Une pochette cartoonesque à la Scooby-Doo, un canard tout vert sur un grand huit, on se doute déjà que le sérieux ne sera pas de mise. Mais les russes de ZOEBEAST sont déjà connus sur la scène extrême qu’ils ont gratifiée de quatre longue-durée, auquel vient s’ajouter ce cinquième, toujours aussi potache et efficace. Le créneau choisi par le trio (Zdrcsd - basse/chant, Ehot - guitare/chant et Proffessor - batterie) n’est pas le plus facile justement, la parodie et le pouet-pouet sombrant souvent dans la pantalonnade désastreuse et l’humour de fin de banquet. Mais fort heureusement pour nous, les ZOEBEAST évitent le piège de tonton Daniel et de ses blagues douteuses à propos de doigts pleins de cyprine et autres galéjades de retraité de la Poste.

Non, ZOEBEAST c’est plutôt ce pote un peu curieux, louche même pour certains, qui vous sort une blague monstrueuse après un long silence. Le genre de blague plus que borderline qui choque au prime abord, mais qui déclenche des rires tonitruants une fois la honte remisée. Un mec à part, qui refuse les convenances et politesses, et qui se place lui-même en marge, conscient de sa particularité. Musicalement parlant, le trio est lui aussi à part sur la scène extrême qu’il arrose de ses interventions régulières. Après quatre albums, le collectif russe s’est fait un nom, que l’on prononce avec le sourire, et qui s’accorde très bien de ces différents styles qu’il utilise. Du Death, du Grind, du Rock n’Gore, du Surf, de la Pop, des accents Reggae, pour mieux se placer entre IGORRR, PSYKUP, PSYOPUS, LAWNMOWER DETH, NANOWAR, et quelques autres iconoclastes qui aiment la difficulté de communication.

A ce niveau-là, les russes sont les maîtres du dialogue de sourd. A deux voix, le trio raconte ses histoires improbables avec une belle énergie, mais surtout, un solide sens de l’absurde qui permet d’intégrer au barouf général des humeurs plus chafouines, comme si CARCASS racontait ses vacances dans une morgue anglaise avec un nez de clown.

Difficile à imaginer sans écouter le machin. Ce que je vous conseille évidemment, puisque Railway To Hellvan et son titre en référence finaude est un petit bijou de Death Grind au vocabulaire riche, et à la rime taquine. Sachant très bien qu’une grosse dose d’humour passe mieux par un discours logique et argumenté, la troupe soigne donc son instrumental pour ne pas se reposer uniquement sur ses blagues, osant même provoquer le spectre d‘un Heavy Metal des plus sérieux sur le binaire « Courtney Love Is A Hole ». Chacun appréciera la finesse de la thématique et ce pun qu’on interprétera selon son humeur, mais il est impossible de nier les compétences de musiciens très créatifs, et au fait des impératifs de la gaudriole dans un contexte extrême.

Plusieurs invités, une atmosphère très lycéenne, pour un résultat professionnel et logique. Si Zappa s’était intéressé avant son trépas au petit monde du Metal extrême, il aurait pu accoucher d’un tel travail au second degré, mais au propos pertinent. Tout y passe, même le Disco, les grognements, les cassures rastaman, et « Exorcist » de nous rappeler la scène dadaïste française.

« Monsieur Moustache » d’un autre côté essaie un peu tout pour nous dérider et y parvient sans souci avec ses accès de violence Crust qui confirment le bon goût de nos amis du jour peu décidés à se laisser enfermer dans le placard, les ZOEBEAST jouent la carte du candide qui ignore les ficelles du métier, et qui fait mine de ne pas savoir qu’on ne peut pas mélanger tel ou tel sous-genre. Alors, il combine, il fusionne, il triture et friture les consonnes, voyelle les échos, et délivre un message bien costaud. « 2 Weeks », bel exemple de Thrash/Death grognon et sans contrefaçon, « Railway To Hellvan » rouleau-compresseur soudainement sevré à la ganja pur têtes, « A.S.S. », fin comme un remugle de NASUM, les exemples de déviances sont fréquents, et l’imagination très féconde. On s’amuse, mais on headbangue, puisque le résultat doit autant faire sourire qu’agiter.

Et le trio ne recule devant rien pour garder ses trois auditeurs collés au poste, et je ne préfère pas savoir avec quoi. Avec quoi ? Des titres complètement frappés, qui entre « Z.O.E.B.E.A.S.T. » qui couine comme une star de K-Pop coincée dans un lave-linge industriel, et « Meugedek Khanshikh » qui cruste comme une usine de fromage nous aiguisent l’appétit sans nous vendre de la saloperie mise en rayon à la hâte.

ZOEBEAST n’est pas zobi, mais n’est pas premier gaou non plus. Cette blague musicale est joussive, et laisse le prépuce en surchauffe, les jours rouges et l’amante alanguie sur les draps froissés. Un trousse-chemise de premier ordre qui copule au rythme d’un Death/Grind efficace et gouailleur.

Poil au facteur.    

Titres de l’album

01. Racoonacore

02. Ruder Aus (feat.Nik)

03. Crisis

04. Railway To Hellvan

05. A.S.S.

06. Human Decay (feat. Vladikus, MC^2 & Spicy S)

07. Meugedek Khanshikh

08. Courtney Love Is A Hole

09. Exorcist feat. Ponkin

10. Switch In The Ditch / Davlenie

11. Monsieur Moustache (feat. Mrachek)

12. 2 Weeks

13. How To Sell A File

14. Z.O.E.B.E.A.S.T.

15. Stutzer Rapunzel

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