The Mood Groove

The Mood Groove

27/04/2018

Escape Music

A force de se coltiner des trucs toujours plus excentriques et de subir la vague nostalgique de plein fouet, on finit par en oublier deux ou trois infos en route. Tiens, à titre d’exemple pas du tout gratuit, la Fusion, quelqu’un s’en rappelle encore ? Mais si, vous savez, ce crossover très malin entre Rock, Metal, Funk, voire Pop qui avait méchamment bien distrait la charnière 80’s/90’s via les RED HOT, les LIVING COLOUR, SCATTERBRAIN ou même les DAN REED NETWORK, vous n’avez pas oublié quand même ? On en avait même des versions plus mainstream dans le genre EXTREME histoire de faire craquer les charts…Mais il faut avouer que depuis l’émergence de la mouvance old-school, on avait un peu laissé le genre se mourir de sa belle mort, ou se transformer en une créature hybride et loufoque plus avide de prouesses nonsensiques que d’un amour du groove qui en représentait quand même l’essence principale. Alors, un petit flashback vous intéresserait-il ? Remarquez, je vous pose la question mais ne vous laisse pas le choix de la réponse, puisqu’en traitant du cas éminemment obscur des THE MOOD GROOVE, j’oriente votre décision à dessein. Mais faites-moi confiance, avec ces mecs-là, vous n’allez pas perdre votre temps…Fondé par le duo Ed Balldinger (Chant, guitare) et JK Northrup (guitares, claviers), ce groupe s’est vite étoffé d’une section rythmique ad hoc, composée de Glenn Hicks à la batterie et de Larry Hart à la basse, et nous offre aujourd’hui via le label anglais Escape Music un album débordant de stupre Funk et dégoulinant de désir Rock. Et si la pochette nous ramène délicatement aux années peace & love, ne pensez pas pour autant que ces lascars se croient revenus à la bonne époque du flower-power. Car même s’ils effeuillent la marguerite de la pluralité musicale, ils n’en sont pas pour autant de gentils babas barbus avides de contemplation musicale et de méditation transcendantale.

La pluralité, tel est le moteur principal d’un groupe et d’un album éponyme qui jouent la variété, mais aussi la qualité. Il faut dire que si leurs noms vous semblent inconnus, leur personnalité et leur talent ne le sont pas vraiment. En prenant le cas éminent de JK Northrup, on retrouve sur son CV les empreintes de Paul Shortino, des XYZ, de KING KOBRA et de dizaines d’autres intervenants consacrés, dont il a croisé le chemin et le fer au cours des longues années de sa carrière. Vous pouvez donc compter sur lui pour bourrer ce LP de guitares évolutives, aux motifs mouvants et collants, qui propulsent donc des chansons hétéroclites dans des univers parallèles pas vraiment bien balisés. On pense même parfois à une version vraiment chafouine des travaux les plus accessibles de MÖRGLBL, trempés dans l’acide de la culture ricaine des nineties, bien qu’aucune époque ne puisse servir d’accroche temporelle au projet. Mais foin de tels arguments, puisque la musique parle d’elle-même, en puisant dans le labyrinthe de sa propre schizophrénie de quoi survivre à la routine ambiante. N’hésitant jamais à se servir de toutes les armes à leur disposition, les THE MOOD GROOVE piochent dans le Rock, le Funk, mais aussi le Blues, et tentent même quelques percées dadaïstes en convoquant l’esprit de Zappa aux agapes de son propre fils, histoire de faire le lien entre différentes couches de passé. Et ce qui passe très vite en leur compagnie, c’est justement le temps, puisqu’en à peine quarante minutes, les quatre acolytes couvrent un maximum de terrain, s’essayant même à quelques dérives psychédéliques de fort bon aloi (« Launching Pad »).

Ce qui ne les empêche nullement de s’aventurer en terre Pop planante à l’occasion du très mélodique et ludique « Moon Calling Sun » qui évoque tout autant les RUSH que DAN REED NETWORK, ou de sombrer dans des délires syntaxiques agrémentés de samples dignes de l’époque glorieuse des DE LA SOUL (« I’m A Pharmacist »). Ed Balldinger en profite pour prouver ses talents d’auteur, puisque ses textes et ses mots se hissent à la hauteur d’un univers musical qu’il épouse comme une cause de liberté à défendre. Mais pour les non-anglophones, ce sera évidemment la musique qui parlera en premier lieu, et les tubes s’enchaînent justement, créant une symphonie de douce folie que les années 2000 ont oubliée en route. D’un niveau technique assez bluffant, les quatre musiciens s’en donnent donc à cœur joie, et réconcilient l’esprit de Tom WAITS et l’âme des RED HOT, à l’occasion d’un terriblement suintant « I Just Wanna Sit Down », sorte de Boogie Blues en soixante-douze mesures, aussi trainant qu’un plan drague qui s’éternise, mais aussi gluant que des promesses faites au petit matin encore embrumé de l’alcool ingurgité. Mais tout ça ne serait rien sans une grosse dose de fantaisie colorée, et « We Are The Mushroom Men » d’emprunter à « Give It Away » son thème de basse pour se livrer à une joute verbale/musicale en pleine forêt. Aussi impressionnant que drôle, aussi efficace que souple, The Mood Groove va effectivement caler votre humeur sur celle du groove, en allant déterrer du côté de la Nouvelle-Orléans de quoi ressusciter le cadavre encore frais des MINDFUNK pour le remettre entre les amis du prêtre vaudou LIVING COLOUR.

Pas un seul morceau à mettre de côté, encore moins à jeter, cet album se transforme vite en tour de force, prônant la fête et l’éclectisme musical, le métissage et le passage en revue de toutes les caractéristiques du Rock à tendance Hard moderne. Incantations trépidantes entonnées d’une voix de baryton démoniaque (« Stone Dead Men », rituel faussement Bluesy et sadiquement Soul qui laisse soudain un harmonica nous chatouiller les pieds), artifices et arrangements subtilement électroniques pour une fausse ballade sucrée qui pétille mais défonce (« Disintegrating Gods », ou comment saluer Mike Patton au travers des persiennes de Dweezil Zappa), pour se finir sur un véritable Blues bien méchant, qui dégouline de feeling et qui nous laisse engoncé dans notre fauteuil, exténué, mais ravi d’avoir retrouvé le sens de la fête en chemin. Plus qu’un album, ce témoignage des THE MOOD GROOVE est un manifeste de vie, un geyser de bonne humeur, et plus encore, le plus bel hommage fusionnel à une musique qui souvent, nous manque terriblement. Bouffée d’oxygène dans une époque gangréné par le dioxyde de Carbone de la conformité, The Mood Groove transforme le soleil en lune, et le nord en sud, mais ne nous perd jamais sur le chemin de l’errance. Un disque qui sait ce qu’il veut, et qui le propose sans l’imposer, mais qui séduit sur la durée. Tiens, du coup, je suis de bonne, bonne, bonne humeur ce matin. Y’a des matins comme ça…


Titres de l'album:         

  1. Funk Soul Sister
  2. Launching Pad
  3. Moon Calling Sun
  4. I'm a Pharmacist
  5. I Just Wanna Sit Down
  6. We Are the Mushroom Men
  7. Never Count the Cost
  8. Stone Dead Man
  9. Disintegrating Gods
  10. Leaning Too Far In

Facebook officiel


par mortne2001 le 02/06/2018 à 17:35
88 %    1550

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Barabbas + Black Pyramid 21/04 : Le Klub, Paris (75)
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Tourista

Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.

21/04/2025, 11:45

Saul D

Ready for Eurovision :-)

21/04/2025, 11:04

Saddam Mustaine

J'y étais ! C'était cool

21/04/2025, 01:42

Buck Dancer

Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)

20/04/2025, 18:02

David

Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.

20/04/2025, 14:08

Buck Dancer

Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir). 

20/04/2025, 12:45

RBD

Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)

19/04/2025, 14:36

DPD

J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)

19/04/2025, 09:13

Humungus

J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?

19/04/2025, 08:38

Nubowsky

Je suis fasciné.

19/04/2025, 06:37

DPD

Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)

19/04/2025, 05:07

Kamel

I am now officially ON THE JOB MARKET (is my career over ?

18/04/2025, 12:53

Kamel

@Deathcotheque : Il y a eu confusion entre Aborted et Benighted au moment de poster la nouvelle, ellle a été éditée, mais pas complètement.Bonne nouvelle pour Kevin, après s'être fait éconduire par Archspire, il cherchait justemen(...)

18/04/2025, 12:13

Deathcotheque

"les prochaines dates de la tournée européenne serait assurée par l'ancien batteur du groupe, parti en 2024, Kevin Paradis." Vérifiez ce que vous écrivez, Kevin n'a jamais été dans Aborted.

18/04/2025, 10:35

Simony

Ah merde !

18/04/2025, 08:58

Deathcotheque

?!?! Entre Blabbermouth qui ne relaie pas la news et Metalnews qui en invente une...

18/04/2025, 08:18

Arioch91

J'ai longtemps boudé ce groupe en estimant que c'était un bête doppelgänger de Death et pas mal de riffs de leur deuxième album font trop copié/collé avec ceux de Spiritual Healing.Mais n'empêche que ça a un petit go(...)

18/04/2025, 07:47

Kamel

Il était dans Benighted le Ken???

18/04/2025, 07:27

pet fécal

C'est Aborted qui se sépare de machin

18/04/2025, 05:03

RBD

Youpi ! Vous remarquerez la présence récurrente des vers, et les vieux fans savent bien pourquoi. Au moins ils n'auront pas traîné. Je suis juste intrigué qu'ils aient déjà changé de label, mais au moins ils sont restés chez (...)

17/04/2025, 16:25