Prêcheurs, prédicateurs, pêcheurs et believers, entendez-vous l’appel du divin ? Ce son de trompette joué par les anges pour rappeler les armées et les fidèles de Dieu en croisade permanente contre le mal. Et le mal, depuis quelques années, s’en donne à cœur joie pour transformer nos vies en cauchemar en déclenchant conflits, catastrophes naturelles, virus, pandémies, j’en passe et des plus joyeuses. Mais on le sait, le mal fait vendre. Dans les années 70, KISS avait terrassé son faux ennemi ANGEL de ses chiffres, et depuis, les plus diaboliques ont toujours obtenu bonne tribune dans la presse. Mais le bien peut parfois en faire, et si les curés en robe blanche ne font plus recette, quelques disciples aux moyens de communication plus adaptés continuent de convertir des brebis égarées.
Ainsi, le White Metal depuis les années 80 est la cible de moqueries, de railleries, de doigts pointés et de cornes du diable. STRYPER en a fait les frais au début de sa carrière, tant il est certain que le Heavy Metal n’est pas vraiment la terre promise pour les grenouilles de bénitier. Mais aux Etats-Unis, ce mouvement musical assez cocasse a toujours connu un grand succès, au point que certains anciens chevaliers remettent leur armure pour aller défier Satan.
C’est le cas de nos amis de WHITECROSS, assez peu connus de ce côté-ci de l’Atlantique, mais légendes (presque) dans leur pays. Prophète oserais-je dire même, mais un prophète qui avait depuis de longues années disparu des écrans et déserts, son dernier pamphlet datant de 1996. Alors, vague nostalgique oblige, Rex Carroll a rameuté son équipe pour proposer de nouveaux psaumes, galvanisé par cet intérêt croissant à l’égard d’une décennie totalement culte.
Rex Carroll est une figure centrale de la scène Hard chrétienne américaine. Il est à l’origine du groupe, qu’il a fondé avec Scott Wenzel, son ancien chanteur, et il a publié un nombre conséquent d’albums, lâchés entre 1987 et 1996, avec pour point d’orgue le convaincant Triumphant Return qui s’est plutôt bien vendu en 1989. Le groupe a gagné moult récompenses, connu une carrière respectable, mais on sentait depuis quelques temps qu’il manquait quelque chose à cette aventure, comme une nouvelle étape vers le paradis. Et c’est donc avec le sourire que Rex s’est senti notre obligé, en nous emmenant vers l’autel pour recevoir la bénédiction de ce Fear No Evil qui effectivement, ne craint nullement le Diable et ses sbires.
Rangez vos blagues et autres démonstrations d’ironie. Rex Carroll est un extraordinaire guitariste, qui tire de ses cordes des soli dont Malmsteen lui-même pourrait se montrer envieux, et n’a justement pas grand-chose à envier à toute l’écurie païenne de Mike Varney. La sensibilité de chacun sera seule juge de ses qualités de compositeur, mais en écoutant ces onze nouveaux titres, on ne peut que s’incliner face à la facilité incroyable avec laquelle le guitariste met en place ses idées les plus formelles. Et puissantes.
Signe de croix, génuflexion, et qu’on lance la bande-son. Il est évident que le quatuor (Dave Roberts - chant, Rex Carroll – guitare/chœurs, Michael Feighan – batterie/chœurs et Benny Ramos – base/chœurs) s’est tenu au courant de l’actualité, sans renoncer à ce qui fait son ADN. On retrouve donc cette foi incroyable en un Hard-Rock traditionnel, celui inventé par les cadors LED ZEP, DEEP PURPLE, et ensuite transformé par l’écurie californienne et l’armada européenne. L’illusion est donc totale, et les eighties se mettent à la page niveau production pour nous éclabousser non d’eau bénite, mais d’un son gigantesque, aux graves menaçants. La voix incroyable de Dave Roberts n’est pas sans évoquer celle de notre David Coverdale bien aimé, ou celle de Lenny Wolf, en version plus rocailleuse, et l’homme atteint des aigus impressionnants, dans la plus directe lignée de Michael Sweet. C’est ainsi qu’au gré du tracklisting, on pense à STRYPER, mais aussi BADLANDS, et même à nos chers Robert Plant et Jimmy Page, lorsque l’ambiance se tamise et que la guitare devient plus caressante (« Blind Man », plus III que les bouclettes de Robert dans un bouquin de Tolkien).
WHITECROSS ne s’est donc pas contenté de nous servir tiède des restes ou des inédits hasardeux, et a pris le temps de mettre en place un nouveau répertoire aussi solide que séduisant. Toujours très mélodique, mais sans verser dans la mièvrerie que certains de ses confrères nous infligent, Le Metal de WHITECROSS est hargneux, tranchant, viril mais nuancé, spécialement sur le title-track qui débute acoustique pour soudainement virer Heavy, dans un élan KINGDOM COME assez impressionnant.
Si « The Way We Rock » et « Lion of Judah » imposent un rythme échevelé et des riffs enflammés, dans la plus pure tradition du Rock de L.A, si « Jackhammer » nous rafraîchit la mémoire quant au potentiel de Rex pour une minute de sextolets en furie réconciliant le Néo-classique et le Metal tragique, si « Man in the Mirror » est l’archétype de composition classique mais sublimée par la fougue du tempétueux guitariste, la seconde partie d’album réserve quelques surprises, avec le boogie divin de « 29,000 », la cowbell cocasse de « Saints of Hollywood », ou les allusions à la scène Hair-Metal des SLAUGHTER et CINDERELLA (« Vendetta »).
L’ennui reste donc derrière la porte de l’église, et Dieu est enfin invoqué dans toute sa grandeur et sa beauté par le sentimental et pur « Wishing Well » qui exaucera tous les vœux des amateurs de ballade tendre mais sincère.
De la pertinence, une lucidité quant aux exigences d’un marché moderne, une démarche artistique crédible et des chansons de qualité, WHITECROSS peut regarder le ciel avec fierté, celle d’une mission accomplie et d’un comeback qui ne desservira pas sa carrière, bien au contraire.
Hosanna, hosanna, en route pour la joie.
Titres de l’album:
01. The Way We Rock
02. Lion of Judah
03. Jackhammer
04. Man in the Mirror
05. Blind Man
06. Fear No Evil
07. 29,000
08. Saints of Hollywood
09. Vendetta
10. Wishing Well
11. Further On
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00