Viva Rock’n’Roll

Deraps

23/05/2025

Metalville

Y’a des mecs comme ça qui énervent. Non parce que ce sont des branquignols ou des guignols d’un art fatigué et ridé, mais au contraire, parce qu’ils savent tout faire. Et qu’ils le font mieux que n’importe qui. Devin Townsend. Paul McCartney. Steven Wilson. Jimi Hendrix. Mikael Åkerfeldt. Et je ne vais pas faire toute la liste à moins de céder la place de cette chronique au recensement. Mais avouons que ce genre de gars est plus qu’énervant : irritant. Musiciens de classe internationale, compositeurs hors-pair, multi-instrumentistes, tout y passe, de la gamme en do majeur aux miracles de pasteur, et si l’admiration est la première réflexion, elle laisse souvent la place au procès d’intention. Pourquoi ces dons ont-ils été accordés à une poignée alors que les autres triment dans l’ombre pour pas grand-chose à gagner ?

Une injustice crasse.

Sans la dresser de façon exhaustive cette liste pourrait laisser s’y glisser le nom de Jacob Deraps. Le jeune canadien chante, joue de la guitare, de la basse, à une sacrée belle gueule, et pourrait être l’héritier de tous ces zicos qui manipulent les instruments comme les politiques la langue de bois. Les John Sykes, Jeff Waters, Richie Kotzen, qui au travers des années ont tout tenté et exploré, pour en revenir avec une réponse claire et nette : le Rock n’Roll sauvera la planète.

Et ils ont raison. Et DERAPS a raison. Viva Rock’n’Roll, et rien d’autre. Le binaire se suffit à lui-même.

DERAPS c’est la next big thing depuis quelques années, le it band par excellence, l’association de bienfaiteurs, les gangsters du décibel, les dealers de watts et tout ce que vous pourriez imaginer. Jacob Deraps, épaulé par la lourde et souple frappe de Josh Gallagher revient donc nous titiller la nostalgie avec une grosse dizaine de chansons qui sourient, qui éloignent le Blues pour mieux le jouer et qui groovent comme un détachement Motown en campagne au Canada. Le guitariste/chanteur, fils illégitime d’Eddie Van Halen et David Coverdale se donne en spectacle sur un disque qui sent bon les années 80, les plus fraiches, les plus insouciantes, les plus galvanisantes, celles que nous avons connues, ressenties, et qui nous manquent toujours aujourd’hui. D’ordinaire, l’approche old-school ne déclenche aucune louange de ma part. Mais avec Viva Rock’n’Roll, la donne est différente. L’euphorie qui se dégage de ce disque est telle qu’on en oublie qu’il se contente de copier des données vérifiées, puisqu’il a la gentillesse de revisiter l’esprit originel de la scène Hair Metal de la seconde moitié de la décennie.

Et là encore, on liste, on note. VAN HALEN. WHITE LION. WHITESNAKE. JOURNEY.TYKETTO. Et encore, et encore et encore. Toujours plus de références pour une révérence qui donne le tournis, drivée par cette guitare incroyablement inventive et bavarde. Bavarde, mais sans faconde. Précise mais libre. Lucide mais un peu folle sur les bords. Le syndrome EVH ? Oui, mais aussi Vito Bratta, Ronni Le Tekro, Nuno Bettencourt et un paquet d’autres qui n’avaient pas le médiator dans leur poche.

Mais pour comprendre ce deuxième album qui surpasse le premier dans tous les domaines, il faut évidemment l’écouter. Sans pression la première fois, avec plus d’attention la seconde, et complètement à fond la troisième. Mine de tubes à faire rougir les terrils du nord, Viva Rock’n’Roll n’est rien de plus ni de moins que l’illustration de son titre, un salut adressé à la musique la plus directe et sincère possible, blasée d’un binaire parfois martelé, parfois caressé, et souvent pilonné jusqu’à ce qu’orgasme s’ensuive. Un remède universel, une nougatine sans carie, un verre de bourbon qui laisse l’esprit clair, une virée sur la route sans accident. En gros, la quintessence de cette essence régressive qui nous ramène près du juke-box et des platines de notre enfance. On y trouve de tout, comme dans un bazar électrique et électrique, et même du STRYPER qui s’amuse à s’immerger dans les sixties juste pour le fun (« Solitaire », prétexte à un solo de toute beauté).  

Il n’y a pas à tourner autour du pot, chaque chanson de cet album est un hit en puissance. Propulsé par un riff dantesque, si naturel qu’on en reste bluffé, et agrémenté d’un refrain imparable à plusieurs voix qui a bien retenu les leçons des chœurs déposés par QUEEN et DEF LEPPARD.

Beaucoup d’action, de réactions, mais aussi d’émotion. Lorsque la guitare acoustique de « Setting Sun » fait résonner ses accords, on marche sur la plage virtuelle de nos souvenirs, lorsque les musiciens les plus durs enlevaient leur perfecto pour laisser leur cœur à vif. Mais pas ce genre de ballade tire-jus et cellophanée pour faire se pâmer les jeunes filles, non, le genre de titre qu’on écoute avec le vague à l’âme, la vraie, celle qui peut unir les BEATLES, KINGS X et ENUFF Z’NUFF.

Je trouve ça tout bonnement incroyable. Et pourtant, DERAPS est une réalité, un fait indéniable, une preuve irréfutable. Je savais Jacob capable de se transcender pour accoucher du disque parfait, mais il est tout de même parvenu à me sidérer. Alors, j’en conviens sans gêne, la patte VAN HALEN est très présente, mais elle est détournée et détourée pour éviter la retape gratuite. Le talent incroyable du bonhomme avec ses cordes est évidemment époustouflant, mais c’est son panache de songwritter qui éclabousse la concurrence. On ne peut s’empêcher de dessiner mentalement les traits de David Lee Roth en écoutant « Born To Die », tout comme on ne peut éviter la vision d’un EXTREME des grands jours en découvrant « Blindside ».

Une immense veste collée aux brebis galeuses du vintage moisi, voilà ce qu’est finalement Viva Rock’n’Roll. Une leçon de plaisir qui se termine dans une giclée boogie à faire valser David, TESLA, les TOP, Blues Sareceno, les PEER GUNT, et qui des heures après son écoute fait encore effet. DERAPS déborde, dérape, se rattrape et s’accroche à la trappe, pour assumer son statut de concept le plus solaire de ces dix dernières années. Un classique en devenir, mais en attendant, trois quarts d’heure de générosité et de délire.

Album de l’année dites-vous ? J’y mettrais ma collection de CD au feu.         


Titres de l’album

01. Viva Rock N’ Roll

02. Animal Eyes

03. The Legend of Larrikin Laddie

04. Equinox

05. Last Fall

06. Solitaire

07. Setting Sun

08. Born To Die

09. Blindside

10. The Dawg Stomp

11. Black Sheep Boogie


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par mortne2001 le 26/05/2025 à 17:12
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Comment ça pour être exact, j'étais là aussi hein. Il a bien dit "méchante femme" : https://www.youtube.com/watch?v=Itx3Rw11p0I ;-)

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Pas mal d'informations erronées dans ce live report, mais c'est sympa de lire des propos construits :)Je publierai mon live report dans un zine, Hard Rock à Mort ! qui devrait voir le jour d'ici la fin d'année ;)

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