Admettons l’évidence que vous aimiez votre Hard simple, moderne, in your face et sans chichis. Si tel est le cas, et j’ose à croire que oui, vous connaissez déjà les suédois de KNOGJÄRN qui depuis 2015 vous en font voir de tous les tympans. Car ces punks (dans le sens le plus affectueux du terme) de Karlstad ne se prennent pas la tête, et dispensent depuis cinq ans une énergie propre à rendre votre cheminée totalement obsolète et tout juste bonne à chauffer le cul du chat. Mais notez tout de même que cette chronique ne concerne pas un éventuel nouvel album de la bande, mais bien la réédition de Stora och Farliga, paru plus en amont cette année. Pour fêter la signature avec la référence Indie Recordings, le groupe s’est fendu d’une nouvelle version de ce LP, y ajoutant la primeur d’un inédit pour que la fête soit plus folle. Et comme le déclare sa nouvelle maison de disques, ce qui séduit immédiatement avec la musique des suédois, c’est son caractère frontal et punchy, loin des tentatives les plus alambiquées du nord de l’Europe ou des dérives nostalgiques qui constituent la moitié de la production locale. Ici, pas de raison de regarder dans le rétro, seul le pare-brise intéresse ces quatre marlous, qui foncent sur l’autoroute musicale avec une inconscience crasse.
D’ailleurs, le label norvégien ne lésine pas sur les slogans accrocheurs pour vous tamponner à la locomotive. « Un groupe qui vous donne envie de décapsuler une bière et de pousser le volume à 11 », on se croirait dans Spinal Tap, pourtant les KNOGJÄRN sont tout sauf une parodie. Et si six mois ont passé depuis la première version de ce nouvel album, il n’en a rien perdu de sa fraîcheur adolescente. A cheval entre Groove Metal, Metalcore, Punk Metal légèrement acidulé, Stora och Farliga de sa langue natale nous écorche agréablement les oreilles, avec sa palanquée de riffs francs et massifs, admirablement mis en relief par une production moderne, mais pas tape à l’œil. Certes, rien de neuf sous le soleil suédois ou même européen, mais juste une envie incroyable, une pèche l’étant tout autant, et un quatuor (Kim Eriksson – chant, Markus Hurtig – guitare, Rasmus Sörbom – basse et Johan Hidén – batterie) qui vous attrape par le colback et ne relâche jamais son étreinte. D’ailleurs, le groupe a le culot de déclarer être capable de vous séduire en live même si sa musique vous laisse froid en studio, ce qui en dit long sur la confiance que ces mecs-là affichent. Mais même en version studio, leurs chansons sont explosives, et pas besoin de se taper un concert pour comprendre que les KNOGJÄRN sont le genre de bestiaux qui ne se compliquent pas la vie en cherchant une quelconque caution artistique expérimentale.
L’argument justifiant de l’acquisition de cette nouvelle version est donc cet inédit que le groupe n’a eu aucun mal à composer pour enrichir cette ancienne sortie. Mais cette chronique s’adressera plutôt aux néophytes ne connaissant pas le groupe, et désirant faire l’expérience d’une musique explosive sans avoir à fouiller les sombres arcanes de la toile. Stora och Farliga, c’est une recette simple, à base de grosses guitares, de chant hurlé comme du Hardcore de rue, une rythmique qui pilonne, et en tombant sur « Stora Och Farliga », vous réaliserez rapidement que les quatre suédois ne sont pas là pour faire les malins ou tergiverser. Batterie jumpy, limite Hardcore, ambiance festive mais pas paillarde, gouille convaincante, c’est populaire mais pas populiste, et ce premier morceau n’est pas sans évoquer une traduction KMFDM dans un langage plus organique, et plus axé sur le partage que la froideur mécanique. Concision, franchise, la musique présentée ici parlera à tous ceux qui aiment headbanguer sans se demander si le geste n’est pas trop vulgaire, et qui préfèrent leurs chansons immédiates, et accrocheuses. Pas d’argument fallacieux, pas de tromperie sur la marchandise, on encaisse le choc et on trépigne sur « Älskar Ingen », acceptant cette instantanéité comme un beau cadeau de Noël. Tout à tout lourd, rapide, oppressant, dansant, mais toujours puissant et naturel, le quatuor aligne donc les motifs qui s’incrustent dans le cerveau, ne laissant plus de place au libre arbitre. Nous voilà donc englué dans cette toile d’araignée, empêtré dans ce plastique qui fond sous nos pieds et qui nous oblige à gesticuler comme un fou. Et avec un timing de trente-six minutes pour un total de douze chansons, pas le temps de s’ennuyer ni de trop intellectualiser, puisque les bougres savent y faire pour nous distraire. Riffs légèrement trashy sur « Bit för Bit », beat trampoline avec « Mera Mera », thématique générale de l’égoïsme qui gangrène notre société (je l’ai lu, rassurez-vous, je ne comprends pas le suédois), et puis une vision du Hard et du Heavy totalement personnelle, joignant les deux bouts et les époques sans se demander si le mélange est légal ou pas.
Alors évidemment, tout ça ne parlera pas à tout le monde, mettant de côté les puristes Hard-Rock et Heavy qui détestent qu’on dénature leur musique préférée. Mais ceux qui acceptent de voir leurs théories remises au goût du jour se jetteront sur des hits comme « Ingenting Vackert », ou l’explosif et festif « Svart » qui résument à merveille la philosophie simple du groupe. Faire la fête, s’éclater, et composer des morceaux en pensant à leur impact live, décuplé par l’énergie et l’adrénaline. Un album défouloir, cathartique, qui méritait bien un nouvel éclairage, et qui trouvera une bonne place dans votre discothèque de fan de musique ouverte. Et quand la pièce sent le renfermé, une seule solution : ouvrir les fenêtres, pousser le volume à 11, et balancer la purée de Stora och Farliga. Résultat garanti, bonne humeur obligatoire, et courroux des voisins atténué par le plaisir de secouer sa tignasse à l’air libre.
Titres de l’album:
01. Stora Och Farliga
02. Älskar Ingen
03. Bit för Bit
04. Mera Mera
05. Mer än du Ser
06. Allt Brinner
07. Kallt
08. Ingenting Vackert
09. Svart
10. Kör över Dig
11. Slår oss Fram
12. Kan du Höra Mig
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04