Realm of the Impaled

Creeping Fear

27/06/2025

Dolorem Records

Si c’est moche, que ça pue et qu’en plus c’est agressif, c’est probablement dangereux et animé des pires intentions. Il faut toujours se méfier des bestioles qui ont la tronche en biais et les griffes agiles. Elles en veulent principalement à votre intégrité physique, mais aussi à votre équilibre mental. Et dans le petit monde encore assez sauvage du Death brutal et technique, les ennemis affamés et vindicatifs sont légion. Ils se terrent pendant des années dans l’ombre, attendant le bon moment pour sauter sur leur proie, et une fois leurs crocs fermement plantés dans la chair, il n’y a plus grand-chose à faire à part se laisser bouffer.

Et sincèrement, l’appétence de CREEPING FEAR a toujours été source de joie pour les adorateurs de la cause dite du « plus fort ». Depuis 2010, le quatuor de Viroflay répand sa semence dans tout le cheptel, et hurle à la mort dès que la lune se veut pleine et bien ronde. Drivé par le tandem Clément Ducouret (guitare/chant) et Gabriel Hammel (guitare), CREEPING FEAR poursuit sa route entre bestialité clinique et technique fantastique, laissant des dizaines de victimes sur le flanc. Mais à l’heure d’attaquer le virage du troisième album, le tandem de tête (complété par la rythmique en feu de Matthias Biechler à la basse et Hector Hellgz à la batterie) savait que le moindre faux-pas pouvait le ramener sous les ténèbres, sans proie, sans peur et sans satisfaction. Alors, pour éviter de redescendre du sommet de la chaîne alimentaire, le groupe a pris son temps, comme toujours, utilisant les quatre années les séparant de Hategod Triumph pour atteindre le point d’ébullition.

Les chances ont encore été mises du bon côté. Enregistré au Hybreed studio par Andrew Guillotin ainsi qu’au Henosis studio par Frédéric Gervais, mixé au Henosis studio et de nouveau masterisé par Dan Swanö au studio Unisound, Realm of the Impaled était dès le départ un bébé placé sous le signe de la méchanceté la plus crasse, mais aussi la plus classe. Bénéficiant évidemment d’un son à décorner tous les cocus de la terre, ce troisième chapitre de la saga morbide CREEPING FEAR est le petit frère idéal pour ses deux aînés, qui contemplent cette engeance avec une tendresse mâtinée de fierté. Et pour cause, puisque le bambin est du genre bourrin, mais avec en sus un don particulier pour l’élocution.

On le sait, l’art consommé de CREEPING FEAR pour équilibrer la puissance et la dextérité est le centre de gravité de son approche. Sur Realm of the Impaled la dite approche est évidemment portée à un paroxysme enviable par de nombreux orchestres internationaux, et la fiche promotionnelle fournie par Dolorem Records s’épanche en louanges sans aucune arrière-pensée. On y cite HATE ETERNAL, IMMOLATION et CANNIBAL CORPSE, qui ont leur place dans le petit lexique des influences, aux côtés des incontournables MESHUGGAH (le plus méchant des jeunes années), BENIGHTED, GORGUTS et autres défenseurs d’un art de vivre complexe et viscéral à la fois.

Très loin du bourrin qui tranche les artères et laisse baigner dans une hémorragie par pur plaisir sadique, Realm of the Impaled est une thérapie par l’excès qui flatte les bas instincts pour mieux les dénoncer. En gros, on observe avec un plaisir sadique, on subit par pur masochisme, et on devient vite horrifié par cette violence sourde, à la manière d’Alex dans Orange Mécanique. Ce troisième album est donc comparable à ces écarteurs de paupières obligeant à voir la réalité en face, aussi hideuse soit-elle. Une réalité que nous sentons de plus en plus revancharde et implacable, et qui nous tire vers le bas.

Ces neuf morceaux rendent aussi hommage aux grands anciens tant loués par MORBID ANGEL (La La !), avec une petite pointe Punk empruntée à REPULSION pour en coller un petit coup entre les côtes. CREEPING FEAR sait nous amadouer avec de nombreux changements de rythme qui permettent à Gabriel Hammel de placer quelques soli élaborés, une poignée d’harmoniques possédés et des coups de vibrato excédés. Le reste est évidemment dans la droite lignée des exercices précédents, avec des humeurs exécrables qui transforment une journée d’été en enfer perpétuel, ou la chaleur humaine en cire qui coule le long des draps.

La maitrise est toujours aussi impressionnante, et surprend encore malgré la grosse décennie de discographie. C’est là le fort d’un groupe qui refuse de se reposer sur ses lauriers, et qui continue d’explorer et d’expérimenter sans se trahir.

De fait, Realm of the Impaled n’est pas de ces albums qui sont impossibles à écouter in extenso. Les variations permettent une rotation soutenue, chaque titre ayant sa propre âme déjà soldée au diable. Les franciliens en mettent donc un grand coup, et préparent une campagne live qui va s’apparenter à une boucherie itinérante aux morceaux nobles de grande qualité. Tranchés nets, ces huit titres plus intro vont faire le bonheur des carnés, qu’ils soient friands de tartare ou de saisi à point.

Comme un repas trois étoiles servi dans la chambre d’un hôpital expérimental, Realm of the Impaled associe plaisir gustatif et vilénie physique. Mais disons les choses telles qu’elles sont. C’est surtout une gigantesque tarte en pleine face, assénée par une créature aussi balèze qu’intelligente. Une combinaison fatale qui ne laisse aucune chance au malheureux sur qui tombe cette mauvaise rencontre.

Et ça sent le chien mouillé. Et le sang.       

 

Titres de l’album :

1. A Path to Obscurity          

2. Dismembered and Thrown Into Black Flames    

3. Demonic Ascent

4. Realm of the Impaled       

5. Torture Wheel       

6. Et Ils se Couvrirent de Gloire       

7. Feast of Violence  

8. Obscene Sacrifice 

9. Crused Endeavor


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par mortne2001 le 08/06/2025 à 17:54
80 %    478

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