Imaginez un mélange de BLASPHEMY, CARCASS, INCANTATION, KHANATE, SWANS, CRUCIFIX, VOID, GODFLESH et CONTROLLED BLEEDING.
Je me méfie de ces comparaisons fourre-tout qui permettent à des labels d’attirer le chaland dans leurs filets. Après tout, il est toujours simple de lister des influences pour vendre un produit, encore faut-il qu’il corresponde à cette description, même de loin. Mais les fans d’ANTIMONUMENT savent depuis plus d’un an à quoi s’attendre, puisque cette sortie frappée du sceau Sentient Ruin est en fait une réédition d’un album paru en 2021 sur Cianeto Discos, maison de disques brésilienne. Cette fois-ci l’ouvre se voit déclinée en format LP, pour un bel objet collector.
Doit-on pour autant ouvrir notre porte-monnaie une fois de plus, histoire d’acquérir la bête en question ? S’il est certain que cette horde brésilienne obscure (pas de line-up, pas de site officiel) propose un Death Metal méchamment sombre et occulte, il n’en est pas pour autant indispensable d’enrichir sa discothèque avec un nouveau format. Ceci étant dit, les huit pistes proposées font preuve d’une certaine audace bien sale, comme l’aiment les amateurs d’extrême le plus embourbé dans la chaux de l’humanité.
Entre attaques soniques en règle et passages en redondance cyclique, ANTIMONUMENT tire son épingle du jeu Noise, et ose en effet s’attaquer à des styles extérieurs à son terrain de jeu de prédilection. On trouve dans ces morceaux des traces patentes d’Industriel, de Dark Ambient, de Thrash joué par des sauvages, et des itérations irritantes qui ne font qu’accentuer cette sensation de paranoïa ambiante.
Riffs morbides, blasts, voix d’outre-tombe sous-mixée, les ingrédients sont là pour respecter le cahier des charges Sentient Ruin, et autant dire que si la mixture est épaisse comme un glaviot de moribond, elle n’en est pas moins délicieuse en tympans et méchamment grave et corsée. On aime évidemment ces courses poursuite menées tambour battant et caisse claire agonisant, mais aussi ces écrasements glauques et ténébreux, dans une alternance qui sert de base au projet.
On a déjà entendu ça ailleurs, en mieux et en moins bien, mais une sorte de malice hypnotique se dégage de cet album, plus complexe qu’il n’y paraît au prime abord. Entre dISEMBOWELMENT et SUFFOCATION, croisant GNAW THEIR TONGUES dans l’allée d’INCANTATION, multipliant les inserts électroniques pour épaissir l’ambiance, ANTIMONUMENT nous offre une vignette de la vie brésilienne, violente dans ses bas-fonds, et toujours susceptible de vous agresser sans prévenir.
De fait, j’admets la citation de GODFLESH, puisqu’en plusieurs occurrences, le combo lusophone nous gratifie de mécanismes froids et implacables, entre messe noire industrielle et friche boueuse. Néanmoins, le tout s’appréhende comme un jet de bile Death Metal underground, méchant, assourdissant, brutal et sans concession. Et sous cet angle-là, autant dire que Concealment est méchamment bien agencé.
Intermèdes noisy, raclage de gorge, samples et bruitages bien placés, on se laisse happer par « Mirror », reflet immonde de Dark Ambient menaçant, on glisse avec délice sur la pente de « Dissipate », qui pioche dans le répertoire d’INCANTATION et GODFLESH, mais on accepte aussi l’ignominie de titres plus classiques et vintage comme le bestial « To Nothing » ou l’entame impitoyable « Lord of the Fallen ». Et pour bien marquer le coup, ANTIMONUMENT achève son agonie sur un « Entranced in Ruin » totalement ignoble, entre Black Metal de l’est et Death Metal américain empestant les égouts et le Big Mac dégueulé par les narines.
Tout ceci est donc très, mais alors très vilain, mais cathartique d’une certaine façon. Une façon justement de transposer dans un langage musical bruitiste les turpitudes de la vie moderne, qui nous déconnecte des fondamentaux pour nous emprisonner derrière des écrans de solitude. Ici, la mort est traitée comme telle, implacable, soudaine ou résultant de mois d’agonie, et dont la compagnie nous permet de comprendre à quel point la vie est futile au regard de la vacuité d’un monde qui court à sa perte sans ralentir sa marche.
Titres de l’album :
01. Lord of the Fallen
02. Concealment
03. Dissipate
04. Controlled Burst
05. Mirror
06. Veils
07. To Nothing
08. Entranced in Ruin
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52