Leaves of Yesteryear

Green Carnation

08/05/2020

Season Of Mist

Quatorze ans d’attente semblent un délai assez raisonnable pour mettre les fans dans un état de désespoir intense. C’est en tout cas la punition qu’ont réservé les norvégiens de GREEN CARNATION à leur fanbase, puisque leur dernier LP en date, Acoustic Verses a été publié en 2006…L’article « les » est toutefois un peu exagéré, puisque le groupe a longtemps été réduit à son unique leader et fondateur Tchort, avant la réunification de 2014 avec de nouveaux/anciens musiciens. Pour ceux ne connaissant pas GREEN CARNATION, c’est un des secrets les mieux gardés de Norvège, un trésor musical national, dont les origines remontent à l’orée des nineties. Avec une première démo lâchée en 1991, on pensait la carrière du combo lancée, mais le hasard fit que Tchort laissa traîner sa guitare pendant presque une décennie au sein des légendaires EMPEROR, puis SATYRICON, avant d’enfin pouvoir se consacrer à ce projet et composer un premier longue-durée, Journey to the End of the Night, offert à l’orée d’un nouveau siècle. En quelques années, GC s’est imposé comme le fer de lance du Metal progressif nordique, sortant des albums d’une telle qualité que les adversaires potentiels n’étaient pas légion. Et comme pour rattraper son retard, le groupe s’excusa de cinq LPs en six ans, avant de se mettre en veille indéfiniment. Mais en dehors de la mort, tous les silences ont une fin, et c’est donc avec une joie infinie que nous accueillons aujourd’hui le septième chapitre de ces aventures hors normes, sous la forme de cinq nouveaux morceaux, pour quarante-cinq minutes de musique presque inédite. Sous une pochette une fois encore signée de la main fine de Niklas Sundin se cache donc l’un des comebacks les plus attendus du monde de la musique précise et technique, pour un retour dans la lumière qui offre un regard rétrospectif assez intrigant, mais rassurant à la fois.  

Je parlais de musique inédite, mais il convient de moduler légèrement le terme. En effet, sur ces cinq chansons, trois sont vraiment nouvelles à proprement parler, puisqu’on trouve sur ce Leaves of Yesteryear une reprise de BLACK SABBATH, ainsi qu’un très ancien morceau retravaillé pour l’occasion. Entouré d’un nouveau line-up faisant clairement référence à l’aventure IN THE WOODS, Tchort joue le résumé prospectif, laissant traîner des indices quant à l’avenir d’un groupe dont le passé intrigue encore bien des amateurs. Pour les néophytes, IN THE WOODS fut aussi formé dans les années 90 par les membres de…GREEN CARNATION, pour s’occuper durant les obligations de Tchort, ce qui fait que GREEN CARNATION est en quelque sorte le père et le fils de IN THE WOODS à la fois…L’histoire n’est pas banale, mais le résultat concret de cette biographie complexe est là, sous nos oreilles, une musique encore une fois si riche qu’elle nécessite des heures d’écoute pour être appréhendée correctement. Nous retrouvons donc le leader à la guitare, soutenu par ses anciens comparses Stein Roger Sordal (basse/chant/guitare/harpe, depuis 2001), Bjørn "Berserk" Harstad (guitare, violon depuis 2001 aussi) et Kjetil Nordhus (chant, 2001), par Kenneth Silden, dans les rangs juste avant la séparation (claviers/piano/rhodes/cordes/mellotron, depuis 2005), et par le dernier arrivé Jonathan A. Perez (batterie, 2016). Une formation qui respecte donc la tradition, et qui présente le visage classique d’un groupe qui a toujours eu foi en sa musique, cette superbe musique que « Leaves of Yesteryear » nous présente à nouveau, à la fois aussi dense et pourtant beaucoup plus simplifiée. GREEN CARNATION a toujours été le pendant plus épuré d’IN THE WOODS. Malgré des albums ambitieux, dont le titanesque Light of Day, Day of Darkness qui osait une seule composition de plus d’une heure, le collectif norvégien a toujours privilégié la sensibilité à la complexité et la démonstration. Une certaine idée de l’épure progressive, basée sur des humeurs stables et des évolutions logiques, le tout agencé de façon à générer des émotions très pures dans le cœur des auditeurs. Et une fois encore, Leaves of Yesteryear ne fait pas exception à la règle, mais la confirme.

On pense évidemment à l’avant-garde du Progressif moderne, avec OPETH, LEPROUS en ligne de mire, pourtant, GREEN CARNATION reste unique en son genre, et le démontre après des années d’absence. En proposant aux fans une relecture du classique « My Dark Reflections of Life and Death », qu’on trouvait sur Journey to the End of the Night, le premier album, les musiciens ont joué la carte de la projection du passé dans l’avenir, laissant l’inspiration guider leur réinterprétation, plus simple et synthétique que l’original, avec quelques détails ornementaux en plus, mais une structure de base gardée telle quelle. Sans pouvoir à proprement parler de « nouvel original », cette reprise personnelle permet d’appréhender la méthode des norvégien pour actualiser leur ancrage, et de respecter l’esprit de synthèse de ce nouvel album qui décidément, nous perd dans le temps avec ses constants aller-retour dans la discographie du groupe. « Hounds », l’autre grosse pièce de, Leaves of Yesteryear appuie sur l’orientation légère, et développe des arguments mélodiques probants pendant plus de dix minutes. Optant pour l’approche la plus harmonique possible sans négliger la puissance, le sextet s’ouvre des portes et s’arrange pour ne pas perdre le fil. Les riffs sont amples, les arrangements vocaux pleins et en couches, tandis que le parti-pris mélodique très prononcé permet de rattacher l’optique à la politique moderne du progressif qui refuse de plus en plus les plans alambiqués et les modulations inextricables. Avec de longues plages calmes, dominées par un silence à peine rompu par quelques percussions et une basse mutine, GREEN CARNATION renoue avec les enseignements de l’école de Canterburry, et se veut bucolique, rêveur, mais surtout charmeur en diable.

Ce qui n’empêche nullement les norvégiens de livrer un rapport de force fascinant sur l’épique et cohérent « Sentinels », le titre le plus musclé du nouveau répertoire, Rock noble qui accepte les énormes guitares du Metal pour les confronter à des lignes de chant Folk du plus bel effet. La reprise du SAB’ en final, loin d’être décorative, offre une conclusion subtile et délicate, avec ses strates de son en nuages de l’âme, acoustique précieuse et ouvragée qui rappelle le PANTERA de « Planet Caravan », avec une touche de LEPROUS parfaitement délicieuse. La conclusion de cette nouvelle aventure est que le groupe souhaite s’offrir un nouveau départ, en prenant en compte son passé, qu’il ramène ici à la mémoire tout en laissant sa réflexion s’orienter vers un avenir qu’on pressent magnifique. Après quatorze ans de silence radio, Leaves of Yesteryear donne enfin des nouvelles d’un paradis harmonique qu’on souhaite très proche, tant la richesse de la musique de GREEN CARNATION permettrait de supporter une époque rongée par le doute, la peur et l’ignorance des années à subir.           

Titres de l’album :

                     01. Leaves of Yesteryear

                     02. Sentinels

                     03. My Dark Reflections of Life and Death

                     04. Hounds

                     05. Solitude (BLACK SABBATH cover)

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par mortne2001 le 05/06/2020 à 17:41
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