Queen of the Broken Hearts

Issa

12/03/2021

Frontiers Records

Je n’ai jamais été tendre avec la pauvre ISSA, chanteuse norvégienne qui depuis le début des années 2010 aligne les albums avec une belle constance. J’avais fait sa connaissance à l’occasion de la sortie de Can’t Stop en 2012, et je l’avais retrouvée quelques années plus tard lorsqu’elle nous avait offert son cinquième album en 2018, Run With The Pack. Et c’est sans honte que j’avoue à ses fans les plus endurcis que sa musique n’a jamais dépassé la juste moyenne dans mon cœur…Mais comme je suis têtu et que je n’aime pas rester sur une impression négative, je remets le couvert en cette couverte année 2021 pour vous entretenir du dernier méfait de la blonde chanteuse, encore une fois distribué par Frontiers, qui décidément croit dur comme fer qu’ISSA cassera un jour la baraque. Je ne peux toujours pas partager l’enthousiasme de ce cher Serafino, qui a parfois des gouts douteux (de moins en moins quand même), mais je peux admettre que la chanteuse développe avec les années une certaine maturité vocale, tout en s‘en remettant systématiquement à des astuces de Hard Rock à tendance Heavy, très mélodique, mais aussi terriblement générique, et ce, malgré les moyens déployés pour l’imposer sur le marché. Au moins, la diaphane vocaliste nous épargne les atermoiements de diva, et se contente d’un registre partiellement symphonique, ce qui nous permet d’économiser les mouchoirs et de ménager nos tympans.

Pour ce sixième longue-durée, l’artiste n’a pas changé d’un iota son approche, tergiversant toujours entre les nuances pour ne sonner ni trop clean, ni trop dure. Et c’est sans doute cette absence de choix qui la rend si dispensable à mes yeux, le côté anonyme de sa musique m’évoquant volontiers un pilotage automatique de l’écurie Frontiers pour produire du disque au kilomètre sans se soucier de sa portée sensorielle.

Encore une fois bien entourée, avec un line-up composé de Simone Mularoni (DGM) à la guitare, d’Andrea Torricini (VISION DIVINE), à la basse, de l’inépuisable Alessandro Del Vecchio à la production et aux claviers et de Marco Di Salvia (HARDLINE) à la batterie, ISSA fait donc ce qu’elle peut pour nous convaincre de sa passion Hard-Rock, mais encore une fois aussi, sombre dans le formalisme le plus englué dans les poncifs, et peine à faire décoller son nouveau répertoire. J’en veux pour preuve le succédané malhabile « I'm Here To Stay », qui singe les aspects les plus horripilants de VIXEN, et qui se traîne le long d’un mid tempo pilonné pour asséner un message qu’on peine à prendre au sérieux. Certes, la musicienne affiche une belle carrière de plus d’une décennie, mais si elle parvient à durer, c’est plus en demi-teinte que dans une lumière aveuglante, et c’est encore une fois dans un registre plus soft qu’on l’apprécie le plus, en dégustant le superbe et ciselé « Blue » qui colle beaucoup mieux à son timbre de voix très particulier.

Je l’avoue en toute objectivité, j’ai toujours autant de mal à supporter la voix de cette chanteuse au registre pourtant étendu, mais aux intonations assez agaçantes. Le décalage entre ses envies de puissance et son filet de voix relativement limité produit une impression de raté qui laisse de marbre, et la musique composée est si standard qu’on se demande vraiment où elle veut en venir. Des progrès ont certes été accomplis depuis ses débuts, mais le résultat ne déchaine toujours pas les passions, comme un Hard Rock joué sans confiance et mis en bouteille sans amour, qui une fois débouché ne flatte pas les naseaux de ses nuances fruitées ou corsées.

Il faut dire qu’aborder le cas de Queen of the Broken Hearts après avoir chroniqué les dernières perles du label italien n’est pas la meilleure façon de l’appréhender. Clairement dix tons en dessous des TURBULENCE, de CHEZ KANE ou SUNSTORM, la pauvre ISSA fait ce qu’elle peut pour essayer de prouver qu’elle mérite sa place aux côtés des meilleurs, mais ne parvient pas à créer l’illusion. Un peu comme si le pauvre Alessandro, fatigué d’être sollicité de tous les côtés, laissait son inspiration de côté pour se reposer le temps d’un album passe-partout. Alors évidemment, pris hors contexte et envisagé individuellement, Queen of the Broken Hearts n’est pas un mauvais disque en soi. Il est une solide démonstration de Hard-Rock mélodique très formel, mais sans l’étincelle de magie qu’on est en droit d’attendre après dix ans d’expérience et une carrière commencée très jeune.

Les titres passent les uns après les autres, et ne laissent aucun souvenir durable, si ce n’est par intermittence et en faisant preuve de beaucoup d’abnégation. On peut bien sur apprécier l’énergie d’un « Queen Of Broken Hearts », l’un des rares up tempo poppy à nous extirper de notre léthargie (et complété d’un solo très capable de Simone Mularoni), on peut aussi à la rigueur souligner le désir d’affranchissement de « Derive », mais lorsque la chanteuse part dans les montées lyriques, la patience bout dans la marmite de la tolérance, et on est rapidement tenté de skipper les morceaux pour arriver à cette conclusion inéluctable : ISSA a beau avoir un certain talent, il n’est jamais mis en valeur par les bonnes compositions.

On se rabat alors sur les quelques passages appréciables, sur les intros délicates, sur les refrains qui faute de donner envie de lever le poing, font tout de même bouger les petons (« Without Love »), sur les rares réussites AOR qui traînent de çà et là (« Wait For Love »), mais l’utilisation de thèmes trop usés, et cette rythmique qui systématiquement frappe au même rythme finissent par avoir raison de notre bienveillance, et on préfère oublier une fois encore cette expérience désagréable de déception constante.

Je pense donc avoir tout dit à propos d’ISSA en trois chroniques, et je ne pense pas m’évertuer dans un avenir proche à essayer de me faire changer d’avis à propos d’une artiste qui ne fait pas partie de mon univers. ISSA chante parfois bien, ses chansons savent de temps à autres toucher notre corde sensible, mais tout ça n’est pas suffisant pour en faire une priorité. Je la laisse donc entièrement à ses fans, qui eux savent l’apprécier à sa juste valeur.            

                                                                                                                                                         

                                               

Titres de l’album:

01. Angels Calling

02. The Way Out

03. The Night It Rained Forever

04. I'm Here To Stay

05. Blue

06. Queen Of Broken Hearts

07. Derive

08. Without Love

09. Wait For Love

10. After The Rain

11. Die For A Life With You


Facebook officiel


par mortne2001 le 10/04/2021 à 14:06
60 %    367

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Metz Funebre Fest'Evil II

Simony 20/05/2023

Live Report

20 ans Head Records

RBD 17/05/2023

Live Report

Mosh Fest 2023

RBD 12/05/2023

Live Report

TREPONEM PAL : La syphilis court toujours.

mortne2001 10/05/2023

Interview

Otargos + Hegemon + Supplices

RBD 18/04/2023

Live Report

Recedant Somnia / Hard Mind / Full Contact - Rennes

Jus de cadavre 16/04/2023

Live Report
Concerts à 7 jours
Koritni 02/06 : Les Etoiles, Paris (75)
Lux + Negative Ritual 03/06 : Le Dropkick, Reims (51)
Bukowski + Dropdead Chaos 03/06 : La Maroquinerie, Paris (75)
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Abel

Merci pour cette belle chronique ! 

30/05/2023, 18:34

Buck Dancer

Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement. 

29/05/2023, 16:54

juai

ridicules

27/05/2023, 12:23

l\'anonyme

le 15 septembre et non le 15 avril... ;) 

27/05/2023, 11:53

scorpse

Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...

26/05/2023, 20:56

Vasator

Production maison mais ça sonne bien. A l'ancienne.

26/05/2023, 17:42

Jus de cadavre

Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)

25/05/2023, 18:25

Meuleu

RIPC'est  quand même le second du line originel  qui passe l'arme à gauche.... 

25/05/2023, 15:17

Sadam Mustaine

Le batteur de Métal Church, le seul l'unique 

25/05/2023, 14:39

Humungus

Hé hé hé...Bien vu Gargan...

25/05/2023, 11:44

Amer Smashed Pils

Aaaaahhhhhhh merde! 

25/05/2023, 10:39

Gargan

Il n'est pas né trop tard, mais mort trop tôt..

25/05/2023, 10:36

Simony

Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.

25/05/2023, 08:37

Simony

MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)

25/05/2023, 08:35

Humungus

Légende !!! !!! !!!

25/05/2023, 08:21

naze

Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal

24/05/2023, 21:49

Orphan

Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.

24/05/2023, 16:39

Satan

L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.

24/05/2023, 15:10

St Donatien

Sale, nul, deux!

24/05/2023, 14:05

RBD

Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.

24/05/2023, 13:44