Perilous Compulsion

Acid Age

28/03/2025

Autoproduction

Vous, je ne vous avais pas oubliés. Votre troisième album avait éveillé en moi un intérêt indéniable, et j’en attendais la suite avec une certaine impatience. Il faut dire qu’avec une étiquette Hyper Thrash, il y a de quoi devenir rapidement accro. En traduction d’une drogue dure qui comme le crack provoque des effets monstrueux et une addiction immédiate, ACID AGE est un buvard que l’on gobe comme des cacahouètes de comptoir, et qui rend le paysage étrange, violent et sacrément coloré. Quatre ans après le pavé Semper Pessimus et onze après le coup de semonce Drone Shark Ethics, le trio anglais remet la sauce et nous agresse d’une musique toujours aussi intense et créative. La marque des tarés qui sortent d’un chemin bien tracé pour baliser le leur.

Perilous Compulsion est donc déjà le quatrième album du power-trio. Jake (basse/chant), Dude (guitare/chant) et  Iran (batterie) continuent donc de défricher la terre fertile sur laquelle ils évoluent, ajoutant engrais, nutriments, et ce brin de folie qu’on retrouve chez les jardiniers les plus frappés. Leur Thrash qu’on définira comme évolutif et légèrement progressif n’a pas perdu la main, et semble aujourd’hui imperfectible dans sa richesse. Les plans qui s’entrechoquent à une vitesse déraisonnable, les interventions en solo aussi précises que furieuses, ces lignes de chant qui témoignent d’une acrimonie en relief, tous les éléments sont là pour concocter un piège fumeux dans lequel nous acceptons de tomber pour la beauté du geste.

Les trois originaires de Belfast sont donc toujours aussi atteints, et c’est rassurant. « State Your Business » pose presque immédiatement les jalons, et nous plonge dans le délire d’un univers parallèle, où la Fusion règne en maîtresse. En combinant une fois de plus tous les ingrédients de l’extrême et de la créativité, les ACID AGE servent un mélange gouteux, alcoolisé, enivrant et amusé, en combinant un quart de Funk, une grosse moitié de Thrash, une légère touche de Metal extrême générique, et quelques mesures de Death pour être sûr que la gueule de bois du lendemain va être bien tapée.

Toujours aussi impressionnants dans le refus des convenances, les trois musiciens se livrent à un véritable festival de dextérité et d’inventivité pour transformer leur musique en maelstrom géant, sans repères, sans garde-fou, et parfois sans lumière. Produit humblement pour attaquer les esgourdes, Perilous Compulsion fait le lien entre tous les sous-genres du Thrash historique. A l’image de cette superbe pochette au démiurge puissant et connecté au cosmos, l’album impressionne durablement, déviant à chaque occasion pour mieux tourner à gauche sans mettre son clignotant. 

Rappelant plus le PESTILENCE technique ou l’ATHEIST le plus Thrash que la clique des WATCHTOWER ou SIEGES EVEN, ACID AGE mise sur cet équilibre parfait trouvé entre la fourberie rythmique et les harmonies électriques. Ce qui n’empêche pas le trio de se laisser aller à un pilonnage écrasant sur l’explosé « Third Eye Locksmith », petit précis à l’usage des fans de Thrash progressif qui affectionnent plus la folie que l’académisme du solfège jazzy.

Et là est bien le point fort de ce groupe unique. Bousculer les convenances, aplatir les dissonances, laisser s’échapper un solo en partance, pour se faire une place au soleil de la créativité. J’avais déjà adoubé le chapitre précédent avec un plaisir non feint, mais cette nouvelle étape va encore plus loin, plus fort, et plus fou. On se demande même parfois si le morceau en cours est toujours le même et non sa suite, tant les séquences se succèdent sans transition ni prévention.

Traduire tout ceci en mots est une gageure pour le moins complexe. Même lorsque le trio vous file un coup de main en baptisant un morceau « Every Cliché ». Car ces clichés sont justement évités avec brio, et jamais les trois irlandais ne cèdent à la facilité, ou aux gimmicks les plus élimés. Non, cette assurance dans l’expérimentation, cette facilité d’exécution, et cette envie de ruer dans les cartons sont symptomatiques de toutes ces figures imposées que les musiciens rejettent en bloc. Personne n’est ici pour se regarder le nombril, même si le bagage technique le permettrait et l’excuserait.

Certains trouveront ça too much, un peu trop libre, manquant clairement d’une ligne directrice et d’une conduite homogène. Les autres, dont je fais partie, se laisseront convaincre par ces accès de fureur qui font déborder la marmite de soupe. D’autant que lorsque l’ambiance l’exige, le ton baisse un peu et l’intimisme se fraie un chemin sur l’onirique « Rotten Tooth »…qui ne le reste pas très longtemps.

On se dit qu’un CORONER sous perfusion de LSD aurait pu pondre un machin comme ça, mais on se dit surtout qu’on a la chance de connaître un groupe de cet acabit qui produit sans relâche et sans oublier les exigences de son cahier des charges. Avec une fin de parcours de plus d’un quart d’heure, Perilous Compulsion s’offre une sortie en grandes pompes, et au moins du 45.

« Hamster Wheel » évoque des images de rongeur piégé dans sa roue, et subissant la répétition des tours qu’il finit par ne plus pouvoir compter. Cet épilogue de plus de huit minutes met tous les potards dans le rouge, et cavale sans s’arrêter. Cette sympathique alternance entre plan traînant et accélération fumante est l’ADN d’artistes pas comme les autres, qui conçoivent le Techno-Thrash comme un exutoire obligatoire pour leur imagination débridée et suintant de méchanceté.

Un peu court au vu des sensations procurées, Perilous Compulsion est un cas sévère d’auto-combustion, qui laisse un cadavre en mode barbecue sur le tapis du salon. Eloignez ça des enfants, et prenez des gants. On ne manipule pas tel objet sans prendre quelques précautions.                                               

                                                                           

Titres de l’album:

01. Bikini Island

02. State Your Business

03. Third Eye Locksmith

04. Revenge for Sale

05. Every Cliché

06. Rotten Tooth

07. Hamster Wheel


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par mortne2001 le 11/06/2025 à 17:30
85 %    128
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