Pour une fois, tout est clair dès le départ. Avec une pochette fait main par le petit Kevin, 12 ans, psychopathe notoire qui a déjà mis des gambas brulantes dans le slip de son grand frère endormi, un nom qui évoque un Hardcore engagé, et un titre enragé, les américains de CORRUPT nous prennent par la face nord de la petite cuillère Thrash/Death, nous nourrissant de force d’une espèce de purée gluante, aux gros grumeaux, qui reste sur l’estomac comme un punch de fiesta bon marché.

Nous en venant de Californie, ces quatre pistoleros de l’extrême sortent enfin leur premier album, plus de dix ans après leur formation. Fondé en 2012 à San Fernando Valley, CORRUPT a mouliné pendant neuf ans de démos en concerts pour finalement trouver son incarnation définitive en 2021. Accueillons-donc Efren Cardona, Ira k. Black IV, Ron Gardley et Cesar Ramirez, qui dans un esprit de revanche face au destin, nous cognent de huit morceaux aussi énervés qu’explosifs.   

Non dénués d’une certaine technique, les californiens misent pourtant tout sur la sauvagerie, quelque part entre l’INCUBUS devenu OPPROBRIUM et un DEVASTATION passablement mal embouché. Le principe est donc simple, des attaques incessantes, une rythmique qui se démène pour accentuer la folie d’un instrumental sans pitié, et bien sûr, des hurlements gutturaux mais compréhensibles, pour ne pas être affilié à la vague de sociopathes floridiens des années 80/90.

Entre la centrale nucléaire avec fuite fatale et l’explosion d’un camion bourré de dynamite près d’une usine à gaz, Art Of Torture ne fait guère dans le détail, bourrine dans tous les sens, mais aménage quand même quelques éclaircies en fin de journée. L’ajout d’une poignée de mélodies timides permet d’éviter la glissade dans l’abime du chaos désorganisé, mais ne soyez pas dupes. Les californiens en ont après votre santé mentale, et sont des hooligans Thrash sans autre empathie que celle de leur propre plaisir sadique.

Néanmoins, une composition aussi élaborée que « Mind Control » laisse entrevoir d’éventuels aménagements qui permettront aux CORRUPT de séduire un public moins ciblé. Le côté rigolard de certains plans permettra aussi de se faire des amis dans la confrérie Thrash plus classique de la Bay-Area, mais le véritable but est clair dès le départ. Tout raser, tout cramer, laisser les cendres rougir dans le petit matin blafard, et repartir avec la satisfaction du travail accompli.

« Art of Torture », judicieusement placé en ouverture permet de prendre la mesure de la température, entre Crossover et Thrash/Death de la mort, basse grondante, revendications Hardcore, pour un festival de plans agressifs et teigneux. On pense aux moments les plus intenses d’EXHORDER version début de carrière, à un DEMOLITION HAMMER plus joyeux, et finalement, à une hybridation générale savoureuse à défaut d’être surprenante.      

Alternance finaude entre charges barges (« Thrown Into the Woodchipper », on visualise sans peine le pauvre cantonnier passer dans le broyeur entre deux branches de tilleul), et explications plus développées (« Cryogenic Stasis » et son roulé de basse à rendre Dan Lilker amoureux pour la vie), Art Of Torture propose le meilleur des deux mondes, et comblera les amateurs de boucan généreux à l’approche de Noël.

Quand on n’a pas inventé la poudre, on la fait parler. Ce qui est indéniablement le cas de nos quatre californiens agités, qui pendant une petite demi-heure nous trimbalent en voyage organisé, roulant très près du ravin pour accentuer cette sensation de danger permanent. Pas fin, mais efficace. Et produit à la mode des années 80, citant VIO-LENCE, ASSASSIN et RIGOR MORTIS.

Et vous iriez vous plaindre ?  

Titres de l’album:

01. Art of Torture

02. Thrown Into the Woodchipper

03. Cryogenic Stasis

04. P.U.Y.A. (Pipe Up Your Ass)

05. Soul Stealer

06. Necromancer

07. Mind Control

08. Cremation of Care

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