Ah mais voilà qui comme l’homme tombe à pic. Alors que je rangeais tranquillement ma collection de pogs, l’actualité m’a frappé de plein fouet en exhibant fièrement le troisième album d’un des gangs allemands les plus attachants de ces dix dernières années. Un gang de Bonn qui considère que la musique l’est quand elle tonne, tonne, tonne, et qui redistribue les claques par paquets de douze entre deux en-cas. Je suis un intime des FABULOUS DESASTER, et pardonnez-moi d’en tirer une certaine fierté. J’étais là lorsqu’ils ont sorti leur premier album, Hang 'Em High, et toujours là lorsque leur deuxième effort Off With Their Heads avait confirmé les bonnes impressions. Les cousins germains sont donc des habitués de Metalnews, qui à chaque pas en avant les gratifie d’une chronique plus que positive. Et les choses ne risquent pas de changer après avoir encaissé le rude choc Crucify This!
Un cimetière débouchant sur une mégapole qu’on pressent en flammes, un quidam anonyme courant dans les allées le marteau à la main et l’enclume dans le caleçon, voilà de quoi faire fondre les glaçons et perpétrer la tradition d’un Thrash qui s’inspire de son propre nom pour honorer ses influences. Mais une fois encore, FABULOUS DESASTER est bien plus qu’un clone d’EXODUS. Il incarne aujourd’hui des valeurs passéistes qui flattent notre égoïsme, nous dont les années 80 se sont chargées de notre éducation. Et si Gary Holt a de quoi être fier de ses faux rejetons, il n’est pas le seul à pouvoir en revendiquer la paternité. Et entre ses frères GAMA BOMB et MUNICIPAL WASTE, FABULOUS DESASTER trône au milieu du sofa comme un petit dernier un peu trop gâté.
Mais n’est-ce-pas la moindre des choses ? Lorsqu’on est doué, on a tendance à tout vous pardonner, et Crucify This! prouve que le quatuor (Lukas Terstegge - batterie, Jan Niederstein - guitare/chant, Matthias Terstegge - guitare et Andi Mertes - basse/chœurs) l’est toujours autant, entre lapidation express et constatation qui se dresse. Comme un obélisque entre deux cuisses ? Quelque chose comme ça, l’excitation étant à son paroxysme dès la prise de contact avec le progressif « Misanthropolis ». Plus de six minutes de déroulé pour des retrouvailles appréciées, qui démontrent le chemin parcouru par ces diables sans retenue. Leur Thrash est toujours aussi joyeux et précis, évolutif sans être inouï, mais salvateur en cette période de vaches maigres de terreur. Basse en avant, beat affolé, voix à la Zetro Souza après une cure de berlingots lactés, la folie l’emporte encore une fois sur la pondération, et un hymne de la trempe de « Coffin Dwellers » suffit à se montrer plus qu’euphorique de ce retour magnifié.
Nos potes allemands n’ont pas renoncé à leur identité pour se fourvoyer ou tenter de provoquer un succès sans intérêt. Ce troisième tome de l’aventure incarne une fois encore tout ce que le revival Thrash se doit d’optimiser, cette exubérance, ces attaques en transe, et cette interminable danse, entre mosh et slam, entre moche et drame, pour une valse qui distribue les calottes avec une régularité métronomique. Faire la nique à la concurrence n’est pas donné à tout le monde, et lorsqu’on est capable de pondre des gesticulations comme « Crucify This! », on peut tranquillement voir venir. La route est dégagée, et les concerts s’annoncent animés. Comme des dessins, mais avec de vrais gens, entassés sur une barrière, les cheveux volant en arrière, pour une communion sans hostie mais irritant comme des orties. Les riffs qui tournoient, la basse qui tutoie, les breaks qui sursoient, tout est là, et cette joyeuse fête donnée en l’honneur de la violence est un rendez-vous à ne surtout pas manquer sous peine de rester morose tout le reste de l’année.
FABULOUS DESASTER a bien conscience de ne pas avoir inventé la poudre, mais aussi d’être le meilleur doseur entre le matériel allemand et américain. La fluidité des plans, la rigolade musicale à la TANKARD, le radicalisme à la VIO-LENCE brouillent les pistes des références, et fait du quatuor une machine de guerre impitoyable et entièrement tournée vers l’efficacité de chenilles bien huilées.
« Rip It Up », qui donne envie de tout fracasser, le plutôt finaud « A Hard Days Fight » et son allusion BEATLES pour un Speed/Thrash à la Schmier, « May Your Mother Wear Black » mid et trempé dans l’acier du même nom continuent le travail de DESTRUCTION entrepris en 2016, et consolident la réputation d’un combo qui donne de sa personne et qui aime la sueur sur la peau.
La deuxième partie d’album, un chouïa plus élaborée nous donne un aperçu des ambitions affichées, et les t-shirts de s’amonceler sur la table de repassage en attendant d’être défroissés. « Ten Year Chaos », célèbre en pompes modestes cette décennie passée à refiler des tuyaux et des indices précieux, saccadant sans forcer un mid tempo sautillant et primesautier.
La vitesse, la tonalité des morceaux, l’euphorie générale font de ce troisième album l’étape cruciale qu’il est, et peut même parfois évoquer une version très énervée de RAVEN, le sourire en bandoulière et les arbalètes dans les meurtrières. Si EXODUS est toujours sans conteste possible la racine la plus profondément plantée, d’autres ont largement poussé, pour éviter de se focaliser sur une idole en particulier.
Parfum prononcé, agression confirmée, Crucify This! surfe sur une vague digne de ce nom pour nous les écraser sur du béton. Le chant de Jan Niederstein, proche de celui de notre Gerre bien-aimé est évidemment l’un des points forts de cette association de bienfaiteurs, qui se lèvent de bonne heure pour nous distraire de nos malheurs. Ne reste plus à « Trapped in the Dark » qu’à nous coller la dernière torgnole, sans accent espagnol, mais avec cette gestuelle californienne hispanique qui nique et pique et colégram.
FABULOUS DESASTER est définitivement l’un des pivots de cette génération Z du Thrash mondial. Un cancre surdoué pour imiter, et talentueux pour créer. Le pote qu’on a tous rêvé d’avoir en somme.
Titres de l’album
01. Menace to Sobriety
02. Misanthropolis
03. Trenchmouth
04. Coffin Dwellers
05. Crucify This!
06. Rip It Up
07. A Hard Days Fight
08. May Your Mother Wear Black
09. Ten Year Chaos
10. Before the War
11. Trapped in the Dark
... Et voici que se profile un chaos ad tour aux US à partir de septembre !
11/08/2025, 15:37
Une fois mis mon côté vieux réac' dans la poche, et oublié les 2 ou 3 autres trucs négatifs, j'en profite pour donner mon sentiment sur les groupes (uniquement le samedi pour moi):- Le temps de quitter le taf et de faire la route, pas vu THEOREM.(...)
09/08/2025, 22:37
"Les enfants sont toujours là, les couples sont venus attachés et en famille".C'est une des choses qui m'ont déplu: les 2 gamines devant. On voit de plus en plus de personnes emmener leur gosses à des concerts de Metal, Punk ou Hardc(...)
09/08/2025, 22:33
Jus de cadavre, c'est évidemment une excellente nouvelle, mais pour moi, la news de l'année pourrait être l'éventuelle reformation de Kyuss (en tout cas la rumeur est lancée)
07/08/2025, 18:15
C'est bon ça ! Et une tournée dans la foulée svp , cela fait plus de 10 ans que je les ai vu . En même temps ils sont tellement rare qu’ils passent uniquement au Hellfest de temps en temps
07/08/2025, 17:52
ça a intérêt d'être meilleur que le 3 et les deux EP, depuis le temps qu'on attend du nouveau, surtout avec le retour de Kirk Windstein.
07/08/2025, 12:26
En effet, mais le groupe les considèrent comme des EPs je crois... Enfin bref ça reste la news de l'année quoi qu'il en soit.
07/08/2025, 11:35
Au début j'ai hésité à y aller, éprouvant plus d'intérêt pour Nailbomb que pour Soulfly. Puis quand j'ai vu que ce serait Max et son orchestre sans Newport, ça m'a coupé l'envie.Sepultura ayan(...)
07/08/2025, 11:35
Non, il fera suite à Down IV, sorti en deux parties, respectivement en 2012 et 2014...
07/08/2025, 11:06
"il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte."Aucun doute là dessus oui. Je pense même sans rire qu'un calendrier de tournée / de fest / d'un nouvel album est déjà prêt.
06/08/2025, 15:35
Cavalera est un charognard, pas étonnant qu'il ressorte Nailbomb du placard. Je suis sûr qu'il va se jeter sur le nom Sepultura lorsque ces derniers auront mis la clef sous la porte.
05/08/2025, 21:18
@Gargan : Merci pour les précisions quant aux deux dealers de galettes qui méritaient de voir leur nom affiché, ainsi que pour l'origine de la bière que je n'ai pas goûtée, mais que mon comparse Manu semble avoir appréciée.
05/08/2025, 17:33
Petites précisions : le sekhmet existe toujours mais le gérant a changé depuis quelques mois et le métal n'y a plus vraiment sa place. Ce fest est donc une belle continuité ! La bière servie (excellente !) venait de la microbrasserie Arcatos, cr&eacu(...)
05/08/2025, 14:39
Marrant de retrouver un vieux commentaire, dans la foulée acheté le disque puis celui d'avant, tout aussi excellent.Je viens juste de voir qu'un nouvel album était sorti fin juin, et, sans surprise, c'est encore une réussite.
05/08/2025, 13:20
Il est impossible que j'aie grossi. J'oubliais de signaler que Robert Plant aussi est venu cette ann&(...)
04/08/2025, 14:50
1) "Donc il n'y a pas de son dégueulasse ou pas en fait. C'est à juger au cas par cas"Bien évidement que quelquefois cela dépend de l'endroit où on se situe en salle...Mais si les 3/4 des gens présents et ce à(...)
04/08/2025, 08:36
Une review est tjs très subjective et peu importe l'expertise qu'on essaie d'y mettre du haut de nos "je suis fan depuis x années" "j'ai fait x concerts". Je n'ai fait que le concert du dimanche et c'était mon 3e sur la tournee a(...)
04/08/2025, 06:33
Ceci dit je maintiens "La ligne entre reformation et tribute band devient de plus en plus floue et j'aime pas ça, j'y trouve un manque d'honnêteté."Même récemment les groupes qui jouent d'anciens titres sur la nostalgie et qui (...)
03/08/2025, 21:47