Je n’ai jamais été tendre avec la pauvre ISSA, chanteuse norvégienne qui depuis le début des années 2010 aligne les albums avec une belle constance. J’avais fait sa connaissance à l’occasion de la sortie de Can’t Stop en 2012, et je l’avais retrouvée quelques années plus tard lorsqu’elle nous avait offert son cinquième album en 2018, Run With The Pack. Et c’est sans honte que j’avoue à ses fans les plus endurcis que sa musique n’a jamais dépassé la juste moyenne dans mon cœur…Mais comme je suis têtu et que je n’aime pas rester sur une impression négative, je remets le couvert en cette couverte année 2021 pour vous entretenir du dernier méfait de la blonde chanteuse, encore une fois distribué par Frontiers, qui décidément croit dur comme fer qu’ISSA cassera un jour la baraque. Je ne peux toujours pas partager l’enthousiasme de ce cher Serafino, qui a parfois des gouts douteux (de moins en moins quand même), mais je peux admettre que la chanteuse développe avec les années une certaine maturité vocale, tout en s‘en remettant systématiquement à des astuces de Hard Rock à tendance Heavy, très mélodique, mais aussi terriblement générique, et ce, malgré les moyens déployés pour l’imposer sur le marché. Au moins, la diaphane vocaliste nous épargne les atermoiements de diva, et se contente d’un registre partiellement symphonique, ce qui nous permet d’économiser les mouchoirs et de ménager nos tympans.
Pour ce sixième longue-durée, l’artiste n’a pas changé d’un iota son approche, tergiversant toujours entre les nuances pour ne sonner ni trop clean, ni trop dure. Et c’est sans doute cette absence de choix qui la rend si dispensable à mes yeux, le côté anonyme de sa musique m’évoquant volontiers un pilotage automatique de l’écurie Frontiers pour produire du disque au kilomètre sans se soucier de sa portée sensorielle.
Encore une fois bien entourée, avec un line-up composé de Simone Mularoni (DGM) à la guitare, d’Andrea Torricini (VISION DIVINE), à la basse, de l’inépuisable Alessandro Del Vecchio à la production et aux claviers et de Marco Di Salvia (HARDLINE) à la batterie, ISSA fait donc ce qu’elle peut pour nous convaincre de sa passion Hard-Rock, mais encore une fois aussi, sombre dans le formalisme le plus englué dans les poncifs, et peine à faire décoller son nouveau répertoire. J’en veux pour preuve le succédané malhabile « I'm Here To Stay », qui singe les aspects les plus horripilants de VIXEN, et qui se traîne le long d’un mid tempo pilonné pour asséner un message qu’on peine à prendre au sérieux. Certes, la musicienne affiche une belle carrière de plus d’une décennie, mais si elle parvient à durer, c’est plus en demi-teinte que dans une lumière aveuglante, et c’est encore une fois dans un registre plus soft qu’on l’apprécie le plus, en dégustant le superbe et ciselé « Blue » qui colle beaucoup mieux à son timbre de voix très particulier.
Je l’avoue en toute objectivité, j’ai toujours autant de mal à supporter la voix de cette chanteuse au registre pourtant étendu, mais aux intonations assez agaçantes. Le décalage entre ses envies de puissance et son filet de voix relativement limité produit une impression de raté qui laisse de marbre, et la musique composée est si standard qu’on se demande vraiment où elle veut en venir. Des progrès ont certes été accomplis depuis ses débuts, mais le résultat ne déchaine toujours pas les passions, comme un Hard Rock joué sans confiance et mis en bouteille sans amour, qui une fois débouché ne flatte pas les naseaux de ses nuances fruitées ou corsées.
Il faut dire qu’aborder le cas de Queen of the Broken Hearts après avoir chroniqué les dernières perles du label italien n’est pas la meilleure façon de l’appréhender. Clairement dix tons en dessous des TURBULENCE, de CHEZ KANE ou SUNSTORM, la pauvre ISSA fait ce qu’elle peut pour essayer de prouver qu’elle mérite sa place aux côtés des meilleurs, mais ne parvient pas à créer l’illusion. Un peu comme si le pauvre Alessandro, fatigué d’être sollicité de tous les côtés, laissait son inspiration de côté pour se reposer le temps d’un album passe-partout. Alors évidemment, pris hors contexte et envisagé individuellement, Queen of the Broken Hearts n’est pas un mauvais disque en soi. Il est une solide démonstration de Hard-Rock mélodique très formel, mais sans l’étincelle de magie qu’on est en droit d’attendre après dix ans d’expérience et une carrière commencée très jeune.
Les titres passent les uns après les autres, et ne laissent aucun souvenir durable, si ce n’est par intermittence et en faisant preuve de beaucoup d’abnégation. On peut bien sur apprécier l’énergie d’un « Queen Of Broken Hearts », l’un des rares up tempo poppy à nous extirper de notre léthargie (et complété d’un solo très capable de Simone Mularoni), on peut aussi à la rigueur souligner le désir d’affranchissement de « Derive », mais lorsque la chanteuse part dans les montées lyriques, la patience bout dans la marmite de la tolérance, et on est rapidement tenté de skipper les morceaux pour arriver à cette conclusion inéluctable : ISSA a beau avoir un certain talent, il n’est jamais mis en valeur par les bonnes compositions.
On se rabat alors sur les quelques passages appréciables, sur les intros délicates, sur les refrains qui faute de donner envie de lever le poing, font tout de même bouger les petons (« Without Love »), sur les rares réussites AOR qui traînent de çà et là (« Wait For Love »), mais l’utilisation de thèmes trop usés, et cette rythmique qui systématiquement frappe au même rythme finissent par avoir raison de notre bienveillance, et on préfère oublier une fois encore cette expérience désagréable de déception constante.
Je pense donc avoir tout dit à propos d’ISSA en trois chroniques, et je ne pense pas m’évertuer dans un avenir proche à essayer de me faire changer d’avis à propos d’une artiste qui ne fait pas partie de mon univers. ISSA chante parfois bien, ses chansons savent de temps à autres toucher notre corde sensible, mais tout ça n’est pas suffisant pour en faire une priorité. Je la laisse donc entièrement à ses fans, qui eux savent l’apprécier à sa juste valeur.
Titres de l’album:
01. Angels Calling
02. The Way Out
03. The Night It Rained Forever
04. I'm Here To Stay
05. Blue
06. Queen Of Broken Hearts
07. Derive
08. Without Love
09. Wait For Love
10. After The Rain
11. Die For A Life With You
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
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26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54