Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était attendu. Depuis 2018 exactement. Six longues années à se demander si l’aventure allait continuer, une aventure née loin de chez nous, et initié par deux hommes dont les intentions à l’époque étaient plus modestes. Le chanteur Jana Trbuška et le compositeur Jirka Doležel souhaitaient alors écrire des chansons ensemble, pour les jouer sans vraiment savoir ce qu’elles allaient devenir. Aucune autre idée en tête, ce qui rend le résultat de l’expérience encore plus attachant. Car depuis cette association, BLACK TIGER est devenu une entité bien réelle, qui a partagé la scène avec des pointures comme Dan Reed (ex. DAN REED NETWORK), PRETTY MAIDS, Mike Tramp (ex. WHITE LION), HOUSE OF LORDS, MICHAEL SCHENKER GROUP, TUFF, SHAMELESS, HUMAN ZOO, WILD FRONTIER, ESTRELLA, ou Miljenko Matijevic (STEELHEART).

Le premier éponyme de la bande tchèque avait dressé quelques oreilles, et celles-ci attendaient avec impatience d’être rassasiées de nouveau. Et, joie immense, ce jour est enfin arrivé.

Nous retrouvons donc les quatre musiciens, prêts à présenter leur nouveau répertoire au public. Jan Trbusek (chant), Radim Streck (guitare/claviers), Lubos Ferbas (basse) et Petr Konecny (batterie) reviennent donc tout sourire, avec dans les poches douze nouveaux morceaux, qui nous ramènent en arrière avec un plaisir non feint.

Enregistré en Italie au Tanzan Music Studio et produit par Mario Percudani (HARDLINE, HUNGRYHEART), Alive s’acharne à prouver que son titre n’a pas été choisi au hasard, et qu’il définit à merveille l’état d’esprit du groupe en 2024. Un tracklisting qui sent bon la fraicheur californienne, les effluves d’un Billboard autrefois voué aux gémonies d’un Rock agressif mais mélodique, et qui pourrait, avec quelques efforts, redevenir ce qu’il était dans les années 80.

Avant même de s’intéresser de plus près à la musique, on remarque une suite de guests qui ressemble à la liste d’un carré VIP. David Reece, Dan Reed, Michael Borman, Mario Percudani, Alessandro Del Vecchio, Giulio Garghentini, Gian Marco Mento, Clementine Nantista, Beatrice Carniel, largement de quoi intriguer les fans qui savent que ces invités ne se déplacent pas pour vos beaux yeux. Et si la participation de chacun n’est pas forcément égale à celle du voisin, elle n’en témoigne pas moins d’un grand intérêt envers ce projet qui continue de vouloir résumer les années west-coast avec un surplus d’énergie Hard-Rock.

L’artwork conçu par Dan Reed lui-même en dit plus long que bien des discours. Ce tigre noir au look Marvel qui domine l’espace avec cette cité anonyme en fond nous décrit avec beaucoup d’acuité ce côté sauvage qui cohabite avec la civilisation moderne, et cette façon qu’ont les êtres de retourner à leur état primal lorsque les circonstances deviennent complexes. Musicalement, l’affaire est un poil plus soft que cet élan bestial, puisque le registre des tchèques n’a pas changé avec le temps. Les quatre musiciens prônent toujours une délicatesse de fond qui se durcit parfois au niveau du ton, mais qui reste dans les balises d’un Hard mélodique et accessible aux fans de Pop. Toutefois, la guitare de Radim Streck peut s’exprimer à plein régime, tout en restant au service des morceaux. L’exemple le plus probant reste le tubesque « I’m Alive », hit calibré pour les radios, et qui oppose des couplets hargneux à un refrain soyeux.

Instrumentalement inattaquable, Alive est un résumé parfait de trois ou quatre décennies AOR, cette musique si honnie par les puristes et si adulée par les pratiquants. Avec un soupçon d’énergie Metal en plus, elle devient un diamant taillé, à la pureté brillante. On regrettera toutefois que la voix de Jana Trbuška ne soit pas plus puissante et plus mise en avant sur les morceaux les plus agressifs, ce qui aurait pu nous garantir un résultat à la Jami Jamison.

Mais ne nous plaignons pas. Globalement, l’effort en fait beaucoup pour séduire les nostalgiques, en citant KING KOBRA, ECLIPSE, Stan BUSH, HARDLINE, et bien d’autres que vous reconnaîtrez au passage. Les harmonies vocales, toujours pile au bon endroit, les mélodies classiques mais efficaces, la production italienne qui rapproche le groupe de l’écurie Frontiers font de ce deuxième chapitre un moment essentiel dans la carrière des tchèques, qui peuvent être fiers de leur travail. « Touch of Heaven » et son parfum FIONA, « Always in my Blood » généreux et aussi traditionnel qu’un hit des années 1987/1989, « She’s Gone », up tempo aux claviers bavards mais seventies, la nouvelle fournée est cuite juste ce qu’il faut, et touche en plein cœur.

Quelques duels fameux viennent égayer le propos, entre la puissance de David Reece sur « This Broken Road » et la subtilité de Mario Percudani via « Invisible », que DEF LEPPARD et HONEYMOON SUITE auraient pu se partager sur un single parfait.

D’aucuns diront que l’ensemble souffre d’un manque cruel d’originalité, mais la volonté du quatuor a bien été de reprendre des recettes déjà connues pour les mettre au goût du jour. Et très sincèrement, un groupe capable de pondre « In the Long Run » mérite toute votre attention, ne serait-ce que pour cette rythmique smooth si caractéristique des années de rêves eighties qui se finissaient toujours bien.

Un sens de la tradition très affuté, une sincérité mélodique indéniable, BLACK TIGER a soigné son retour, et se sent à l’aise dans toutes les ambiances. Un bien bel album pour sonoriser une soirée d’été, sous la fraîcheur du couchant, les étoiles dans les yeux et les souvenirs en ciel bleu.   

Titres de l’album :

01. Reborn

02. Always in my Blood

03. Invisible

04. She’s Gone

05. Heartbreak Waterfall

06. I’m Alive

07. Touch of Heaven

08. Breaking the Silence

09. Fire in the Sky

10. In the Long Run

11. This Broken Road

12. Just Believe It

13. What If

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