Je l’avoue sans honte, j’ai toujours trouvé le Metal français…un peu trop Metal justement. Un peu trop porté sur la foi métallique, sur les patches, les déclarations d’amour au genre un peu gauches et cliché, et dans les années 80, j’avais beaucoup de mal à me passionner pour des musiciens chantant les louanges des amplis, des blousons de cuir, de la vie sur la route et de l’indéfectible passion envers les bracelets cloutés. Certes, j’ai moi aussi eu ma période veste en jean décorée de patches divers, de badges, j’ai fait les cornes du diable en concert face à l’enthousiasme de groupes plus que convenus, mais j’ai grandi, et tout ça fait depuis longtemps partie d’un décorum que je me refuse à envisager comme le seul contexte possible. Alors, lorsqu’un groupe débarque avec pour étendard This is Metal, je me méfie, spécialement lorsqu’il est né dans notre beau pays. OK, le Metal c’est bath, mais on sait depuis longtemps qu’il n’est pas vraiment une grande famille, et que les frenchies ont tendance à se tirer dans les pattes à insultes réelles dès que l’occasion se présente. Mais en faisant fi d’un champ lexical entièrement dédié à DIO et JUDAS PRIEST, il est tout çà fait possible d’apprécier le premier LP des toulousains de HELLROCK, qui huit ans après leur émergence osent enfin nous proposer le fruit de leur labeur acharné.
Huit ans, c’est long, très même, mais l’attente en valait la peine, puisque malgré son titre en cliché absolu, This is Metal est une sacrée calotte de Heavy bien troussé et interprété avec toute la flamboyance nécessaire. Ce quintet représente donc le côté noble du Heavy Metal, celui des années 80, transposé dans un vocabulaire musical plus contemporain, et lâche pépite sur pépite, tout en restant ancré dans un classicisme qu’il assume totalement.
Autant l’avouer derechef, le centre d’intérêt de HELLROCK est assez facile à repérer, puisqu’il trône au milieu de la scène. Avec un chanteur aussi exceptionnel que Paul Eysette, membre du groupe HEAVYLUTION (encore un jeu de mot assez malheureux), les membres fondateurs que sont Rémi Bonin (guitare solo) et Pascal Renaudat (guitare rythmique) jouent sur du velours, et peuvent se laisser aller à leur passion du formalisme le plus puriste. Les deux guitaristes capitalisent donc sur leur expérience acquise au sein de JANE DARK pour tisser d’autres textures, toute aussi solides, mais plus aérées qu’un simple tissu Metal aux mailles resserrées. On retrouve autour des trois hommes une section rythmique solide et inspirée constituée du bassiste Thomas Dechambre et du batteur David Lienard, et autant dire que le quintet peut s’appuyer sur une cohésion indéniable au moment de lâcher ses hymnes à la gloire du Hard-Rock. Un Hard racé, solide, suintant de colère et aux textes engagés, de quoi faire le plein d’énergie en ce début d’année 2021.
Soyons honnête, si les morceaux sont factuellement traditionnels, ils n’en sont pas moins terriblement convaincants, et surtout, magnifiquement arrangés. Les deux guitaristes jouent la complémentarité, et alors que Pascal Renaudat drope ses riffs les plus velus, Rémi Bonin n’a plus qu’à se laisser aller à son talent naturel pour nous trousser des soli homériques et sensibles. Sur un morceau aussi héroïque que lyrique comme « Outlaw », l’effet est maximal, et les poils se hérissent sur les bras, comme si le SORTILEGE de la grande époque avait fait équipe momentanément avec les MANIGANCE. Les mélodies sont subtils, le touché précis, et la voix incroyable de Paul Eysette transcende le tout de sa capacité à jouer avec les registres. Ce chanteur est décidément inénarrable et parvient à faire passer les facilités les plus évidentes pour des preuves d’allégeance, passant sans transition de murmures maîtrisés à de soudaines envolées opératiques dramatiques. Capable de défier les cadors Dickinson, Halford, Kiske, Scheepers et Tate, le vocaliste est décidément la plus-value de cet album, mais pas une plus-value en gimmick salvateur. Osons le dire, l’instrumental tricoté par les deux compères Rémi et Pascal est d’excellente facture, ce que l’on savait déjà après avoir découvert le clip du tonitruant « This Is Metal » sur Youtube.
Pour apprécier ce premier long il faut évidemment faire fi de toute attente créative, et de toute espérance d’originalité. Les toulousains se sont eux-mêmes coincés dans un contexte métallique très rigide, allant même jusqu’à imiter l’ACCEPT le plus classique (« Don't Come Alone »). Mais l’énergie et la foi dont ils font preuve permettent d’oublier la recherche d’inédit, d’autant que This is Metal passe par toutes les ambiances possibles pour ne pas lasser. En louvoyant entre viril velu et tendre ému, le groupe nous propose une œuvre variée, qui reprend les codes de tous les sous-genres, flirtant parfois avec le Power Metal pour se rappeler juste après du mysticisme de MAIDEN.
« Sailing to Atlantis » nous ramène donc à l’époque de la vierge de fer la plus inspirée dans son costume de conteuse fantastique, et entre des arpèges précieux et une voix qui encore une fois adopte la bonne attitude, l’immersion dans le passé est intégrale, mais délicieuse. Les eaux sont à bonne température, et l’air est agréable, et si la sensation a quelque chose d’une répétition très appliquée, le feeling dégagé par l’interprétation évite le plagiat pur et dur.
Et ça aligne, et ça tabasse, ça a parfois recours à quelques effets pour augmenter l’intensité (« Blood Red Line »), mais le projet ne tombe jamais dans le piège de la passion nostalgique trop prononcée. Evidemment, quelques clichés parsèment l’album (le même « Blood Red Line » qu’on aurait facilement pu écouter sur le Brave New World de qui-vous-savez), mais l’inspiration SAVATAGE moderne permet quelques écarts bienvenus (« The Savage from the Mountain »), et le quintet a même le culot de finir le travail par un instrumental (« Entrance »), fluide et délicatement Hard-Rock.
Alors, évidemment, les vieux de la vieille savoureront chaque seconde de ce This is Metal, tandis que les petits jeunes pourront en profiter pour prendre une leçon de composition classique. Et si je devais choisir un album contemporain pour expliquer à un adolescent ce qu’est vraiment le Metal, je n’hésiterais pas une seconde. Je lui dirais avec une étincelle dans les yeux, « écoute ça petit, c’est du METAL ».
Titres de l’album:
01. This Is Metal
02. The Wanderer
03. Outlaw
04. Operation Citadel
05. Don't Come Alone
06. Sailing to Atlantis
07. Blood Red Line
08. Heartbeat Away
09. The Savage from the Mountain
10. King of Shame
11. Entrance
BRAVO!
Que du bonheur cet album!
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
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09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
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News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
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Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44