Ouf. Wow. Wah. Diantre. Fichtre. Palsambleu. Que je trépasse si je faiblis. Autant d’onomatopées et autres interjections qui se sont échappées de ma bouche à l’écoute du nouvel album des lyonnais d’ANIMALIZE. Bien qu’emprunté à KISS, ce baptême n’est pas symptomatique des obsessions trendy n’glamy à la mode, puisque les références utilisées nous placeraient plutôt sous l’égide de la scène française la plus énergique des années 80. Back then, une myriade de groupes voyaient le jour chaque année, connaissant des fortunes diverses. Mais personne ne peut nier que le French Metal boom de cette époque a représenté un sacré coup de semonce dans le petit monde du Hard-Rock. Et personne ne le fera.
D’abord, la pochette. Faite main, comme avant, sans IA, sans travail numérique, sans homogénéisation pour se fondre dans la masse. Une vraie modèle, le colback agrippé par une main étrange traversant les murs, explosant le bois d’une horloge dans une symbolique pas évidente à comprendre. L’image est choc, et avertit du caractère passéiste de l’entreprise, qui a refusé toute modernisation outrancière pour mieux coller à son sujet. Et si les noms affluent à la surface de la mémoire comme du riz au lait, c’est pour mieux saluer la réputation des armées de la nuit qui sévissaient les chaînes au poing entre 1981 et 1990.
ANIMALIZE synthétise dans les grandes largeurs. Si sa base reste lourde comme le Heavy d’un ACCEPT intraitable, son fond mélodique permet d’aérer les idées, qui se trouvent toutes coincées dans les couloirs du temps. Et leurs échos hurlent des noms que nul n’a oubliés, WARNING, SATAN JOKERS, ATTENTAT ROCK, ADX, et toute cette vague de NWOFHM que nous avons connue en pleine ascension. La sensation est tout bonnement délicieuse, et s’il n’y avait cette production trop clean pour s’être égarée dans les sacoches de la poste, on se croirait revenu dans le giron d’Ebony, Sydney Production, et même de ces majors qui n’avaient pas peur d’engager des groupes risqués.
Verminateur est une bombe, une vraie. Une bombe au mécanisme précis, qui explose en pleine face, et qui explose encore et encore pendant un peu plus d’une demi-heure, causant des dégâts irréversibles. Un engin artisanal fabriqué par des esthètes de la soufflante, capables de combiner puissance et vitesse avec une facilité déconcertante. « Verminateur », le title-track, décrit justement avec une acuité désarmante les effets immédiats de cette destruction de masse. Rythmique qui galope, riffs qui virevoltent, ambiance Speed Metal de papa, pour un headbanging de première bourre. On pense à KILLERS, à TITAN, à tous ceux ayant défié les éléments pour exister, et on se retrouve plongé dans le plaisir vicieux des concerts en triple ou quadruple affiche qui fleurissaient aux quatre coins de notre pays. La Roche Sur Yon, le France Metal festival, les bars pris d’assaut, les premières parties flatteuses, et ces MJC qui permettaient aux poilus de venir s’ambiancer à moindre frais, jambon/beurre pour Dominique et Kro comprise.
Mais attention. Les détracteurs auraient beau jeu de le trouver un peu beauf et peu flatteur. Ici, rien n’est cliché, beaucoup de choses sont citées, mais le professionnalisme est surchauffé. Verminateur n’est pas là pour caresser les bas instincts des indécrottables « c’était mieux avant », mais plutôt de permettre à la nouvelle génération de ressentir ce souffle épique qui a balayé notre propre jeunesse. J’avoue avoir ressenti une bouffée d’émotion à l’écoute de morceaux comme « Armées de la Nuit » ou « Au Jugement de Soi », dont les rimes m’ont fait rajeunir de quelques décennies, sans en rajouter dans les images d’Epinal.
Son parfait, musiciens aguerris, déjà auteurs d’un premier long remarquable (Meat We're Made Of), basse mutine qui refuse le rôle de simple mastic de batterie, guitares qui se souviennent des tierces magiques de la NWOBHM, et chant un peu nasillard, qu’un Patrice Le Calvez ou qu’un Pascal Bailly adouberaient sans problème, et un festival de figures qui plient le genou face à la statue du Hard français.
Avec quelques arrangements ad hoc, dont quelques nappes de claviers assez intrigantes, ANIMALIZE laisse sortir la bestiole qui est en lui pour mieux nous les bouffer. D’autant que nous acceptons sans broncher le rôle de victime sacrifiée sur l’autel de la crédibilité. Il est si rare qu’un groupe rende hommage à sa propre scène qu’il convient de le souligner avec persistance, même si les gimmicks anglais et suédois ne sont pas abandonnés sur le bord de la route (« Envahisseurs »).
Je m’étonnais en préambule de la signature de ces guerriers sur l’institution Dying Victims Productions. Le label allemand étant très à cheval sur l’intégrité et la qualité, je soupçonnais des aptitudes hors-normes, et ce deuxième long les a confirmées. On passe sans transition d’un Heavy puissant et de saison à un Hard-Rock légèrement boogie mais grognon, et ANIMALIZE aménage même des atmosphères de film d’horreur pour mieux s’en sortir avec les honneurs. « Bons Baisers d’Outre-Tombe », l’avant-dernier avertissement tombe à point nommé pour compléter le tableau, sonnant comme un hymne incontournable de toute playlist eighties digne de ce nom.
ANIMALIZE signe là sans le faire exprès (ou peut-être que si finalement ?) le meilleur album de Hard n’Heavy old-school de ces quinze ou vingt dernières années. Le compliment est sincère et réfléchi, mais le répertoire est si persuasif et enjôleur qu’on ne peut que parvenir à cette conclusion. L’animal qui est en vous, malgré l’âge et l’état des artères ne demande qu’à sortir pour effrayer la société. Et nous avons besoin de cette nature indomptable pour affronter le quotidien.
Titres de l’album
01. Armées de la Nuit
02. Damnée
03. Cheval Astral
04. Verminateur
05. Au Jugement de Soi
06. Invasion
07. Envahisseurs
08. Prière de Remords
09. Bons Baisers d’Outre-Tombe
10. Reviens-Moi
effectivement bien black speed thrash crade ! la bonne recette lol merci pour la decouverte
31/07/2025, 18:02
J'étais pour ma part présent le samedi...J'emmène ma gamine de 9 piges à un "gros" concert chaque année et ce depuis 3 ans, donc c'était forcément une obligation pour moi en 2025 que de lui faire enfin voir la b&ecir(...)
30/07/2025, 09:58
Je t'en prie @Simony et merci à toi pour ce live report car j'étais curieux de l'avis de quelqu&ap(...)
30/07/2025, 00:27
Ah pardon, je n'ai pas entendu ces mots là, effectivement ça change l'interprétation de ce qu'il a voulu dire.... sacré Bruce. Le "pour être exact" c'était plus pour moi, pas pour toi @Ivan Grozny
29/07/2025, 21:49
Sympa la vidéo ! Ça m'a donné envie de refaire l'intégrale de leur discographie, et de découvrir les quelques albums non écoutés, et sans doute d'aller à leur prochain concert.
29/07/2025, 15:03
Comment ça pour être exact, j'étais là aussi hein. Il a bien dit "méchante femme" : https://www.youtube.com/watch?v=Itx3Rw11p0I ;-)
29/07/2025, 14:58
@Orphan : Le premier soir, j'étais en fosse, légèrement sur la droite assez proche de la scène, le son était très brouillon en effet (du coup je me demande si les décalages que j'ai entendu pour Dave Murray pourrait revenir de la sonorisa(...)
29/07/2025, 13:35
La salle n'était pas adaptée ! La fosse est trop grande et pas remplie !Du coup les écrans étaient trop petits !Et le son vraiment pourri !Du coup même quand Bruce parlait au public on ne comprenais rien ..
29/07/2025, 12:59
Bon live report.Toutefois j'ai une question, qu'avez vous pensé du son ? Personnellement hormis la voix de Bruce et certains solo, je l'ai trouvé particulièrement brouillon.J'était placé à droite, places assis(...)
29/07/2025, 09:37
Groupe que j'ai découvert (tardivement) avec Eve, déjà excellent, et les deux ep "of salt" qui tournent régulièrement. Encore une réussite j'ai l'impression, mais à voir si ça dure dans le temps..
29/07/2025, 08:24
Pas mal d'informations erronées dans ce live report, mais c'est sympa de lire des propos construits :)Je publierai mon live report dans un zine, Hard Rock à Mort ! qui devrait voir le jour d'ici la fin d'année ;)
28/07/2025, 19:59
Ceci dit pour Metallica je reconnais qu'ils cherchent à pousser d'autres groupes en première partie, alors que l'évidence aurait été de prendre du thrash.
28/07/2025, 17:54
Tu ne vas pas me faire écouter Iron Maiden. Mon truc c'est l'extrême, je peux avoir une certaine sympathie pour la technicité et le bricolage mais ça s'arrête là, il faut qu'ils s'arrêtent. Ces groupes parasitent les fes(...)
28/07/2025, 17:48
Il me semble que la setlist est la même sur toutes les dates de cette tournée un peu particulière, il s'agit sans doute de marquer l'événement (et pour cela No prayer for the dying n'a clairement pas sa place selon moi dans une telle collection de (...)
28/07/2025, 16:13
Tous les retours que j'ai lus de ces concerts étaient trop dithyrambiques pour être fidèles, merci d'apporter un récit un peu plus poussé. Les quelques critiques étayent d'autant mieux, en fin de compte, l'impression très positiv(...)
28/07/2025, 13:48