs de Thrash franc et massif, depuis le début de sa carrière dans les années 90. Réellement productif depuis la sortie de The Ultimate Aggression en l’an 2000, le quintet berlinois aligne depuis les mauvais moments de bravoure, ceux qui vous fauchent en pleine marche sur les chemins de la violence d’outre-Rhin. Et à l’heure du septième méfait, les allemands s’appuient sur leur histoire pour perpétrer ce massacre organisé que d’aucuns jugent fidèle à la tradition germaine.
Heiländer (chant), Spezi (guitare), Tilo Voigtländer (basse), Christian Beyer (guitare) et Andre Hanschke (batterie), c’est un line-up corrigé aux deux-tiers depuis Operation Genocide, avec pour seuls survivants l’indéboulonnable chanteur Heiländer, flanqué de son lieutenant Spezi. Une formation qui mue constamment donc, pour un résultat souvent similaire : un Thrash féroce, grogné comme à la parade, subtilement mélodique pour respecter les us et coutumes nationaux de DESTRUCTION et KREATOR, mais surtout, cette envie de tout dévorer sur son passage en ne laissant que des ossements derrière soi.
Jouant habilement avec les sous-teintes d’un Thrash historique, FATAL EMBRACE reste conscient de sa carte à jouer, et la baptise du nom très à-propos de Seventh Sadistic Serenade. Une sérénade qui n’a pas pour but de séduire une belle lascive sur son balcon, mais bien d’invoquer tous les démons du premier cercle afin qu’ils viennent foutre le bordel sur terre. « Revel in Violence » les réveille avec une fougue connue, mais c’est véritablement « Endure the Plight » qui les agace au plus haut point avec son tempo dément et son énergie qui jamais ne se dément. On plonge donc dans un bain de souffre pour en ressortir complètement pelé, mais heureux d’être passé du mauvais côté.
Toujours aussi solide, FATAL EMBRACE se repose quelque peu sur ses lauriers, et reste en terrain balisé pour ne pas s’éloigner de sa fanbase. Qui sera certainement ravie de ce formalisme efficace et pertinent, et souvent sublimé par une inspiration aussi brutale que délicate. « Where Life and Death are One » pourrait d’ailleurs en remontrer à bien des légendes nationales, avec son arrangement passé entre HOLY MOSES et TESTAMENT, ceux des années 80 bien sûr, qui ne cracheraient pas sur une production plus moderne. Riffs nostalgiques, soli pragmatiques, ambiance à l’étuve mais moteur bien ventilé, la course est certes rapide, mais permet quand même d’apprécier le paysage. Dévasté bien sûr, exhibant sans pudeur des châtiments peu catholiques, comme tout bon purgatoire qui se respecte.
Prendre les allemands en défaut est donc assez compliqué. On pourra, dans un accès de bonne mauvaise foi pointer du doigt les plans qui se retrouvent d’un album à l’autre, mais dans un style aussi figé, la variété n’est pas qu’une qualité : c’est souvent un petit miracle que seuls les VEKTOR ou GAMA BOMB peuvent accomplir. D’ailleurs, le classicisme est presque un vœu pieux ici : « Blind Obedience » en est l’illustration la plus parfaite avec son mid tempo martelé comme un damné, accélérant soudainement sous l’impulsion d’une motivation aussi sadique que perverse.
De temps à autres, les berlinois se laissent aller à un chouïa de facilité, en lâchant une petit reprise tout à fait incongrue. On imagine en effet assez mal un Thrash act violent et impitoyable se frotter au classique de ROSE TATTOO « Nice Boys Don’t Play Rock’n’Roll », mais le résultat est là, assez fun dans l’esprit, mais artistiquement gratuit. Une parenthèse comme une autre en somme.
Heureusement, la deuxième partie de l’album est assez solide pour excuser ce genre de facilité, et c’est surtout la puissance de « Legends of Deliverance » qu’on retiendra, pour son côté compact et épique, et cet unisson qui fait frissonner les tympans. « A Force You Can’t Resist », plaisir mineur, permet de renouer avec les racines, alors que « Suicidal Chaos » agite le spectre de l’extrême germain des années 80, par ses BPM qui tombent comme des douilles avant qu’une guerre de position ne s’impose quelques instants via une double grosse caisse typique.
FATAL EMBRACE se sent donc bien dans cette deuxième division appréciée, et livre une fois de plus un état des lieux poussé. Les détails sont certes connus d’avance, et la caution toujours récupérée. Les certitudes ont cela de rassurant qu’elles ne peuvent pas décevoir, dans un sens comme dans l’autre.
Titres de l’album:
01. Revel in Violence
02. Endure the Plight
03. Divide and Conquer
04. Burn with Desire
05. Where Life and Death are One
06. Blind Obedience
07. Nice Boys
08. Exiled into Void
09. Legends of Deliverance
10. A Force you Can’t Resist
11. Suicidal Chaos
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36