Le premier album, étape Ô combien difficile qui souvent, concrétise des années de préparation. Fut-un temps où le premier album était enregistré dans le rush, à la mode Please Please Me des BEATLES ou du premier RAMONES, une poignée d’heures et puis c’est tout, le répertoire étant largement rodé sur scène. Mais nous vivons dans une époque où il n’est nul besoin d’avoir écumé les scènes pour se permettre un enregistrement. Tout peut désormais se faire à la maison, quelques mois après une formation, sans expérience préalable. La modernité a offert des possibilités énormes, mais le résultat est-il vraiment le même ?
Les musiciens gravitant dans la sphère du Progressif - Metal ou non - en connaissent un rayon niveau sonore. Niveau technique aussi, puisque la plupart des acteurs possèdent un bagage impressionnant qu’ils mettent au service d’une composition fine et léchée. Cette caste très particulière de musiciens peut s’offrir un premier album presque au débotté, lorsque l’inspiration leur est suffisamment venue. Ils ont la chance de croiser leur muse régulièrement, ce qui leur permet d’enregistrer un peu n’importe quand. Et les grecs de FADING ECHOES n’ont justement aucun problème pour construire une œuvre et lui donner un thème à respecter.
Dimitris Stratikis (basse/chant), Petros Printezis (guitare) et Vasilis Sarou (piano/claviers) font partie de cette nouvelle génération amoureuse des grandes références. Accompagnés par une kyrielle de collègues (Jim Politis - guitare, Nick Vell - batterie, Giannis Gkavardinas - Santour sur « Rumination », Andrew Complainer - solo de synthé sur « The Final Act » et Vasilis Lemonias - violoncelle sur « The Final Act »), les trois hommes nous proposent un voyage à travers l’une des étapes les plus cruelles de l’existence, le deuil. C’est donc pour ça que Shadow of Another débute par une pentalogie de plus de vingt-cinq minutes, qui ressemble beaucoup à celle que proposait DREAM THEATER via « A Change of Seasons ».
Ceci étant dit, si la tutelle de Petrucci et Portnoy est partiellement remarquable, elle n’en est pas pour autant l’essence même de cette entreprise. Le trio de Volos se dispense d’influences trop marquantes, et développe son propre lexique en empruntant des vocables à droite et à gauche. On sent dans les mélodies des éléments de Folk d’Europe du sud, beaucoup de nostalgie automnale qui pourtant brûle la peau, et une certaine tristesse que le concept induit en toute logique. Mais cette longue suite concentrée sur une transition difficile est assurément l’une des grosses surprises de la prochaine rentrée. L’humanité et l’humilité qui se dégagent de cette musique sont poignantes, et sans avoir besoin de trop jouer sur les glandes lacrymales. Mais écoutez le sublime « The Stages Of Grief, Pt.5 - Acceptance » pour vous en rendre compte.
Profitant du talent de Zak Stevens de SAVATAGE, ce dernier segment fait le lien entre présent et passé, et présente plus ou moins toutes les options d’un groupe sûr de son fait, et sûr de ses moyens. Cette pentalogie est donc une découverte majeure, et mérite d’être réécoutée à l’envi, tant elle développe tous les arguments du Progressif moderne le plus sincère et émouvant. Mais la puissance permet justement d’éviter l’écueil de la sensibilité excessive, et les riffs développés par Petros Printezis s’appuient sur des principes progressifs des années 2000, alors que la basse incroyable de Dimitris Stratikis remercie les boucles de RUSH, mais aussi les sinuosités des années 70/80.
Une fois cette gigantesque suite évaporée dans les airs comme les cendres d’un défunt, il nous reste encore plus d’une vingtaine de minutes de création. Evidemment, pour garder sa cohésion, Shadow of Another reste dans les mêmes teintes, et « The First Step Forward » de continuer l’exploration des possibilités offertes par le Metal ouvert et harmonieux, avec des chœurs sobres mais bien présents, et toujours cette délicatesse instrumentale qui rappelle les grands moments de Neal MORSE.
Soli de toute beauté, patterns rythmiques pulsés, chant versatile mais touchant, les composantes sont parfaitement équilibrées, et le voyage à travers la perte et la tristesse complet, et sans retour. Peut-être attendait-on un peu plus d’agressivité pour vraiment se raccrocher aux phases de deuil les plus violentes, mais même sans accès de colère et de rejet, ce premier album saura parler à tous ceux ayant perdu un être aimé, et ayant dû se débrouiller par eux-mêmes pour s’en sortir dans trop de dommages psychologiques.
« Rumination » pousse d’ailleurs un peu plus les murs et se teinte de Heavy Metal moderne pour évoquer cette transition entre renoncement et colère, menant ainsi à cette dernière étape, « The Final Act » qui s’emballe en mode Metropolis 2000 pour nous laisser la tête remplie d’images, de souvenirs, mais aussi d’héritage à faire prospérer pour continuer de faire vivre la mémoire de ceux que nous avons tant aimés.
FADING ECHOES fait donc preuve d’une incroyable maîtrise au moment de se présenter aux foules progressives toujours plus exigeantes.
Bien évidemment à l’aise dans leur approche, les trois musiciens grecs font preuve d’une belle humanité, et de quelques prouesses très appréciées, sans jamais verser dans la démonstration forcée. Merci pour ce moment, et merci d’avoir laissé quelques pistes pour supporter une existence privée d’une présence qu’on ne peut oublier.
Titres de l’album:
01. The Stages Of Grief, Pt.1 - Denial
02. The Stages Of Grief, Pt.2 - Anger
03. The Stages Of Grief, Pt.3 - Bargaining
04. The Stages Of Grief, Pt.4 - Depression
05. The Stages Of Grief, Pt.5 - Acceptance
06. The First Step Forward
07. Rumination
08. The Final Act
Dimitris here from Fading Echoes,
Words cannot describe how amazing is to randomly find such heartwarming words about your work! Thank you so much!
J'avais vu Carcariass en live deux fois il y a fort longtemps, pendant la première époque et donc à l'époque où je lisais plutôt des magazines que d'aller m'aventurer sur l'internet Metal encore balbutiant. C'est un bon souven(...)
09/12/2024, 12:15
Grotesque décision. La réaction du fest est saine et équilibrée, et remet les choses à leur juste place. Provoquer n'est pas prôner, et la provocation a souvent pour but de faire réagir, ce que les bien-pensants ne comprennent pas et ne compren(...)
09/12/2024, 10:26
Si j'ai bien compris il sera encore à pied d'oeuvre en studio.Et c'est le batteur de British Lion qui prend sa place en Live. C'est pas foufou comme annonce.
08/12/2024, 16:04
Il reste officiellement membre du groupe pour les albums etc ou c'est un départ officiel et définitif ?
08/12/2024, 15:12
À plus de 70 balais c’est compréhensible. C’est déjà incroyable cette longévité et ils peuvent arrêter maintenant ça ne choquera personne. Merci et bon vent
07/12/2024, 20:27
La vache ! Très curieux de savoir qui prendra son tabouret. En tout cas, pour avoir rencontr&eac(...)
07/12/2024, 17:46
Hey !! Mais merci pour cette super chronique !!On aurait pas fait mieux !!!
07/12/2024, 16:52
Couillu de sortir ça en France, je compte les jours avant un strike d'une assoc' ou d'un justicier des RS pour "isme", "apologie de", ou tout autre joyeuseté de la sorte.
05/12/2024, 08:36
ça m'a rappelé un film qui aurait apparaitre ici : get him to the greek ;)
04/12/2024, 09:46
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
Bravo pour remettre en lumière un groupe à part et spécialement la partie la plus ancienne de l'histoire de Stille Volk, largement méconnue (j'ai appris des choses). C'est en partie à cause du faible nombre d'interviews qu'ils ont pu fai(...)
02/12/2024, 20:13
"Le metalleux ne se fait pas au sans-gêne si fréquent partout ailleurs des papotages interminables aux premiers rangs"Tu m'étonnes John !!!C'est non seulement insupportable pour le public attentif, mais c'est surtout un manque de respect (...)
02/12/2024, 09:14