A force de se coltiner des trucs toujours plus excentriques et de subir la vague nostalgique de plein fouet, on finit par en oublier deux ou trois infos en route. Tiens, à titre d’exemple pas du tout gratuit, la Fusion, quelqu’un s’en rappelle encore ? Mais si, vous savez, ce crossover très malin entre Rock, Metal, Funk, voire Pop qui avait méchamment bien distrait la charnière 80’s/90’s via les RED HOT, les LIVING COLOUR, SCATTERBRAIN ou même les DAN REED NETWORK, vous n’avez pas oublié quand même ? On en avait même des versions plus mainstream dans le genre EXTREME histoire de faire craquer les charts…Mais il faut avouer que depuis l’émergence de la mouvance old-school, on avait un peu laissé le genre se mourir de sa belle mort, ou se transformer en une créature hybride et loufoque plus avide de prouesses nonsensiques que d’un amour du groove qui en représentait quand même l’essence principale. Alors, un petit flashback vous intéresserait-il ? Remarquez, je vous pose la question mais ne vous laisse pas le choix de la réponse, puisqu’en traitant du cas éminemment obscur des THE MOOD GROOVE, j’oriente votre décision à dessein. Mais faites-moi confiance, avec ces mecs-là, vous n’allez pas perdre votre temps…Fondé par le duo Ed Balldinger (Chant, guitare) et JK Northrup (guitares, claviers), ce groupe s’est vite étoffé d’une section rythmique ad hoc, composée de Glenn Hicks à la batterie et de Larry Hart à la basse, et nous offre aujourd’hui via le label anglais Escape Music un album débordant de stupre Funk et dégoulinant de désir Rock. Et si la pochette nous ramène délicatement aux années peace & love, ne pensez pas pour autant que ces lascars se croient revenus à la bonne époque du flower-power. Car même s’ils effeuillent la marguerite de la pluralité musicale, ils n’en sont pas pour autant de gentils babas barbus avides de contemplation musicale et de méditation transcendantale.
La pluralité, tel est le moteur principal d’un groupe et d’un album éponyme qui jouent la variété, mais aussi la qualité. Il faut dire que si leurs noms vous semblent inconnus, leur personnalité et leur talent ne le sont pas vraiment. En prenant le cas éminent de JK Northrup, on retrouve sur son CV les empreintes de Paul Shortino, des XYZ, de KING KOBRA et de dizaines d’autres intervenants consacrés, dont il a croisé le chemin et le fer au cours des longues années de sa carrière. Vous pouvez donc compter sur lui pour bourrer ce LP de guitares évolutives, aux motifs mouvants et collants, qui propulsent donc des chansons hétéroclites dans des univers parallèles pas vraiment bien balisés. On pense même parfois à une version vraiment chafouine des travaux les plus accessibles de MÖRGLBL, trempés dans l’acide de la culture ricaine des nineties, bien qu’aucune époque ne puisse servir d’accroche temporelle au projet. Mais foin de tels arguments, puisque la musique parle d’elle-même, en puisant dans le labyrinthe de sa propre schizophrénie de quoi survivre à la routine ambiante. N’hésitant jamais à se servir de toutes les armes à leur disposition, les THE MOOD GROOVE piochent dans le Rock, le Funk, mais aussi le Blues, et tentent même quelques percées dadaïstes en convoquant l’esprit de Zappa aux agapes de son propre fils, histoire de faire le lien entre différentes couches de passé. Et ce qui passe très vite en leur compagnie, c’est justement le temps, puisqu’en à peine quarante minutes, les quatre acolytes couvrent un maximum de terrain, s’essayant même à quelques dérives psychédéliques de fort bon aloi (« Launching Pad »).
Ce qui ne les empêche nullement de s’aventurer en terre Pop planante à l’occasion du très mélodique et ludique « Moon Calling Sun » qui évoque tout autant les RUSH que DAN REED NETWORK, ou de sombrer dans des délires syntaxiques agrémentés de samples dignes de l’époque glorieuse des DE LA SOUL (« I’m A Pharmacist »). Ed Balldinger en profite pour prouver ses talents d’auteur, puisque ses textes et ses mots se hissent à la hauteur d’un univers musical qu’il épouse comme une cause de liberté à défendre. Mais pour les non-anglophones, ce sera évidemment la musique qui parlera en premier lieu, et les tubes s’enchaînent justement, créant une symphonie de douce folie que les années 2000 ont oubliée en route. D’un niveau technique assez bluffant, les quatre musiciens s’en donnent donc à cœur joie, et réconcilient l’esprit de Tom WAITS et l’âme des RED HOT, à l’occasion d’un terriblement suintant « I Just Wanna Sit Down », sorte de Boogie Blues en soixante-douze mesures, aussi trainant qu’un plan drague qui s’éternise, mais aussi gluant que des promesses faites au petit matin encore embrumé de l’alcool ingurgité. Mais tout ça ne serait rien sans une grosse dose de fantaisie colorée, et « We Are The Mushroom Men » d’emprunter à « Give It Away » son thème de basse pour se livrer à une joute verbale/musicale en pleine forêt. Aussi impressionnant que drôle, aussi efficace que souple, The Mood Groove va effectivement caler votre humeur sur celle du groove, en allant déterrer du côté de la Nouvelle-Orléans de quoi ressusciter le cadavre encore frais des MINDFUNK pour le remettre entre les amis du prêtre vaudou LIVING COLOUR.
Pas un seul morceau à mettre de côté, encore moins à jeter, cet album se transforme vite en tour de force, prônant la fête et l’éclectisme musical, le métissage et le passage en revue de toutes les caractéristiques du Rock à tendance Hard moderne. Incantations trépidantes entonnées d’une voix de baryton démoniaque (« Stone Dead Men », rituel faussement Bluesy et sadiquement Soul qui laisse soudain un harmonica nous chatouiller les pieds), artifices et arrangements subtilement électroniques pour une fausse ballade sucrée qui pétille mais défonce (« Disintegrating Gods », ou comment saluer Mike Patton au travers des persiennes de Dweezil Zappa), pour se finir sur un véritable Blues bien méchant, qui dégouline de feeling et qui nous laisse engoncé dans notre fauteuil, exténué, mais ravi d’avoir retrouvé le sens de la fête en chemin. Plus qu’un album, ce témoignage des THE MOOD GROOVE est un manifeste de vie, un geyser de bonne humeur, et plus encore, le plus bel hommage fusionnel à une musique qui souvent, nous manque terriblement. Bouffée d’oxygène dans une époque gangréné par le dioxyde de Carbone de la conformité, The Mood Groove transforme le soleil en lune, et le nord en sud, mais ne nous perd jamais sur le chemin de l’errance. Un disque qui sait ce qu’il veut, et qui le propose sans l’imposer, mais qui séduit sur la durée. Tiens, du coup, je suis de bonne, bonne, bonne humeur ce matin. Y’a des matins comme ça…
Titres de l'album:
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01