Psycho Mirror

Norwalk

01/03/2025

Autoproduction

Vous connaissez tous l’adage : en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. En gros, les richesses naturelles nous ont boudés, mais pas d’inquiétude : nous avons le brio. C’est une certitude dans quelques domaines, moins dans d’autres, mais ce qui est sûr, c’est que le Metal n’a pas à souffrir de la comparaison européenne et mondiale. La preuve m’en est une fois encore donnée par l’actualité musicale, et la sortie du deuxième album des équilibristes/scientifiques de la portée NORWALK. Actif depuis presque deux décennies, ce quatuor de Voiron revient enfin les bras chargés de compositions, alors que leur dernier témoignage accuse déjà quatorze ans d’âge. Il était donc temps de renouveler la cuvée, mais en promettant un cru encore plus relevé. Gageure difficile, puisque Metamorpho'z révélait une robe sombre, aux ombrages envoutants, et restait en bouche comme un nectar de violence bichonné et peaufiné.

2011/2025, l’écart est conséquent, et de nombreux vignobles ont déjà fait les frais d’un manque de renouvellement ou d’une erreur de jugement. Mais il ne faut guère longtemps pour comprendre que le quatuor frenchy a bien bossé son cépage pour nous enivrer une fois encore sans nous faire tourner fin saoul.

Ban's (basse), Byff (guitare), John (guitare/chant) et Jeff (batterie) proposent avec Psycho Mirror un exercice de formalisme assez hallucinant, et surtout, pertinent et probant. En prenant grand soin de s’éloigner des plus complexes des VRP en spiritueux musicaux déposés, les quatre acolytes versent dans la technique poussée, mais jamais trop démonstrative. Ici, la puissance et la complexité sont envisagées de la même manière, avec le même respect et le même dosage. Incidemment, les noms de WATCHTOWER ou TOXIK ne sortent pas du bois sans raison, laissant d’autres prédateurs occuper le premier plan. 

Et pour être relativement raisonnable, il convient de voir en Psycho Mirror une sorte d’And Justice For All beaucoup plus sophistiqué, et enrobé dans un son moins rachitique. Adeptes de la Californie de METALLICA, mais aussi du Texas de PANTERA, NORWALK se plaît à fusionner les sous-genres et les époques pour accoucher d’une œuvre envoutante, à la lourdeur manifeste, et au Metal preste. Cette énorme basse Crossover, ce chant agressif mais modulé, ces riffs qui s’imbriquent comme des Lego de l’esprit contribuent à créer un climat de tension permanente, quelque part entre CORONER et BELIEVER.

Longs développements, variété des saccades, évolutions calibrées mais avec cette petite touche sauvage symptomatique des passages les plus enlevés d’un CHANNEL ZERO énervé, attitude ferme mais accueil généreux, NORWALK entre dans la cour des grands sans sauter de classe. Avec une moyenne de sept minutes par morceau, et une ambiance globale éprouvante et anxiogène, Psycho Mirror confirme le parallèle établi avec le quatrième album de James et Lars, sans toutefois sombrer dans la contrefaçon. En effet, les idées proposées par les frenchies sont personnelles, et la plupart du temps basées sur un mid tempo bien martelé par Jeff.

Le coulé des guitares permet une souplesse de tous les instants, mais le propos reste pointu, et le discours dense et lettré. On ne peut que s’abandonner au son de « March Of The Clicks », qui fait suite au pavé « Cognitive Dissonance », doublette magique d’un quart d’heure qui fait monter la pression sans trop appuyer sur les tempes. Cette sensation de paranoïa est présente sur tout l’album, avec quelques instants de relâchement, ce qui impose une cohérence indispensable à ce niveau de jeu.

Et à l’instar de son modèle de San Francisco, NORWALK s’est prêté au jeu complexe de l’instrumental interminable, fusionnant les chefs d’œuvres du cru, « The Call of Ktulu », « Orion », « To Live is to Die » et autres « The Ultra Violence » ou « Triocton ». La comparaison est mesurée, croyez-moi, et l’effet produit identique. Ce voyage de dix minutes dans les arcanes de la narration musicale est incroyable, les musiciens rebondissant d’un plan à l’autre avec une aisance désarmante. Sans verser dans l’autosatisfaction d’académiciens sûrs de leur fait et sensibles quant à leur réputation, les quatre musiciens nous en donnent pour notre argent, sans noircir exagérément la partition.

Le but étant de réconcilier l’efficacité et la sophistication sans pencher d’un côté ou de l’autre de la balance.

C’est sans aucun doute pour cette raison que « Thrash Racers » sert de conclusion. Avec son entrain typiquement DEATH ANGEL et son groove irrésistible, cette dernière charge virale est d’une percussion appréciable, sans pour autant abandonner les ambitions de conservatoire.  « Creeping Me » s’autorisait un peu plus tôt quelques libertés rythmiques du même tonneau, et ainsi, achever de conférer à ce deuxième album un juste milieu enviable et à déguster à pleines lampées.

NORWALK tourne le dos à la nostalgie la plus évidente, et fomente son grand soir dans l’ombre des photocopieuses nostalgiques. Pas de regard en arrière ici, juste un présent qui donne envie de se plonger dans un avenir qu’on pressent radieux et fascinant. Psycho Mirror étant la synthèse parfaite de ces années de magie, quelque part entre 1986 et 1992, lorsque les jeunes adolescents violents étaient devenus des adultes plus exigeants.

   

Titres de l’album :

01. Intro

02. Psycho Mirror

03. Cognitive Dissonance

04. March Of The Clicks

05. Feelings Hunter

06. Creeping Me

07. Hybrid Museum Journey (Instrumental)

08. Thrash Racers


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par mortne2001 le 14/06/2025 à 18:00
90 %    112

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