Toujours plus progressif, c’est possible? Dans les années 70 en tout cas, avec des groupes comme YES, KING CRIMSON, PINK FLOYD, CAN, etc...Aujourd’hui, peut-être un peu moins, puisque même Steven Wilson s’est attaqué à un genre de Post-Rock mélodique et réminiscent de la Rock-Wave la plus éthérée. Mais le Metal n’aime rien tant que se frotter aux structures classiques et aux grands compositeurs. On a souvent comparé le genre à du Wagner de poche, tant la puissance était un vecteur commun, mais d’autres musiciens auraient largement eu leur place dans un groupe agressif et lettré. Paganini évidemment, mais aussi Beethoven, Modeste Moussorgski, et une liste conséquente que je ne reproduirai pas ici.
En France, le cas est intéressant et les représentants nombreux. Et doués. J’ajoute la formulation de CHRONAZURA, bébé d’Emeric Grangette, qui écrit, compose, produit et lance sur le marché indépendant ce The Time Fusion au concept assez intrigant. Concept qui examine l’attitude de l’homme face au temps à travers l’histoire de trois dieux qui affrontent la fusion temporelle. Un peu abstrait couché sur papier, mais limpide une fois retranscrit sur la portée. Dans un registre que les amateurs du jeune DREAM THEATER adouberont avec un plaisir non feint, cet album est évidemment une mine de plans à repiquer, mais surtout, quarante minutes de musique riche, aux déambulations fascinantes, et aux reflets irisés.
Avec un casting assez impressionnant (Liam Mcgarry & Giorgio Satta - guitares, Hubi Hofmann - basse, Jason Moser - batterie, Thomson Knoles - claviers, Jérémy Garbarg - violoncelle, Tobias Wilson - guitare acoustique, Carina Bruwer - flûte et Kaya Nicolas - violon) The Time Fusion propose un compromis habile entre le Progressif d’hier et celui de demain. Beaucoup plus mélodique et ciselé que démonstratif, cet album est un voyage aux confins des mythes développés, et plus simplement, une superbe partition de musique rédigée par un amoureux des harmonies et des lignes vocales épurées. On peut même parfois sentir des accents à la ALAN PARSONS PROJECT, qui confirment les orientations plus génériquement Rock. C’est donc un entre-deux très intelligent qu’Emeric Grangette nous offre, avec de longues parties instrumentales, et une dualité vocale très juste.
Mais les syncopes, les contretemps, les mesures impaires, le don d’équilibriste et cette façon de rendre simples des choses complexes sont caractéristiques de cet exercice Ô combien difficile qui tombe souvent dans l’autosatisfaction pénible et roborative. Ici, pas question de s’éterniser pour le plaisir d’occuper l’espace, puisque chaque idée à sa place attitrée et sa raison d‘être.
Je concède une préférence pour le superbe « Act III – The Origin », cristallin et pourtant assez puissant, qui met en lumière un travail sonore d’une complétude admirable. Avec un mixage frôlant la perfection, et un soin particulier appliqué aux fréquences et au registre d’instruments utilisés à leur plein régime, CHRONAZURA a des airs de spectre lumineux complet, avec cet éventail de couleurs passées au prisme d’une inspiration 70’s/90’s. Travaillé comme un sandwich de grande classe, The Time Fusion se compose de deux tranches de pain fines et craquantes, enserrant quatre couches d’ingrédients, allant de la salade croquante à la truffe fondante. On peut même sentir un merveilleux arrière-goût de QUEENSRYCHE sur l’épique et transcendantal « Act IV – Rebirth », lorsque Geoff et les siens poussaient la logique jusqu’à son paroxysme via le mythique Operation Mindcrime.
Quelque part dans la galaxie entre Neal Morse, PORCUPINE TREE, DREAM THEATER et le CRIMSON GLORY des jours heureux, CHRONAZURA déroule une chronologie parfaite, en dosant ses évènements avec la précision des plus grands. La combinaison des voix peut aussi rappeler le travail de Sylvie Grare, mais l’instrumental reste sur les rivages d’un Rock plus accessible qu’un Metal progressif classique, avec en point d’orgue cette guitare sublime qui tutoie les sommets et cite presque le dernier Patrick Rondat dans le texte.
Ce formidable équilibre entre les forces en présence, avec ces claviers en contrepoint en toute discrétion évoque la méthode Spector, et ces fameux instruments qui devaient être « ressentis, mais pas entendus ». Ceci étant dit, les ébènes et ivoires sont caressés avec la même délicatesse qu’un Jordan Rudess, ce qui rend le final de « Act IV – Rebirth » aussi orgiaque qu’une envolée de Gilmour, ou que l’inoubliable « Finally Free » de Metropolis Pt. 2: Scenes From A Memory.
D’ailleurs, les souvenirs occupent une place importante dans cette histoire, puisque « Like A Memory » referme l’album sur la même parenthèse que le chef d’œuvre de DREAM THEATER, achevant de valider ce parallèle entre les deux groupes. Ce qui n’est pas le moindre des compliments.
CHRONAZURA soigne et signe un postulat définitif, qui en dit long sur l’amour et la passion engagées dans le projet. On se délecte de ces sons parfaitement imbriqués, superposés, mixés et fusionnés, et on ressort de l’écoute de The Time Fusion, apaisé, et avec cet espoir infime que le monde peut encore éviter le pire et les hommes se concentrer sur les interactions positives et les engagements pérennes. On ne peut pas passer à côté d’un rai de soleil qui vous baigne l’âme dans une chaleur aussi réconfortante.
Titres de l’album :
01. The Time Fusion
02. Act I – The Encounter
03. Act II – Chaos And Harmony
04. Act III – The Origin
05. Act IV – Rebirth
06. Like A Memory
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36
Tiens je n'avais pas vu ce "report".J'ai vu cette affiche à Marseille.J'aime beaucoup Aluk Toolo et je les voyais relativement souvent à Paris, du coup j'étais bien content de les revoir. Effectivement c'était un peu cou(...)
30/06/2025, 01:24