Une fois la nouvelle lâchée sur la toile, le partage s’est mis en branle en mode curée. La pochette de Stan W. Decker attirant l’œil comme un ours avec un pot de miel, la surprise d’un nouvel album après tant d’attente, les tons bleutés et la sobriété, tout a contribué à transformer cette sortie en évènement, ce qu’elle est assurément. Pensez-donc, vingt-et-un ans d’absence, une paille…Et si Patrick a toujours été ce musicien discret et humble que nous connaissons, il ressemblait de plus en plus à un Jean-Jacques Goldman de la guitare, muré dans le silence et n’offrant que quelques performances scéniques en duo, trio, des masterclasses, et puis quelques featurings fameux. Mais nous étions tous en droit d’attendre beaucoup plus de ce guitariste qui nous émerveille depuis les années 80, et sa découverte (pour beaucoup) sur la compilation Hard-Rock Rendez-Vous. Même si les plus érudits savaient que ce jeune homme bouclé avait fait ses armes au sein de THE ELEMENT comme lieutenant de Raphaël Garrido et Frederic Guillemet…
2025, Patrick sort de l’ombre comme le suggère le titre de ce nouvel album qui relève un défi insensé. Se montrer à la hauteur des classiques, et surtout, offrir une digne suite au superbe An Ephemeral World, qui en 2004 avait converti quelques fidèles de plus.
Alors, de quelle manière notre héros a-t-il négocié le virage ? Simplement, logiquement, sans prendre de risque inutile pour finir dans le ravin. Patrick est trop intelligent et mature pour se faire avoir comme un bleu sur les graviers des certitudes, et s’est donc contenté de respecter son propre style, tout en l’actualisant pour ne pas passer pour un radoteur de zinc. Escape From Shadows chasse donc la pénombre et irradie de sa lumière bleutée pour un festival de musique affranchie, naturelle, libre et sincère. Et vu d’ici, et maintenant, il pourrait bien être le plus grand achèvement de son auteur, qui a pourtant à son palmarès des œuvres comme Rape of the Earth ou Amphibia.
Mais qu’il est loin le temps de Just For Fun, ce plaisir presque adolescent et témoignage d’une naïveté encore engluée dans les poncifs en sextolets de l’école Varney. Aujourd’hui, Patrick assume son âge, et s’il ressemble de plus en plus à Bernard Minet avec une tignasse, ses doigts sont plus agiles que jamais, mais pas inutilement démonstratifs pour autant. Les influences classiques sont toujours là, comme le prouve l’appropriation du Prélude et Allegro de Kreisler, l’amour du Metal aussi, et Patrick se fend même d’un inédit sur une carrière longue comme le bras : un titre chanté, comme Joe Satriani l’avait osé sur Flying in a Blue Dream. Alors bien sûr, Patrick ne donne pas de la voix, et laisse Gaëlle Buswel s’en charger, mais l’intention est bien là, et le résultat à la hauteur.
Il était évident que le sieur Rondat ne pouvait pas revenir par la petite porte sans faire de bruit. Mais il ne pouvait pas non plus ne pas s’annoncer et enfoncer l’entrée au bélier, eu égard à ce caractère discret et très effacé. Car le seul langage qui compte pour Patrick, c’est celui musical d’une guitare diserte, qui compense son manque d’expression verbale par une dextérité incroyable. L’homme laisse donc ses cordes parler pour lui, et ces dernières ont beaucoup de choses à dire. Des choses mélodiques, des poèmes baroques à raconter, des influences à honorer, et un passé à résumer. Et l’entreprise est de taille, mais menée à son terme : Escape From Shadows est un petit chef d’œuvre finalement pas si petit que ça.
Brillamment soutenu par la triplette habituelle Manu Martin (claviers), Patrice Guers (basse) et Dirk Bruinenberg (batterie), Patrick se laisse donc aller à ses rêveries habituelles, et prend même le soin de trousser une intro de toute beauté. Et une fois « Fear and Guilt » sur les rails, il n’y a plus qu’à suivre le train pour atteindre la prochaine gare. La clarté du son est bluffante, et la précision du jeu toujours aussi ahurissante. A la manière d’un DREAM THEATER instrumental ou d’un LIQUID TENSION EXPERIMENT plus intéressé par le feeling que par l’esbroufe, Patrick cède à ses envies, et développe un Metal progressif de qualité supérieure, sans en faire trop, mais sans non plus oublier qu’il reste l’un des guitariste français les plus appréciés.
Pour ce faire, notre ami a choisi une production analogique viscérale et diablement précise. Les fréquences sont libres d’évoluer et chaque note se détache comme un mot pieusement choisi. Si les sextolets et autres figures de style dominent la partition, Patrick a une fois encore gardé sa virtuosité sous contrôle pour éviter le piège de la basse flatterie d’ego. On le constate à plein régime sur le sublime « Escape From Shadows » qui en huit minutes synthétise toutes les options développées au long d’une superbe carrière. Cordes pures, ambiances éthérées, accents hispanisants, le voyage est délicieux et les étoiles brillant de mille feux.
Escape From Shadows est un monde à lui seul. Un monde où la violence existe bien évidemment, mais où les utopies ont droit de cité. L’éternelle touche d’espoir de Patrick illumine chacune de ses interventions, et son duo avec Gaëlle Buswel en est une application concrète et soyeuse. La voix légèrement voilée de Gaëlle fait merveille sur ce morceau à la base plus foncièrement Rock, et ces accents de claviers 70’s qui ramènent DEEP PURPLE et URIAH HEEP sur le devant de la scène.
Maîtrisé mais naturel en bout en bout, Escape From Shadows fait plus qu’honneur à son concepteur. Il le replace sous la lumière de grâce qui l’a toujours éclairé, les doigts souples chassant les ténèbres avec fermeté. De l’optimisme, une évidente joie de jouer, et des envolées magiques comme ce « From Nowhere », sorti de nulle part pour toucher le ciel de ses à-coups rythmiques et de son clavier percuté. L’homme n’a pas renoncé aux décibels, mais ne se contente plus d’une simple caution Metal depuis longtemps.
Néoclassique pour faire plaisir aux puristes, fun et décomplexé, plaisant à décortiquer, ce sixième du nom honore la mémoire de ces musiciens qui font passer le bonheur du public avant les louanges personnelles. Et si « Prelude and Allegro » rappelle le lien ténu qui unit le Metal au Classique, il n’en reste pas moins une conclusion aussi sincère que possible, Patrick Rondat conchiant toute autre forme d’expression. Un disque rare pour un artiste l’étant tout autant, et un cadeau magnifique à des fans qui pensaient ne plus jamais y avoir droit.
Titres de l’album
01. Overture
02. Fear and Guilt
03. Invisible Wars
04. Whispery Hopes
05. Back on Track
06. Escape From Shadows
07. Now We’re Home
08. Hold on to Your Dreams
09. From Nowhere
10. Prelude and Allegro
Au passage je pourrais placer du black assez UG qui est mon genre principal j'avoue que c'est pour vous faire chier, mais je le pense vraiment.
12/07/2025, 22:08
C'est quoi la suite ? on va prétendre que Kiss est autre chose qu'une opération commerciale, bien les vieux ? i was made for loving youuuu baby, wow, quel chef d'oeuvre.
12/07/2025, 22:07
Je ne suis en aucun cas un troll, je pense absolument ce que je dis. Désolé de boulverser votre branlette collective, mais entre Black Sabbath et Deafheaven c'est Deafheaven sans hésitation. Sunbather est un album culte, bien plus que tout ce qu'a pondu Black Sabbat(...)
12/07/2025, 22:00
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34