Quels sont les ingrédients indispensables à l’élaboration d’un bon disque de Hard Rock mélodique tirant méchamment sur l’AOR ? La ou les réponses semblent évidentes, et s’articule(nt) autour de figures imposées que tout le monde connaît. D’abord, des compositions qui font les yeux doux aux radios qui ne les diffusent plus depuis la fin des années 80. Ensuite, une technique instrumentale au-dessus de tout soupçon histoire d’agrémenter la facilité de quelques ornements riches. Une production parfaite et pas trop aseptisée, mais pas non plus trop abrasive pour ne pas rebuter les plus sensibles. Et bien sûr, une connaissance encyclopédique du sujet qui permet de piocher dans le répertoire des références les plus marquantes, pour essayer d’en reproduire la magie, ou au contraire d’éviter le plagiat trop évident. Dans le créneau, on sait que deux ou trois labels se partagent les bons morceaux, Frontiers d’abord, mais aussi AOR Heaven, les deux indépendants les plus farouchement attachés à ce mode d’expression et qui nous inondent année après année de disques qui font office de pierres angulaires. Et puis, si l’on vise l’exhaustivité, un équilibre parfait entre séduction et agression, histoire de contenter à peu près tout le monde. En prenant en compte ces paramètres, je crois pouvoir affirmer que le second longue-durée des allemands de DEVICIOUS remplit tous les critères précités, malgré deux handicaps assez lourds à assumer au départ. D’abord, la (les) nationalité(s), l’AOR trouvant ses défenseurs les plus acharnés du côté des USA ou des pays nordiques, et ensuite, la paternité d’un label moins exposé que les deux géants habituels. Mais malgré ces deux points qui pourraient laisser le groupe à la traîne d’une production toujours plus abondante, Reflections s’avère un redoutable album du cru, qui a trouvé l’équidistance parfaite entre mélodies souples et puissance de souffre, et nous offre dix compositions presque parfaites, qui sous des atours homogènes jouent la diversité, tout en sachant pertinemment qu’un refrain hautement mémorisable reste l’arme la plus efficace pour se défendre contre la concurrence.
DEVICIOUS est un groupe cosmopolite, constitué d’un chanteur serbe (Zoran Sandorov), d’Alex Frey, bassiste, compositeur et producteur, du guitariste Radivoj Petrovic, du claviériste Dennis Kunz, et du batteur Lars Nippa. Union internationale entre l’Allemagne, l’Espagne et la Serbie, DEVICIOUS n’est pas totalement inconnu de la scène mélodique, puisque son premier album a été distribué l’année dernier par Pride & Joy Music, autre label bien connu pour ses inclinaisons délicates. C’est ainsi que Never Say Never a révélé quelques mois plus tôt un combo soudé dans l’amour des structures fluides et des refrains homériques, et autant dire que ce Reflections ne fait qu’enfoncer le clou et nous présenter des musiciens au potentiel certain et affirmé, dont le professionnalisme ne fait que se renforcer. Produit par Alex Frey lui-même, car on n’est jamais mieux servi que par, ce longue-durée est de ceux qui se situent dans une excellente moyenne, et qui refusent de trop tremper leur inspiration dans le passé pour ne pas sonner comme un énième produit vintage hautement dispensable. Et même si à l’écoute de plusieurs morceaux, des images nostalgiques affluent à la mémoire des tympans, on sent que le quintet souhaite rester ancré dans sa propre époque, sans occulter l’importance d’œuvres publiées dans les années 90 et 2000. On pense évidemment aux écoles scandinave et norvégienne, à cette différence près que les allemands/serbes/espagnols ne nous inondent pas de synthés gluants, et éloignent leur musique d’une sorte de Synth-Hard très à la mode ces derniers temps. On pense plus volontiers à une version personnelle et synthétique des travaux de HAREM SCAREM, W.E.T, ECLIPSE, HARDLINE, le tout emballé dans une prestation globale au-dessus de tout soupçon, qui n’aurait pas oublié sur le bord de la route les anciens trips west-coast qu’on racontait sur les FM américaines entre 83 et 89.
De la puissance donc, des claviers en contrepoint, la recette fait rage et table de loi depuis le premier effort éponyme d’un certain BON JOVI, mais des traces de HAYWIRE et de BRIGHTON ROCK peuvent aussi être décelées de çà et là, tout comme des éléments qu’on piochait dans certains chapitres écrits par les PINK CREAM 69. Inutile donc de s’attendre à de la guimauve qui colle aux dents et les carie, puisque l’optique générale sait amplifier une distorsion virile, à peine nuancée de chœurs collégiaux et de chorus à reprendre à pleins poumons en voiture. Des tubes, et un sacré paquet puisque le LP en est truffé, sans temps mort, et avec le minimum de crises sentimentalistes pour cœurs brisés par un amour gâché. Le Hard Rock s’en trouve donc grandi, et pas uniquement utilisé comme caution pour justifier d’un perfecto bien huilé, même si avec une moyenne de cinq minutes par morceau et d’une heure globale (avec les titres bonus), DEVICIOUS n’a pas forcément joué la facilité. On retrouve donc des idées d’un titre à l’autre qui semblent avoir été adaptées pour ne pas sonner trop similaires, mais en restant critique et honnête, je dois avouer que sous des atours classiques, ce second LP fait montre d’un bel esprit harmonique soutenu par une base instrumentale solide. Premier point d’accroche, le travail accompli à la guitare par Radivoj Petrovic, qui se fait plaisir en lâchant des soli convaincants et flamboyants, et qui dynamise des morceaux qui parfois versent dans une moyenne confortable qu’un peu d’imprévu permet de sublimer (« Hungarian Girl », le genre de morceau qui mal dosé aurait pu donner une soupe trop diluée). Autre point fort, des arrangements ludiques et atypiques, qui rapprochent certains moments plus calmes de la scène Pop-Rock des eighties, dans l’optique des GO WEST pour trouver un exemple parmi tant d’autres (« Flying »). Pas mal de diversité dans la logique donc, et des chansons qui s’incrustent dans la tête, grâce à un talent créatif naturel, mais aussi à une production en modèle du genre, qui arrondit la basse sans l’empêcher de fouetter.
On la retrouve à plein régime sur le teigneux « Saturday Night », hymne à ces soirées passées à se délecter d’un bar-band du côté de Berlin ou de Madrid, mais aussi en support d’un clavier très Dance-Pop sur le hit « Never Let You Go », avec Åge Sten Nilsen (AMMUNITION, WIG WAM) en support. Je pourrais évidemment argumenter sur chacune des entrées, toutes présentant les caractéristiques les plus symptomatiques de l’optique, mais je préfère vous laisser découvrir quel titre vous correspond le mieux parmi ce marché qui ne laisse personne dupe de la passion des cinq musiciens. J’avoue un petit penchant pour « Run Together » qui m’a gentiment rappelé au souvenir des DARE, de MAGNUM et d’ECLIPSE, à cause de cette intro pomp aux claviers briqués, et de ce refrain aussi contagieux qu’un amour d’été. Mais comme les dix morceaux sont autant d’hommages à un Hard-Rock de grande classe qui a su rester populaire sans virer populiste, chacun trouvera son chat sur le balcon pour faire un joli sourire à la voisine de l’appartement du fond. Reflections est donc le genre de LP qui donne bonne mine, que l’on écoute de préférence en voiture pour aller rejoindre ses potes ou sa fiancée, et qui contient suffisamment de tubes pour ne pas qu’on voie le temps passer.
Titres de l'album :
01. Long Way Home
02. Never Let You Go (Feat. Åge Sten Nilsen)
03. Understand
04. Desire
05. Hungarian Girl
06. Flying
07. Saturday Night
08. We’re Dying
09. Run Together
10. Feel The Heat
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Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
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Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
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