Bon, allons-y gaiment et évacuons d’entrée toutes les références les plus farfelues, et les blagues plus ou moins bien pendues. Non, PROST n’est pas le groupe d’Alain, non, il n’a rien à voir avec les circuits, et non, la tête pensante du projet n’est absolument pas de la même famille. Ceci étant dit, ce nom qui est finalement celui du géniteur propose une allusion intéressante en termes de vitesse et d’aptitudes. Alors qu’Alain était le roi des pistes, PROST pourrait bien être celui d’un Hard Rock mélodique de très grande qualité. Mais qui est donc cet homonyme qui n’a pas grandi avec un volant entre les mains, mais bien une guitare ?
Né au Mans en 1965, Antoine PROST a grandi avec deux grandes passions : la science et la musique. Parallèlement à ses études scientifiques, il découvre la guitare, instrument qui deviendra sa vocation. Très vite, il forme son premier groupe en 1984, ULCER, un hommage à ses premières influences : Michael Schenker et Gary Moore. Sa palette musicale s’élargit avec des inspirations tirées de la musique baroque classique et des guitaristes virtuoses découverts par Mike Varney pour le label Shrapnel Records comme Yngwie Malmsteen, Vinnie Moore, Tony Macalpine ou Paul Gilbert pour n’en nommer que quelques-uns.
Merci au site officiel pour cette bio bien pratique, mais autant dire que l’eau a coulé sous les ponts depuis les débuts d’Antoine, sans manquer de ce respect dû à son âge. Depuis, beaucoup de choses, et une rencontre, celle qui l’a mis sur le chemin du chanteur Manos Fatsis (CITY OF LIGHTS, ODYSSEY DESPERADO), avec lequel notre guitariste s’est immédiatement entendu, sur un plan humain mais aussi artistique. Dès lors, la collaboration devenait claire comme de l’eau de roche. Antoine allait se charger de la composition, et Manos de l’écriture des textes. Une fois le duo bien rodé, le line-up a été complété par Greg Aubert à la basse et Mats Eriksson (DEGREED) à la batterie, afin d’asseoir une rythmique solide et performante.
Le résultat de ces associations ? Un premier album flamboyant, aux allusions multiples et cosmopolites. Un peu de fierté frenchy, de l’assurance suédoise, du lyrisme grec, soit la quintessence de l’essence mélodique en termes de Hard Rock nerveux et généreux. On pensait les américains et les suédois rois des platines en termes d’AOR musclé, mais d’autres ont pris la main entre temps, pour que finalement, ce style si cloisonné recouvre une liberté bien méritée. Signé par la référence Pride & Joy Music, PROST est donc devenu une réalité, qui en onze titres s’octroie une place de choix sur le marché.
Ce qui frappe au coin du bon sens, c’est cette magnifique osmose entre quatre musiciens totalement en phase. La pulsation rythmique est fiable et fluide, ce qui permet au duo de tête de broder des thèmes classiques, mais finement ouvragés. Ceux mis en avant par l’entame « Lone Survivor », produit phare exhibé comme un trophée. Et il y a de quoi avoir le droit de soulever la coupe lorsqu’on maîtrise à ce point les virages en tête d’épingle, PROST étant beaucoup plus qu’un simple conducteur solitaire lancé à plein régime. Ce groupe est une équipe, avec un stand, des mécaniciens, et la course en leader en dit long sur les capacités d’artistes qui commencent juste à se connaître.
Si la guitare d’Antoine reste la reine du bal, la voix de Manos permet de sublimer des compositions nerveuses, profondes et d’une portée émotionnelle incontestable. Le chanteur grec n’usurpe pas sa réputation, et se permet de tutoyer des références comme Jeff Scott Soto ou Joe Lynn Turner, rappelant même parfois l’énergie divine d’un Jimi Jamison soudainement enrôlé par ECLIPSE.
Aucune faute de goût, aucune glissade, le professionnalisme de cette entreprise est tout simplement phénoménal. Les morceaux écrits par PROST témoignent d’une vraie passion pour le style et une connaissance approfondie de ses exigences. Nappes de claviers en intro, riffs plombés qui savent laisser la place à des arpèges en son clair, nuances plus ou moins prononcées qu’on oublie lorsque la température doit monter. Et elle atteint des degrés assez enviables sur l’échevelé « Hearts & Dreams », que Malmsteen aurait pu pondre à sa grande époque.
La revue est donc impeccable, mais sait rester humaine et touchante. Loin d’une IA reproduisant des poncifs programmés à l’avance, Believe Again multiplie les allusions qu’il intègre à une inspiration plus individuelle, ce qui nous donne de petits bijoux comme « Summer Days ». Ce morceau a été nommé avec justesse tant il évoque ces longues après-midi suivies de soirée tamisées entre juillet et août, quelque part dans le monde. On boit des cocktails virtuels, on croise une faune bigarrée entre polos blancs et paréos chamarrés, et la douceur du vent nocturne balaie les longues chevelures. Les pieds dans le sable, l’horizon se pâme de ses propres couleurs, et les tons orangés réchauffent les cœurs mis à rude épreuve par la vie.
Une certaine conception du paradis ?
Oui, en quelque sorte, mais aussi l’assertion d’un talent incontestable. Antoine a bien digéré ses influences, et n’en rajoute surtout pas dans la démonstration. Fasciné par l’école Varney, Antoine évite le piège du solo invasif, et se met au service de ses chansons. PROST n’est donc pas qu’un vecteur d’autosatisfaction, mais bien un projet collégial, qui parvient régulièrement à titiller la perfection, notamment sur « Road Of Tomorrow » qui sent bon la Suède en villégiature en Californie.
Ne craignez-donc pas la mélasse et la muzak, nous en sommes très loin. La caution Hard-Rock est crédible, et si les citations sont parfois assez évidentes, l’ensemble est d’une solidité à toute épreuve. Antoine profite même de l’instant pour s’affirmer Heavy, sur l’épais et costaud « Standing On The Edge », pour bien souligner sa fascination adolescente.
PROST est donc un moteur qui tourne sans chercher la surchauffe, et qui passe l’arrivée en tête de plusieurs secondes.
Titres de l’album
01. Lone Survivor
02. Believe Again
03. Comfort Zone
04. Never Let You Go
05. Through The Nights
06. Hearts & Dreams
07. Summer Days
08. Road Of Tomorrow
09. Cold & Fire
10. Standing On The Edge
11. Flame Of Hope
Prost. Celtic Prost.
Merci beaucoup pour cette superbe chronique !!
Très chouette quand le boulot de mortne2001 est reconnu par les artistes eux-mêmes !
Thank you for listening, and your kind words. I though it was funny when you called the bass huge and impolite.
14/08/2025, 20:49
j’avais pas vu le lien pour l’Europe . Désolé , quelle nouille il va payer une blinde . Je vais lui envoyer le lien ça va le calmer ahah
14/08/2025, 13:29
attention aux frais de livraison, un pote l’a preco, ca fait 62 euros sans compter la pochette surprise des frais de douane . On sera pas loin des 100 euros pour un bouquin qui coûte 34
14/08/2025, 13:20
Très bon resumé, et même constat sur le groupe et la motivation des uns et des autres. Vous avez peut être oublié la qualité du son. Le mix et la balance étaient bon mais il serait bon de changer la sono qui a selon moi trop tourné.un e(...)
14/08/2025, 02:53
... Et voici que se profile un chaos ad tour aux US à partir de septembre !
11/08/2025, 15:37
Une fois mis mon côté vieux réac' dans la poche, et oublié les 2 ou 3 autres trucs négatifs, j'en profite pour donner mon sentiment sur les groupes (uniquement le samedi pour moi):- Le temps de quitter le taf et de faire la route, pas vu THEOREM.(...)
09/08/2025, 22:37
"Les enfants sont toujours là, les couples sont venus attachés et en famille".C'est une des choses qui m'ont déplu: les 2 gamines devant. On voit de plus en plus de personnes emmener leur gosses à des concerts de Metal, Punk ou Hardc(...)
09/08/2025, 22:33
Jus de cadavre, c'est évidemment une excellente nouvelle, mais pour moi, la news de l'année pourrait être l'éventuelle reformation de Kyuss (en tout cas la rumeur est lancée)
07/08/2025, 18:15
C'est bon ça ! Et une tournée dans la foulée svp , cela fait plus de 10 ans que je les ai vu . En même temps ils sont tellement rare qu’ils passent uniquement au Hellfest de temps en temps
07/08/2025, 17:52
ça a intérêt d'être meilleur que le 3 et les deux EP, depuis le temps qu'on attend du nouveau, surtout avec le retour de Kirk Windstein.
07/08/2025, 12:26
En effet, mais le groupe les considèrent comme des EPs je crois... Enfin bref ça reste la news de l'année quoi qu'il en soit.
07/08/2025, 11:35
Au début j'ai hésité à y aller, éprouvant plus d'intérêt pour Nailbomb que pour Soulfly. Puis quand j'ai vu que ce serait Max et son orchestre sans Newport, ça m'a coupé l'envie.Sepultura ayan(...)
07/08/2025, 11:35
Non, il fera suite à Down IV, sorti en deux parties, respectivement en 2012 et 2014...
07/08/2025, 11:06
"il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte."Aucun doute là dessus oui. Je pense même sans rire qu'un calendrier de tournée / de fest / d'un nouvel album est déjà prêt.
06/08/2025, 15:35
Cavalera est un charognard, pas étonnant qu'il ressorte Nailbomb du placard. Je suis sûr qu'il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte.
05/08/2025, 21:18
@Gargan : Merci pour les précisions quant aux deux dealers de galettes qui méritaient de voir leur nom affiché, ainsi que pour l'origine de la bière que je n'ai pas goûtée, mais que mon comparse Manu semble avoir appréciée.
05/08/2025, 17:33
Petites précisions : le sekhmet existe toujours mais le gérant a changé depuis quelques mois et le métal n'y a plus vraiment sa place. Ce fest est donc une belle continuité ! La bière servie (excellente !) venait de la microbrasserie Arcatos, cr&eacu(...)
05/08/2025, 14:39