Poltergeist

Fuzzripper

11/04/2025

Ripper Production

Je me perds en conjectures. A vrai dire, j’ai tendance à me perdre facilement, sur une route de campagne, dans mes pensées, sur le chemin de la vie. Mais, constatez : la pochette de cet album joue les clins d’œil, mais pas forcément les bons. Alors que le mot Poltergeist est flanqué en gros sur la pochette, cette dernière nous renvoie à deux autres films assez différents : Amityville et Vampire, Vous Avez Dit Vampire ? Pourquoi pas, puisque après tout chacun modifie ses références comme il le souhaite, mais mixer dans un broyeur cérébral Stuart Rosenberg, Tobe Hooper et Tom Holland, ça peut justement nous perdre dans des conjectures.

Alors, allons au-delà de cette problématique somme toute mineure. Cet album des américains de FUZZRIPPER est clairement à l’image de sa pochette signée Jonathan Grimm Art, un melting-pot, un croisement, une fusion graphique, mais qui fonctionne aussi à un niveau musical. D’ailleurs, le quatuor ne tourne pas autour du pot. Leur but avoué étant de mélanger le Hard’n’Heavy des années 80 et son ennemie jurée la Synth-Pop, il n’est guère étonnant de retrouver une police d’époque et des néons pas toc. La pochette en jette donc, mais le plus important étant ce qu’elle cache, il convient de dépasser l’admiration initiale pour émettre un avis objectif.

Et là encore, l’avis semble inévitable et unanime : FUZZRIPPER est un maître de l’école vintage, qui sait redonner vie à de vieux oripeaux pour qu’ils soient portés à nouveau. Perfecto, jean slim, conchas, bracelets cloutés, badges, dossards, badges, coupe hasardeuse, la panoplie est complète, et la soirée s’annonce sous les meilleurs auspices. Une bande de potes, un magnétoscope, deux ou trois VHS, et de l’horreur clippée comme seule cette décennie savait en filmer.

Dusty Mahan (guitare/chant), Joshua Porche (batterie), Tommy Scott (guitare) et Dom Miller (basse) manient les codes avec un certain panache. J’en parlais récemment en évoquant le cas probant de nos chers STAR RIDER, et je réaffirme mon jugement envers les américains. Loin de nous saouler d’une bière bon marché qui passe la barre des onze degrés pour bien tabasser et faire passer sa pilule amère, le quatuor nous offre sur un plateau quatre mousses qui ont le teint un peu bleuté, mais la mousse bien remontée. On y trempe d’abord sa moustache, puis ses lèvres, avant de l’avaler goulument et en apprécier chaque bulle. Cet album fonctionne sur le même principe. Du savoir-faire dans l’élaboration, du panache dans le brassage, et de l’élégance pour le service qui nous conduisent loin des bars foireux et autres tripots miteux pour faune interlope.

Pourtant. FUZZRIPPER  n’est ni fuzzy, ni ripper. Non, le groupe de Clarksville fait partie de cette grande famille old-school, with a twist. Leur Metal est non seulement affuté, mais il est très mélodisé. On se prend parfois à entonner quelques « ho, ho » en chœur durant les refrains, puisque les musiciens ont choisi une approche Pop dans le Hard Rock. C’est donc salement agressif, mais aussi méchamment mastiff, puisque chaque titre est un tube en puissance. « Poltergeist » est d’ailleurs le genre d’entame dont tous les groupes rêvent, plaquant de ses cinq minutes et dix secondes une courte intro Pomp, avant de laisser le reste se mettre en branle en mode ACCEPT meets ALASKA.

Beaucoup de riffs, la plupart du temps pertinents, une énergie bien dosée, pour une balade dans les rues de Los Angeles, by night, à la recherche du secret du Heavy allemand. Telle est la quête de ces quatre jeunes gens, qui se souviennent des accroches de SCORPIONS histoire d’appâter le chaland. « These City Nights » cite Blackout, mais pas que, et se permet même de toiser la hype GHOST d’un regard foncé, pour lui prouver qu’on peut amalgamer sans faire de la mélasse pour ascenseur bloqué.

Certes, le tout est convenu, bien foutu, calibré et ordonné, mais tellement bien composé et joué qu’on passe sur les détails les plus faciles. On occultera aussi les emprunts les plus crève l’œil, comme l’intro de « Black and Red » qui pompe « Wasted Years » et « Thunderstruck » en même temps, avant de laisser les claviers faire leur office, pour mieux se concentrer sur les vrais vices ; une superbe production signée Dusty Mahan, un méchant mixage et un puissant mastering de Jeremiah Scott qui ont tous compris qu’une énorme rythmique et qu’une guitare bien aiguisée étaient les clés d’un succès inévitable.

En faisant preuve d‘un peu d’imagination, et de mauvaise foi aussi, il serait possible de comparer les FUZZRIPPER à une intelligence artificielle ayant gobé toutes les caractéristiques des eighties. Le tout est si bien redistribué qu’on en reste ébaubi, spécialement lorsque tous les éléments sont dosés au milligramme près (« Ghost Rider »).

Poltergeist est un album frappeur qui attend minuit pour se manifester. Lorsque les néons puissants éclairent les rues, et que l’heure du concert approche. Une virée de longue haleine à la recherche de Van, pour se retrouver coincé dans une salle moite et surpeuplée. Il y a un peu de solitude là-dedans, de mélancolie, de recherche de souvenirs chéris et jamais disparus. C’est ce que semble crier « Upside Down » de sa mélodie qui n’est pas sans rappeler la scène alternative des nineties.

Truffé d’arrangements malins, de petites trouvailles sur le chemin, Poltergeist n’est pas l’album rétro lambda qui sitôt avalé est déjà digéré. Il faut passer du temps pour disséquer ces chansons pleines et riches, qui trouvent toujours un angle d’approche différent. On pourra toujours pointer du doigt quelques répétitions, mais on se retrouvera tous autour du feu de camp final « 112 Ocean Avenue », adresse de l’after party qui trie sur le volet ses convives.

Passons outre cette pochette aux gimmicks trop évidents, pour nous concentrer sur un tracklisting qui animerait n’importe quel parking. FUZZRIPPER se fond peut-être dans la masse, mais n’est pas à la ramasse. Et son ramage vaut son plumage. Ce qui en fait l’hôte parfait pour une nuit d’acier.

    

Titres de l’album :

01. Poltergeist

02. These City Nights

03. Black and Red

04. Ghost Rider

05. Upside Down

06. We Want Out

07. Nightbreed

08. 112 Ocean Avenue


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par mortne2001 le 25/06/2025 à 16:47
85 %    124
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John Benoit

Thank you for listening, and your kind words. I though it was funny when you called the bass huge and impolite.

14/08/2025, 20:49

Dede

j’avais pas vu le lien pour l’Europe . Désolé , quelle nouille il va payer une blinde . Je vais lui envoyer le lien ça va le calmer ahah 

14/08/2025, 13:29

Dede

attention aux frais de livraison, un pote l’a preco, ca fait 62 euros sans compter la pochette surprise des frais de douane . On sera pas loin des 100 euros pour un bouquin qui coûte 34 

14/08/2025, 13:20

Nicolos

Très bon resumé, et même constat sur le groupe et la motivation des uns et des autres. Vous avez peut être oublié la qualité du son. Le mix et la balance étaient bon mais il serait bon de changer la sono qui a selon moi trop tourné.un e(...)

14/08/2025, 02:53

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... Et voici que se profile un chaos ad tour aux US à partir de septembre !

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Une fois mis mon côté vieux réac' dans la poche, et oublié les 2 ou 3 autres trucs négatifs, j'en profite pour donner mon sentiment sur les groupes (uniquement le samedi pour moi):- Le temps de quitter le taf et de faire la route, pas vu THEOREM.(...)

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Jus de cadavre, c'est évidemment une excellente nouvelle, mais pour moi, la news de l'année pourrait être l'éventuelle reformation de Kyuss (en tout cas la rumeur est lancée) 

07/08/2025, 18:15

Aston

C'est bon ça ! Et une tournée dans la foulée svp , cela fait plus de 10 ans que je les ai vu . En même temps ils sont tellement rare qu’ils passent uniquement au Hellfest de temps en temps 

07/08/2025, 17:52

AnusFraicheur

ça a intérêt d'être meilleur que le 3 et les deux EP, depuis le temps qu'on attend du nouveau, surtout avec le retour de Kirk Windstein.

07/08/2025, 12:26

Jus de cadavre

En effet, mais le groupe les considèrent comme des EPs je crois... Enfin bref ça reste la news de l'année quoi qu'il en soit.

07/08/2025, 11:35

RBD

Au début j'ai hésité à y aller, éprouvant plus d'intérêt pour Nailbomb que pour Soulfly. Puis quand j'ai vu que ce serait Max et son orchestre sans Newport, ça m'a coupé l'envie.Sepultura ayan(...)

07/08/2025, 11:35

Kalash

Non, il fera suite à Down IV, sorti en deux parties,  respectivement en 2012 et 2014...

07/08/2025, 11:06

Jus de cadavre

Voilà.

06/08/2025, 23:01

Invité

Leur mémoire est toujours pas revenue...

06/08/2025, 19:10

Jus de cadavre

"il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte."Aucun doute là dessus oui. Je pense même sans rire qu'un calendrier de tournée / de fest / d'un nouvel album est déjà prêt.

06/08/2025, 15:35

Radis

Cavalera est un charognard, pas étonnant qu'il ressorte Nailbomb du placard. Je suis sûr qu'il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte. 

05/08/2025, 21:18

mortne2001

@Gargan : Merci pour les précisions quant aux deux dealers de galettes qui méritaient de voir leur nom affiché, ainsi que pour l'origine de la bière que je n'ai pas goûtée, mais que mon comparse Manu semble avoir appréciée. 

05/08/2025, 17:33

Gargan

Petites précisions : le sekhmet existe toujours mais le gérant a changé depuis quelques mois et le métal n'y a plus vraiment sa place. Ce fest est donc une belle continuité ! La bière servie (excellente !) venait de la microbrasserie Arcatos, cr&eacu(...)

05/08/2025, 14:39