Je sais reconnaître une sortie sympathique en quelques mesures, et je me trompe rarement. Cette pochette totalement anonyme n’a pourtant pas réveillé mes sens endormis par trop de prévisibilité, mais dessous se cachait un objet fascinant, petite rondelle de plastique encombrée de bits gravés pour la postérité. Celle de DOORSHAN, concept multicartes au line-up renouvelé et prêt à mettre la France à groove et à riffs. Dès le départ, le combo voit large en baptisant ce nouveau demi-album +Side. Est-ce à dire que le costume qu’ils ont enfilé est une grande taille à faire baver Buffalo Bill lui-même ? Je n’ai pas vu de papillon sortir en ôtant le cellophane de cet exemplaire promo, mais je suis sûr que le père de Bijou aurait aimé se glisser dans la peau de ces quatre trublions.
Rouen s’agite donc des rythmes technoïdes de la bande (Burnie - chant/synthés, Sebb - guitare/chant, Yann - basse/programmation et Yannis - batterie/samples), capable de foutre le feu à n’importe quelle salle ou festival. Ce mélange grandeur nature de Rock, d’électronique, de Metal, de Pop et de furie Riot Grrrl est l’un des plus épicés de ce grand marché qu’est l’underground européen se basant sur un principe d’évolution logique du Rock. Le binaire simplissime et les artifices de surface sont so 2000 qu’on prend la tangente pour explorer des terres moins piétinés. Et ce nouvel album (que j’ai déjà qualifié de demi, pour une bonne raison) offre un décor idoine pour une rave de rêve, quelque part entre des dizaines de références qu’on s’échange sous le manteau.
Mixé masterisé par le cinquième membre Sébastien Langle, +Side est une invitation permanente à la sauvagerie et à la libération des sens. Point de bridage, de raison, de mesure, le quatuor préfère lâcher la sauce sur le plat jusqu’à ce que les yeux débordent de l’estomac. En testant une nouvelle formation, les rouennais ont trouvé l’équilibre parfait. Avec une frontwoman de la trempe de Burnie, le groupe joue sur du velours, l’explosive leadeuse donnant de sa personne en live comme en studio. Sa voix hyper acidulée est comme un bonbon au poivre qui se gausse de sa propre blague, et ses constants mouvements sur scène font d’elle le point d’attraction inévitable d’un groupe qui ne se repose pas que sur les qualités athlétiques de ses membres.
Le féminisme, argument principal d’un cri de rage dansant et remuant est au cœur du futur More Women on tour qui accueillera SUN en première partie, et qui cèdera la tête d’affiche à SHAKA PONK et SIDILARSEN. Les diverses formations vont s’entendre comme des larrons en foire et des darons dans l’armoire, puisque la fougue de DOORSHAN est capable de rivaliser avec n’importe quel cadre de la profession. Et si je parlais de moitié d’album, c’est simplement parce que +Side n’est encore que la première face d’un disque plus complet à venir, et qui devra se sortir les doigts des poches pour garder ce niveau de folie et de créativité.
Dans les faits, DOORSHAN est un point de convergence entre la scène Techno-Rock des nineties, les réflexes commercialo-industriels de la décennie suivante, et un mix entre les TOKYO TABOO, PUNISH YOURSELF, REPUBLICA, et j’en passe. Une héroïne qui sait utiliser ses cordes vocales pour singer les attitudes Kpop et les intégrer à un contexte beaucoup plus occidental. On rappe, on décompose, on recompose et on ose pour finalement accoucher de sept tubes incontournables, qui doivent autant à la scène métissée d’il y a trente ans qu’à celle plus violente et Electro-Metal de l’axe 2000/2010.
J’ai fait mon boulot, je n’ai rien à me reprocher. J’ai écouté l’album (qui ressemble plus à un EP d’ailleurs) une fois, cinq fois, dix fois, je n’y ai trouvé aucun défaut, et je l’ai réécouté encore et encore, juste pour le plaisir de la chose. Je pense même déjà connaître par cœur « Knife Edge » qui ramone comme le dernier PSYKUP, et qui se pose en tube inévitable d’un club louche du centre de Rouen. Mais là, pas question de filles à moitié à poil qui dansent dans des cages. Non, les barreaux enserrent des hommes, dénudés eux aussi et qui flattent la rétine d’une audience totalement féminine et fière de le rester.
« More Women On Stage » est le leitmotiv ultime. Plus de femmes sur scène. Il y en a beaucoup déjà, mais visiblement pas assez. Alors, on les attire avec de l’exubérance, de la démence vocale et une rythmique hachée comme un steak du boucher. Tape, tape, tape du pied, sur un beat appuyé, pour oublier la journée à travers une nuit de folie. Cet incroyable investissement de quatre musiciens débridés est si high on energy qu’on laisse les poppers de côté et l’ecstasy sur le meuble de la télé. Pas besoin de drogue quand on a les décibels et les BPM. C’est une règle immuable.
« Crack » n’est donc pas cette boule blanche qu’on fume pour oublier les nuits du même acabit, mais bien ce craquement qui fissure les fondations d’un Rock machiste et encore fier de l’être. Le pouvoir de gigoter est donc revendiqué avec une belle fermeté, et les sept morceaux de ce nouvel album sont autant d’incitations à aller se faire mousser le derrière sur une piste bondée de guerrières.
DOORSHAN est une ode. Un hymne. Egalité, fraternité, équité, Electro et Rock costaud. J’en oublierais même ma cinquantaine bien tapée pour aller me déhancher comme une vieille baderne bonne à piquer.
Titres de l’album
01. Knife Edge
02. More Women On Stage
03. Crack
04. Why Are You Running Away?
05. Dans Mes Ears
06. Lights In The Dark
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J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
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